[Voir aussi juste avant:
Journée colombienne
Cette semaine, nos partenaires...]
7e séance avec débat
RETOUR SUR
L'HOMME AUX SERPENTS
Documentaire colombien d'Eric Flandin (2013,
VOSTF, 1h25)
Franz Florez, un Indiana Jones qui n'aurait pas la phobie des serpents, au contraire!
L'autre loisir du réalisateur après la lecture : la capoeira.
Après trop de passages à la clinique des radiateurs, le vieux bus finit par rendre l'âme.
Pas froid aux yeux (mais le risque est aussi pour celui qui filme, ne l'oublions pas), avec les serpents pour seuls passeports.
Des prix et des récompenses, notamment en raison de la lutte pour l'environnement.
Cinema Planeta 2010, Festival Internacional de Cine y Medio Ambiente se llevó a cabo del 5 al 14 de marzo del 2010 en la cuidad de Cuernavaca, Morelos y Cineteca Nacional. Consolidándose en su segunda edición como el único festival de cine en México dedicado en su totalidad a brindar información relacionada al medio ambiente.
Presentó 50 títulos de cine de más de 20 países
El jurado estuvo integrado por Gaetano Capizzi presidente y director de Cinemambiente de Turín; Isa Cucinotta programadora del Green Screen del Lincoln Center de NY; Dr. Antonio del Río del Centro de Investigaciones en Energía de Morelos; Lucero Solórzano critica de cine y Anne Aghion realizadora de cine.
Cineminuto 2010
Quand le serpent s'émancipe et passe trop près, les plus endurcis connaissent des peurs d'enfants.
La nature et le mysticisme ne restent jamais très éloignés l'un de l'autre.
Associés dans les récompenses.L'autre loisir du réalisateur après la lecture : la capoeira.
Après trop de passages à la clinique des radiateurs, le vieux bus finit par rendre l'âme.
Pas froid aux yeux (mais le risque est aussi pour celui qui filme, ne l'oublions pas), avec les serpents pour seuls passeports.
Des prix et des récompenses, notamment en raison de la lutte pour l'environnement.
Cinema Planeta 2010, Festival Internacional de Cine y Medio Ambiente se llevó a cabo del 5 al 14 de marzo del 2010 en la cuidad de Cuernavaca, Morelos y Cineteca Nacional. Consolidándose en su segunda edición como el único festival de cine en México dedicado en su totalidad a brindar información relacionada al medio ambiente.
Presentó 50 títulos de cine de más de 20 países
El jurado estuvo integrado por Gaetano Capizzi presidente y director de Cinemambiente de Turín; Isa Cucinotta programadora del Green Screen del Lincoln Center de NY; Dr. Antonio del Río del Centro de Investigaciones en Energía de Morelos; Lucero Solórzano critica de cine y Anne Aghion realizadora de cine.
Cineminuto 2010
Quand le serpent s'émancipe et passe trop près, les plus endurcis connaissent des peurs d'enfants.
La nature et le mysticisme ne restent jamais très éloignés l'un de l'autre.
Au Ciné Lumière de Vierzon, dans l'attente du film suivant sur le tapir colombien.
Comme le coca, le serpent renvoie aussi bien à la vie qu’à
la mort : tout dépend des circonstances. Sa morsure peut être mortelle, il
est un passeport pour la vie tout au long du film.
Analogie ironique avec le film A balles réelles qui vient ensuite dans la même soirée:
1 euro le droit d’assister au spectacle dont les serpents sont les vedettes, 1
euro également le prix d’une balle en Colombie. C’est peu, car humaniste et
éducatif pour le premier, c’est beaucoup, car multiplié par de très grands
nombres et donc effrayant pour le second.
Sources d’étonnement pour les profanes.
Ces
serpents brillants évoquent pour beaucoup un brillant humide et peut-être
gluant, a priori répugnant. Or la peau du serpent, s’il est bien vrai qu’elle brille, est
paradoxalement parfaitement sèche, et son toucher en étonne plus d’un qui
avaient d’autres préjugés.
Une
morsure lors des manipulations des serpents en cage. Franz va s’affoler et
courir chercher un remède ? Non, il s’essuie simplement la main avec un
chiffon dont les taches de sang préexistantes montrent qu’il a déjà beaucoup
servi.
Jekyll ou Hyde ?
Hyde sans
beaucoup d’hésitation, quand on voit le film, Jekyll à coup sûr, quand on a eu la
chance comme nous de recevoir un homme aussi exceptionnel, hors norme aussi
bien par son courage que par son humanisme et son amour de la nature.
Argumentons
un instant en interprétant "naïvement" quelques scènes du film.
Les jeunes
filles sont volontaires pour entrer en contact avec les serpents malgré leurs répulsions premières, elles font confiance au sympathique montreur. Or, en
plein milieu de leur implication, le serpent les ayant bien enveloppées, Franz
leur dit soudain, sadique : « Ne bouge surtout pas, sinon il va te
mordre ! » Mettons-nous un instant à la place de l’adolescente
piégée, qui n’a qu’une envie c’est de hurler et de s’enfuir. Quelle contrainte
inhumaine pour ne pas le faire…
Le
réalisateur lors du bivouac du soir, là où on fait le point après une très
longue marche, et où soudain on prend conscience que si on voit des images
c’est que quelqu’un est là aussi qui tient la caméra. Ce caméraman apprend
alors que le danger est maximal : si on va trop vers le haut de la vallée,
on se fait tuer par la guérilla qui tient les sommets et les crêtes ; si
on va trop vers le bas de la vallée, on se fait tuer par la guérilla qui tient
la rivière. Quoique hors champ, on devine sa pâleur soudaine. La voix
bredouille : « Je ne savais pas que c’était à ce point, il faut faire
demi-tour ! » Et l’autre, froidement sadique (bis repetita…) :
« Impossible, le danger serait plus grand encore. On n’a pas le choix, il
faut continuer ! » Point final. La compassion est une notion
parfaitement inconnue. Ne reste qu’une leçon, qui ne paraît a priori guère
capable de rassurer le plus grand nombre : « Le grand secret… (on
attend, haletant, une recette pour devenir plus rassuré), … c’est de surmonter
sa peur ! (coup de massue définitif sur la tête…)».
Est-ce
du lard ou du tapir ? Bon, on finit par se dire que tout cela est
scénarisé, que le réalisateur est à coup sûr courageux mais qu’il n’est pas
totalement inconscient ni naïf. Détendez-vous : il y avait là simplement
un ou deux moments d’humour noir… Ouf ! (Enfin, j’espère que mon
interprétation est bien la bonne…). Mais on nous avait prévenus dès le début du
film : ces présentateurs de serpents sont taquins, comme on peut le voir à
la façon dont ils se comportent avec les présentateurs – et présentatrices – de
la télévision !
Vanité
de la lutte ? Ce qui est sûr, c’est la difficulté de transmettre le
flambeau, même si un héritier potentiel existe. On comprend : le danger,
les familles éloignées, voilà des arguments plus que suffisants. Avec un danger
nettement moindre, on est tenté de faire un rapprochement sur ce point avec le
film canadien Le démantèlement (janvier 2014). On apprend que la fille découvre Paris avec
plaisir : on est, dans cet instant de solidarité, réellement heureux pour
elle. Réponse du public à la question initiale : Quelle lutte admirable !
Sur le site du lycée Edouard-Vaillant de Vierzon la sortie, préparée en amont, a aussi donné lieu en aval au comte-rendu suivant:
Sortie cinéma
du 18 octobre 2013 à 14h, Ciné Lumière
Elèves
hispanisants des classes de Première
« L’homme
aux serpents » d’Eric FLANDIN
Dans le
cadre des rencontres du film colombien organisées dans le Cher du 14 au 20
octobre 2013, les élèves hispanisants des classes de Première L, ES, S et STMG
du Lycée Edouard Vaillant ont assisté à la projection du documentaire
« L’homme aux serpents », d’Eric FLANDIN, le vendredi 18 octobre au
Ciné Lumière de Vierzon. Ce
documentaire décrit le combat de Frantz FLOREZ, un vétérinaire colombien, qui
lutte pour la préservation de la biodiversité dans son pays. En traversant la Colombie en
bus, en compagnie des serpents qu’il élève, Frantz est confronté aux problèmes
qui agitent son pays, comme les trafics de drogue, la guérilla ou les menaces
que fait peser le développement économique sur la forêt amazonienne.
A l’issue de
la projection, Frantz FLOREZ, présent dans la salle, a répondu aux très
nombreuses questions des lycéens, et a illustré ses propos avec la
projection d’un court-métrage d’animation qu’il a lui-même réalisé, intitulé
« Pinchaque, le tapir colombien », qui illustre sous un autre angle
le problème de la préservation de la biodiversité. [Là, on ne prête qu'aux riches, la réalisatrice est en fait Caroline Attia Larivière, mais Franz est entièrement solidaire de la démarche, c'est sûr!]
La projection du documentaire et le
débat qui a suivi, ainsi que le travail réalisé en amont par les enseignants
pour préparer cette sortie, ont permis d’illustrer certaines notions du
programme de Première, à savoir « L’idée de progrès » ou
« Espaces et échanges ».
Autour de Franz Florez, je reconnais ici mes ex-collègues: d'espagnol (les deux sur la gauche) et de cinéma (le deuxième à partir de la droite). |
Plus de photos sur le site du lycée :
En comparant une centaine d'étudiants chinois et anglais, la psychologue britannique
Louise Higgins a d'ailleurs conclu que seuls trois types de peur ne présentaient aucune différence
culturelle : la peur du noir, la peur des hauteurs et la peur des serpents. « Ce
sont des peurs programmées biologiquement, contrairement à la peur des araignées,
par exemple, qui n'existe que très peu en Chine et qui relève d'un
apprentissage social », précise la chercheuse.
Si l'intensité de son expression dépend donc de l'histoire de chacun,
la peur du noir existe bien en nous biologiquement. Et on sait même précisément
où : c'est l'amygdale, le principal organe de la peur dans le cerveau, qui la
régule. La preuve: les personnes dont l'amygdale ne fonctionne plus cessent
d'avoir peur la nuit. « Nos patients se souviennent avoir eu peur du noir
enfant, mais désormais, ils peuvent marcher seuls dans un parc en pleine nuit sans
lumière sans éprouver la moindre crainte », raconte Justin Feinstein, chercheur
au laboratoire de cognition sociale et émotionnelle de l'Institut technique de
Californie (Caltech). La peur du noir n'est d'ailleurs, dans ce cas, pas la
seule peur à avoir disparu : ils ne montrent aucune réaction non plus devant
des films d'horreur, des serpents ou des araignées.
Un témoignage de plus dans une enquête préhistorique
La lecture d'un article de la revue Positif (n°637, mars 2014, p. 42), parlant de ce film comme d'un "conte insolite aux accents romanesques où la charge symbolique de l'animal maudit est renversée", me fait opportunément (du moins je l'espère) penser à la fable de La Fontaine où l'homme plus que l'animal est mis en procès par le fabuliste.
L'Homme et la Couleuvre est la première fable du livre X de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables édité pour la première fois en 1678. |
L’Homme et la Couleuvre
Gustave Doré |
Un Homme vit une Couleuvre.
Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une œuvre
Agréable à tout l’univers.
À ces mots, l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire
Et non l’homme : on pourrait aisément s’y tromper),
À ces mots, le serpent, se laissant attraper,
Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire,
On résolut sa mort, fût-il coupable ou non.
Afin de le payer toutefois de raison,
L’autre lui fit cette harangue :
Symbole des ingrats, être bon aux méchants,
C’est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents
Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue,
Reprit du mieux qu’il put : S’il fallait condamner
Tous les ingrats qui sont au monde,
À qui pourrait-on pardonner ?
Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde
Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi.
Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice,
C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ;
Selon ces lois, condamne-moi ;
Mais trouve bon qu’avec franchise
En mourant au moins je te dise
Que le symbole des ingrats
Ce n’est point le serpent, c’est l’homme. Ces paroles
Firent arrêter l’autre ; il recula d’un pas.
Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles :
Je pourrais décider, car ce droit m’appartient ;
Mais rapportons-nous-en. – Soit fait, dit le reptile.
Une Vache était là, l’on l’appelle, elle vient ;
Le cas est proposé ; c’était chose facile :
Fallait-il pour cela, dit-elle, m’appeler ?
La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ?
Je nourris celui-ci depuis longues années ;
Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées ;
Tout n’est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants
Le font à la maison revenir les mains pleines ;
Même j’ai rétabli sa santé, que les ans
Avaient altérée, et mes peines
Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin
Sans herbe ; s’il voulait encor me laisser paître !
Mais je suis attachée ; et si j’eusse eu pour maître
Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin
L’homme, tout étonné d’une telle sentence,
Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu’elle dit ?
C’est une radoteuse ; elle a perdu l’esprit.
Croyons ce Bœuf. – Croyons, dit la rampante bête.
Ainsi dit, ainsi fait. Le Bœuf vient à pas lents.
Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête,
Il dit que du labeur des ans
Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants,
Parcourant sans cesser ce long cercle de peines
Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines
Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ;
Que cette suite de travaux
Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes,
Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux,
On croyait l’honorer chaque fois que les hommes
Achetaient de son sang l’indulgence des Dieux.
Ainsi parla le Bœuf. L’Homme dit : Faisons taire
Cet ennuyeux déclamateur ;
Il cherche de grands mots, et vient ici se faire,
Au lieu d’arbitre, accusateur.
Je le récuse aussi. L’arbre étant pris pour juge,
Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge
Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ;
Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs.
L’ombrage n’était pas le seul bien qu’il sût faire ;
Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire
Un rustre l’abattait, c’était là son loyer,
Quoique pendant tout l’an libéral il nous donne
Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ;
L’ombre l’Été, l’Hiver les plaisirs du foyer.
Que ne l’émondait-on, sans prendre la cognée ?
De son tempérament il eût encor vécu.
L’Homme trouvant mauvais que l’on l’eût convaincu,
Voulut à toute force avoir cause gagnée.
Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là.
Du sac et du serpent aussitôt il donna
Contre les murs, tant qu’il tua la bête.
On en use ainsi chez les grands.
La raison les offense ; ils se mettent en tête
Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens,
Et serpents.
Si quelqu’un desserre les dents,
C’est un sot. – J’en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
– Parler de loin, ou bien se taire.
Ah ! méchante, dit-il, je m’en vais faire une œuvre
Agréable à tout l’univers.
À ces mots, l’animal pervers
(C’est le serpent que je veux dire
Et non l’homme : on pourrait aisément s’y tromper),
À ces mots, le serpent, se laissant attraper,
Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire,
On résolut sa mort, fût-il coupable ou non.
Afin de le payer toutefois de raison,
L’autre lui fit cette harangue :
Symbole des ingrats, être bon aux méchants,
C’est être sot, meurs donc : ta colère et tes dents
Ne me nuiront jamais. Le Serpent, en sa langue,
Reprit du mieux qu’il put : S’il fallait condamner
Tous les ingrats qui sont au monde,
À qui pourrait-on pardonner ?
Toi-même tu te fais ton procès. Je me fonde
Sur tes propres leçons ; jette les yeux sur toi.
Mes jours sont en tes mains, tranche-les : ta justice,
C’est ton utilité, ton plaisir, ton caprice ;
Selon ces lois, condamne-moi ;
Mais trouve bon qu’avec franchise
En mourant au moins je te dise
Que le symbole des ingrats
Ce n’est point le serpent, c’est l’homme. Ces paroles
Firent arrêter l’autre ; il recula d’un pas.
Enfin il repartit : Tes raisons sont frivoles :
Je pourrais décider, car ce droit m’appartient ;
Mais rapportons-nous-en. – Soit fait, dit le reptile.
Une Vache était là, l’on l’appelle, elle vient ;
Le cas est proposé ; c’était chose facile :
Fallait-il pour cela, dit-elle, m’appeler ?
La Couleuvre a raison ; pourquoi dissimuler ?
Je nourris celui-ci depuis longues années ;
Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées ;
Tout n’est que pour lui seul ; mon lait et mes enfants
Le font à la maison revenir les mains pleines ;
Même j’ai rétabli sa santé, que les ans
Avaient altérée, et mes peines
Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
Enfin me voilà vieille ; il me laisse en un coin
Sans herbe ; s’il voulait encor me laisser paître !
Mais je suis attachée ; et si j’eusse eu pour maître
Un serpent, eût-il su jamais pousser si loin
L’homme, tout étonné d’une telle sentence,
Dit au Serpent : Faut-il croire ce qu’elle dit ?
C’est une radoteuse ; elle a perdu l’esprit.
Croyons ce Bœuf. – Croyons, dit la rampante bête.
Ainsi dit, ainsi fait. Le Bœuf vient à pas lents.
Quand il eut ruminé tout le cas en sa tête,
Il dit que du labeur des ans
Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants,
Parcourant sans cesser ce long cercle de peines
Qui, revenant sur soi, ramenait dans nos plaines
Ce que Cérès nous donne, et vend aux animaux ;
Que cette suite de travaux
Pour récompense avait, de tous tant que nous sommes,
Force coups, peu de gré ; puis, quand il était vieux,
On croyait l’honorer chaque fois que les hommes
Achetaient de son sang l’indulgence des Dieux.
Jean Grandville |
Ainsi parla le Bœuf. L’Homme dit : Faisons taire
Cet ennuyeux déclamateur ;
Il cherche de grands mots, et vient ici se faire,
Au lieu d’arbitre, accusateur.
Je le récuse aussi. L’arbre étant pris pour juge,
Ce fut bien pis encore. Il servait de refuge
Contre le chaud, la pluie, et la fureur des vents ;
Pour nous seuls il ornait les jardins et les champs.
L’ombrage n’était pas le seul bien qu’il sût faire ;
Il courbait sous les fruits ; cependant pour salaire
Un rustre l’abattait, c’était là son loyer,
Quoique pendant tout l’an libéral il nous donne
Ou des fleurs au Printemps, ou du fruit en Automne ;
L’ombre l’Été, l’Hiver les plaisirs du foyer.
Que ne l’émondait-on, sans prendre la cognée ?
De son tempérament il eût encor vécu.
L’Homme trouvant mauvais que l’on l’eût convaincu,
Voulut à toute force avoir cause gagnée.
Je suis bien bon, dit-il, d’écouter ces gens-là.
Du sac et du serpent aussitôt il donna
Contre les murs, tant qu’il tua la bête.
Jean-Baptiste Oudry |
On en use ainsi chez les grands.
La raison les offense ; ils se mettent en tête
Que tout est né pour eux, quadrupèdes, et gens,
Et serpents.
Si quelqu’un desserre les dents,
C’est un sot. – J’en conviens. Mais que faut-il donc faire ?
– Parler de loin, ou bien se taire.
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