samedi 22 novembre 2014

RENDEZ-VOUS FILMS

PENDANT


FILMS

Un seul  ne peut guère assister à toutes les projections.  Notre intention, c'est de compter , en ces circonstances plus que jamais, sur la contribution de nos adhérents pour avoir au moins une réaction, même courte, sur les films qu'ils auront pu voir.  Particulièrement pour combler les lacunes perceptibles dans la liste ci-dessous.






VENDREDI






Queen and country
Vendredi 10H30 


Un Boorman forcément attendu et qui a le mérite de ne pas du tout décevoir. Ne pas s'arrêter au pitch qui laisse attendre un énième film de bidasses. Une plongée émouvante dans les années du début de tout (téléphone, télévision,...) avec des types humains bien caractérisés et crédibles. Un film bourré d'une charge humaine inépuisable. En prime l'attention portée en contrepoint  intelligent à l'actualité cinématographique de l'époque. L'île sur la Tamise auprès d'un studio de cinéma est un lieu qu'on a eu plaisir à habiter le temps d'un film.

To dors Nicole
Vendredi 15H 

Sur ce film, le billet de John :


   Film québécois qui se situe entre rite initiatique sur le passage de l'enfance à l'âge adulte et fable surréaliste sur la quête du bonheur. Le réalisateur nous place dès les premières images en noir et blanc dans un porte à faux inconfortable et dérangeant. Tout se dessine dans les décalages, avec des personnages de la petite bourgeoisie pétris d'ennui dans la torpeur de la canicule québécoise.
     Nicole, le personnage central, incarne cette difficulté de se poser dans sa vie qui n'est plus celle d'un enfant et pas encore celle de l'adulte. Comme les autres personnage, elle tourne en rond, ne sachant que faire de son temps et ce n'est pas l'arrivée par la poste de sa première carte de crédit qui va la libérer malgré sa tentative d'aller pour le « fun » en Islande. Le fun n'est pas comme avant avec l'innocence de l'enfance mais là encore Lafleur brouille les pistes, en effet le seul enfant du film, un freluquet adorable de dix ans, a une voix de stentor et visiblement un taux de testostérone des plus élevés.
     On note avec intérêt le placement presque systématique des personnages parfaitement au milieu de chaque plan, on n'est jamais aussi loin de la « sortie » que quand on est placé ainsi. La construction géométrique et l'empilement des séquences tirées au cordeau n'est pas le fruit du hasard, mais plutôt un jeu de cartes, un genre de Monopoly de la société québécoise où personne ne gagne. L'avenir n'est pas assuré avec le mort-né, le travail semble assuré par les anciens, les retraités s'ennuient sous la pluie, les enfants possèdent les moyens d'offrir des glaces à leurs aînés.

     La dernière image énigmatique et surréaliste du geyser est à la fois une métaphore rafraîchissante et menaçante. Les forces vitales qui l'emportent, qui brisent tout ? A chacun sa lecture.



Discount
Vendredi 20H 


Un film subtil et limpide qui pose des problèmes complexes sans avoir l’air d’y toucher. Modestie jusque dans la présentation conviviale de l’équipe du film, du moins de ceux qui ont accepté d’accompagner dans cet exercice le réalisateur, deux acteurs ayant manifesté – joué ?-  leur réticence  jusqu’au bout. Message explicite : « On ne juge pas, ce n’est même pas un film contre les grandes surfaces les membres de la hiérarchie sont aussi piégés que les autres ».
N’empêche. Même s’il ne faut pas évoquer à tout propos les métaphores des heures sombres de notre histoire, et même s’il faut dire qu’il n’y a pas de sot métier, aucun politiquement correct n’empêchera de penser que les métiers dont le cœur de mission consiste précisément à attenter à la dignité des autres ont au moins un peu quelque chose d’indigne.
Bien sûr une bonne soirée avec un film de grande qualité. Un petit regret cependant : on était plusieurs à attendre les interventions du très compétent Thierry Méranger. Or, à part la question d’introduction, il n’a plus dit un mot. Souhaitons qu’il se rattrape aujourd’hui et demain !
Rappelons aussi qu’il s’agit d’un film qui avait été, avant notre assemblée générale, repéré et demandé par une de nos adhérentes, Jacqueline, laquelle était d’ailleurs présente hier soir. Francis avait alors fait remarquer qu’il ne sortirait qu’en janvier 2015. C’est donc une chance de pouvoir ainsi bénéficier à Vierzon de tant d’avant-premières.
A noter aussi une sympathique conversation avec l'acteur que nous avions déjà vu dans La Marche. On comprend vite pourquoi les rôles de personnages pleins de générosité lui vont comme un gant.








SAMEDI

Berry républicain 22 novembre 2014






Mon amie Victoria


Samedi 9H

Je dis "encore" non pas en raison de l'ordre de la programmation, mais de celui de ses envois. Voici donc encore un beau billet de John.



Magnifiquement démarré et terminé sur le concerto de clarinette d'Aaron Copland, Civeyrac parvient à capturer toute la mélancolie de son héroïne ballottée entre le désir de faire au mieux pour sa fille née d'une union brève et « sans importance » avec quelqu'un de l'autre bord et son farouche besoin d'indépendance.
Le géniteur n’est ni noir ni pauvre et les retrouvailles entre un père qui s'ignorait père et une fille métissée qui retrouve un père blanc n'est simple pour personne ; c'est un thème récurrent dans le cinéma passé et actuel, son traitement dans ce film assez subtil, notamment en ce qui concerne l'absence du père au sens propre comme au sens figuré.
Car des pères il y en a, ceux que l'on n'a jamais vus, celui qui s'ignore, celui qui meurt et laisse un fils « taciturne» qui se débrouille dans une vie où il peut se sentir un peu abandonné. Film sur la filiation, l'appartenance, la résilience, la fracture qui ressemble à un genre de « Rubik's cube » que l'on aimerait manipuler pour aligner les cases tout en sachant que pour des raisons diverses on ne réussira pas.

Quelle belle idée aussi que d'avoir renvoyé à ce lien. Le commentaire est sobre: "D'une beauté!" Evidemment, on ne peut que confirmer. 








Whiplash


Samedi 10H45

...

Fidelio, L'Odyssée d'Alice


Samedi 10H45




John l'a vu :

     L'orthodromie ou loxodromie ? Je n'étale aucune science de navigateur chevronné et ne fais que de reprendre des termes entendus dans le film. Puisque l'on parle de navigation tout au long de ce film il s'agit de choisir la ligne courbe ou la ligne droite pour atteindre sa destination sur notre sphère terrestre dans un minimum de temps.

     Les lignes courbes seront celles généreuses de l'actrice principale du film, Ariane Labed, prix d'interprétation féminine et Label Europa Cinéma à Locarno 2014. Cette mécanicienne chef évolue dans le monde quasiment exclusivement masculin de la marine marchande, se mêlant avec enthousiasme aux joutes verbales des matelots en manque de femmes. Elle connaît un homme dans tous les ports et peut détailler les attributs sexuels masculins moyens de tous les continents.

     Au vu des distances faibles entre elle et un ancien amant retrouvé sur le « Fidélio », le choix du cap importe peu et la navigatrice trouve par un chemin des plus courts un plaisir physique rapide et intense. Là-dessus se greffe le choix du cœur et celui du corps car elle a laissé sur le quai à Marseille l'homme qu'elle aime. Les déclinaisons de l'amour sont nombreuses depuis l'antiquité mais ses lectures sont exclusivement vouées à la mer, pas pour elle les philosophes grecs.





Charlie's country


Samedi 14H10


Première drôle d'impression d'avoir à se dire que le progrès de l'Australie fut de passer d'une dictature meurtrière à une démocratie raciste. Et encore, dans le film, on entend dire que "c'était encore mieux avant, quand ils nous tiraient dessus". Sans doute plus franc,  en effet.
Mais cette première impression est trop brutale et sans doute injuste. Il faudra revenir dessus à l'occasion.







 En ouverture de l'après-midi, un petit film sur une histoire familiale particulière haussée à la dimension générale d'une réflexion réussie sur le temps qui passe et la transmission inter-générationnelle (le sport contre la mort).



Thierry quand il est spectateur, dans les premiers rangs à gauche.






Les règles du jeu
Samedi 16H10 


On ne peut pas s'y méprendre et le réalisateur l'a confirmé. La référence explicite à Jean Renoir montre que le pluriel est ici une illusion, et qu'il n'y a  en l'occurrence qu'une seule règle du jeu. Celle d'une société manipulatrice, qui est bien la cible véritable de la satire, et pas du tout, en dépit des apparences, les quatre personnages principaux dont on suit le destin difficile tout au long du film.

Paradoxe d'adolescents inemployables (pas de ponctualité, motivation qui ne résiste pas à l'épreuve du réel, attitude inappropriée, langage inadapté,...) mais qui savent très bien utiliser les codes moraux normalement en vigueur à leur profit, comme ne pas mentir, garder sa dignité, savoir que les hommes sont théoriquement tous libres et égaux... en quelque chose. "Je ne m'abaisse pas comme ça, s'il s'assoit, je m'assois"."Oui, je dis  ça, moi je suis franche". Alors c'est la formatrice qui se voit contrainte de conseiller l'hypocrisie: "Mais moi, si je veux me faire embaucher, bien sûr que je ne vais pas dire quel est mon principal défaut." Drôle de situation...




A la vie
Samedi 19H15 


Comme hier, le réalisateur s'est déclaré émerveillé de voir pour la première fois son film dans une définition aussi exceptionnel sur un écran aussi grand. Indiscutablement un atour majeur de ce cinéma. Curieusement, ce sont maintenant les autres qui en parlent le mieux, tant les Vierzonnais s'y sont vite habitués.


Encore une soirée merveilleusement réussie, avec cette fois en prime - cerise sur le gâteau – un Thierry qui a pu jouer à plein son rôle de transmetteur d’émotion et de connaissances. Il est vrai qu’avec trois micros c’est beaucoup plus facile.



A retenir entre beaucoup d’autres éléments : 
Les acteurs choisis pour reproduire les conditions de l’histoire (entrer en contact avec des caractères forts dont on ne sait s’ils vont s’entendre à ce point d’incandescence). Une relation à chaque fois menacée mais si forte qu’elle a résisté jusqu’au bout sans réelle crainte.
L’actrice canadienne vue récemment dans Mommy dans un rôle étonnant (Suzanne Clément).
Un petit film final ancien d’où est sorti le film moderne et qui suscite à chaque fois chez le réalisateur une émotion irrépressible. Si bien qu’on a à la fois la première et la (presque) dernière glace.
Les allusions aux éléments de la panoplie communiste de l’époque. Même Staline et sa très osée « omelette sans casser les œufs », mais surtout la chance d’avoir des parents communistes : autant d’éléments qui ne manquent pas de créer une onde particulière dans le public de Vierzon.
Un alliage sans défaut d’éléments biographiques puissants et de fiction efficacement écrite. "Je m'empresse de répondre à une question à laquelle tout le monde pense sans jamais me la poser. Non, je ne suis pas l'enfant du Club Mickey ! "
La séquence où Hélène va retrouver son amie Lili et se cache, remplie d’espoir et d’appréhension mêlés.
La maman du réalisateur avait coutume de dire qu'elle allait à Auschwitz plage quand elle rejoignait ainsi annuellement ses amies. C'était le premier titre du film. Le producteur a été très insistant en faveur du titre actuel. 
Les cérémonies des premières depuis le camp d’Auschwitz : premier vrai appartement, premier vrai repas, premier bain, premier shabbat,…
Le camp d’Auschwitz reconstitué brièvement au début malgré les préceptes lanzmanniens, mais qui trouve ici sa parfaite légitimité.
Extraordinaire histoire de ce soldat russe qui sort du camp de concentration en la prenant dans ses bras une déportée de 35 kg, qui l'épouse ensuite et qui s'installe avec elle au Canada."Après tout, ce sont les Russes qui nous ont libérées."
L'évacuation du camp fut loin d'être une libération immédiate et sans danger. Les nazis ont rendu l'évacuation particulièrement meurtrière.
Les anecdotes anodines dans tout autre contexte qui prend dans celui-ci une dimension tragique source de possibles rancunes et de conflits potentiels. Et il convient de se faire pardonner plus tard pour avancer ensemble. Au risque d'être brutal dans l'aveu de la "faute".









Emouvant témoignage d'une dame qui s'est trouvée seule dans la salle avec sa voisine à Saint-Cyprien lors d'une projection de Nuit et Brouillard. Cette dernière lui a montré son tatouage de déportée sur son bras.

Et Jacques, le directeur d'exploitation du Ciné Lumière, l'avez-vous repéré?...

















Combien de cerises sur cet excellent gâteau ? En voici une autre. La disponibilité du réalisateur et de l’équipe de Berck en général qui a permis d’approfondir bien des points qui nous tenaient à cœur, au risque de mettre en péril le repas pourtant tardif.
Le public a manifesté son admiration et sa gratitude pour le film. Il faut aussi remercier pour la gentillesse et l’humanité de cette rencontre.




Jean-Jacques Zilbermann au Ciné Lumière. 
Maintenant, l'important c'est de ne pas manquer le prochain film. 





DIMANCHE






Les nouveaux sauvages


Dimanche 9H 


...




Timbuktu


Dimanche 11H10

John y était, et il ne pouvait pas en être autrement :

Si on avait eu pendant le weekend à faire des choix entre deux films, mon cœur n'aurait pas chaviré un instant avant de me précipiter vers la salle dans laquelle fut projeté « Timbuktu » d'Abderrahmane Sissako. En effet j'ai eu la chance de découvrir cette merveilleuse ville il y a une quarantaine d'années ainsi que les pays limitrophes et surtout le fleuve dont toute la vie dépend.

J'ai remarqué avec intérêt le financement partiel du film par la République Islamique de Mauritanie et du Qatar . Quels ont été les arguments du réalisateur pour l'obtenir ? Fallait-il qu'il soit convaincant !

Nous sommes confrontés à un véritable dialogue de sourds (aucune allusion au film « la Famille Bélier » également projeté).  En effet la multiplicité de langues et de cultures (Bambara, Tamachek, Arabe, Anglais ) complique singulièrement la tâche. L'imposition par la force de la Charia et de ses règles draconiennes ne laisse aucune place à la discussion.

            De manière elliptique entre les premières et dernières images du film la chasse à la gazelle devient celle de l'homme et de sa liberté. Le film est baigné dans un flamboyant plaidoyer pour l'expression artistique dans toutes ses déclinaisons. Sissako nous laisse voir les merveilleuses statues en bois, nous fait entendre des chants inoubliables accompagnés de kora, de n'goni et d'oud entre autres, ainsi qu'une chorégraphie dédiée à la liberté de l'oiseau.

Merveilleux match de football sans ballon, le ballon est interdit. La folie des hommes ne reconnaît que la folie et c'est probablement cette femme sans doute aliénée, déguisée en oiseau de paradis, qui se permet des outrances à sa majesté l'intégrisme. La bouffon du roi dans toute sa splendeur.

La famille d'éleveurs a nommé sa vache préférée GPS, elle va à sa mort sans boussole comme tous les autres déboussolés. L'exécution de la fin face à La Mecque n'est pas réussie avec la fuite dans le sens opposé du futur supplicié.

Pays de transhumance, de trans-humanité de transcendance.







Terre battue


Dimanche 11H10


...



Loin des hommes

Dimanche 14H30


Une adaptation libre d'Albert Camus qui aboutit à un film complexe dans le bon sens du terme. La lecture est bien à la base du projet, et jamais les variations apportées par le cinéma ne sont de nature à tirer vers le bas les analyses de l'écrivain sur le sujet traité. C'est évidemment un compliment adressé au réalisateur.  Les acteurs, mais on pouvait s'y attendre,  sont au diapason d'un paysage magnifique. On apprend aussi grâce aux confidences du réalisateurs qu'ils sont également exemplaires sur le plan humain. On admirait déjà sans avoir à se forcer Viggo Mortensen pour son jeu et sa connaissance des langues (huit!), il n'y a aucune raison, bien au contraire, de ne pas aussi l'estimer sans réserve sur le plan moral. Un acteur qui est aussi quelqu'un de bien. Beaucoup d'estime aussi pour son partenaire, Reda Kateb dont on vient d'apprécier le grand talent dans Hippocrate. Un film sur un couple de western à la Howard Hawks qui fonctionne à merveille.

La représentante du Ciclic qui a aidé le réalisateur dans ses périodes critiques d'élaboration du film. 



Non, ce n'est pas Viggo Mortensen, l'acteur, c'est David Oelhoffen, le réalisateur.




La famille Bélier


Dimanche 17H15


         J'ai un peu honte à l'avouer, mais je n'ai pas non plus la moindre raison de mentir. J'étais parti, ce qui est toujours une très mauvaise attitude, avec un préjugé défavorable sur le film. Sans doute que The Voice plombait davantage que Karin Viard ne tirait vers le haut. J'ai le plaisir de reconnaître mes torts. J'ai regardé le film avec une âme de midinette. Je me suis surpris à être, je ne dirais pas submergé, mais au moins emporté par l'émotion. Même les scènes les plus prévisibles, dont je me disais par avance "ils ne vont pas oser la faire, ils vont se casser la figure", finissaient par avoir du charme. On peut même signaler un moment de cinéma étonnant: celui de la bande son pendant le chant qui vous fait prendre le point de vue auditif d'un sourd et qui vous donne l'impression un moment que vous l'êtes vraiment devenu. Vrai soulagement quand on vous rend enfin ce sens un instant disparu.

29 novembre
J’entends ce matin à la radio que l’émission The Voice a repris et n’a connu qu’une audience médiocre en dépit des efforts médiatiques de l’ancien jury qui s’est fortement réinvesti. Cela ne me fait ni chaud ni froid, mais l’un de ses membres, que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, a fait cette remarque qui me paraît digne d’être notée :« Il s’agit encore du mystère de la voix humaine qui m’a toujours fasciné. On ne peut, et en un sens c’est  heureux, expliquer pourquoi vous avez devant vous quelqu’un d’impeccable qui chante avec une justesse irréprochable, et pourtant rien ne se passe. Et ensuite apparaît quelqu’un d’allure un peu maladroite, qui n’est pas irréprochable quant à la fameuse justesse, et pourtant les poils de la peau se dressent soudain sous l’effet de l’émotion déclenchée. C’est pour moi cela, le vrai critère, les émotions et les poils qui se hérissent. »














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