35e séance avec débat
D’UNE VIE A L’AUTRE (Zwei Leben)
Europe 1990, le mur de Berlin est tombé.
Katrine a grandi en Allemagne de l’Est, et vit en Norvège depuis 20 ans.
Elle est le fruit d’une relation entre une Norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale. A sa naissance, elle a été placée dans un orphelinat réservé aux enfants aryens. Elle parvient à s’échapper de la RDA des années plus tard pour rejoindre sa mère.
Mais, quand un avocat lui demande de témoigner dans un procès contre l’Etat norvégien au nom de ces «enfants de la honte», curieusement, elle refuse. Progressivement de lourds secrets refont surface…
DU JEUDI 22 MAI AU LUNDI 26 MAI
+ CINÉ-DÉBAT VENDREDI 23 MAI à 20h30
Adaptation
D'une vie à l'autre est adapté du livre éponyme écrit par Hannelore Hippe qui a également collaboré au scénario.
Cependant, l'intrigue a été réécrite sous un point de vue différent et les
personnages ont été modifiés. Ce n'est donc pas une adaptation à la lettre qui
a été réalisée, l'histoire reste cependant la trame commune aux deux oeuvres.
Deuxième
essai
C'est ici le deuxième long-métrage de
fiction du réalisateur Georg Maas,
plus de dix ans après le premier intitulé "NeuFundLand"
("NewFoundLand" en anglais).
Nomination
D'une vie à l'autre est
nominé à la 86ème cérémonie des Oscars dans la catégorie meilleur film en
langue étrangère. L'actrice Juliane Köhler est une habituée des prestigieuses
statuettes puisque Nowhere in Africa, auquel
elle avait participé, avait déjà été nominé dans cette même catégorie en
2003 et avait remporté la précieuse récompense.
Polyglotte
Juliane Köhler et Ken Duken ont tous les deux dû apprendre le norvégien
pour les besoins de leurs rôles respectifs. A noter également la présence de la
star norvégienne Liv Ullmann,
égérie du réalisateur suédois Ingmar Bergman avec qui elle a tourné plus de dix
films.
Contexte
historique
Pendant la
Seconde Guerre mondiale, les enfants nés de relations entre des femmes norvégiennes
et des soldats allemands ont été placés dans des orphelinats. L'association du
"Lebensborn" créée par Himmler avait pour but d'élever des enfants de
pur type aryen. A la sortie de la guerre, la STASI (le Ministère de la Sécurité
d'Etat de la RDA) a utilisé ces enfants pour en faire des espions, créant ainsi
des doubles en volant l'identité des vrais enfants élevés dans ces orphelinats.
Préparation
et recherches
Beaucoup de recherches ont été effectuées
en amont du tournage. Le réalisateur Georg Mass et ses collaborateurs ont notamment
visité des anciens orphelinats : "Nous
avons visité, avec des enfants de Lebensborn, l’ancien foyer d’enfants de SS
Sonnenwiese en Saxe, et écouté des histoires bouleversantes sur leur destin et
leurs efforts pour retrouver leurs mères. Tout cela, pour la plupart, a été intégré
dans le film, même si ce n’est pas toujours explicitement raconté."
Le
jeu des couleurs...
Les couleurs
chaudes ont été privilégiées pour donner un sentiment de chaleur au film et que
le spectateur puisse se sentir "à l'aise". La chaleur exprimée par
les couleurs sert aussi à montrer la paix qui règne dans la famille présentée.
Mais ce choix de palette a pour but final de rendre "la chute de Katrine d’autant
plus dramatique".
Souvenir...
Liv Ullman,
l'une des interprètes de D'une vie à l'autre, se souvient d'une histoire
personnelle liée à l'univers du film :"Pendant la guerre, j’ai perdu
deux hommes de ma famille particulièrement importants pour moi. Mon père a été
tué au combat quand j’avais six ans, et mon grand-père est mort dans le camp de
concentration de Dachau. Ma tante s’était mariée avec un médecin allemand
longtemps avant la guerre. Quand veuve, elle est rentrée en Norvège après la
guerre, elle nous a expliqué que notre mère nous interdisait de parler allemand
avec nos cousins car elle haïssait les Allemands. Rétrospectivement, je trouve
que la réaction de ma mère était bornée : même si on ne peut pas oublier, il
faut pardonner. Pour moi, D’une vie à l’autre est aussi un film sur le
pardon."
Ramenons ici notre (Wiki) science :
Le Lebensborn e. V. (Lebensborn
eingetragener Verein, en français « Association enregistrée
Lebensborn ») était une association de l'Allemagne nationale-socialiste, patronnée par l'État et gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance
d'enfants « aryens » en permettant à des filles-mères possédant de
bonnes « qualités raciales », d'accoucher anonymement et de remettre
leur nouveau-né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.
Le terme « Lebensborn » est un néologisme formé à
partir de « Leben » (« vie ») et « Born »
(« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a
traduit en français par
« Fontaines de vie ».
C'est dans le cadre de la politique d'eugénisme sous le
nazisme et de promotion des naissances
exacerbée que les Lebensborn virent le jour à l'initiative de Heinrich Himmler, le 12 décembre 1935, cette politique étant le pendant des camps d’extermination.
Il s'agissait à l'origine de foyers et de crèches, mais il
semble sur la base de témoignages de voisinage, que la SS transforma rapidement
ces centres en lieux de rencontre, où des femmes allemandes considérées comme
« aryennes » pouvaient concevoir des enfants avec des SS.
Le but de ces centres était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement
pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les
enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de mille
ans ».
Encore dans les années 1970, ces maternités étaient considérées comme une
simple rumeur, donnant lieu à une grande puissance fantasmatique, certains y voyant
des haras humains, d'autres des bordels SS, jusqu'à ce que Georg Lilienthal, un
jeune historien spécialiste de la médecine SS, y consacre sa thèse en 1985.
Une dizaine d'établissements furent créés en Allemagne avant
la Seconde Guerre mondiale — 8 000
enfants y naquirent —, puis deux en Autriche et
un en Pologne,
après l'invasion de ce pays en septembre 1939.
La fascination des nazis pour la « race aryenne
nordique » les conduisit à ouvrir une dizaine de centres en Norvègerecueillant
des krigsbarn, « enfants de la guerre ». On estime à
entre 9 000 et 12 000 le nombre d'enfants nés
dans ces centres selon certaines sources.
L'objectif du Lebensborn était de permettre à des femmes,
mariées ou célibataires, de « race pure » de donner naissance à des
enfants dont les pères appartenaient à l'élite raciale, notamment des membres
de la SS.
Outre la reproduction de la race aryenne, le Lebensborn se
chargeait aussi de la germanisation d'orphelins issus de couple
mixtes, mais peut-être aussi d'enfants arrachés à leurs parents en provenance
de Norvège,
de Pologne et
deTchécoslovaquie. Ainsi, plus de 200 000
enfants furent emmenés en Allemagne et confiés à des familles allemandes.
Bibliographie :
Marc Hillel (en collab. avec Clarissa Henry), Au nom de la
race ; Paris (Librairie Arthème Fayard),
1975. - Ouvrage paru également en format de poche chez Marabout (collection Marabout
université), en décembre 1985; 274 pages.
Georg Lilienthal, Der
« Lebensborn e.V. » Ein Instrument nationalsozialistischer
Rassenpolitik, Fischer-TB, 2003
Boris Thiolay, Lebensborn : la fabrique des enfants parfaits : ces Français qui
sont nés dans une maternité SS, Éditions
Flammarion, 2012.
DU COTE D'INGMAR BERGMAN
Bibi Anderson (Suède) est la première égérie de Bergman.
Le septième sceau, 1955. |
Bibi Anderson : Mia, la compagne de Jof le baladin,
auprès du chevalier Antonius Block (Max von Sydow).
Liv Ullmann (Norvège), la seconde. Une étonnante
ressemblance qui n’a pas échappé à Ingmar Bergman.
Persona (1956) avec les deux actrices. |
Le tandem Liv Ullmann - Ingmar Bergman :
Actualité de Liv Ullmann en dehors de notre film :
Elle est réalisatrice et scénariste de Miss Julie dont la sortie est prévue
en 2014, d'après Mademoiselle Julie, la pièce d'August
Strindberg.
À la fin du XIXe siècle en Irlande du
Nord, les jeux de séduction entre une comtesse et son valet.
Le point de départ, le roman.
http://www.cinealliance.fr/22102-interview-hannelore-hippe-film-dune-vie-lautre.html
HANNELORE HIPPE pour le film D’une vie à
l’autre (Zwei Leben) qui sortira le 7 mai 2014.
L’Interview a été réalisée par Gérard Chargé (Ciné
Zooms – www.cine-zoom.com)
pendant les 18 èmes rencontres du cinéma de Gérardmer.
Propos choisis :
Mon message : peu importe l’histoire, le contexte
historique, quand des êtres humains s’aiment. Ce qui compte, c’est leur amour.
Il y a deux sources. La première, c’est l’assassinat
d’une jeune femme à Bergen. Le cas n’a jamais été élucidé, et je me suis
procuré les comptes-rendus de la police criminelle norvégienne.
La seconde, c’est une source journalistique qui relatait
comment on a eu 9000 naissances en Norvège durant l’occupation nazie entre
femmes norvégiennes et soldats allemands.
Beaucoup de ces femmes et enfants ont été amenés en
Allemagne vaincue et mis dans des camps, certains en Allemagne de l’Est. Parmi
eux, un très petit nombre, environ une vingtaine sans doute, ont été choisis,
et on leur a fourni une identité entièrement reconstruite en vue d’en faire des
espions.
Ainsi des hommes et femmes ont ensuite mené une vie
normale en Norvège, et on a très peu de renseignement pour savoir de quelles
personnes ils ont vraiment pris la place.
Parmi les pays concernés par ces fausses identités, il y
a aussi, avec la Norvège, le Danemark.
Une des plus célèbres de ces personnes , c’est une des
chanteuses de ABBA qui a pour origine
un couple norvégien -allemand (le traducteur dit « franco-allemand »
mais il se trompe)et qui est venue après en Suède.
C’est un thème tabou jusqu’à 10 ans après la chute du
mur, jusqu’au début des années 2000.
Mes relations privilégiées avec la Norvège ? C’est
que mon ami est Norvégien, c’est pourquoi je parle le norvégien.
(Question : Vous avez participé au scénario. Est-ce
qu’on accepte de connaître ces faits en Allemagne ?)
J’ai demandé au producteur dès le début à participer au
scénario, et du reste ce scénario a évolué entre le livre et le film.
Alors, quand on me demande si le résultat me satisfait,
je réponds que je suis co-responsable.
Sans l’apport des Norvégiens, le film ne se serait pas
fait, et la présence de Liv Ullmann a été pour cela déterminante.
J’avais donné mon manuscrit à Liv Ullmann pour le lire en
2005.
Elle était fascinée et a dit : « Je veux jouer
cela ! »
Quelle fierté et quelle joie pour moi ! |
Elle n’avait plus joué depuis longtemps, et elle a confié
aussi que ce serait son dernier en tant qu’actrice.
Ce fut donc déterminant pour trouver ensuite du
financement en Allemagne, et malgré cela, jusqu’au dernier moment, rien n’était
assuré, malgré la modération salariale des gens qui ont fait le film.
On était très contents de s’engager tous pour mener à
bien le projet en Norvège, puis en Allemagne, et maintenant on est contents de
voir l’intérêt des Français pour le film.
Cela justifie le livre, et que le film d’où il est tiré
soit sorti avant que le livre ne soit édité, c’est très rare.
Les éditeurs au début étaient très réticents. Ils
disaient : « Stasi… nazis… Norvège… Lebensborn,… personne n’en
voudra. »
L’intérêt pour le film dans les trois pays que je viens
de citer a levé les obstacles.
Il y a forcément plus de choses dans le livre. L’histoire
amoureuse de « Liv Ullmann » et du soldat allemand, l’enfance et le
jeunesse de la jeune femme assassinée, se découvrent dans le livre. Dans le
film, c’est simplement suggéré, pour des raisons de contraintes cinématographiques,
mais aussi de coût.
En revanche, l’avocate est une personne rajoutée, elle
n’est pas dans le livre. Dans le livre, c’est la nièce qui va découvrir cette
histoire.
Dans le roman, c’est l’espionne qui va tuer la vraie
femme.
Il fallait un peu plus de légèreté dans le film.
(Question : Le dossier des archives que vous avez
montré est très mince. Vous en avez d’autres ?)
j’ai utilisé surtout des livres déjà écrits, et pas
directement les archives de la Stasi.
J’ai déjà collaboré à des films TV. C’est la première
fois que je participe à un film de cinéma.
(Question : Vous allez continuer dans cette
voie ?)
Nein ! |
C’est une belle expérience, une histoire longue, j’ai
beaucoup pleuré, et j’ai aussi beaucoup ri. Mais je suis avant tout écrivain de
roman, c’est là que j’ai toute ma liberté.
J’ai un projet de roman qui se passe en Irlande, un pays
que je connais bien. Et le dernier bébé, c’est toujours le plus beau bébé.
Son titre ? Il est provisoire : Complot
celtique.
Un cas célèbre.
Anni-Frid Synni « Frida » Lyngstad, désormais Son Altesse Sérénissime la Princesse
Anni-Frid Synni Reuss, Comtesse de Plauen (en
allemand Anni-Frid, Prinzessin Reuss, Gräfin von Plauen) (née le 15 novembre 1945 à Bjørkåsen, commune de Ballangen, près de Narvik, Norvège) est une
chanteuse surtout connue pour avoir été l'une des membres du groupe musical
suédois ABBA.
Elle est l'une des 12 000 enfants norvégiens nés
des amours entre soldats allemands et femmes norvégiennes pendant l'occupation
du pays par l'Allemagne, durant la seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1945. Après la guerre, ces femmes et leurs
enfants sont devenus des parias de la société norvégienne : nombre d'entre
elles furent violées par des résistants, enfermées dans des maisons closes, internées ou
expulsées. Certaines d'entre elles et leurs enfants auraient servi de cobayes
pour l'expérimentation de drogues comme le LSD par l'armée norvégienne et la CIA. Pour fuir ce
rejet social, la mère d'Anni-Frid, Synni, émigre en Suède.
Elle
épouse Benny le 6 octobre 1978, pour en divorcer trois ans plus tard. La
chanteuse sort un troisième album solo en suédois en 1975 Ensam qui
comporte une première version du titre Fernando et obtient un disque de platine en Suède.
Durant
cette période, elle a une révélation sur ses origines. Anni-Frid croyait que
son père était mort lorsque son navire avait été coulé par les Alliés pendant
la Seconde Guerre mondiale. Elle découvre qu'elle est en réalité la fille d'un sergent allemand
marié, Alfred Haase, lorsqu'un magazine allemand
(Bravo) publie sa biographie en 1977. La nièce d'Alfred Haase fait alors
le rapprochement avec son oncle et prévient ce dernier. Le père et la fille se
rencontreront.
Le 26 octobre 1992, elle épouse
Son Altesse Sérénissime le Prince Heinrich Ruzzo Reuss von Plauen, membre de la famille
princière allemande Reuss. Celui-ci décède en 1999 à l'âge de 49 ans.
ABBA en 1974 : Benny Andersson, Anni-Frid Lyngstad, Agnetha Fältskog et Björn Ulvaeus. |
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