samedi 12 octobre 2013

SUR LE CHEMIN DE L'ECOLE

5e séance avec débat








Le film est à nouveau présenté 
par notre association Ciné-Rencontres 
dans le cadre du Conseil municipal d'enfants 
(voir au 23 décembre 2013).



Les destins de quatre enfants, prêts à relever tous les défis pour aller à l’école et ainsi changer de vie. Parmi ces héros du quotidien, il y a Zahira, une jeune marocaine, qui chaque semaine, emprunte un chemin long, sinueux et dangereux pour quitter les monts de l’Atlas où vivent ses parents et pour rejoindre l’école. Trois enfants comme elle tentent l'aventure, bravent mille difficultés, car chacun est conscient que l'éducation leur assurera un avenir meilleur. 






Pascal Plisson avec Jackson (11 ans) et sa soeur.

Passionné d’Afrique, Pascal Plisson a passé plus de 15 ans à voyager à travers le continent pour ses documentaires animaliers. Il réalise son premier long-métrage en 2004, un documentaire sur les nomades de l’Afrique de l’Est, Massaï, les guerriers de la pluie. Ses connaissances sur le terrain l’ont, d’ailleurs, amené à travailler sur le scénario du film Safari d’Olivier Baroux en 2009. (Allociné)



On attend l’ethnologue africain qui viendra étudier le chemin des écoliers dans les banlieues parisiennes. Les trottoirs sous la pluie, les abribus dégradés, les odeurs de gasoil, les longues marches entre deux stations parmi les déjections canines et les pourvoyeurs de drogue. Il rêverait peut-être d’être à la place de Carlito, d’aller à cheval dans les grands espaces argentins, de rencontrer ses copains heureux de le voir plutôt que de le racketter, tandis que les chevaux eux-mêmes semblent se réjouir de voyager de conserve en respirant un air pur dans le superbe décor des reliefs de la Patagonie.



Il est bien vrai qu’on ne songe plus à se plaindre quand on est écolier européen et qu’on regarde ce film. Quoi ! on me lève trop tôt, la tartine n’est pas bien à mon goût, quelle corvée que de se laver avec cette eau pas assez tiède… Et on voudrait en plus que j’aille aussi à l’école le mercredi matin, alors que tous les médias de France et de Navarre me le confirment tous les jours au cas où je ne m’en serais pas aperçu : j’étais déjà épuisé, la réforme Peillon m’a achevé.

Bien sûr, cela peut être utile voire salutaire de se moquer de nos plaintes peu fondées en regard d’autres situations bien plus difficiles. Mais l’excès inverse n’est pas meilleur. Puisqu’on meurt de faim ailleurs, pourquoi chercher à mieux manger ici ? Puisque les enfants y sont privés d’école, soyons pleinement satisfaits de notre enseignement. Puisqu’on y vit sans toit, pourquoi vouloir un logement ? Puisqu’on y travaille pour un salaire de misère, pourquoi se plaindre de nos conditions de travail ? Comment les « dégraissés » de Continental et d’ailleurs ont-ils le toupet de se plaindre ? Le débat sur La saga des Conti, notre programmation suivante, prendrait alors un tour bien étrange.

Mais ce serait un véritable contresens sur la leçon du film. Le but de ces enfants et de ces familles n’est pas de rester dans la misère, c’est au contraire de changer de condition. « Deviens la première », dit le père à sa fille.



Les enfants comptent sur l’école pour atteindre leur but, à la fois personnel et altruiste. Là est peut-être la vraie différence : les illusions se sont largement perdues dans l’accumulation de nos réformes miracles. Elle, la jeune marocaine, elle y croit. Elle sera utile à toutes les petites filles isolées dans les montagnes et les aidera à accéder à l’éducation. C’est elle, en plus aidée. Lui, il aidera les enfants paralysés à trouver l’usage de leurs jambes. Il sera médecin pour cela. Cet autre encore, au Kénya,   sera pilote d’avion. C’est le réalisateur qui nous l’affirme. On voudrait le croire… Plus sûrement on pense qu’un tel mode de vie est surtout propice à faire des coureurs de fonds imbattables dans toutes les grandes compétitions mondiales. Bernard Faure et Patrick Montel nous le rappellent régulièrement à chaque fois qu’un marathon est retransmis à la télévision. D’ailleurs, les enfants en train de courir sont souvent filmés comme les coureurs de compétition, au niveau des jambes, pour mieux disséquer et apprécier la foulée des athlètes.




      Nous avons bénéficié du témoignage particulièrement émouvant d'une maman qui présentait son fils africain en phase d'adoption. Ce dernier nous a raconté comment lui aussi avait parcouru de très longues distances - 10 km par jour - pour pouvoir étudier à l'école coranique en Guinée. 

Plus prosaïquement, mais tout autant dans le sujet : cette maman avait aussi une anecdote dans un contexte franco-français où la voiture particulière supplée au bus absent: "Mon autre fils . ..on a connu aussi les problèmes de transport scolaire dans le Sud de la France du côté de Grasse. Le bus passait à 6 heures 30 et je l'emmenais à l'arrêt de bus.  Et si le bus était déjà passé je l'accompagnais moi même.  Un soir par semaine le Jeudi,  il finissait trop tard et il n'y avait plus de bus. Alors je le ramenais dans mon village à 12 km de Grasse et je ramenais aussi les copains et copines. Depuis les choses se sont arrangées."


        Le hors-champ (le non dit) du film : l'insuffisance ou la corruption des gouvernements, la permanence du système des castes, le viol des femmes, le travail des enfants, les inégalités sociales énormes, la misère partout répandue, l'absence de soins médicaux, la mortalité élevée,... y compris sur le chemin de l'école.
       Ce n'est en aucun cas une critique du point de vue de Pascal Plisson, lequel avait bien le droit d'aborder la réalité sous cet angle d'attaque. Aucun film en effet n'est tenu au devoir d'exhaustivité, et rien ne nous empêche de fréquenter les autres films, et ils sont heureusement nombreux, qui nous présentent les aspects complémentaires de cette même réalité.


         On vient de me proposer par ailleurs ce très pertinent prolongement sous forme de conseil de lecture. Je m'empresse de vous le faire partager:



Le Journal de Ma Yan
Le Journal de Ma Yan (en anglais: "The Diary of Ma Yan: The Struggles and Hopes of a Chinese School Girl"), est le journal intime d'une écolière de la province chinoise du Ningxia qui témoigne de la difficulté pour les filles des milieux ruraux à bénéficier de l'instruction publique, devenue payante en Chine.
Ma Yan y raconte ses journées de cours (chinois, anglais, musique, sport ...) et explique que dans son école, on utilise encore les châtiments corporels, alors qu'ils ont été interdits. Elle y explique aussi la dureté de la vie dans une petite contrée chinoise du nord-ouest de la Chine. À 12 ans, les rêves de Man Yan s'effondrent, ses parents, des paysans très pauvres, n'ont plus les moyens de l'envoyer à l'école. Désespérée, la jeune fille écrit plusieurs carnets où elle raconte la difficulté de son quotidien.
Le journaliste Pierre Haski, à l'époque correspondant de Libération à Pékin, a recueilli les carnets de Ma Yan, qui lui avaient été remis par la mère de celle-ci lors d'un reportage. Son assistante He Yanping en avait assuré la traduction, révélant un témoignage fort, ensuite publié en France puis dans de nombreux pays.

L'association Enfants du Ningxia, constituée ensuite, a non seulement permis d'aider Ma Yan, mais soutient aussi désormais les études de 130 élèves boursiers. Elle continue par différents événements à rassembler des dons finançant l'enseignement dans le Ningxia. Ma Yan est actuellement étudiante à Paris. (Wikipédia)


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