36e séance avec débat
L’image ci-contre est la même que celle qui figure sur la
carte qu’a adressée à notre intention au Ciné-Lumière notre néo-adhérente
Océane. Merci Océane, et nous avons eu le plaisir de lire ton message
sympathique au début de notre séance. Pour ceux qui sont arrivés après, nous le
reproduisons ici :
Un petit bonjour du Festival de Cannes où le cinéma fait
encore bien parler de lui ! Des films, des histoires, encore et encore,
des acteurs, des réalisateurs, des producteurs, et… des strass et des paillettes,
évidemment !
MAPS TO THE STARS
Film canadien (franco-américano-germano-canadien) de David Cronenberg avec John Cusack, Julianne Moore, Robert Pattinson, Carrie Fisher... Interdit aux moins de 12 ans
Hollywood, ton univers impitoyable. David Cronenberg s'intéresse aux rêves de gloire et aux névroses de la dynastie Stafford : Un père analyste, une mère qui gère la carrière d'un enfant star de 13 ans tout juste sortie d'une désintox de quatre ans. Une grande fille pyromane récemment libérée d'un sanatorium, qui se lie d'amitié avec un aspirant acteur. Et une cliente du père, actrice elle aussi, hantée par sa mère, star des années 60. Une famille on ne peut plus formidable, en somme.
CINÉ-DÉBAT VENDREDI 30 MAI à 20h30
Grâce à la réaction hyper rapide et très documentée de Catherine je suis immédiatement en mesure de fournir des éléments pour prolonger, compléter et préciser plusieurs points du débat d'hier soir :
> Hello !
>
Quelques éléments pour alimenter le blog à propos de Maps to the
Star :
>
1) Tout d'abord, comme je le pensais, Carrie Fisher est bien la
fille de Debbie Reynolds et d'Eddy Fisher. Eddy Fisher quitta sa femme pour
Elisabeth Taylor, ce qui fit jaser dans les chaumières d'Hollywood.
Debbie Reynolds. En 1952, Gene Kelly la choisit comme partenaire pour Chantons sous la pluie. Elle n'avait jamais dansé, mais apprend très vite.
Elizabeth Taylor reçoit l’Oscar pour Soudain l’été dernier(Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959). Eddie Fisher, à côté d’elle, fut un de ses partenaires (mineurs) dans ce film où Montgomery Clift était en haut de l’affiche.
Debbie Reynolds. En 1952, Gene Kelly la choisit comme partenaire pour Chantons sous la pluie. Elle n'avait jamais dansé, mais apprend très vite.
Eddie Fisher
entre Elizabeth Taylor et Debbie
Reynolds.
Elizabeth Taylor reçoit l’Oscar pour Soudain l’été dernier(Suddenly, Last Summer) de Joseph L. Mankiewicz (1959). Eddie Fisher, à côté d’elle, fut un de ses partenaires (mineurs) dans ce film où Montgomery Clift était en haut de l’affiche.
>
2) Le personnage de "Benjie" l'acteur star de 13 ans est
une allusion évidente à Macauley Culkin, le gamin vedette de la série
"Maman j'ai raté l'avion". Macauley Culkin avait la réputation
d'être un gamin insupportable sur les plateaux, et devenu adulte il a défrayé
les faits divers pour consommation d'alcools et drogue.
À l'âge de 10 ans, Macaulay Culkin était un ami de Michael
Jackson qui l'invitait régulièrement au ranch
de Neverland. Il a aussi participé au tournage du vidéo clip Black
or White en 1991.
Lorsque Culkin eut quatorze ans, ses parents le voyant comme
la poule aux œufs d'or se disputèrent sa garde. Ensuite, Culkin a été
légalement émancipé de leur part. Son père avait également été son agent,
toujours avide d'argent.
Le 17 septembre 2004, Culkin a été arrêté dans la ville d'Oklahoma
en possession de 17,3 g de
marijuana et de deux substances contrôlées, à savoir 16 mg de Xanax et 32 mg de clonazepam. Il a été brièvement
emprisonné à Oklahoma, mais libéré sous caution. Il a ensuite été traduit en
justice pour possession de drogue. Son procès (du 15 octobre 2004 au 9 juin
2005) ne l'a pas déclaré coupable mais, plus tard, celui-ci a reconnu sa
culpabilité. Ses avocats ont trouvé un moyen de négocier avec l'État de
l'Oklahoma et il a été condamné à un an de prison avec sursis, un stage de
traitement de la toxicomanie et un dédommagement de 540 dollars.
>
3) Quand Agatha tue Havana, et qu'elle se retrouve éclaboussée de
sang, il y a une référence au Carrie de Brian de Palma. En plus dans le film le
nom de famille de Carrie est White, comme les Weiss du film de Cronenberg, et
le personnage de Carrie entretient aussi une relation compliquée avec sa
mère.
Carrie au bal du diable est un film d’épouvante de Brian
De palma sorti en
1976 et adapté du roman Carrie de Stephen King. Le film a connu un
véritable succès critique en remportant le Grand Prix au Festival d’Avoriaz de
1977 et 2 nominations aux Oscars pour Sissy Spacek (Carrie) et Piper
Laurie (la mère de Carrie, Margaret) dans les
catégories Meilleure actrice et Meilleure actrice dans un second rôle.
>
3) Le coup des fantômes qui viennent hanter les vivants, c'est le
cinéma coréen bien sûr, mais aussi le film de Nyght Shyamalan d'autant
que c'est un enfant (joué par un autre enfant star (Haley Joel Osment)
qui voit les fantômes.
Sixième
Sens (The Sixth Sense)
est un thriller fantastique américain réalisé par M. Night Shyamalan sorti en 1999, avec Bruce
Willis et Haley Joel Osment.
Cole Sear, un jeune garçon de neuf ans, a un secret qui le
traumatise : il voit aller et venir des personnes décédées, parfois
agressives, qui l'apostrophent. Ce pouvoir l'enferme dans une peur continue et
il refuse de le révéler jusqu'au jour où il rencontre le Dr Malcolm Crowe,
psychologue pour enfants.
4) Au niveau du gore cronenbergien, des visages éclaboussés de sang, on peut penser aussi au visage de Viggo Mortensen dans History of Violence. J'ai appris par ailleurs que Viggo Mortensen aurait dû tourner dans le film Maps of the Star, mais que ça ne s'est pas fait pour des raisons d'incompatibilité d'emploi du temps.
Viggo
Mortensen dans A History of violence (2005)
|
Une excellente critique de History of violence parue dans
Chronic'Art : http://www.chronicart.com/cinema/a-history-of-violence/
>
5) Bon, on n'oublie pas "Maps to the stars" évidemment.
Télérama en dit beaucoup de bien :
Ainsi que Le Nouvel Observateur :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1208665-maps-to-the-stars-quand-cronenberg-condamne-hollywood-au-bucher-c-est-fascinant.html
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1208665-maps-to-the-stars-quand-cronenberg-condamne-hollywood-au-bucher-c-est-fascinant.html
>
C'est tout pour le moment !
Nouvel envoi :
Pas
mécontente que ma mémoire ne m'ait pas fait défaut concernant Carrie Fisher.
J'avais appris il y a longtemps grâce à Frédéric Mitterrand dans une de
ses émissions télé que le couple Debbie Reynolds / Eddy Fisher passait à
l'époque pour le "gentil petit couple" de Hollywood : jeunes, beaux,
amoureux et de beaux enfants. Alors quand Eddy Fisher a quitté femme et
enfants pour Elisabeth Taylor, cette dernière a été accusée de briser le couple
parfait.
Au fait, quand on lit un des
articles que je t'ai envoyé, on apprend que l'actrice Olivia Williams, qui joue la mère de Benjie dans Maps to the Stars, jouait aussi
dans Sixième Sens de Night Shyamalan, le rôle de la
femme de Bruce Willis. Décidément on n'en sort pas.
Tu te souviens que je t'avais dit que le fils de Cronenberg
se lançait aussi dans la réalisation ? Brandon Cronenberg a présenté un
film à Cannes, Antiviral,
il y a quelques années, et quand on lit le synopsis on se rend compte que
"les chiens ne font pas des chats".
(Où l’on constate que Sarah Gadon, qui joue Clarisse Taggart jeune
et fantôme chez Cronenberg père, joue également le rôle d’Hannah Geist (soit « fantôme »
en allemand, comme par hasard) chez Cronenberg fils.)
Brandon Cronenberg est né en 1985. Or c'est en 1986
que le film La Mouche est sorti sur les écrans... On peut
donc raisonnablement supposer que l'année de production/tournage du film
coïncide avec celle de la naissance de son fils. Et si tu te souviens
bien il y a dans le film une scène d'accouchement assez horrible, où l'héroïne
met au monde une espèce de larve immonde.
Or celui qui,
dans le film, joue le rôle du médecin accoucheur est David Cronenberg
lui-même. Ai-je besoin d'en rajouter ?
Question évidemment rhétorique, et réponse évidente : "non".
LE POEME DE PAUL ELUARD
Beaucoup de spectateurs ont eu besoin d’un peu d’oxygène et
d’un petit moment pour se remettre des émotions fortes provoquées par le film.
Une fois le gros des émotions passé, certains se sont
demandés ce qui, chez Cronenberg, pouvait bien le pousser à recourir à ce genre
de psychanalyse artistique. Espérons pour lui que ce lui soit une forme réussie
de catharsis, et souhaitons-le aussi pour ses spectateurs.
En
tout cas, à la toute fin, on s’est quittés en se souhaitant une bonne nuit
dépourvue de cauchemars, et cela surtout sans adjuvants médicamenteux d’aucune
sorte.
Est-ce
un film de détente de fin de semaine ? Assurément non. Est-ce un film de
ciné club qui appelle la réflexion et suscite le débat ? Non moins
assurément oui.
Et
débat il n’y eut pas manqué d’avoir, en commençant par la question insoluble de
la sincérité et de la dissimulation.
Chez
tous les personnages le masque s’est confondu avec la peau. Les rôles des
films sont consubstantiellement
intégrés à la vie. D’où l’impression chez certains qu’on « n’y croit
pas », à leur vie, comme si tout le film était tourné en distanciation
implicite et qu’il n’y avait aucune solution de continuité entre le monde de la
vie privée (ce mot a-t-il un sens ici ?) et le monde des studios en
situation de filmage. Que dit d'ailleurs la mère dans sa trop luxueuse maison de verre? Quelque chose comme : "J'ai l'impression que je suis en exhibition ici." Elle est exposée en vitrine, ou en face du quatrième mur encore plus transparent que le verre, puisqu'il n'existe pas, et qu'il n'est occupé que par la caméra et l'équipe de tournage.
La
fille pyromane souhaite-t-elle vraiment guérir et en est-elle capable ?
Est-ce son père maladroit et égoïste qui la fait replonger par son attitude ou
aurait-elle persévéré dans sa nature de toute façon ? Chacun a cru ce
qu’il a voulu. En revanche, peu de discussion sur la sincérité de l’actrice
frustrée qui apprend que la noyade accidentelle du jeune fils de sa rivale lui
offre le rôle qu’elle croyait perdu. Danse de joie primitive à la gloire de
l’eau et du feu qui rend d’autant plus remarquable la scène précédente où se
jouait une sympathie feinte que n’aurait pas reniée Tartuffe.
Bien
sûr on a assez vite évoqué l’ombre de David Lynch. Mulholland Drive,
d’abord, à cause de la localisation hollywoodienne et de la ressemblance
curieuse des deux affiches.
Voici ce qu’en dit le réalisateur lui-même : « Il s'agit du rêve de Hollywood, d'une relation entre deux filles
différentes et d'un polar, avec des virages intéressants. »
Victime d’un accident de voiture, une mystérieuse femme,
amnésique et blessée, erre sur la sinueuse route de Mulholland Drive. Elle se réfugie dans la première maison
qu'elle trouve, l'appartement de la tante de Betty Elms, apprentie comédienne
fraîchement débarquée de province et venue conquérir Hollywood.
Mais on pense aussi au début de Blue Velvet, où la
façade engazonnée des petits pavillons proprets révèle par un zoom progressif
la pourriture cachée et les insectes à l’œuvre.
L’arme est présentée comme ayant participé à la tuerie de
Columbine. Les adolescents jouent les affranchis, mais chialent comme des
gosses quand la connerie dont ils sont habituellement si fiers a des
conséquences aussi dommageables que la mort de leur chien.
Cronenberg nous a épargné la mort par balle d’un gosse
irresponsable. Pourquoi ? L’étranglement d’un autre lui a-t-il paru
suffisant ?
Que surtout on ne voie aucun appel déplacé à la censure ni au boycott dans cette
remarque. La distanciation esthétique existe, et elle n’est pas seulement due à la façon de filmer. Elle a
été aussi perçue comme étant le résultat d’une exagération des effets qui, sans
aboutir vraiment au Grand Guignol, laisse la place à un grossissement comique
qui a été jusqu’à provoquer le rire, comme Rabelais savait le faire. Rire direct ou rire exutoire de la tension ?
Là encore c’est variable, selon les différents spectateurs.
LE POEME DE PAUL ELUARD
On a pu se demander pourquoi le poème de Paul Eluard, Liberté,
servait à ce point de fil rouge. Il en est sans doute plusieurs raisons, et on
peut très vite en deviner quelques-unes, comme par exemple l’expression commode
de la quête individuelle des personnages, la référence à un maître du courant
surréaliste qui ne dépareillerait pas avec le réalisateur, et surtout peut-être
le paradoxal et ironique contrepoint d’un des plus célèbres poèmes de la
Résistance dans un milieu de complète décadence.
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