36e séance avec débat
MAPS TO THE STARS
Film canadien (franco-américano-germano-canadien) de David Cronenberg avec John Cusack, Julianne Moore, Robert Pattinson, Carrie Fisher... Interdit aux moins de 12 ans
Hollywood, ton univers impitoyable. David Cronenberg s'intéresse aux rêves de gloire et aux névroses de la dynastie Stafford : Un père analyste, une mère qui gère la carrière d'un enfant star de 13 ans tout juste sortie d'une désintox de quatre ans. Une grande fille pyromane récemment libérée d'un sanatorium, qui se lie d'amitié avec un aspirant acteur. Et une cliente du père, actrice elle aussi, hantée par sa mère, star des années 60. Une famille on ne peut plus formidable, en somme.
DU MERCREDI 28 MAI AU LUNDI 2 JUIN
+ CINÉ-DÉBAT VENDREDI 30 MAI à 20h30
(C'est bien 20h30, malgré la petite coquille de nos amis du Berry républicain, lequel indique 20h.)
A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles
: Benjie Weiss (Evan Bird), 13 ans et déjà
star; son père, Sanford Weiss (John Cusak),
auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand (Julianne Moore), qu’il aide à se réaliser en
tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule
et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha (Mia Wasikowska), une jeune fille devenue, à peine
débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel
elle se lie, Jerome Fontana (Robert Pattinson),
qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des
vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait
revivre les fantômes et promet surtout le déchaînement des pulsions et l’odeur
du sang.
LE SENS DU TITRE?
J'avoue avoir été un peu dérouté par le titre, même en anglais : Des cartes pour les étoiles (?). Ce n'est apparemment pas la carte des étoiles ce qui ne ferait que décrire un état de fait statique (maps of the stars), une sorte de carte des constellations du ciel hollywoodien. Or il s'agit de cartes (au sens de cartes routières ou de navigation, pas de cartes à jouer bien sûr) qui permettent d'aller vers les étoiles (les stars). De fréquenter les étoiles existantes, ou d'en devenir une soi-même, ou les deux?... J'ai hâte de découvrir le titre québécois, lorsqu'il sera couramment diffusé.
Bien sûr, les initiés savent les limites plutôt prosaïques de la référence originelle, qui n'est autre qu'un objet touristique :
J'avoue avoir été un peu dérouté par le titre, même en anglais : Des cartes pour les étoiles (?). Ce n'est apparemment pas la carte des étoiles ce qui ne ferait que décrire un état de fait statique (maps of the stars), une sorte de carte des constellations du ciel hollywoodien. Or il s'agit de cartes (au sens de cartes routières ou de navigation, pas de cartes à jouer bien sûr) qui permettent d'aller vers les étoiles (les stars). De fréquenter les étoiles existantes, ou d'en devenir une soi-même, ou les deux?... J'ai hâte de découvrir le titre québécois, lorsqu'il sera couramment diffusé.
Bien sûr, les initiés savent les limites plutôt prosaïques de la référence originelle, qui n'est autre qu'un objet touristique :
La "carte des stars," prospectus touristique pour
trouver la maison des vedettes, s'avère donc être la carte aux étoiles, tableau
cosmique que Cronenberg nous propose de déchiffrer.
( "Maps
to the Stars" : quand Cronenberg condamne Hollywood au bûcher, c'est
fascinant
- Modifié le 30-05-2014 à 06h48
UN FILM D'ACTRICES ?
Force est bien de constater, quand on considère la liste des "actrices et acteurs" du film présentée par ordre d'importance du rôle, que les actrices ont un quasi monopole.
L'impression est plus que confirmée quand on jette un oeil sur le palmarès du festival de Cannes qui vient de s'achever :
LONGS MÉTRAGES
Palme d'or
WINTER SLEEP Réalisé par Nuri Bilge CEYLANGrand Prix
LE MERAVIGLIE (LES MERVEILLES) Réalisé par Alice ROHRWACHERPrix de la mise en scène
Bennett MILLER pour FOXCATCHERPrix du scénario
Andrey ZVYAGINTSEV, Oleg NEGIN pour LEVIATHANPrix d'interprétation féminine
Julianne MOORE dans MAPS TO THE STARS Réalisé par David CRONENBERGPrix d'interprétation masculine
Timothy SPALL dans MR. TURNER Réalisé par Mike LEIGHPrix du Jury
MOMMY Réalisé par Xavier DOLAN- ADIEU AU LANGAGE Réalisé par Jean-Luc GODARD
COURTS MÉTRAGES
Palme d'or du court métrage
LEIDI Réalisé par Simón MESA SOTOMention spéciale - court métrage
AÏSSA Réalisé par Clément TREHIN-LALANNE- JA VI ELSKER Réalisé par Hallvar WITZØ
N’ai-je pas conclu un peu trop vite ? C’était le cas
pour AlloCiné, mais pas pour Cinéma passion, qui fait plus que rétablir la
parité :
Enfin, n'oublions pas le jeune Evan Bird :
L'équipe du film "Maps to the stars" lors de leur montée des marches à Cannes, le 19 mai 2014 (ALBERTO PIZZOLI / AFP) |
Carrie
Fisher devint elle-même une star en 1977 avec le rôle de la Princesse Leia
(encore une princesse…) du Star Wars de George Lucas. Elle reviendra
dans le rôle de Princesse Leia Organa d’Alderande dans le Star Wars épisode
VII en 2015. On n’a pas oublié son vrai nom dans la fiction : Leia
Amidala Skywalker, devenue plus tard Leia Organa Solo.
Dans le film, elle joue son propre rôle. |
Même si on ne
présente plus David Cronenberg…
David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le
15 mars 1943 à Toronto
(Ontario, Canada) où il vit encore actuellement.
Ses genres de prédilection sont l'horreur, le fantastique
et la science-fiction. Son
cinéma, influencé par la psychanalyse, sonde
les névroses et les phobies de la société occidentale, laissant libre cours au
déchaînement de pulsions refoulées. Ses deux thèmes récurrents sont le double
et la métamorphose. Sa vision du corps humain martyrisé, mutilé et dégradé peut
rappeler la peinture de Francis Bacon. Ses films, caractérisés par une grande
maîtrise technique et un univers à la fois malsain, ultra-violent et cérébral,
ouvrent la voie à de nombreuses lectures sur le conditionnement, le mal,
l'aliénation et la confusion entre réel et virtuel.
Également acteur, Cronenberg
n'hésite pas à jouer dans certains films quand on fait appel à lui. Ainsi, on
le voit apparaître dans son propre film La Mouche,
mais aussi entre autres dans Crash en
mort accidenté de la route.
Il est le fils d'Esther Sumberg, pianiste, et Milton
Cronenberg, écrivain et éditeur, d'origine juive lituanienne. Il étudie au
Harbord Collegiate Institute, puis est diplômé en littérature de l'University
College (Université de Toronto) après avoir commencé à étudier les sciences. Il cite William S. Burroughs et Vladimir Nabokov comme
influences majeures.
La
reconnaissance internationale vient en 1986 avec La Mouche, remake de La Mouche noire, film fantastique des années 1950 réalisé par Kurt
Neumann.
En 1996, Cronenberg
adapte un écrivain culte, J. G. Ballard, avec Crash, film sur la fascination sexuelle
qu'exercent les accidents de voiture. L'œuvre, assez controversée, obtient le
Prix spécial du jury au 49ème Festival de Cannes.
En 2005, il signe une
fable sur la violence refoulée dans la société américaine, A History of Violence, adaptée du comic
éponyme avec Viggo Mortensen, qu'il retrouve ensuite en 2007 dans Les Promesses de l'ombre. Ce film, sur
la mafia russe àLondres, est le premier que Cronenberg tourne
entièrement hors du Canada.
En 2010,
il réalise A Dangerous Method,
version cinématographique de la pièce de théâtre The Talking Cure de Christopher Hampton.
Sélectionné à la 68ème Mostra de
Venise et sorti en décembre 2011 en France, le film revient sur la rivalité entre les psychanalystes Carl Jung et
Sigmund Freud.
En 2012, il écrit et réalise Cosmopolis, tiré du roman éponyme de Don DeLillo, avec Robert Pattinson comme tête d'affiche. Le film est
sélectionné en compétition au 65ème Festival
de Cannes. La réception critique est divisée sur ce long métrage au
ton absurde, futuriste et sarcastique, qui explore le penchant monstrueux du
capitalisme et du monde de la finance, devenu totalement abstrait1. L'œuvre originale était en effet considérée comme inadaptable.
En 2014, Cronenberg met en
scène Maps To The Stars,
un film sur une famille de stars à Hollywood, les Weiss.
Le film se conçoit comme une virulente critique des valeurs d'Hollywood et du
cinéma contemporain (opportunisme, régression, manipulation). Il ouvre aussi
une réflexion sur les conséquences de « l'usine à rêves » sur le
comportement individuel et la confusion entre fantasme, images mentales et
réalité objective. Le scénario est écrit par Bruce Wagner.
Maps to the Starsentre dans la compétition du 67ème Festival
de Cannes. La distribution inclut John Cusack,
Julianne
Moore, Mia Wasikowska et
Robert
Pattinson pour sa seconde collaboration avec le cinéaste. L'œuvre est
globalement bien accueillie par la presse lors de sa présentation cannoise. Julianne Moore
reçoit peu après le Prix d'interprétation féminine
pour son rôle d'actrice quinquagénaire dans le creux de la vague,
névrosée, ivre de reconnaissance et prisonnière d'une relation aussi
destructrice qu'incestueuse avec une mère ex-star de cinéma plus adulée
qu'elle.
Le réalisateur fera ses
premiers pas en littérature avec le roman Consumed, un thriller qui convoque
journalisme et géopolitique. La sortie nord-américaine du roman est prévue pour
septembre 2014,
parallèlement à la sortie internationale deMaps To The Stars.
Un
projet de longue date
Ecrit par Bruce Wagner,
le script de Maps To The Stars
était dans les tiroirs de David Cronenberg
depuis... 8 ans. Le réalisateur confie : "Ce
n’était pas un scénario fait pour être tourné tel quel. Bruce le décrivait
comme une catharsis, quelque chose qu’il devait faire. Il me l’a fait lire, je
l’ai trouvé merveilleux et je voulais le tourner. On a travaillé, j’ai effectué
des changements et on a essayé de le financer…C’était il y a 8 ou 10 ans."
Des
difficultés de financement
Maps To The Stars peinait à voir le jour faute de
financement. Mais après de nombreuses péripéties, le projet a pu être mis sur
pied. David Cronenberg explique
: « Pour des raisons de financement, ça ne pouvait être qu’une
co-production canado-européenne, et, dans ce cadre, l’auteur ne pouvait pas être
américain. De plus, on ne pouvait pas tourner à Los Angeles pour des raisons
financières, et le film s’en serait ressenti. Finalement, un nouveau traité
entre l’Allemagne et le Canada a permis de terminer le montage d’une
coproduction. Voilà donc l’histoire du film. »
Un
habitué de la Croisette
Maps to the stars marque la cinquième participation
de David Cronenberg au
Festival de Cannes, après Crash en
1996, Spider en
2002, A History of
Violence en 2005 et Cosmopolis en 2012. Il
fut également Président
du Jury en 1999.
Retrouvailles
Pour Maps to the stars, David Cronenberg retrouve Robert Pattinson, avec qui
il avait précédemment collaboré dans Cosmopolis. L'acteur est une
fois de plus l'une des têtes d'affiche.
Changement
d'acteurs
Viggo Mortensen et Rachel Weisz devaient
à l'origine tenir les premiers rôles. Ils ont dû se retirer du projet, leurs
emplois du temps respectifs ne leur permettant pas de participer au tournage.
Les deux acteurs ont été remplacés par John Cusack et
Julianne Moore.
Poésie
Bruce Wagner
a inclus dans le script de Maps To The Stars, quelques vers de Paul Eluard, tirés de son
poème Liberté. Une poésie
qui rejoint parfaitement l'esprit et la thématique du film, car selon le réalisateur:
«Dans le monde d’Hollywood, c’est la gloire qui est la vraie liberté ».
Une
première pour Cronenberg
Maps To The Stars est le premier film de David Cronenberg
a être tourné aux USA, le réalisateur ayant pour habitude de poser ses caméras
au Canada ou au Royaume-Uni. Une partie du tournage s'est effectuée pendant 5
jours à Los Angeles et Beverly Hills et l'autre, pendant 24 jours dans le
Toronto natal du réalisateur.
"Esprit,
es-tu là?"
De
nombreux fantômes se baladent dans ce nouveau long-métrage de Cronenberg.
Le réalisateur explique qu'il faut y voir un clin d'œil aux icônes défuntes d'Hollywood : "Le fantôme de James Dean hante encore le monde… Dans le scénario
original, il y avait beaucoup plus de fantômes. Je m’en suis débarrassé, car j’ai
une aversion philosophique pour les fantômes. Ils supposent une vie après la
mort et à mes yeux, c’est un concept religieux. Je suis très antireligieux. (…)
J’accepte les fantômes de l’expérience et de la mémoire. Et c’est ainsi que je
les ai dépeints dans le film : des fantômes reliés à la mémoire."
"Rated R"
Sexe, violence,
inceste... le contenu explicite de Maps To The Stars
vaudra au film d'être défendu aux mineurs non accompagnés aux USA.
Un
problème récurrent
Maps To The Stars n'est pas le premier film de Cronenberg
dont la production s'étale sur de nombreuses années. Pour Faux Semblant
et A Dangerous Method,
la mise en place du projet a duré près d'une décennie.
Réunion
de famille
Pour Maps To The Stars, le
metteur en scène canadien a confié la réalisation des costumes à sa sœur, Denise Cronenberg. Ce n'est pas la première fois qu'ils
travaillent ensemble puisqu'ils avaient collaboré pour A Dangerous Method et Cosmopolis.
Un
film incestueux?
A travers
cette saga familiale, Cronenberg
voulait aborder le thème de l'inceste. Non pas de façon indécente, mais à
travers une métaphore des relations hollywoodiennes. Il précise : « C’est
un type d’inceste assez spécial. On connaît mieux les relations Père-fille, ou
mère-fils. Le monde du cinéma est incestueux en ce qu’il est très limité, même
si sa diffusion est mondiale (…) C’est un tout petit groupe de gens qui ne
cessent de se rencontrer, dans les mêmes restaurants, les même quartiers, ou
dans les festivals, par exemple. Tout le monde a les mêmes problèmes, les mêmes
discussions, les mêmes centres d’intérêt. Et Hollywood est une communauté
incroyablement petite. Donc l’inceste est dans le business, la sensibilité et
la créativité. Les résultats tendent à confirmer la nature dangereuse de l’inceste
telle qu’un généticien pourrait la définir : prenez les grands studios
hollywoodiens, les films qu’ils produisent semblent être le fruit d’une union
incestueuse. »
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