mardi 21 janvier 2014

Vous allez voir Démantèlement

21e séance avec débat








LE DÉMANTÈLEMENT
Film canadien de Sébastien Pilote avec Gabriel Arcand... (2013 - 1h52)


Bannière promotionnelle française du film Le démantèlement
 (©Sophie Dulac Distribution)



Dans une région reculée du Canada, la crise économique contraint de plus en plus les paysans à céder leurs propriétés. Gaby, éleveur de moutons lui, résiste. Sa ferme est sa seule raison de vivre...
Dans les paysages immenses canadiens, on contemple un homme qui se défait. Sans rien dire et encore moins montrer. Tout se joue dans le regard d’un fabuleux comédien. Mais aussi sur celui que pose sur lui son réalisateur : intense, mais sec, dénué de la moindre complaisance, ou sensiblerie.
A PARTIR DU JEUDI 23 JANVIER

+ CINÉ-DÉBAT VENDREDI 24 JANVIER à 20h30



On va forcément y penser, à la crise économique de 1929...



John Ford, Les raisins de la colère, 1940.

L'avis de Pierre Murat de Télérama :

« C’est une variation sur Le Père Goriot de Balzac, transposée de nos jours au Canada. Dans des paysages immenses et immobiles, on contemple donc un homme qui se défait. Sans rien dire et encore moins montrer. Tout se joue dans le regard du fabuleux comédien qu’est Gabriel Arcand. Mais aussi sur celui que pose sur lui son réalisateur : intense, mais sec, dénué de la moindre complaisance, ou sensiblerie. »






http://www.filmsquebec.com/films/demantelement-sebastien-pilote/


LE DÉMANTÈLEMENT – FILM DE SÉBASTIEN PILOTE
Dans Le démantèlement, son second long métrage fort réussi, Sébastien Pilote s’est demandé « comment je pouvais raconter l’histoire d’un personnage qui remonte en même temps qu’il descend ».


Le démantèlement est un drame rural, réalisé par Sébastien Pilote, remarqué par son court Dust Bowl Ha! Ha! et plébiscité par la critique et le public pour son premier long métrage Le vendeur. À l’instar de ce dernier, ce second film est un portrait intimiste d’un homme en fin de parcours qui doit affronter une dure réalité. Dans Le démantèlement, Sébastien Pilote porte un regard attendri sur un homme qui aura trimé dur toute sa vie pour vivre sur sa terre, mais qui devra se sacrifier une dernière fois pour aider sa fille en difficulté.
Présenté en première mondiale à la Semaine de la Critique de Cannes, le film avait remporté le prix SACD. Vendu dans plusieurs pays européens, il fera l’ouverture de l’événement Cinéma du Québec à Paris fin novembre et sortira en France le 4 décembre par l’entremise de Sophie Dulac Distribution.
À noter que Le démantèlement est le dernier film sur pellicule 35 mm développé chez Technicolor à Montréal [dixit Sébastien Pilote dans le dossier de presse du film].





ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Ci-dessous, un extrait de l’entretien accordé par le réalisateur à Michel Coulombe, disponible dans le dossier de presse du film.
Votre film rappelle un roman d’Honoré de Balzac, Le père Goriot, dans lequel un homme se défait de ses biens par amour pour ses filles. Est-ce l’étincelle de départ du projet ou y avez-vous pensé en cours d’écriture ?
L’étincelle vient plutôt de l’histoire d’un ami qui n’a pas voulu prendre la relève de son père maraîcher. Il a d’ailleurs réalisé un court film sur ce sujet. Je suis aussi parti d’une phrase de François Truffaut. Après avoir connu un échec, il avait affirmé qu’un film consacré à un personnage sur une pente descendante ne pouvait pas fonctionner. Il n’avait bien sûr pas connu le succès du Titanic ! Je me suis demandé comment je pouvais raconter l’histoire d’un personnage qui remonte en même temps qu’il descend. J’avais ce paradoxe en tête quand j’ai pensé à un éleveur de moutons. La référence religieuse me plaisait, tout comme l’idée de partir de la fin de mon premier film, Le vendeur. On y assistait à la fermeture d’une usine. Or ce qui vient après la fermeture, c’est le démantèlement.

Affiche du film Le Vendeur de Sébastien Pilote (©Films Séville)



Le Père Goriot de Robert Vernay avec Pierre Larquey (1945). 

King Lear de Andrew McCullough, avec Orson Welles (1953, TV)



Au milieu de tout cela, je suis retombé sur Le père Goriot. En relisant ce roman, j’ai constaté à quel point il y avait des parallèles avec ce que je souhaitais raconter. J’ai donc décidé d’approfondir certaines idées et de paraphraser ce classique de la littérature française en gardant quelques phrases et le sentiment de paternité développé à l’excès. En fait, mon film est le prequel, au pays des cow-boys, du Père Goriot, lui-même inspiré du Roi Lear !

[Vocabulaire : « un prequel » : de l’anglais pre (avant) sequel (suite). Synonymes : antépisode.
(AnglicismeAntépisode, œuvre contant l'histoire avant l'histoire d'une autre œuvre.
(Cinéma) film racontant ce qui s'est passé avant un autre film. C'est le contraire de suite.
Par rapport à Star Wars, épisode IV, les épisodes 5 et 6 sont des suites, et les épisodes 1, 2 et 3 sont des prequels. Un bon prequel doit raconter de petites histoires renforçant l’histoire dont il est l’origine. Egalement en français : une préquelle. Ensemble d’œuvres inséparable précédant un autre ensemble similaire.
Plusieurs préquels peuvent former une prélogie : La Revanche des Sith est le troisième volet de la « prélogie » (nouvelle trilogie précédant la trilogie originale) débutée par le réalisateur George Lucas en 1999. — (« Les journalistes font leur cinéma », Jeune afrique.com, 2 janvier 2006)].






Vous avez confié le rôle de Gaby à Gabriel Arcand, un acteur que l’on associe souvent à des personnages d’ermites ou de solitaires.


Je le connaissais à travers les films de Denys Arcand et de Gilles Carle, notamment Les Plouffe, et je savais que c’était un acteur très rigoureux. Quand je lui ai proposé le rôle, il m’a invité à prendre mon temps et m’a parlé d’acteurs américains qui auraient fait l’affaire, selon lui, notamment Harry Dean Stanton, et cela m’a plu, car nous avions la même référence. Nous avons donc fait des bouts d’essai. Je voulais un acteur très américain. Une pièce d’homme. Dans le scénario, je décrivais Gaby comme un « vieux nègre sagace et las », en me référant à Jack Kerouac. J’ai pensé à Gabriel Arcand à cause de sa photogénie, de ses yeux. Je me disais que si j’arrivais à le faire sourire, ce serait gagné ! Il est arrivé sur le tournage très en forme et basané parce qu’il avait travaillé dans son jardin tout l’été.

Vous avez tourné en décors naturels, notamment dans une bergerie.
J’ai rencontré un éleveur dont la ferme voisinait une maison inhabitée. Nous l’avons complètement refaite. Nous avons filmé des troupeaux à Normandin, Saint-Coeur-de-Marie et Hébertville. Ils paraissent n’en former qu’un seul. Ce n’est pas facile de diriger des moutons. Si l’un d’eux se lance dans un lac, tous les autres suivent aussitôt et le berger doit plonger à son tour pour leur éviter la noyade ! On y a perdu des heures. Le troupeau s’est sauvé à des kilomètres au moment où on allait tourner et il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre que l’on ramène les bêtes. Heureusement, les gens de l’équipe ont appris à les apprivoiser !

RÉSUMÉ

Gaby est éleveur d'agneaux sur la ferme familiale, qui, malgré les efforts demandés, ne lui procure qu'un maigre revenu. Divorcé et vivant seul sur sa terre, il ne voit que rarement ses deux filles Marie et Frédérique, installées à Montréal et qui ne lui rendent visite qu'à l'occasion. Un jour, Marie lui annonce qu'elle se sépare de son mari et quelle a besoin d'argent pour garder la maison afin d'élever ses enfants le mieux possible.
Malgré les conseils de son ami comptable, Gaby prend la décision, sans l'accord de ses deux frères, de démanteler la ferme et de vendre les matériels et le troupeau. Il pourra ainsi payer les dettes de Marie et lui assurer un avenir.
Avec ses quelques boîtes de cartons, Gaby part vivre en ville, dans un petit 3 1/2 d'une résidence HLM.
©Charles-Henri Ramond

DISTRIBUTION

Gabriel Arcand (Gaby Gagnon) ; Gilles Renaud (L'ami comptable) ; Lucie Laurier (Marie) ; Sophie Desmarais (Frédérique) ; Johanne-Marie Tremblay (Françoise) ; Dominique Leduc (La voisine) ; Gabriel Tremblay (Le petit Bouchard) ; Marc-Antoine Béliveau (L'homme du refuge) ; Normand Carrière (Léo Simard) ; Claude Desjardins (Encanteur) ; Pierre-Luc Brillant (Préposé au foyer) ; Michel Daigle (Concierge)

FICHE TECHNIQUE

Genre: drame - Origine: Québec, 2013 - Durée: 1h51 - Images: 2.35:1, 35mm, couleur - Son: Dolby SRD 5.1 - Sortie en salles: 15 novembre 2013 sur 21 écrans au Québec - Sortie en France: 4 décembre 2013 - Première: 17 mai 2013, Semaine de la critique, Cannes - Visa: Général - Tournage: septembre octobre 2012, à Jonquière et environs - Budget approximatif: 3,1 M$

Réalisation et Scénario: Sébastien Pilote - Production: Bernadette Payeur, Marc Daigle - Société de production: Association coopérative de productions audio-visuelles (ACPAV) avec la participation de SODEC, Téléfilm Canada, crédits d’impôt provinciaux et fédéraux, Fonds Cogeco, Fonds Harold Greenberg, Super Écran, Société Radio-Canada, Technicolor - Producteur associé: Robert Lacerte - Productrice déléguée: Sylvie de Grandpré - Distribution: Les Films Séville
Équipe technique - Costumes: Sophie Lefebvre - Direction artistique: Mario Hervieux - Direction de production: Chantal Marcotte - Montage images: Stéphane Lafleur – Musique: Serge Nakauchi Pelletier - Photographie: Michel La Veaux - Son: Gilles Corbeil, Olivier Calvert, Stéphane Bergeron

[CRITIQUE] LE DÉMANTÈLEMENT: CHANT DU CYGNE ET AMOUR PATERNEL

Oeuvre pleine et entière, Le démantèlement décrit lumineusement un acte d’amour irrationnel. Le scénario dévoile lentement un portrait teinté de nostalgie d’où ressortent la dignité et l’abnégation d’un père esseulé et fier. Malgré quelques longueurs, ce second film très abouti de Sébastien Pilote est l’un des plus beaux de l’année cinématographique québécoise.
Par Charles-Henri Ramond • Publié: 15 nov 2013 - Dernière mise à jour: 22 nov 2013 11h28
À l’instar de son précédent film, Le vendeur, Le démantèlement , second long métrage de Sébastien Pilote, propose le portrait d’un homme en fin de parcours, qui devra faire face à un événement impromptu le poussant à faire une fois de plus preuve de sacrifice.
Gabriel Arcand est le berger qui lâche tout pour sa fille
dans 
Le démantèlement de Sébastien Pilote (©ACPAV)



Utilisant moult images bucoliques lovées dans une douce trame sonore, Pilote propose un visage nostalgique d’une autre époque. La bergerie traditionnelle à taille humaine de Gaby Gagnon, sise dans une verdure à couper le souffle nous est montrée à la manière des westerns de John Ford sous les rayons rougeoyants du soleil couchant. Le tableau touchant sort tout droit d’un autre temps. Celui ou les valeurs morales, la famille et le dur labeur suffisaient à remplir une vie. Gaby est de cette trempe. Cet homme de peu de mots, fier de son métier, est fermement enraciné à la terre qui l’a porté. Mais les problèmes familiaux d’une fille ingrate, les difficultés économiques, évoquées en filigrane et l’impossibilité de transmettre le patrimoine familial, viennent changer la donne.
Malgré ses problèmes, le Gaby de Pilote n’est pas montré en victime des temps modernes. Au contraire, il assume par amour des siens un choix déchirant qui lui met à dos son entourage. Car, même si l’image d’Épinal ne trouve plus guère d’écho dans la campagne québécoise d’aujourd’hui, le film met les aspects sociaux-économiques de côté pour expliquer l’attitude du personnage. À ce titre, ce second film propose un superbe hommage à l’amour paternel et à la solitude des gens de terroir. Naïf, peu exigeant, l’homme est un loup devenu solitaire par la force des choses à qui il ne reste plus que deux filles éloignées à gâter. Les problèmes de son aînée lui fournissent donc un prétexte presque idéal pour donner à autrui le fruit de son seul bien. C’est l’entêtement et la force de caractère du personnage, incarné par le magnifique Gabriel Arcand, qui le rendent particulièrement attachant malgré un côté irrationnel qui étonne.
Cependant, si ce portrait lent et sobre est plus que convaincant, il perd de son intérêt dans une partie centrale inégale (la confrontation de Gaby et de ses frères, les deux ventes aux enchères filmées de manière quasi identiques). Par la suite, le film reprend vie alors que la plus jeune (Sophie Desmarais) vient visiter son père. Sans jalousie aucune, elle lui fait prendre conscience de la déraison de son acte. Mais le drame s’arrête net par l’aveu du père, évitant au film de sombrer dans l’affrontement familial.
Malgré ses quelques petites longueurs, ce second film tout en sobriété confirme tout le bien que l’on pensait de Sébastien Pilote. Faisant le plein de références cinématographiques et littéraires,  voilà un film beau et sobre qui constitue à n’en pas douter l’une des valeurs sûres du cinéma québécois de l’année 2013.
Le démantèlement – Drame psychologique – Québec, 2013, 1h51 – Un berger vivant seul sur la terre familiale se voit dans l’obligation de démanteler sa ferme et vendre ses biens pour aider sa fille aînée, en pleine procédure de divorce – Avec: Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier, Sophie Desmarais – Scénario et Réalisation: Sébastien Pilote – Production: Bernadette Payeur, Marc Daigle (ACPAV) – Distribution: Séville














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