[Voir aussi juste avant:
Piqûre de rappel]
Pauvre Diana !
DIANA
DIANA
Biopic américain de Oliver Hirschbiegel avec Naomi Watts, Naveen Andrews,
Douglas Hodge... (2013 - vostf - 1h48)
Le récit des deux dernières années de la vie de Lady Diana, ex-femme du Prince Charles, décédée le 31 août 1997 à Paris et la révélation de sa plus grande histoire d'amour, par le réalisateur de «La chute»...
Pauvre
petite fille riche ! Dans sa chanson, Claude François était en plein dans
le lieu commun :
Tu pleures parce que tu n'as pas le droit
D'épouser un pauvre garçon comme moi
Pauvre petite fille riche
Ici, on
est constamment dans le paradoxe d’une princesse devant faire ses preuves quel
que soit le rapport social.
En sa défaveur, elle ne
parvient pas à se faire accepter par la famille royale. Normal, serait-on tenté
de dire.
En sa faveur, elle n’a pas
plus de chance : la famille du médecin pakistanais lui fait aussi passer
un test de passage, et là encore elle est recalée. Sans famille rayon
princesse…
Bien
avant, au cinéma, le thème mélo de la Poor little rich girl avait déjà
fait briller Mary Pickforfd (Maurice Tourneur, 1917) puis Shirley Temple (Irving
Cumming, 1936).
A partir
de là, on peut s’attendre à un développement à rallonges, largement collectif
dans son principe, au fur et à mesure que les souvenirs du débat reviendront à
la conscience et que les contributions d’après coup nous parviendront.
Développement décousu, forcément, et de tonalité très variable, mais
qu’importe, et peut-être même tant mieux : c’est la loi du genre. Pour
tenter de s’y retrouver un peu dans ces strates successives, on mettra des
numéros…
(1)
Il y eut au moins deux raisons
exprimées pour de pas aimer le film, deux raisons opposées pour un même
effet :
Je n’aime
pas ce que représente ce personnage, donc je n’aime pas le film. Je suis fan de
ma princesse du cœur, et ce film qui ne la traite pas toujours bien ne me plaît
donc pas.
Il y eut au
moins deux raisons d’aimer le film, pas du tout incompatibles celles-là :
Je suis bon
public, et du moment que rien de particulièrement choquant ne vienne
m’agresser, je ne boude pas mon plaisir. Je prends le film non pas pour un
reflet fidèle de la réalité, mais pour un point de vue porté sur cette réalité
par un cinéaste qui a tous les droits dans son univers ou presque, je le
regarde donc comme une œuvre d’art autonome envers laquelle j’ai un préjugé positif.
Quel est
donc le but d’un film apparemment sans but ? Ce film est trop transparent
pour être honnête : où réside son opacité ? Qui est la
« vraie » Diana, et d’ailleurs cette question présente-t-elle un
intérêt, et surtout, qu’est-ce qui fait
qu’une personne a priori aussi pâle eut une telle aura, devint un
phénomène sociologique indiscutable ?
Une réponse
est peut-être à chercher du côté du réalisateur. Le film est britannique,
français et belge, mais le réalisateur est allemand. Oliver Hirschbiegel, né
à Hambourg le 29 décembre
1957, est donc âgé de 55 ans.
Devenu cuisinier sur un bateau après avoir
interrompu sa scolarité, Oliver Hirschbiegel reprend par la suite des études,
en peinture et en graphisme, à l'Académie des Arts de Hambourg, avant de
s'orienter vers la photo et la vidéo. Après avoir vendu son premier scénario,
qu'il adapte lui-même pour la télévision allemande ZDF en 1986, Oliver
Hirschbiegel tourne de nombreux téléfilms dont plusieurs épisodes de la
série Tatort.
En 2001, le metteur en scène passe au long métrage avec le thriller L'Expérience. S'inspirant d'une terrifiante étude menée à la prison de Stanford en 1971, le film est récompensé dans de nombreux festivals.
Habitué depuis ce premier film à la controverse, il s'empare trois ans plus tard d'un sujet éminemment délicat en réalisant La Chute, qui s'intéresse aux dernières heures d'Adolf Hitler (campé par Bruno Ganz), terré avec ses fidèles dans son bunker berlinois. L'un des plus gros succès de l'histoire du box-office allemand, le film remporte en outre une moisson de récompenses et est cité à l'Oscar du Meilleur film étranger en 2005. Il change radicalement de registre avec Invasion (2006), remake d'un classique de la SF anxiogène des années 50 signé Don Siegel. (Allociné).
En 2001, le metteur en scène passe au long métrage avec le thriller L'Expérience. S'inspirant d'une terrifiante étude menée à la prison de Stanford en 1971, le film est récompensé dans de nombreux festivals.
Habitué depuis ce premier film à la controverse, il s'empare trois ans plus tard d'un sujet éminemment délicat en réalisant La Chute, qui s'intéresse aux dernières heures d'Adolf Hitler (campé par Bruno Ganz), terré avec ses fidèles dans son bunker berlinois. L'un des plus gros succès de l'histoire du box-office allemand, le film remporte en outre une moisson de récompenses et est cité à l'Oscar du Meilleur film étranger en 2005. Il change radicalement de registre avec Invasion (2006), remake d'un classique de la SF anxiogène des années 50 signé Don Siegel. (Allociné).
Voilà un
réalisateur qui vient du polar télévisé et qui adore filmer l’horreur. Il connaît
une gloire surtout allemande avec La Chute, aidé par la performance de
Bruno Ganz. Est-ce un hasard si le mystère psychanalytique affiché de Diana
tourne constamment autour du thème de la chute ? « L’important, dit
Diana, n’est pas de savoir qui m’a lâchée, mais si on va me retenir. » Faux
suspens évidemment pour le spectateur. Le film d’ailleurs s’ouvre et se ferme
sur un plan identique où elle est très nettement entrée sans le savoir dans un véritable couloir de
la mort.
(2)
(2)
Cela
suffit-il à en faire un personnage tragique ? Un déterminisme fatal
joue-t-il avec un être piégé dont la quête de liberté est dès le départ
vouée à l’échec ? Possible, mais force est de constater que, parmi les
spectateurs présents, terreur et pitié n’étaient pas les
sentiments les plus partagés, en tout cas les plus fortement exprimés.
C’est
pourtant dans cet espace que se joue fondamentalement la question de la
responsabilité. Si elle est libre, comme elle le prétend souvent (Je manipule
même la presse, je maîtrise mon image) alors elle est responsable. Sinon, les
circonstances atténuantes, presque les excuses, deviennent envisageables.
De nombreux
éléments viennent alimenter ces deux options opposées, mais la balance semble
bien peser davantage en faveur de l’illusion de liberté. A chaque fois qu’elle
croit avoir dominé la situation, l’ironie du réalisateur nous fait très vite
savoir que c’est le contraire qui est vrai. A-t-elle trouvé un moyen imparable
d’introduire son amant dans le palais en le cachant sous des couvertures à
l’arrière de sa voiture ? Immédiatement on nous montre les gardes évaluer
les 80 kgs de la surcharge et l’attribuer à un cardiologue pakistanais. Ils ne
sont pas dupes. Elle, si. A-t-elle trouvé le moyen de déjouer la presse en
démentant sa liaison ? Alors le médecin est davantage la risée de ses
collègues et il le prend très mal. Elle prend l’orage de plein fouet, mais n’en
tire aucune leçon sérieuse pour la fois suivante. Si elle est irresponsable, on se prend à penser que c'est dans la mesure précisément où elle aide son destin contraire par un soupçon de bêtise.
Face à ses
tentatives dérisoires d’apprentie-sorcière, les forces contraignantes sont d’un
bien autre poids. Pour n’être jamais montrée, la famille royale n’en est pas
moins redoutable. Le déterminisme social fait voir partout ses effets. Ce n’est
pas lui, mais le métier qui décide. Ou sa famille. Il y a aussi une reine mère
pakistanaise que le prestige anglais n’éblouit pas, au contraire tant les
haines historiques sont à fleur de peau. On ne les dit surmontées que pour
mieux infliger le coup de grâce. Quant au métier, présenté d’une façon si
sympathique, prestigieuse et subversive au début (un chirurgien qui sauve des
vies vaut bien une princesse qui inaugure des défilés de mode), il devient vite
un étouffoir d’amour et d’existence, jusqu’à proposer des exploits à la limite
du ridicule. Le héros l’invite à voir ses exploits en salle de chirurgie comme un
joueur de base-ball emmena Marilyn Monroe pour admirer les siens. Tension, suspens,
cœur ouvert exhibé, choc électrique qui relance la machine et sauve la
personne. Congratulations pathétiques. Or de deux choses l’une. Ou bien il y avait de gros
risques, et alors quelle bêtise que ces risques supplémentaires et ce possible spectacle
digne du ratage de l’opération du pied bot de Charles Bovary. Ou bien il n’y
avait pas de risque, et alors quelle crédibilité pour cette explosion de triomphe simulée ? Mêmes remarques vers la fin avec « l’exploit » de
Diana traversant un champ de mines plus ou moins sécurisé. Au mieux de la frime
dangereuse et inutile. Au pire, une mise en scène ridicule. L’ambiguïté de
cette dernière phrase me rappelle d’abord que jamais de mémoire de
Ciné-Rencontres on n’avait vu la critique négative se donner autant libre cours
contre ce qu’on proposait sur l’écran. Plusieurs pensent qu’il y a deux sortes
de films : ceux qui se moquent du public, et ceux qui le respectent. Cette
dernière impression n’était peut-être pas la plus répandue ce soir-là.
(3)
Depuis, avec Nicole Kidman (Dogville, Retour à Cold Mountain, sans oublier Invasion du même Oliver Hirschbiegel dont on vient de voir l’affiche), puis Charlize Theron (Dans la vallée d’Elah, Prometheus) et enfin Natalie Portman (V pour Vendetta, Black Swan), elle est généralement considérée comme appartenant au carré d’as hollywoodien du glamour cinématographique.
Le film
traite de la séduction, à défaut d’être un film séduisant. On ne fera croire à personne que contempler pendant près de deux heures le beau visage de Naomi Watts
soit une torture insoutenable. L’implosion familiale qu’elle a subie a pu
l’attirer vers ce scénario. Ses parents se séparent quand elle a 4 ans, son
père meurt dans des conditions encore non éclaircies quand elle en a 7. Une pub
pour Bikini et la voilà copine avec Nicole Kidman. Elle partage la galère de sa
mère fauchée et aimante. Elle se relève avec David Lynch :
"Les castings sont terriblement humiliants et
dégradants. On vous donne cinq minutes pour présenter un rôle que vous avez
travaillé pendant six heures, voire plus [...] C'est pour cette raison que je
n'oublierai jamais ce que David Lynch a fait pour moi. Quand il m'a choisie
pour Mulholland Drive, j'étais littéralement au fond du fond
du trou, et il a réussi à me relever."
Depuis, avec Nicole Kidman (Dogville, Retour à Cold Mountain, sans oublier Invasion du même Oliver Hirschbiegel dont on vient de voir l’affiche), puis Charlize Theron (Dans la vallée d’Elah, Prometheus) et enfin Natalie Portman (V pour Vendetta, Black Swan), elle est généralement considérée comme appartenant au carré d’as hollywoodien du glamour cinématographique.
La
galanterie étant sauve, le monsieur peut apparaître. Naween Andrews a aussi sa
part de séduction. Il est lieutenant démineur dans Le Patient anglais où
il est amoureux de Juliette Binoche. Auparavant, les téléfilms d’aventure l’avaient
révélé, sans qu’il abandonne vraiment le genre. L’année avant Diana, il
était encore le méchant dans Sindbad.
Séduction de la vue, séduction de
l’oreille. Bach, le jazz, la chanson française sont appelés à l’aide pour
tenter de faire décoller des images un peu lourdes. Pour les chansons françaises,
d’habitude c’est Edith Piaf (L’hymne à l’amour…) qui s’y colle. Ici, il
est envisageable que les premières notes du Ne me quitte pas de
Brel puissent réveiller quelques spectateurs (enfin, au moins un).
On comprend sans peine qu'aux oreilles de la princesse du coeur la fin du deuxième couplet résonne agréablement:
Mais il y a
maldonne. Où sont passées les graves, où est passé le souffle ? Le côté rétro de la cassette n'était qu'un leurre. Un flux
numérique remastérisé jusqu’à en être aseptisé envahit l’espace sonore. C’est
le contraire de l’enchantement pascalien, qui allait vers un auteur et avait la bonne
surprise de rencontrer un homme. Ici, on croyait aller vers un être pleinement humain, et on n'a rencontré qu’un chanteur. Bien sûr, il y a la mer. Mais pas la côte
flamande. Pas sûr enfin que cette recette du clip au crabe soit des plus
appétissantes.
On comprend sans peine qu'aux oreilles de la princesse du coeur la fin du deuxième couplet résonne agréablement:
Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine
Ne me quitte pas
(4)
(5)
Le blog de l'association Ciné-Rencontres au Ciné Lumière de Vierzon, c'est
Cinégraphe
C’est
aussi un film de cultures, qu’elles s’enrichissent
mutuellement ou qu’elles se choquent. La zénitude orientale est-elle à l’œuvre dans
la formule décontractante : « Ce n’est pas le chirurgien qui dirige l’opération,
c’est l’opération qui dirige le chirurgien. » ? C’est en tout cas la
voie privilégiée que choisit d’entrée le chirurgien pour encourager la
princesse à faire confiance à l’improvisation. Certains pouffent : « Ce n’est pas moi qui anime l’émission c’est l’émission
qui m’anime ! » ironise Jérôme Garcin dans Le Masque et la Plume. On croit prendre de la hauteur avec la
citation du derviche-tourneur et poète persan du XIIIe siècle Rûmî sur l’amour
qui est un jardin.
On retombe vite. On se raccroche à l’histoire, vaguement en
arrière-plan. La tension dans le monde est à son comble, avec la guerre du Golfe
et le conflit israëlo-palestinien. Mais la voilà qui de sa voiture règle
négligemment la question des accords d’Oslo, comme si elle était à la manœuvre et
qu’on comptait sur elle. La séquence est alors ridicule. Pas mieux avec les
annonces de la fin, comme dans un film historique savant. Deux choses sont
censé retenir notre attention : lui continue à opérer du cœur (grand bien
lui fasse, mais l’info est plutôt mince), et le nombre de mines dans le monde a
diminué. On y croit très fort, bien sûr, que c’est grâce à Diana, et à son idée
de bombes anti-personnelles à obsolescence programmée, comme c’est le cas pour les
appareils ménagers modernes. Il est vrai qu’on transporte bien en grande
quantité de la matière nucléaire dans des cocottes-minute…(5)
Alors
nous voici ramenés à la question initiale : pourquoi cette fascination pour des personnages a priori plutôt
quelconques ayant réussi à se créer une aura hors normes, voire à devenir l’objet
d’un véritable culte ? N’étendons évidemment pas le champ de la
comparaison, mais sur ce point seul le personnage de La chute et celui de Diana
présentent quelques similitudes.
C’est encore plus éclairant si on situe
cette interrogation qui est peut-être aussi une inquiétude dans un contexte particulier,
celui des continuations cinématographiques de l’expérience de Milgram. Au début
des années 60, on le sait, le psychologue américain Stanley Milgram se livra à
des expériences visant à évaluer le degré de soumission potentiel d’individus
a priori normaux. Que ces expériences
soient contestables et contestées ne change rien au propos.
Si vous tapez « La Vague » sur
Google, vous tombez immédiatement sur le film allemand de Dennis Gansel de
2008, (Die Welle), que
Ciné-Rencontres a présenté en son temps avec un travail préparatoire mené avec
les élèves du lycée Edouard Vaillant de Vierzon.
Dans la rubrique « recherches
associées », on vous donne en premier lieu Das Experiment (L’expérience,
2003) d’un certain Olivier Hirschbiegel. Le synopsis en est le suivant :
«Afin d'étudier
scientifiquement le comportement humain, le professeur Thon enferme vingt
volontaires, des hommes ordinaires, dans un univers carcéral. Huit d'entre eux
sont désignés pour être les "gardiens", les douze autres étant les
"prisonniers". La règle est simple : comme dans une vraie prison, les
détenus doivent obéir aux gardiens qui sont chargés de faire régner l'ordre.
Progressivement, la situation se détériore, la frontière entre l'expérience et la réalité devient de plus en plus floue. Le pouvoir monte à la tête de certains et les atteintes à la liberté et à la dignité en affectent d'autres. Chaque jour qui passe voit le pouvoir et l'autorité se heurter de plus en plus violemment à la rébellion.
L'expérience dépasse tout ce qui était prévu. Les personnalités se révèlent. Désormais, l'enjeu n'est plus scientifique : il s'agit d'abord de s'en sortir vivant. » (Allociné)
Progressivement, la situation se détériore, la frontière entre l'expérience et la réalité devient de plus en plus floue. Le pouvoir monte à la tête de certains et les atteintes à la liberté et à la dignité en affectent d'autres. Chaque jour qui passe voit le pouvoir et l'autorité se heurter de plus en plus violemment à la rébellion.
L'expérience dépasse tout ce qui était prévu. Les personnalités se révèlent. Désormais, l'enjeu n'est plus scientifique : il s'agit d'abord de s'en sortir vivant. » (Allociné)
Mais revenons à La Vague.
« En Allemagne,
aujourd'hui. Dans le cadre d'un atelier, un professeur de lycée propose à ses
élèves une expérience visant à leur expliquer le fonctionnement d'un régime
totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les
conséquences vont s'avérer tragiques. »
Les
élèves en effet sont d’abord sceptiques : Comment nos parents ont-ils pu
se faire avoir de la sorte ? Nous, nous n’aurions jamais été aussi
stupides ! Le professeur décide alors de leur montrer qu’on n’est vraiment
jamais à l’abri de ce danger. Il commence très normalement par désigner des
responsables, des buts collectifs, notamment dans le sport. Mais
progressivement les choses s’enveniment : exclusions violentes, graves intolérances,
abus de pouvoir,… et le professeur est dépassé par son expérience.
Comment un personnage quelconque, voire
falot, voire un raté, peut-il devenir l’objet d’un culte de la personnalité, « positif »
ou négatif : c’est peut-être une interrogation allemande, mais on ne peut
pas affirmer qu’elle nous soit radicalement étrangère. C’est peut-être là aussi
le côté opaque, voire dérangeant, du film. On n’ira pas jusqu’à le déclarer
profond.
Nous
n’avons pas non plus l’intention de réfuter ceux qui ont été tentés de
rebaptiser le film « Dianavet ». Pauvre légume tellement fade et sans
saveur, qu’il a servi à désigner un film de piètre valeur. Le mot salade n’est guère mieux loti, quand il
désigne une affaire, ni les noms d’animaux comme pigeon, dindon ou veau, quand ils désignent des personnes.
Pour une éventuelle réhabilitation, il convient de s’adresser à Bernard Pivot
qui, dans
Les mots de ma vie, les appelle avec compassion des « mots dévoyés ».
Le photogramme qui chez les fans ravive les feux de la fameuse photo même pas (encore) fanée
Image
issue du film Diana d'Oliver Hirschbiegel
CULTE - LUNDI 10 MARS 2014
Diana,
histoire d'une photo
En juillet 1997, Lady Diana Spencer
prend quelques jours de vacances en Italie. Cette photo, volée ou posée, a fait
le tour du monde. Un moment de grâce pour une icône qui en un cliché redevient
femme.
Le monde
entier a vu cette photo. En 1997, elle fait la couverture des plus grands
magazines et journaux du monde qui depuis quelques jours déjà suivent la
nouvelle vie de l'ex-future Reine d'Angleterre : à 37 ans, Diana profite d'une
nouvelle liberté, loin des contraintes imposées par son rang, et auprès de
nouveaux amis. Elle aurait un nouvel homme dans sa vie, élément assez important
pour que la valse incessante des journalistes se poursuive dans son sillage.
L'histoire ambiguë qui lie Diana et les photographes people dure depuis
l'annonce de son mariage avec Le Prince Charles au début des années 1980 : de
jeune femme fragile aux joues légèrement rougissantes à femme de poigne, Diana
évolue dans un contexte que sa nouvelle vie amorcée ne fait qu'amplifier.
Nombre d'histoires ont été contées sur cette photographie,
décryptée sous toutes les coutures. Mais celle que l'on retient après quelques
années c'est l'élégance de cette femme, entre solitude et liberté dans un
maillot de bain une pièce simple comme elle. Celui-ci semble représenter le
changement, valide la liberté gagnée par Diana. En la regardant on revoit toutes
les tenues marquantes de la Princesse anglaise : des robes en velours aux cols
royaux raffinés des débuts, à la jupe longue qui laisse grâce au soleil
apparaître les jambes de la jeune maman, jusqu'aux fourreaux de stars des
dernières années de 'règne' de la jeune femme. On revoit aussi les clichés de
cette femme de coeur, en chemise blanche et pantalon de toile kaki sur le
terrain des associations qu'elle défendait avec autant de conviction que de
fermeté, et puis des gestes inoubliables qui inspireront pour toujours le
respect.
Cet
après-midi de juillet, ce n'est plus la jeune première timide qui danse avec
John Travolta au bal de la Maison Blanche mais une femme qui ouvre un nouveau
chapitre de sa vie. Le cliché semble résumer Diana, tête légèrement penchée,
jambes croisées au niveau des chevilles comme dans un mélange de détente et de
nonchalance, silhouette élancée et sublime. Va-t-elle plonger ? Hésite-t-elle ?
Comme une toile de maître, cette célèbre photographie nous raconte une
histoire. Pas celle d'une icône. Celle d'une femme.
Le blog de l'association Ciné-Rencontres au Ciné Lumière de Vierzon, c'est
Cinégraphe
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