LA BELLE ET LA BÊTE
Film français-allemand de Christophe Gans avec Vincent Cassel, Léa Seydoux, André Dussolier... (2014- 1h52)
La majorité des spectateurs de ce
vendredi ont dû être bien étonnés. Beaucoup en effet avaient perçu les
information habituelles aux soirées Ciné-Rencontres, à savoir un horaire fixé à
20h30. Mais une bonne partie aussi avait suivi le recto du programme papier,
qui annonçait la séance à 21h. Si bien que les plus précoces ont pu compter sur
notre capacité à meubler la demi-heure disponible avant la séance. Ce pouvait
même être bien davantage, si John n’avait fort opportunément fait passer en
premier les spectateurs de notre séance coincés dans la file déjà importante
des autres séances, en comptant sur la gentillesse des autres.
Avons-nous épuisé alors prématurément les cartouches de
notre débat ? Ce public était-il venu avant tout pour un moment de pur
détente ? Toujours est-il qu’on a pu assister à cet événement inédit pour
nous : pendant le générique, la salle s’est pratiquement vidée. Ne restait
plus qu’une poignée de débatteurs potentiels.
On se serait cru à une répétition des séances sur Diana
et d’Un château en Italie. Sauf que dans ces deux cas, le public de
départ étant moins nombreux, le phénomène fut moins visible. C’est une
expérience totalement involontaire dont nous nous efforcerons de tirer les
leçons. Avons-nous affaire à deux publics, qui ne se rencontrent pas ? Ce
n’est pas notre idéal, rappelons-le, mais c’est le libre-arbitre légitime de
chacun.
Restait
cependant pour le débat un groupe intéressé par les échanges et les compléments
d’information, dont beaucoup venaient de ce public pourtant restreint, et
notamment d’une personne qui avait des souvenirs précis de l’œuvre de Mme de
Villeneuve.
Pour le
reste, le débat a surtout porté sur les origines du thème, sur les
arrière-plans mythologiques et symboliques qui finissent par créer une
mythologie moderne dont les adolescents, en particulier, sont souvent friands.
Sans oublier le statut des écrivains successifs qui ont popularité ce sujet,
notamment Mmes de Villeneuve et de Beaumont.
Comme
toujours, j’allais oublier l’essentiel : comment le film a-t-il été perçu,
est-il à fuir ou à encenser ? Globalement personne n’a boudé son plaisir,
même si des réserves se sont exprimées ici ou là. Parfois, c’était un peu par
défaut : Je m’attendais au pire, si bien que ce fut plutôt une heureuse
surprise…
Des rapprochements
nombreux, parfois savants, ont été faits à cette occasion. On ne manquera
sûrement pas bientôt ici de faire une mention au thème de l’amour dissymétrique
dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, et au motif increvable du
sang sur la neige depuis les sagas norroises jusqu’au roman de Giono Un roi
sans divertissement, sans oublier ce maillon privilégié qu’est le Perceval
de Chrétien de Troyes.
Paul Jean Gervais (1859-1936), La folie de Titania.
|
Le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer night's dream)
film américain
|
La séquence d'éveil du royaume des fées est un extraordinaire
moment de cinéma où le grotesque le plus pur côtoie la magie la plus pure. La
nature semble s'animer d'elle même à mesure que le jour s'éteint et alors
nymphes drapées en blanc, licornes, diablotins et autres créatures étranges
surgissent dans un grand tourbillon de chants et de danse magnifié par des
effets visuels d'une inventivité et d'une poésie envoûtante.
On pense grandement au futur Bambi de
Disney durant ce moment, l'ambiance dionysiaque païenne en plus. On découvre
alors le désaccord opposant Titania la Reine des Fées (Anita Louise, magnifique
de charme et de présence éthérée) et son époux Oberon (ténébreux et hiératique
Victor Jory dont Gilliam reprendra le look à l'identique pour le méchant de son Bandits
Bandits) quant à la destinée d'un jeune chérubin indien à leur soin.
Leur conflit amènent ainsi à se lancer une suite de
sortilèges dont seront victimes nos amoureux et la troupe de théâtre ce qui
prolongera dans un cadre surnaturel le marivaudages et la comédie pure
déployées au début. Les différents basculement de sentiments au sein des
couples et les envolées de surjeu qui s'ensuivent sont constamment drôle et
percutante, tandis que la grâce et le ridicule se bouscule durant la drôle
d'histoire d'amour entre James Cagney (Bottom) transformé en âne (le maquillage est
réellement fabuleux) et Titania.
Le lien entre légèreté et féérie se fait par le personnage
de Puck extraordinairement joué par le tout jeune Mickey Rooney.
Cabot, bondissant et innocent dans le jeu insouciant qu'il se fait des
sentiments d'autrui, il est clairement l'âme omnisciente et omniprésente du
récit qu'il traverse dans un grand éclat de rire. L'esthétique du film aura une
influence considérable par les nombreuses idées qu'il développe et son
utilisation des effets spéciaux.
Ce thème fournit l’occasion, afin de leur rendre hommage, de se pencher sur la condition
de ces femmes qui, poussées par l’aiguillon de la nécessité, ont trouvé dans
leur courage, et leur talent à sublimer la réalité par l’écriture, les
ressources qui leur ont permis d’affronter une situation sociale et familiale
difficile.
Gabrielle-Suzanne de Villeneuve,
née Gabrielle-Suzanne Barbot (v. 1695 à La Rochelle - 29 décembre 1755 à Paris), est une romancière française,
connue surtout pour avoir composé la première version moderne de La Belle et la Bête.
Elle épousa un lieutenant-colonel d'infanterie, Gallon,
seigneur de Villeneuve. Devenue veuve à l'âge de 26 ans et se retrouvant sans
ressources, elle se lança dans la carrière littéraire, ce qui lui valut
l'amitié de plusieurs hommes de lettres, parmi lesquels Crébillon fils avec
qui elle vécut quelques années. Son roman le plus apprécié fut La
Jardinière de Vincennes, paru en 1753. Elle aurait entendu
ce conte (dont une version antérieure datait de Giovanni Straparola, écrivain italien de la
Renaissance) de la bouche d'une femme de chambre alors qu'elle était en voyage
pour l'Amérique.
Elle le fit paraître en 1740 dans un recueil intitulé La Jeune Américaine et
les contes marins, mais il ne connut la célébrité que lorsqu'il fut repris en
1758, sous forme très abrégée, par une autre romancière, Jeanne Marie Leprince de Beaumont,
dans son Magasin des enfants. La version de
Gabrielle-Suzanne de Villeneuve a néanmoins été souvent rééditée.
Jeanne-Marie Leprince de Beaumont,
née Vaimboult le 26 avril 1711 à Rouen et morte le 8 septembre 1780 à Chavanod,
est une pédagogue, journaliste et écrivain française,
auteur de nombreux contes devenus
des classiques de la littérature d’enfance et de jeunesse.
Sœur du peintre Leprince, elle
perd sa mère très jeune : son père se remarie et elle passe dix ans
(1725-1735) à la maison d’éducation d’Ernemont,
où elle devient institutrice des petits.
« Je me souviens d’une
pensée qui me frappa à la mort de ma mère. Je n’avais que onze ans, et pourtant
la bonne éducation que j’avais reçue me suggéra des pensées très justes. Ma
mère, à trente-trois ans, avec le corps le mieux constitué, la santé la plus
forte, se cassa une veine en jouant, et mourut sans maladie après avoir perdu
tout son sang. Tout le monde la plaignit, excepté moi : nous touchions au
moment d’une grande pauvreté et je soutins toujours que la mort de ma mère
était un évènement heureux pour elle, puisqu’il l’arrachait à la douleur que
lui aurait causé la dispersion de ses enfants et l’impossibilité de les établir
selon leur état ». Magasin des Jeunes Dames, 1764.
Elle renonce à la vie religieuse et obtient une
recommandation pour la cour de Lorraine à Lunéville. Elle devient dame de
compagnie, enseigne la musique, fait la classe aux petits. En 1743, elle épouse
Grimard de Beaumont mais l'aventure se termine très mal car le mari dilapide sa
dot.
Gouvernante à Londres, elle connaît enfin la réussite. Elle
écrivit - avec le soutien de Daniel Defoe, féministe, qui voyait dans l'absence
d'éducation la seule cause des différences entre les sexes - des œuvres
éducatives dont la philosophie annonce déjà Jean-Jacques Rousseau. Sa devise
étant : « Plaire à la jeunesse en l'instruisant », elle est
considérée comme le premier écrivain à avoir volontairement adopté un style
simple, réellement adapté aux jeunes lecteurs.
J'ai envie de leur adjoindre, car son destin ne lui fut pas plus clément, l'écrivaine britannique Stella Gibbons, que je viens de découvrir par l'intermédiaire du film de John Schlesinger (1995) qui adapte son oeuvre la plus célèbre publiée en 1932, La Ferme de Froid Accueil.
Voici le résumé du roman qui peut se rattacher au thème:
Sur les dunes à l'ouest de Bruges, la petite Ydette, âgée de
deux ans, est trouvée enveloppée dans une couverture et ramenée dans une petite
épicerie où elle vivra. En face de la boutique vit la riche famille van
Roeslaere et leur fils, Adriaan, un enfant gâté, marqué par la
laideur. Avec des accents de la Belle et la Bête, leur
romance évolue à mesure qu'ils grandissent ensemble, et apprennent ce qu’il
faudrait vraiment priser dans la vie.
Je ne cherchais qu'une illustration de la couverture du livre avec une rose (rouge, évidemment). Mais quand je suis tombé sur le développement, j'ai trouvé intéressant de le reproduire ici. Le voici donc:
J'avoue, honteusement, que j'ignorais l'existence de cette
version d'origine avant de tomber sur l'édition Folio 2€. Bref ... Je l'ai
acheté, je me suis calée dans mon lit avec une bonne tisane fumante et j'ai
attaqué les origines de mon Disney préféré (mais ça vous le
savez tous).
Et bien que dire ? ... Je me suis trouvée face à une
histoire semblable à la version abrégée mais tellement plus riche de détails et
d'évènements. Pour avoir lu la version de Mme Leprince de Beaumont,
je savais que j'allais retrouver des éléments similaires comme la rose
cueillie sans permission, le père ruiné, les nombreux frères et soeurs, ... Si
j'ai retrouvé ces éléments, j'ai en revanche découvert des éléments dont je
n'aurais jamais imaginé la moindre présence. Petit détail tout bête, le
songe. La Belle, chaque soir en s'endormant, rêve d'un beau jeune homme et en
tombe amoureuse (et inversement). De ce fait, elle repousse sans cesse la Bête
(qui est véritablement affreuse avec des écailles partout) sans se douter que
cette vision est en réalité un moyen de lui faire découvrir la véritable
identité de la Bête (mais comme beaucoup d'héroïnes de conte de fées, la
jugeote, elle est pas là tout de suite). Il y aurait bien d'autres détails qui
mériteraient d'être présentés mais j'ai peur de tout gâcher. Vraiment ? Vous en
voulez d'autres ? Bon alors deux petites choses mais pas plus. Un autre détail
qui m'a frappée, c'est le sort réservé aux soeurs, si Mme Leprince
de Beaumont les condamne à vivre sous la pierre le bonheur de leur
soeur, Mme de Villeneuve propose bien autre chose. Elle leur laisse
la vie sauve et leur permet d'épouser leurs amoureux (qui sont tout de même
charmés par la beauté de la Belle). Quelque part, je préfère ça. Ce conte
diverge des autres des frères Grimm, Perrault, Andersen et
autre Comtesse de Ségur qui parfois offre des happy
ends un peu sanglant. Mais ce qui m'a le plus touchée dans cette
version, c'est bien sûr le dénouement. En effet, on ne s'arrête pas au
mariage de la Belle et du Prince comme c'est le cas avec Mme
Leprince de Beaumont. Mme de Villeneuve nous offre les
festivités du mariage et bien plus encore. On découvre les origines du prince,
ce qui fait qu'il est devenu la Bête mais on découvre aussi que la Belle n'est
pas celle qu'elle prétend être et ça ... ce fut une véritable surprise pour
moi. J'avoue que le style de l'auteur m'a un peu gâchée la découverte car j'ai
dû relire certains passages pour comprendre des détails que je n'avais pas
saisi à la première lecture. Des rebondissements dans une histoire sont mes
passages favoris.
En conclusion, je dois avouer que j'en suis ressortie avec
des étoiles plein les yeux. J'ai ENFIN lu la Véritable Histoire de
mon Disney préféré. Certes, le Disney est
quelque peu réécrit pour ne pas dire changé pour s'adapter aux spectateurs
(mais de toute façon, c'est le cas à chaque fois non ? Regardez Cendrillon des
frères Grimm et vous comprendrez) mais j'ai tout de même
retrouvé cette magie et ce plaisir qui m'anime à chaque fois que je
regarde La Belle et la Bête. Si je devais choisir quelle version de
La Belle et la Bête je préfère et bien sans hésitation je
répondrais l'originale car un : l'auteur et moi sommes rochelaises (oui il
m'arrive d'être chauvine parfois), deux : le conte est finalement un roman à
lui tout seul et trois : pour les sentiments qu'il m'a inspirée en le lisant.
D'ailleurs, j'avais en tête durant ma lecture la bande originale du Disney et
plus particulièrement l'opening ainsi que la transformation de la Bête en Adam
(bah oui parce que Disney l'a appelé Adam même si on ne le dit
pas). Donc petit conseil : si jamais l'occasion se présente à vous de
lire la Véritable Histoire de La Belle et la Bête et bien
n'hésitez pas un seul instant. Vous ne serez en aucun cas déçus.
Non, je ne suis pas retourné voir une troisième fois le
manuscrit du Roman de la Rose. Mais le thème reste à l’évidence encore
particulièrement pertinent avec ce film, qui est bien, à sa manière, un roman de la Rose autant qu'un roman de la Belle.
Une rose rouge vif dans un paysage enneigé. Une rose pour
une vie. Une rose pour une jeune fille... Le motif du rouge sur la neige qu’on
prépare un peu partout dans le film trouve à coup sûr son point culminant quand
le brigand pointe son poignard sur la gorge de Belle. Le sang perle jusqu’à la
neige dans une image particulièrement travaillée.
C'est un topos littéraire également particulièrement travaillé, notamment chez les médiévistes.
Le sang sur la neige
Si nous devions dresser une liste exhaustive des travaux rédigés sur le motif du sang sur la neige, l'écrasant éventail d'ouvrage rendrait la chose plus qu'intimidante. N'ayant pas la prétention d'innover en la matière, nous allons nous pencher sur le cas des gouttes de sang non pas en nous focalisant sur ce motif comme un microscope sur un échantillon sanguin dans le but de remarquer le moindre détail, mais plutôt dans un mouvement inverse, c'est à dire en prenant le motif pour source et s'étendre de ce signe aux éléments qui lui sont inhérents dans le texte.
Il est tout d'abord important de rappeler que ce motif n'est pas une création de Chrétien de Troyes. S'il l'a développé au point de lui donner la qualité esthétique, poétique et courtois que nous lui connaissons, Chrétien de Troyes n'est en rien son créateur puisque nous le retrouvons dans des oeuvres antérieurs au Conte du Graal comme la saga islandaise l'Exil des fils d'Usnech dans laquelle une jeune fille , Deirdre, voyant un corbeau boire le sang d'un veau sur la neige, jure qu'elle n'épousera que l'homme qui regroupera ces trois couleurs : "le seul homme que j'aimerai sera beau des trois couleurs que je vois là-bas: les cheveux noirs comme le corbeau, les joues rouges comme le sang et le corps blanc comme la neige".
Si nous devions dresser une liste exhaustive des travaux rédigés sur le motif du sang sur la neige, l'écrasant éventail d'ouvrage rendrait la chose plus qu'intimidante. N'ayant pas la prétention d'innover en la matière, nous allons nous pencher sur le cas des gouttes de sang non pas en nous focalisant sur ce motif comme un microscope sur un échantillon sanguin dans le but de remarquer le moindre détail, mais plutôt dans un mouvement inverse, c'est à dire en prenant le motif pour source et s'étendre de ce signe aux éléments qui lui sont inhérents dans le texte.
Il est tout d'abord important de rappeler que ce motif n'est pas une création de Chrétien de Troyes. S'il l'a développé au point de lui donner la qualité esthétique, poétique et courtois que nous lui connaissons, Chrétien de Troyes n'est en rien son créateur puisque nous le retrouvons dans des oeuvres antérieurs au Conte du Graal comme la saga islandaise l'Exil des fils d'Usnech dans laquelle une jeune fille , Deirdre, voyant un corbeau boire le sang d'un veau sur la neige, jure qu'elle n'épousera que l'homme qui regroupera ces trois couleurs : "le seul homme que j'aimerai sera beau des trois couleurs que je vois là-bas: les cheveux noirs comme le corbeau, les joues rouges comme le sang et le corps blanc comme la neige".
Nous le retrouverons ensuite dans des oeuvres
médiévales comme Le Haut livre du Graal, Parzival de Wolfram Von
Esenbach, que dans des romans et même des contes, avec dans ce cas Blanche
neige des frères Grimm et pour finir, en 1947, Giono, plongé dans
une période sombre de sa vie, rédige Un roi sans divertissement, oeuvre
se déroulant dans un monde enneigé où les divertissements sont le seul moyen
pour les habitants d'échapper à l'ennui. Pourtant, l'un d'eux, un monsieur tout
le monde nommé M.V., trouve comme dernier divertissement l'assouvissement de sa
soif sanguinaire et monstrueuse dans le meurtre. A priori, peu de choses
réunissent le Conte du Graal et Un Roi...
Blanche-Neige et le chasseur est le
premier film de Rupert Sanders, ce qui est assez rare pour une
production d'une telle ampleur. C’est une relecture moderne du très célèbre
conte "Blanche-Neige" des frères Jacob etWilhelm Grimm, paru en 1812 (exactement deux
cents ans avant le film). Probablement inspirée d'une légende germanique, cette
histoire fut reprise plus d'une centaine de fois, et sur tous les supports
possibles (cinéma, théâtre, bande dessinée, etc.). Les frères Grimm sont pour
leur part célèbres pour avoir écrit d'autres grandes histoires, telles
que "La Belle au Bois Dormant", "Le Petit Chaperon
Rouge" ou encore "Hansel et Gretel".
Donner de sa personne
Secret de tournage sur Blanche-Neige et le chasseur
Jugeant que le faux sang qui se répandait sur la neige, lors
de la scène où la mère de Blanche-Neige (Liberty Ross) se pique à une épine, n'était pas
assez réaliste à son goût, le réalisateur Rupert Sanders proposa aux techniciens de
le remplacer par son propre sang !
Quant au couple parallèle, il relève nettement de la
mythologie germanique. La fille de la forêt (la biche frappée mortellement au cœur)
qui aspire à l’expérience de la possession d’une âme par le moyen de
l’amour humain connaît un mélange de
bonheur et de malheur comparable à la fille des eaux, la jeune Ondine de La
Motte-Fouquet (1811) ou de Giraudoux (1939).
Isabelle Adjani et Jean-Luc Boutté dans Ondine (Comédie
française, 1974).
Les légendes présentent
différents degrés de rationalité. Cocteau repérait qu’il était minimal dans le
conte de Madame de Villeneuve. Il est un peu plus élevé dans le poème de Hugo
où se décèle une variante romantique du thème de la belle et la « bête »
encore différente de celle présentée à travers les personnages de Quasimodo et
d’Esméralda dans Notre-Dame de Paris.
Brassens a choisi ces strophes
dans le long poème de Victor Hugo : une version raccourcie qui nous
conviendra tout à fait.
La Légende de la Nonne
Venez, vous dont l'oeil étincelle
Pour entendre une histoire encor
Approchez: je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Pour entendre une histoire encor
Approchez: je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Il est des filles à Grenade
Il en est à Séville aussi
Qui, pour la moindre sérénade
A l'amour demandent merci
Il en est que parfois embrassent
Le soir, de hardis cavaliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Il en est à Séville aussi
Qui, pour la moindre sérénade
A l'amour demandent merci
Il en est que parfois embrassent
Le soir, de hardis cavaliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Ce n'est pas sur ce ton frivole
Qu'il faut parler de Padilla
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Elle prit le voile à Tolède
Au grand soupir des gens du lieu
Comme si, quand on n'est pas laide
On avait droit d'épouser Dieu
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Qu'il faut parler de Padilla
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Elle prit le voile à Tolède
Au grand soupir des gens du lieu
Comme si, quand on n'est pas laide
On avait droit d'épouser Dieu
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Or, la belle à peine cloîtrée
Amour en son coeur s'installa
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : "Me voilà!"
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Amour en son coeur s'installa
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : "Me voilà!"
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Il était laid : les traits austères
La main plus rude que le gant
Mais l'amour a bien des mystères
Et la nonne aima le brigand
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
La main plus rude que le gant
Mais l'amour a bien des mystères
Et la nonne aima le brigand
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
La nonne osa, dit la chronique
Au brigand par l'enfer conduit
Aux pieds de Sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit
A l'heure où les corbeaux croassent
Volant dans l'ombre par milliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Au brigand par l'enfer conduit
Aux pieds de Sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit
A l'heure où les corbeaux croassent
Volant dans l'ombre par milliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Or quand, dans la nef descendue
La nonne appela le bandit
Au lieu de la voix attendue
C'est la foudre qui répondit
Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
La nonne appela le bandit
Au lieu de la voix attendue
C'est la foudre qui répondit
Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Cette histoire de la novice
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut
Les prieurs la racontassent
Dans tous les couvents réguliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut
Les prieurs la racontassent
Dans tous les couvents réguliers
Enfants, voici des boeufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers
Villeneuve verbatim
Arrivée du marchand dans l'allée du château.
Colère de la Bête et premier élément de son portrait: une trompe d'éléphant.
Vous vouliez connaître l'âge officiel de la Belle? Le voici.
La rencontre, et le second (dernier) élément du portrait de la Bête : les écailles. Un serpent éléphantesque ?... Il est vrai qu'il peut prendre toutes les formes ou presque, et que notre habitude du lion n'est pas une obligation. Il peut être oiseau (le charognard des champs de bataille des anciennes légendes du Nord, notamment le corbeau), ou mammifère (un sanglier hugolien, pourquoi pas? ou encore le sanglier de l'illustration de Walter Crane : revoir dans "Vous allez voir Belle"), ou reptile (le serpent tentateur de l'Eden?), ...
UNE HISTOIRE HORS NORME
C'est celle de celui que la télévision franco-allemande, récemment, a diffusé sous le titre (bien choisi mais évidemment largement inexact) de : "La véritable histoire de la Belle et la Bête".
Petrus Gonsalvus vers 1580, le premier cas enregistré en Europe. |
Pedro Gonzales, ou Petrus Gonsalvus, né vers 1537 à Tenerife,
dans les îles Canaries, et mort vers 1618 à Capodimonte,
est le premier cas connu d'hypertrichose (ou hypertrichosis
lanuginosa).
L'hypertrichose (ou hypertrichosis
lanuginosa), est une maladie congénitale rarissime qui se caractérise par un
développement anormalement important du système pileux, ce qui lui valut le
surnom de « sauvage ».
En raison de ses caractéristiques particulières, Pedro
Gonzales est offert à l'âge de 10 ans au Roi Henri II de France, qui s'entiche du jeune
garçon, et lui donne une excellente éducation (assurée par les précepteurs
royaux Pierre Danès, Jacques Amyot et Robert
Estienne).
Pedro Gonzales, surnommé alors le « sauvage du Roi », devient, au
cours des décennies suivantes, l'un des lettrés les plus fréquentés de Paris.
Peu avant 1572, Pedro Gonzales se marie à Catherine Raffelin, avec qui
il a sept enfants, dontTognina, elle aussi atteinte d'hypertrichose,
et qui fut la première à être sérieusement examinée pour cette tare (notamment
par le savant italien Ulisse Aldrovandi).
Après la mort, en 1589, de Catherine de Médicis, devenue leur
protectrice depuis la disparition d'Henri II, Pedro Gonzales et sa famille sont
disgraciés, et prennent donc la route de l'exil. En 1591, ils sont admis à la
cour des Farnèse à Parme1.
GONSALVUS OU LA VÉRITABLE HISTOIRE DE LA BELLE ET LA BÊTE
ARTE dimanche 30 mars à 22h30 (51 min)
Au moment où sort au cinéma une nouvelle version de La belle
et la bête, la réalité semble une fois de plus dépasser la fiction. En 1537,
Pedro Gonzales (rebaptisé plus tard Petrus Gonsalvus) naît à Ténérife, le corps
couvert de poils. Il est atteint du syndrome rarissime de l'hypertrichose
(hypertrichosis lanuginosa). Les êtres exotiques faisant alors la joie des
cours royales, il est offert à l'âge de 10 ans à Henri II. Destiné au départ à
sa ménagerie, Petrus révèle de grandes capacités d’apprentissage. Le roi de
France lui fait alors donner une excellente éducation. En 1572, on lui choisit
une épouse, fille d’un courtisan. Son idylle avec Catherine Raffelin est
heureuse. Ils ont ensemble sept enfants, dont Tognina, atteinte de la même
maladie que son père.
Approche
scientifique
Le réalisateur Julian Pösler,
remarqué l’an dernier pour son film Le mur invisible, avec Martina
Gedeck, signe ici son premier documentaire pour la télévision. Par-delà
l’histoire de Petrus Gonsalvus, il s’interroge sur un mode scientifique sur ces
phénomènes de pilosité extrême. Environ cinquante individus en souffriraient
dans le monde. Mais tous ne s’en plaignent pas, à l'instar de l’acteur mexicain
Larry Gomez auquel cette "tare" a valu de faire carrière à Hollywood.
Portrait d'Antonietta Gonsalvus
peint en 1585 par Lavinia Fontana, Musée de Blois.
"Antonietta Gonsalvus a vraiment existé, et Lavinia Fontana
l'en en effet rencontrée et peinte.
En fait, l'existence de ce tableau s'explique tout simplement en disant qu'Antonietta était la fille de son père, Petrus Gonsalvus, dit aussi Pedro Gonzales, né à Ténérife, dans les îles Canaries en 1556.
Son père voyagea beaucoup et se maria avec une hollandaise.
C'est pourquoi Antonietta est née en Hollande en 1572.
Quand Lavinia Fontana peint Antonietta à Parme, sans doute en 1583, la jeune fille a donc entre 11 ans (ou 13 si le tableau a été fait en 85), parce que son père avait encore déménagé pour aller en Italie." (Selon http://www.jcbourdais.net/journal/06dec05.php)
En fait, l'existence de ce tableau s'explique tout simplement en disant qu'Antonietta était la fille de son père, Petrus Gonsalvus, dit aussi Pedro Gonzales, né à Ténérife, dans les îles Canaries en 1556.
Son père voyagea beaucoup et se maria avec une hollandaise.
C'est pourquoi Antonietta est née en Hollande en 1572.
Quand Lavinia Fontana peint Antonietta à Parme, sans doute en 1583, la jeune fille a donc entre 11 ans (ou 13 si le tableau a été fait en 85), parce que son père avait encore déménagé pour aller en Italie." (Selon http://www.jcbourdais.net/journal/06dec05.php)
Thierry Flamand, chef décorateur du film, reçu à Vierzon
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