jeudi 24 octobre 2013

L'HOMME AUX SERPENTS

 [Voir aussi juste avant:
Journée colombienne 
Cette semaine, nos partenaires...]


7e séance avec débat






RETOUR SUR 



L'HOMME AUX SERPENTS
Documentaire colombien d'Eric Flandin (2013, VOSTF, 1h25)







 Franz Florez, un Indiana Jones qui n'aurait pas la phobie des serpents, au contraire!



L'autre loisir du réalisateur après la lecture : la capoeira.



Après trop de passages à la clinique des radiateurs, le vieux bus finit par rendre l'âme.



Pas froid aux yeux (mais le risque est aussi pour celui qui filme, ne l'oublions pas), avec les serpents pour seuls passeports.


Des prix et des récompenses, notamment en raison de la lutte pour l'environnement.

Cinema Planeta 2010, Festival Internacional de Cine y Medio Ambiente se llevó a cabo del 5 al 14 de marzo del 2010 en la cuidad de Cuernavaca, Morelos y Cineteca Nacional. Consolidándose en su segunda edición como el único festival de cine en México dedicado en su totalidad a brindar información relacionada al medio ambiente.
Presentó 50 títulos de cine de más de 20 países
El jurado estuvo integrado por Gaetano Capizzi presidente y director de Cinemambiente de Turín; Isa Cucinotta programadora del Green Screen del Lincoln Center de NY; Dr. Antonio del Río del Centro de Investigaciones en Energía de Morelos; Lucero Solórzano critica de cine y Anne Aghion realizadora de cine.
Cineminuto 2010




Quand le serpent s'émancipe et passe trop près, les plus endurcis connaissent des peurs d'enfants.





La nature et le mysticisme ne restent jamais très éloignés l'un de l'autre.



Associés dans les récompenses.



Au Ciné Lumière de Vierzon, dans l'attente du film suivant sur le tapir colombien.




Comme le coca, le serpent renvoie aussi bien à la vie qu’à la mort : tout dépend des circonstances. Sa morsure peut être mortelle, il est un passeport pour la vie tout au long du film.

Analogie ironique avec le film A balles réelles qui vient ensuite dans la même soirée: 1 euro le droit d’assister au spectacle dont les serpents sont les vedettes, 1 euro également le prix d’une balle en Colombie. C’est peu, car humaniste et éducatif pour le premier, c’est beaucoup, car multiplié par de très grands nombres et donc effrayant pour le second.

Sources d’étonnement pour les profanes.
          Ces serpents brillants  évoquent pour beaucoup un brillant humide et peut-être gluant, a priori répugnant. Or la peau du serpent, s’il est bien vrai qu’elle brille, est paradoxalement parfaitement sèche, et son toucher en étonne plus d’un qui avaient d’autres préjugés.
            Une morsure lors des manipulations des serpents en cage. Franz va s’affoler et courir chercher un remède ? Non, il s’essuie simplement la main avec un chiffon dont les taches de sang préexistantes montrent qu’il a déjà beaucoup servi.

Jekyll ou Hyde ?
           Hyde sans beaucoup d’hésitation, quand on voit le film, Jekyll à coup sûr, quand on a eu la chance comme nous de recevoir un homme aussi exceptionnel, hors norme aussi bien par son courage que par son humanisme et son amour de la nature.
          Argumentons un instant en interprétant "naïvement" quelques scènes du film.
          Les jeunes filles sont volontaires pour entrer en contact avec les serpents malgré leurs répulsions premières, elles font confiance au sympathique montreur. Or, en plein milieu de leur implication, le serpent les ayant bien enveloppées, Franz leur dit soudain, sadique : « Ne bouge surtout pas, sinon il va te mordre ! » Mettons-nous un instant à la place de l’adolescente piégée, qui n’a qu’une envie c’est de hurler et de s’enfuir. Quelle contrainte inhumaine pour ne pas le faire…
           Le réalisateur lors du bivouac du soir, là où on fait le point après une très longue marche, et où soudain on prend conscience que si on voit des images c’est que quelqu’un est là aussi qui tient la caméra. Ce caméraman apprend alors que le danger est maximal : si on va trop vers le haut de la vallée, on se fait tuer par la guérilla qui tient les sommets et les crêtes ; si on va trop vers le bas de la vallée, on se fait tuer par la guérilla qui tient la rivière. Quoique hors champ, on devine sa pâleur soudaine. La voix bredouille : « Je ne savais pas que c’était à ce point, il faut faire demi-tour ! » Et l’autre, froidement sadique (bis repetita…) : « Impossible, le danger serait plus grand encore. On n’a pas le choix, il faut continuer ! » Point final. La compassion est une notion parfaitement inconnue. Ne reste qu’une leçon, qui ne paraît a priori guère capable de rassurer le plus grand nombre : « Le grand secret… (on attend, haletant, une recette pour devenir plus rassuré), … c’est de surmonter sa peur ! (coup de massue définitif sur la tête…)».
             Est-ce du lard ou du tapir ? Bon, on finit par se dire que tout cela est scénarisé, que le réalisateur est à coup sûr courageux mais qu’il n’est pas totalement inconscient ni naïf. Détendez-vous : il y avait là simplement un ou deux moments d’humour noir… Ouf ! (Enfin, j’espère que mon interprétation est bien la bonne…). Mais on nous avait prévenus dès le début du film : ces présentateurs de serpents sont taquins, comme on peut le voir à la façon dont ils se comportent avec les présentateurs – et présentatrices – de la télévision !

            Vanité de la lutte ? Ce qui est sûr, c’est la difficulté de transmettre le flambeau, même si un héritier potentiel existe. On comprend : le danger, les familles éloignées, voilà des arguments plus que suffisants. Avec un danger nettement moindre, on est tenté de faire un rapprochement sur ce point avec le film canadien Le démantèlement (janvier 2014).  On apprend que la fille découvre Paris avec plaisir : on est, dans cet instant de solidarité, réellement heureux pour elle. Réponse du public à la question initiale : Quelle lutte admirable !







      Sur le site du lycée Edouard-Vaillant de Vierzon la sortie, préparée en amont, a aussi donné lieu en aval au comte-rendu suivant: 

Sortie cinéma du 18 octobre 2013 à 14h, Ciné Lumière
Elèves hispanisants des classes de Première
« L’homme aux serpents » d’Eric FLANDIN

Dans le cadre des rencontres du film colombien organisées dans le Cher du 14 au 20 octobre 2013, les élèves hispanisants des classes de Première L, ES, S et STMG du Lycée Edouard Vaillant ont assisté à la projection du documentaire « L’homme aux serpents », d’Eric FLANDIN, le vendredi 18 octobre au Ciné Lumière de Vierzon. Ce documentaire décrit le combat de Frantz FLOREZ, un vétérinaire colombien, qui lutte pour la préservation de la biodiversité dans son pays. En traversant la Colombie en bus, en compagnie des serpents qu’il élève, Frantz est confronté aux problèmes qui agitent son pays, comme les trafics de drogue, la guérilla ou les menaces que fait peser le développement économique sur la forêt amazonienne.

A l’issue de la projection, Frantz FLOREZ, présent dans la salle, a répondu aux très nombreuses questions des lycéens, et a illustré ses propos avec la projection d’un court-métrage d’animation qu’il a lui-même réalisé, intitulé « Pinchaque, le tapir colombien », qui illustre sous un autre angle le problème de la préservation de la biodiversité. [Là, on ne prête qu'aux riches, la réalisatrice est en fait Caroline Attia Larivière, mais Franz est entièrement solidaire de la démarche, c'est sûr!]

La projection du documentaire et le débat qui a suivi, ainsi que le travail réalisé en amont par les enseignants pour préparer cette sortie, ont permis d’illustrer certaines notions du programme de Première, à savoir « L’idée de progrès » ou « Espaces et échanges ».

Autour de Franz Florez, je reconnais ici mes ex-collègues:
d'espagnol (les deux sur la gauche) et de cinéma (le deuxième à partir de la droite).

 Plus de photos sur le site du lycée :






NORMAL D'EN AVOIR PEUR

(Science & Vie Hors Série, mars 2014).


J'apprends que si nous sommes tous sensibles à la peur du noir, avec des intensités variables il est vrai, c'est tout à fait normal, puisque cette peur est instinctive et universelle. Une étude récente nous confirme qu'elle existe dans toutes les cultures. Rien d'extraordinaire pourtant jusque-là. La suite de l'étude m'étonne davantage : la peur des serpents fait partie des trois - trois seulement - phobies universelles. Les deux autres? La peur du noir, bien sûr, et enfin la peur des hauteurs.



En comparant une centaine d'étudiants chinois et anglais, la psychologue britannique Louise Higgins a d'ailleurs conclu que seuls trois types de peur ne présentaient aucune différence culturelle : la peur du noir, la peur des hauteurs et la peur des serpents. « Ce sont des peurs programmées biologiquement, contrairement à la peur des araignées, par exemple, qui n'existe que très peu en Chine et qui relève d'un apprentissage social », précise la chercheuse.



Si l'intensité de son expression dépend donc de l'histoire de chacun, la peur du noir existe bien en nous biologiquement. Et on sait même précisément où : c'est l'amygdale, le principal organe de la peur dans le cerveau, qui la régule. La preuve: les personnes dont l'amygdale ne fonctionne plus cessent d'avoir peur la nuit. « Nos patients se souviennent avoir eu peur du noir enfant, mais désormais, ils peuvent marcher seuls dans un parc en pleine nuit sans lumière sans éprouver la moindre crainte », raconte Justin Feinstein, chercheur au laboratoire de cognition sociale et émotionnelle de l'Institut technique de Californie (Caltech). La peur du noir n'est d'ailleurs, dans ce cas, pas la seule peur à avoir disparu : ils ne montrent aucune réaction non plus devant des films d'horreur, des serpents ou des araignées.






Un témoignage de plus dans une enquête préhistorique































      La lecture d'un article de la revue Positif (n°637, mars 2014, p. 42), parlant de ce film comme d'un "conte insolite aux accents romanesques où la charge symbolique de l'animal maudit est renversée", me fait opportunément (du moins je l'espère) penser à la fable de La Fontaine où l'homme plus que l'animal est mis en procès par le fabuliste.



L'Homme et la Couleuvre est la première fable
du livre X de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil
des Fables édité pour la première fois en 1678.


L’Homme et la Couleuvre


Gustave Doré



Un Homme vit une Couleuvre.
Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une œuvre
Agréable à tout l’univers.
À ces mots, l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire
Et non l’homme : on pourrait aisément s’y tromper),
À ces mots, le serpent, se laissant attraper,
Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire,
On résolut sa mort, fût-il coupable ou non.
Afin de le payer toutefois de raison,
L’autre lui fit cette harangue :
Symbole des ingrats, être bon aux méchants,
C’est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents
Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue,
Reprit du mieux qu’il put : S’il fallait condamner
Tous les ingrats qui sont au monde,
À qui pourrait-on pardonner ?
Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde
Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi.
Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice,
C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ;
Selon ces lois, condamne-moi ;
Mais trouve bon qu’avec franchise
En mourant au moins je te dise
Que le symbole des ingrats
Ce n’est point le serpent, c’est l’homme. Ces paroles
Firent arrêter l’autre ; il recula d’un pas.
Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles :
Je pourrais décider, car ce droit m’appartient ;
Mais rapportons-nous-en. – Soit fait, dit le reptile.
Une Vache était là, l’on l’appelle, elle vient ;
Le cas est proposé ; c’était chose facile :
Fallait-il pour cela, dit-elle, m’appeler ?
La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ?
Je nourris celui-ci depuis longues années ;
Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées ;
Tout n’est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants
Le font à la maison revenir les mains pleines ;
Même j’ai rétabli sa santé, que les ans
Avaient altérée, et mes peines
Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin
Sans herbe ; s’il voulait encor me laisser paître !
Mais je suis attachée ; et si j’eusse eu pour maître
Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin
L’homme, tout étonné d’une telle sentence,
Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu’elle dit ?
C’est une radoteuse ; elle a perdu l’esprit.
Croyons ce Bœuf. – Croyons, dit la rampante bête.
Ainsi dit, ainsi fait. Le Bœuf vient à pas lents.
Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête,
Il dit que du labeur des ans
Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants,
Parcourant sans cesser ce long cercle de peines
Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines
Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ;
Que cette suite de travaux
Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes,
Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux,
On croyait l’honorer chaque fois que les hommes
Achetaient de son sang l’indulgence des Dieux.

Jean Grandville



Ainsi parla le Bœuf. L’Homme dit : Faisons taire
Cet ennuyeux déclamateur ;
Il cherche de grands mots, et vient ici se faire,
Au lieu d’arbitre, accusateur.
Je le récuse aussi. L’arbre étant pris pour juge,
Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge
Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ;
Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs.
L’ombrage n’était pas le seul bien qu’il sût faire ;
Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire
Un rustre l’abattait, c’était là son loyer,
Quoique pendant tout l’an libéral il nous donne
Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ;
L’ombre l’Été, l’Hiver les plaisirs du foyer.
Que ne l’émondait-on, sans prendre la cognée ?
De son tempérament il eût encor vécu.
L’Homme trouvant mauvais que l’on l’eût convaincu,
Voulut à toute force avoir cause gagnée.
Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là.
Du sac et du serpent aussitôt il donna
Contre les murs, tant qu’il tua la bête.



Jean-Baptiste Oudry


On en use ainsi chez les grands.
La raison les offense ; ils se mettent en tête
Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens,
Et serpents.
Si quelqu’un desserre les dents,
C’est un sot. – J’en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
– Parler de loin, ou bien se taire.












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