SUPER TRASH
Film documentaire français de Martin Esposito. (2013 - 1h20)
Rappel concernant cette fois le film :
C'était un film que nous avions demandé de longue date et qui a vu sa projection concrétisée.
Rappel (v. ACTU novembre)
Mardi 2 décembre
Auberge de jeunesse
café repaire.
Le thème :
Que reste-t-il de JAURES,
100 ans après son assassinat ?
C'est Charles SILVESTRE, auteur du livre
"La victoire de Jaurès"(éditions du Privat, 2013),
qui animera la conférence débat.
Rappel concernant cette fois le film :
C'était un film que nous avions demandé de longue date et qui a vu sa projection concrétisée.
Nous avons eu la bonne surprise, nous qui n’avions pas eu
d’écho jusque-là à notre recherche de « grands témoins » sur le sujet
de cette soirée, de voir apparaître un couple de Saint-Palais, lieu d’une
décharge emblématique, se faire connaître spontanément et ne jamais rechigner à
partager leur précieuse expérience.
Tant pis pour nous si nous avions de nombreuses lacunes et
si nous pensions que la connaissance de ces choses peu ragoûtantes n’était que
très secondaire et ne nous concernait que lointainement. Le débat nous a
aussitôt convaincu du contraire.
Pas seulement sur les dénominations qui correspondent
pourtant à des réalités très différentes. D’abord, pour Saint-Palais il ne faut
pas parler de décharge, mais utiliser un euphémisme technocratique. J’avoue que
j’ai oublié, et je sais que site d’enfouissement des déchets n’est qu’une
correction insuffisante. Je suis sûr que s’ils nous font parvenir une petite
mise au point, je serai en mesure d’être ici plus précis.
Important en revanche de savoir qu’il existe trois types de
ces sites. Niveau 1, plutôt anodin, niveau 3, les déchets ultimes. un mot, une
expression qui font peur aussitôt que prononcés.
On a bien compris également que trois niveaux de décisions
doivent fonctionner correctement pour que ce qui rapporte certes de l’argent
aux communes ne soit pas surtout un danger pour les populations voisines. Les
lois européennes, les lois nationales et les moyens d’application qui vont
avec, la vigilance de la population locale et la combativité du maire doivent
s’articuler dans la cohérence et l’efficacité.
Le film n’était qu’en deux dimensions. Ni la troisième ni la
quatrième n’ont fait l’objet d’une véritable frustration. Les odeurs sont au
cœur de presque toutes le séquences, mais on ne félicite plutôt de ne pas
partager pleinement cette expérience existentielle avec le réalisateur. Ce fut
plus que compensé par les commentaires des spécialistes présents. Un vrai
raffinement digne du film Le Parfum. Depuis la fadeur au fond plutôt rassurante
et supportable jusqu’aux effluves persistantes et agressives qui ne vous
quittent plus jamais et qui vous font aussitôt suffoquer dès que vous avez
l’imprudence d’ouvrir votre fenêtre.
Le maire de Cannes en parle d’ailleurs assez bien. Plusieurs
sont d’ailleurs demeurés plutôt septiques (pardon…) devant ces paroles
éloquentes qui ne servaient peut-être qu’à masquer le fait qu’il ne se bougeait
pas efficacement pour remédier à la situation qui relève au moins en partie de
sa responsabilité. Lacune de l’édile, ou hors-champ du film qui entendait
limiter son sujet à l’aventure d’une survie en milieu hostile (comme dans notre
film de début de saison, Les Combattants).
Qui dit survie dit nourriture et eau potable. Ahurissant de
constater ce qu’il essaie de manger. On est loin des préceptes de bonne
nourriture et de vie saine préconisés avec notre récent débat sur le diabète
(La Santé dans l’assiette). Comment a-t-il pu échapper, et l’a-t-il pu, à la
maladie dans la décharge ? Le nom de cette dernière – la Glacière – ne
suffit pas à garantir de bonnes conditions de conservation. Elle fait plutôt
froid dans le dos (re-pardon, c’est facile…).
Les personnes informées étaient aussi comme par hasard (le
département est petit) des militants solides contre les fameuses boues
d’Achères, dont nous avons eu l’occasion de parler lors de débats Ciné
Rencontres plus anciens. Ces boues ont pollué, en tournant en spirale d’escargot
autour de la capitale, successivement les départements limitrophes, la vallée
de la Seine, au point de venir jusqu’à nos portes où une résistance efficace,
appuyée sur les dégâts déjà occasionnés ailleurs, a pu s’organiser. Cette fois,
à une telle ampleur, on pense aux films sur l’extraction du gaz de schiste dans
le lignée de Gazland.
Plus près de nous, une deuxième décharge (je crois me
souvenir qu’on a signalé qu’il en existait trois dans le Cher, j’ai oublié le
lieu exact de la troisième, vers Orval ?) nous préoccupe. On y trouve
force corbeaux tournoyants, mais aussi, comme à Cannes, abondance de mouettes.
Il paraît que ça doit fermer. Attendons.
Les enfouissements à la fermeture me paraissent un peu
sommaires. Une vingtaine de centimètres de terre, et c’est considéré comme
propre. On trouve des maison construites sur des sites insalubres où les
enfants dégustent en premier. « Dans les années 70, on faisait n’importe
quoi. »
Les scènes fortes.
Le contrepoint du festival de Cannes est assurément le fil
rouge le plus solide du film. Jamais plus on ne verra le festival du même œil.
Ravageur !
La mouette sauvée au péril de ses doigts. Images qui
rappellent des cormorans englués dans les hydrocarbures des marées noires. La
mer, la mer, toujours recommencée… Ça commence par :
Ce toit tranquille, où
marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre
les tombes
Ce qui fait aussitôt songer que dans cette décharge
surréaliste on trouve aussi des cercueils. Re -re-pardon, Paul Valéry.
Films rapprochés
Le cauchemar de Darwin
Un film Ciné-Rencontres sur une décharge monumentale en
Turquie. J’espère en retrouver les références.
Encore merci à Saint-Palais, où cohabitent d’une manière
(presque) harmonieuses les vergers remplis de pommes et une station d’enfouissement
des déchets exemplaires. Grâce à la vigilance toujours nécessaire des habitants
relayée par la combativité du maire.
On a aussi évoqué la solidarité des communes sur cette
question. Not in my backyard ! est le premier réflexe, et l’argent n’est
pas toujours jugé une compensation suffisante. Dans la pratique pourtant, une
solidarité convenable est généralement observé.
On a pratiquement conclu sur un paradoxe étonnant. Le trash
devient, sinon tendance, du moins rentable et même précieux. Il y a de l’or
dans ces déchets compactés sous nos pieds. Les Anglais sont les premiers à les
exploiter à grande échelle. Mais on s’y met aussi. Le marché est considérable.
Les Hollandais sont friands du plastic recyclable, les Chinois prennent à peu
près tout. Le trashgold a de l’avenir.
On le voit, on ne s’est pas cantonné à Saint-Palais ou
Saint-Hilaire (tiens, que des saints, mais on ne dira rien du caractère sacré
de ces nouvelles cathédrales uniques montagnes de nos pays plats), on a visité
le monde, le sixième continent de déchets divers et malheureusement aussi de
matières plastiques meurtrières pour la faune qui dérive, fantomatiques, sur
nos océans dont on nous rappelle chaque jour l’extraordinaire puissance et
aussi l’extraordinaire fragilité. Et nous avons aussi dit ce qui était
construit sur des déchets au Japon : un port, rien de moins. Comme à
Cannes, la mer y fait sûrement rêver.
Esthétique
Un film au filmage risqué au plus près du danger, comme un surfeur de haut niveau seul pouvait le faire. Une performance. Des mouvements de caméra nerveux, certains disent erratiques, qui, selon les tempéraments, maintiennent l'attention ou au contraire fatiguent. Un énorme travail de montage, avec des plans brefs qui souvent ne dépassent guère la seconde. Esthétique du clip. Il y a des partisans qui apprécient, et aussi des détracteurs qui, à la longue, trouvent cette présentation trop répétitive, trop complaisante. Et pourtant, il faut bien avouer à la fin qu'il faut bien du talent pour nous faire vivre pendant si longtemps dans un pareil univers sans qu'on quitte la salle, et même qu'on reste après pour en débattre. Immersion est le mot. Jusqu'à l'ambiance sonore à la limite des acouphènes (comme dans La famille Bélier) pour traduire ce qui s'apparente à une noyade, non pas dans l'extase d'une émission paillettes genre The Voice, mais dans des déchets mouvants qui, on nous le dit sans le film, ne sont pas des sables. Bien des déchets industriels et du bâtiments ne devraient pas être là. Et pourtant, il y sont, du moins ils y étaient, jusqu'en 2009. Mais quelle victoire, si on en construit aussitôt une autre juste à côté?
Un film au filmage risqué au plus près du danger, comme un surfeur de haut niveau seul pouvait le faire. Une performance. Des mouvements de caméra nerveux, certains disent erratiques, qui, selon les tempéraments, maintiennent l'attention ou au contraire fatiguent. Un énorme travail de montage, avec des plans brefs qui souvent ne dépassent guère la seconde. Esthétique du clip. Il y a des partisans qui apprécient, et aussi des détracteurs qui, à la longue, trouvent cette présentation trop répétitive, trop complaisante. Et pourtant, il faut bien avouer à la fin qu'il faut bien du talent pour nous faire vivre pendant si longtemps dans un pareil univers sans qu'on quitte la salle, et même qu'on reste après pour en débattre. Immersion est le mot. Jusqu'à l'ambiance sonore à la limite des acouphènes (comme dans La famille Bélier) pour traduire ce qui s'apparente à une noyade, non pas dans l'extase d'une émission paillettes genre The Voice, mais dans des déchets mouvants qui, on nous le dit sans le film, ne sont pas des sables. Bien des déchets industriels et du bâtiments ne devraient pas être là. Et pourtant, il y sont, du moins ils y étaient, jusqu'en 2009. Mais quelle victoire, si on en construit aussitôt une autre juste à côté?
Dix jours plus tard. |
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