jeudi 20 février 2014

COMMENT... MATHS (1)

25e séance avec débat






SEANCES SCOLAIRES

JEUDI 20 FEVRIER 2014 9H

LYCEE ET COLLEGE NOTRE-DAME SAINT-JOSEPH



Ce sont les premiers à avoir vu le film au Ciné-Lumière de Vierzon.

Ils se dirigent vers les cinéma. Ils ont passé la place Gabriel Péri et longent l'esplanade de la Française.




Les parapluies sont de sortie. Rien n'empêchera le groupe d'aller à la rencontre des maths. 

Plus que quelques secondes, et les portes vont s'ouvrir.

Bien sûr John est là, qui canalise le flux.



On s'installe dans la grande salle (la salle 1).








Le film va commencer, l'atmosphère est détendue. Même les professeures de lettres
sont aujourd'hui  mobilisées pour la cause des mathématiques. 


La fin du film. Les lumières vont bientôt permettre les échanges.





Le débat fut riche et de qualité. Beaucoup de questions pertinentes, et parfois surprenantes, furent posées. La définition des mathématiques, d’abord. En champ sémantique élargi, tout le monde est mathématicien. Dans le cas contraire, les mathématiques sont réservées à un cercle extrêmement restreint de représentants de l’humanité. Dans une inspiration analogue, on a pu dire qu'on ne faisait plus actuellement de "vraies" mathématiques avant l'enseignement supérieur.

On a aussi demandé des précisions sur des expressions entendues dans le film, par exemple quand il fut fait état de "mathématiques conventionnelles". S'agit-il des bases, par opposition aux mathématiques de haut niveau?  Ou des mathématiques "anciennes", par référence à ce qu'on a appelé, au moins en France, les "maths modernes"?


L’intercompréhension entre mathématiciens n’est pas obligatoire (on le constate dans le film), ce qui dit tout sur l’extraordinaire variété et étendue du champ des mathématiques. On peut donc être un excellent mathématicien dans son domaine de recherche et ne pas vraiment comprendre ce que fait un autre excellent mathématicien dans un autre domaine.

       En parlant de grand mathématicien, j'ai eu ma seconde de gloire à bon compte quand John m'a présenté comme "le monsieur qui avait reçu le mail de Cédric Villani en personne". Je l'ai récompensé en le lui passant.

Les mathématiques sont-elles misogynes? Ni les mathématiques ni le cerveau humain, masculin comme féminin, ne le sont a priori. Mais le statut et l'image des mathématiques, dans la société et dans l'éducation, ont sûrement à y voir. Pas étonnant alors que les femmes soient sous-représentées dans le film lui-même. On a posé la question au public : personne ne s'est souvenu d'avoir vu plus d'une mathématicienne. C'est peu, en effet... 

Les mathématiques sont-elles infinies ? Dans la mesure où les progrès sont continus, où c’est une discipline qui vit et qui est en pleine expansion (un élève a fait la comparaison avec l’expansion de l’univers…), la réponse est oui.
Un élève s’est très bien exprimé sur la beauté des mathématiques. Elles permettent de donner des images ou des structures élégantes qui relèvent sans doute de l’art. Mais d’autres analogies ont été évoquées. Le plaisir procuré par une démonstration claire, souvent la plus brève, la plus élégante, est véritablement un plaisir artistique. On pense aux échecs, où une belle combinaison, un chemin brillant vers le mat, leur confèrent le qualificatif d’« artistiques ».




Pour l’un, les maths sont comme un jeu. Il a du mal à comprendre celui pour lequel les maths sont comme imperméables. Il murmure entre ses dents : « Il y met de la mauvaise volonté… ». Il le connaît mieux que moi sans doute, mais peut-être a-t-il aussi du mal à comprendre qu’on n’est pas vraiment égaux devant la discipline.

Tels autres aiment les maths car ils savent qu’elles seront nécessaires pour leur futur métier (informaticien, infographiste,…).

Les professeurs sont d’accord : c’est un abus de langage dommageable qui fait parler de « nul en mathématiques ». Ce qu’ils attendent, ce n’est pas l’irréaliste 20 sur 20 pour tous, c’est des progrès pour chacun.

Une anecdote : celle de cet élève à qui on demandait de dessiner la façade de son école en respectant les proportions. Mais il ne le pouvait pas,  car la feuille qu'on lui donnait était plus petite que la façade. 

Un élève croit à la toute puissance – et donc à l’entière responsabilité – du professeur dans le résultat. C’est évidemment oublier les nombreux paramètres qui font le résultat, parmi lesquels bien sûr la qualité personnelle de l’enseignant. Mais bien d’autres facteurs interviennent, comme les programmes qu’on est bien obligés d’appliquer, et l’usage que font l’éducation et la société de la matière (matière qui sélectionne et qui classe les individus).

Les romanciers ont coutume de faire ressortir le silence en mentionnant un bruit presque imperceptible (le tic-tac est un grand classique). On fera de même ressortir la qualité des interventions en cherchant le moindre motif de déception. En voici un, qui tient tout entier dans un petit mot : QUI. Question : QUI a inventé les mathématiques ? Malgré leurs diplômes, leurs longues études, parfois leur grand âge, les adultes présents sont incapables de fournir un nom précis (et ne parlons pas du prénom) à des jeunes avides de héros clairement identifiés. Mais aucune archive, et pour cause, n’a gardé l’identité de l’homo habilis ou érectus qui, le premier, aurait calculé quelque chose… Ils n’en démordent pas : QUI a inventé les chiffres, QUI a inventé le zéro ?… Les mots sont d’origine arabe, mais cette information, à elle seule,  ne comblera pas le désir de vedettariat du jeune public.


Il y avait bien d'autres questions. C'est en classe qu'on y répondra. 





Le jour même je reçois une réaction élogieuse de JMB sur la séance. J'ai hésité avant d'en faire état, en raison des compliments sur un blog fait de bric et de broc, et qu'à chaque fois je ne suis pas sûr d'avoir le temps ni l'énergie nécessaires pour en assurer l'animation. Tout ce que je peux dire, c'est : jusqu'ici tout va à peu près bien... Et tout ce que je peux garantir, c'est de donner en temps et heure au moins les informations factuelles qui me parviennent et qui concernent l'association.

J'ai quand même décidé de le rendre public ici, pour plusieurs raisons dont chacune serait, comme dit l'autre, suffisante seule.
Il rappelle avec pertinence à quel point c'est une création collective, de plus en plus, et c'est le but recherché. JMB y prend d'ailleurs une bonne part par ses envois, ses réactions, et je n'oublie pas qu'il est à l'origine de l'idée de prolongations d'après débat, et de l'incitation à continuer à communiquer par ce moyen.
Il rend un hommage mérité (j'y étais, j'en témoigne) à la réussite d'une séance - et d'un débat - qui doit tout au groupe d'élèves (important, une centaine) et de leurs enseignants.
Il montre par sa réaction même que l'association ne se réduit pas au public présent un jour donné dans la salle, souvent diversifié, même si elle repose surtout sur un "noyau dur" de fidèles auxquels il convient aussi de rendre hommage, étant bien évident que chacun ne peut être présent à chaque séance - elles sont nombreuses - et qu'il convient de choisir les films qui intéressent. Grâce aux comptes-rendus, ceux qui ne sont pas présents, mais qui sont cependant concernés par la vie de l'association, gardent en permanence le contact, si bien que virtuellement, à chaque film, c'est, pour les animateurs, toute l'association qui est comme présente. En corollaire à cette idée de choix, je trouve commode finalement ce dispositif bizarre qu'était pour moi un blog (lu au rebours d'un livre, composé d'un fatras de remarques et de documents dans lesquels, au départ,  je ne voyais  aucune possibilité de mettre de l'ordre,...). Hommage donc également à cet adhérent qui a levé notre grave inhibition dans ce domaine lors des journées de la Fête des Association. Je n'ai même plus besoin, tant c'est une évidence avec ce type de format, de préciser, comme j'éprouvais le besoin de le faire pour mes comptes-rendus précédents (les "Afters", certains s'en souviennent) : On n'est pas obligé de tout lire! 
Il fait des éloges qui ne sont pas de pures flatteries. Je le connais, s'il les fait, c'est qu'il les pense, car il est tout aussi bien capable de reproches sévères si quelque chose ne lui plaît pas, et c'est très bien ainsi.
Enfin, merci à JMB de me permettre d'exprimer ma gratitude à tous ceux qui concourent, chacun à leur poste, permanents comme au bureau ou occasionnels à l'occasion d'une visite à l'une de nos séances, à permettre qu'existe et se perpétue à Vierzon cette façon de vivre le cinéma. Précisons aussitôt : à Vierzon, mais pour tous ceux aussi qui sont d'ailleurs et que nous avons grand plaisir à accueillir, et même pour ceux qui ne seront jamais présents aux séances, qui sont dans d'autres pays, et qui peuvent avoir, grâce à cette communication "bloguiste", un regard qu'on espère bienveillant sur notre activité. Préciser "cette façon de vivre le cinéma"? Je me suis gardé à dessein d'adjectifs trop précis parce qu'ils seraient vite trop prétentieux. Je revendique juste, en pensant d'abord à la personnalité de tous ceux qui concourent à cette vie de l'association, les mots "généreux" et "disponibles". J'ajouterai aussi l'expression d'une valeur : l'esprit critique, dont il va de soi que nous ne saurions nous exonérer, et que nous ne confondons surtout pas avec l'esprit de critique.
Mais on attend maintenant impatiemment le message qui a servi d'alibi  à tout ce développement (j'en parle comme d'un délit...). Le voici enfin (mais vous n'étiez pas obligé de tout lire) :

Je ne pourrai aller voir ce film , mais je suis scotché par le CR de la visite des élèves et surtout par la pertinence , la fraîcheur de leurs réactions . Le rôle de JR a dû être un puissant catalyseur , mais quand même... C'est tonique et vivifiant . Ce blog est décidément bien vivant, riche , diversifié et heureusement imprévisible . Il devient goûteux ...
JMB, 20 février 2014, 15h42




Mais j'ai eu beau dire : les joues de l'allégorie de l'association en sont devenues toutes rouges...



Rêve de potache ?…


Tirée du film, une anecdote ne passe pas inaperçue. Celle de ce mathématicien jeune marié dont la femme constate avec surprise que, les après-midi, il se rend régulièrement dans sa chambre et s’allonge sur le lit, où il reste immobile pendant des heures. Elle découvre finalement que c’est sa façon de travailler : réfléchir en position allongée, parfaitement immobile.
On pense à l’élève Descartes au lycée de La Flèche qui avait obtenu de son administration le privilège de travailler au lit jusqu’à onze heures, cet élève exceptionnel ayant montré qu’il avait ainsi son meilleur rendement intellectuel.
Les lettres ne sont pas en reste : Hugo avait sur sa porte un panonceau annonçant « Le poète travaille, il dort. ». Et si ma mémoire ne me trahit pas, je crois me souvenir qu’il en existe un écho dans l’exposition  de l’espace Brassens à Sète : « Le chanteur travaille, il compose », ou quelque chose de ce genre...







Les maths sont belles

Réactivation moderne de la vieille complicité entre les mathématiques et la musique.

Berry républicain 18 juin 2014




Les maths sont belles de bien des façons, et à la moindre occasion les revues scientifiques se métamorphosent en revue d'esthétique. Un simple extrait, et on est aussitôt convaincu de la grâce des rondeurs même grasses.









Cellule adipeuse humaine, lune, bulle de savon.






Science & Vie avril 2014







Vous aimez les maths sous tous leurs aspects? Alors je crois que vous ne serez pas déçu si vous allez visiter ce blog de Didier Müller :


http://www.nymphomath.ch/blog/

Voyez spécialement la rubrique Séries et films, qui présente une émission dédiée à Cédric Villani. Sympathie et intelligence sont constamment au rendez-vous.
Je découvre aussi une vidéo d'hier, l'émission On n'est pas couché. (A voir entre 19' et 43').
J'y ai noté au passage cette "citation célèbre d’une grande mathématicienne russe" :
« Nul ne peut être un grand mathématicien sans avoir l’âme d’un poète. »





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