15e séance avec débat
Débat Ciné-Rencontres
vendredi 29 novembre à 20h30
LA MARCHE
Film de Nabil Ben Yadir avec Jamel Debbouze, Olivier Gourmet. (2h00)
En 1983, dans une France en proie à l’intolérance et aux actes de violence raciale, trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes lancent une grande Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, de plus de 1000 km entre Marseille et Paris. Malgré les difficultés leur mouvement va faire naître un véritable élan d’espoir. Ils uniront à leur arrivée plus de 100 000 personnes et donneront à la France son nouveau visage.
Trente ans plus tard, le (superbe) film de Nabil Ben Yadir, retrace l'aventure de ces marcheurs. Les difficultés et les résistances rencontrées. Les moments de joie, d'épuisements ou de doute. Le long-métrage, fort et puissant sur des enjeux très sérieux, non dépourvu d'humour et servi par une brochette d'acteurs excellents ne laissera pas insensible...
Jamel dit-il vrai
sur les crimes contre les Maghrébins en 1983 ?
Faux
Pas de chiffre officiel
Estimations
Faits divers tragiques
La vraie histoire de la Marche des
Beurs
Une vraie actualité
John attire notre attention sur cet article de Libération.
La montée de la «marche»
Retour en 1983
quand la France antiraciste défilait.
De son côté, Michel attire notre attention sur cet article de Marianne (c'est moi qui fais ressortir certaines phrases):
Charlie Hebdo
et le rap de l’autodafé
En
marge de la sortie du film « La Marche », qui célèbre la marche des Beurs de
1983 est sortie une chanson qui appelle à l’autodafé contre Charlie Hebdo.
Personne ne semble s’en émouvoir.
Si on en croit les sorties cinématographiques du moment, il y a incontestablement une vraie actualité du thème. C’est
souvent l’occasion, pour le cinéma, d’interroger les événements fondateurs à
plusieurs décennies, voire presque un siècle, de distance : l’histoire et
l’actualité se télescopent, si bien que le regard rétrospectif tend
naturellement à susciter des jugements divers. Le spectateur-juge parle alors
d’échec retentissant ou d’élan décisif, de naïveté puérile ou de lucidité en
avance sur son temps, d’aveuglement coupable devant la complexité des faits ou
de courage pionnier qui a fait avancer l’humanité dans le sens du progrès. Bref, des motifs de débats en perspective.
L’HISTOIRE
Film américain avec Marion Cotillard
1921. Ewa et sa sœur Magda quittent leur Pologne natale pour
la terre promise, New York. Arrivées à Ellis Island, Magda, atteinte de
tuberculose, est placée en quarantaine. Ewa, seule et désemparée, tombe dans
les filets de Bruno, un souteneur sans scrupules. Pour sauver sa sœur, elle est
prête à tous les sacrifices et se livre, résignée, à la
prostitution. L’arrivée d’Orlando, illusionniste et cousin de Bruno, lui
redonne confiance et l'espoir de jours meilleurs. Mais c'est sans compter sur
la jalousie de Bruno...
L’ACTUALITE
L’escale de Kaveh Bakhtiani (27 novembre 2013)
A Athènes, le modeste appartement d’Amir, un immigré
iranien, est devenu un lieu de transit
pour des migrants qui, comme lui, ont fait le choix de quitter leur pays.
Mais la Grèce n’est qu’une escale, tous espèrent rejoindre d’autres pays occidentaux.
Ils se retrouvent donc coincés là, chez Amir, dans l’attente de papiers, de contacts et du passeur à qui ils confieront peut-être leur destin...
pour des migrants qui, comme lui, ont fait le choix de quitter leur pays.
Mais la Grèce n’est qu’une escale, tous espèrent rejoindre d’autres pays occidentaux.
Ils se retrouvent donc coincés là, chez Amir, dans l’attente de papiers, de contacts et du passeur à qui ils confieront peut-être leur destin...
Jamel
Debbouze lance notre débat.
France
INFO
27
NOVEMBRE 2013
Jamel dit-il vrai
sur les crimes contre les Maghrébins en 1983 ?
A l'occasion de la sortie du film "La Marche"
qui retrace la marche contre le racisme en 1983, Jamel Debbouze affirme qu'à
"cette époque, un Maghrébin mourait tous les 2 ou 3 jours par balle ou à
cause d'un crime raciste". Vrai ou faux ? Réponse ici.
Jamel Debbouze le 24 février
2013 © Reuters - Gonzalo Fuentes
Faux
Nous avons contacté plusieurs historiens et sociologues spécialistes
de l'immigration. Et tous m'ont dit que Jamel Debbouze exagérait.
Pas de chiffre officiel
Les
chiffres ne sont pas évidents à cerner. Avant de contacter les historiens qui
nous ont donné des estimations, nous avons d'abord appelé l'Observatoire
national de la délinquance et des réponses pénales. Le
responsable des statistiques de l'Office, Cyril Rizk, affirme que quand on évoque
"des crimes dont
la motivation est le racisme, la xénophobie, aujourd'hui, avec les outils
disponibles, on ne peut pas répondre à cette question. Donc j'imagine qu'en
1983, c'était encore moins possible. En fait, il n'est pas prévu dans les
outils existants la capacité de compter ce genre de faits".
Estimations
Il existe
malgré tout des chiffres provenant de sources différentes. Le sociologue
Abdellali Hajjat vient de publier le livre "La marche pour l'égalité
et contre le racisme". Il revient sur les violences de
l'année 1983. Dans le livre, il est noté que d'après le ministère de l'Intérieur,
cinq Maghrébins ont été tués pour motifs racistes cette année là. Et d'après
les organisations de lutte contre le racisme, le bilan est plus lourd : 21
morts.
Faits divers tragiques
Reste que
1983 a été marquée par des faits divers racistes particulièrement tragiques. Le
plus connu reste l'assassinat d'un algérien dans le train Bordeaux-Vintimille
en novembre 1983, en pleine marche contre le racisme. La victime avait été rouée
de coups, poignardée et jetée du train qui roulait à pleine vitesse par trois hommes
qui postulaient à la légion étrangère. 90 passagers avaient vu ou entendu les
violences commises contre la victime. Aucun n'avait tiré le signal d'alarme.
Au delà des chiffres dont nous venons de parler, l'horreur de ce crime avait provoqué une émotion très forte dans l'opinion.
Au delà des chiffres dont nous venons de parler, l'horreur de ce crime avait provoqué une émotion très forte dans l'opinion.
Abdellali Hajjat
La Marche pour l'égalité et contre le racisme
Coll. : Hors collection
Trente
ans après, que reste-il de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de l’automne 1983? Initiée par des jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux et des militants antiracistes de la Cimade à la suite des rébellions urbaines de la banlieue lyonnaise, cette
mobilisation sans précédent symbolise l’apparition dans l’espace public des enfants d’immigrés post-coloniaux.
La Marche représente une sorte de «Mai 68 » des jeunes immigrés qui prennent la parole contre les crimes racistes, pour l’égalité devant la justice et la police, le droit au travail, le droit au logement, l’accès à la culture, etc. S’appuyant sur une étude empirique, La Marche
pour l’égalité et contre le racisme se donne pour objectif d’éclairer certaines zones d’ombre d’un événement mythique mais méconnu.
Il s’agit aussi pour Abdellali Hajjat d’une porte d’entrée idéale pour éclairer les relations sociales entre groupe national majoritaire et groupes minoritaires, au travers d’enjeux cruciaux pour la société tout entière: légitimité de la présence des immigrés sur le territoire, reconnaissance des déviances policières violentes, recrudescence des crimes racistes, passage de la rébellion violente à l’action collective
non-violente, politisation des jeunes de cité, question post-coloniale, construction du «problème musulman», etc.
L’histoire de la Marche constitue un puissant révélateur de ces enjeux politiques toujours d’actualité.
Abdellali Hajjat est sociologue, maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Ouest Nanterre et membre de l’Institut des sciences sociales du politique. Il a publié Islamophobie (avec Marwan Mohammed, La Découverte, 2013), Les Frontières de l’« identité nationale » (La Découverte, 2012), et co-dirigé Histoire politique des immigrations (post)coloniales (avec Ahmed Boubeker, éditions Amsterdam, 2008) et Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005)(avec Sophie Béroud, Boris Gobille et Michelle Zancarini-Fournel, EAC, 2011).
mobilisation sans précédent symbolise l’apparition dans l’espace public des enfants d’immigrés post-coloniaux.
La Marche représente une sorte de «Mai 68 » des jeunes immigrés qui prennent la parole contre les crimes racistes, pour l’égalité devant la justice et la police, le droit au travail, le droit au logement, l’accès à la culture, etc. S’appuyant sur une étude empirique, La Marche
pour l’égalité et contre le racisme se donne pour objectif d’éclairer certaines zones d’ombre d’un événement mythique mais méconnu.
Il s’agit aussi pour Abdellali Hajjat d’une porte d’entrée idéale pour éclairer les relations sociales entre groupe national majoritaire et groupes minoritaires, au travers d’enjeux cruciaux pour la société tout entière: légitimité de la présence des immigrés sur le territoire, reconnaissance des déviances policières violentes, recrudescence des crimes racistes, passage de la rébellion violente à l’action collective
non-violente, politisation des jeunes de cité, question post-coloniale, construction du «problème musulman», etc.
L’histoire de la Marche constitue un puissant révélateur de ces enjeux politiques toujours d’actualité.
Abdellali Hajjat est sociologue, maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Ouest Nanterre et membre de l’Institut des sciences sociales du politique. Il a publié Islamophobie (avec Marwan Mohammed, La Découverte, 2013), Les Frontières de l’« identité nationale » (La Découverte, 2012), et co-dirigé Histoire politique des immigrations (post)coloniales (avec Ahmed Boubeker, éditions Amsterdam, 2008) et Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005)(avec Sophie Béroud, Boris Gobille et Michelle Zancarini-Fournel, EAC, 2011).
« J’ai tourné le film mais je n’ai même pas lu le scénario !
Je joue un rôle de composition complet, qui n’existait pas dans la réalité. A l’époque,
j’ai participé à la manifestation à Paris, sur les épaules de mon oncle, mais
je ne me rendais pas compte du symbole de la marche. C’était très important
pour nous d’être à Lyon car c’est d’ici que tout est parti. Nos parents n’auraient
jamais imaginé faire une manifestation pacifique pour réclamer l’égalité et
leurs droits. On doit beaucoup à ces marcheurs intègres, discrets, qui n’ont
pas toujours eu la reconnaissance qu’ils méritaient. Aujourd’hui, la police ne
nous tire plus dessus, on meurt de moins en moins, c’est déjà un gros progrès.
J’avais déjà connu un peu ça pour Indigènes [Rachid Bouchareb, 2006], mais j’ai le sentiment que
c’est la première fois qu’on ait traités comme des héros. On a tous grandi ici,
on vit ici, on est des « Ciciens » ! Ce n’est pas la Marche des Beurs, comme l’on
dit les journalistes ou SOS Racisme qui s’est livré à une récupération massive
du mouvement une fois qu’il a pris de l’ampleur. C’est la marche tout court.
Pour l’égalité. Je suis heureux d’avoir ce film ne serait-ce que pour rétablir
certaines vérités derrière la récupération. Aujourd’hui, on se demande ce que
va faire le Front national. Ce que va faire le Front national ? Il va nous
faire peur comme toujours. Et Harlem Désir, qu’est-ce qu’il devient ? (rires)
Plutôt que de parler d’eux, je suis fier d’avoir participé à un film qui met en
lumière des gens qui cherchaient une reconnaissance citoyenne plutôt que la
lumière. »
Source: Tribune de Lyon
Cette histoire ne serait sans doute rien sans celle de
Toumi Djaïdja, initiateur et symbole vivant de la Marche, dont l'histoire est
racontée dans un autre livre cosigné avec Adil Jazouli .
l’un des premiers
chercheurs
à avoir travaillé sur le terrain
des quartiers populaires en
France.
Toumi Djaïdja fut à 20 ans
l’initiateur et le symbole
de la Marche pour l’Égalité.
Cela se passe en France. C’est la plus belle aventure de la
jeunesse des quartiers populaires de l’histoire récente : la Marche pour
l’Égalité et contre le Racisme. Partis de la cité la plus violente de l’époque,
les Minguettes à Vénissieux, une poignée de jeunes traversent la France pendant
plusieurs semaines pour délivrer, contre toutes les violences, les racismes et
les injustices, un message d’égalité, de paix, de non-violence – et d’amour
pour leur pays.
À leur arrivée à Paris le 3 décembre 1983, ils seront
accueillis par plus de 100 000 personnes dans une ambiance à la fois grave et
joyeuse.
Mais cette histoire ne serait rien sans celle, hors du
commun, de Toumi Djaïdja, initiateur et symbole vivant de la Marche ; ce
livre raconte son histoire dans cette histoire – celle d’un itinéraire
singulier qui rencontre un destin collectif pour écrire une nouvelle page d’une
utopie plus vivante que jamais. Une épopée moderne à découvrir par les jeunes
générations !
Editions de l’aube
Catégorie: Essais
Collection: Urgence de
comprendre
Date de parution: 01/11/2013
La vraie histoire de la Marche des
Beurs
Préface de Najat Vallaud-Belkacem
Présentation
Chômage, pauvreté, ratonnades et meurtres racistes, rodéos
et délinquance forment un mélange explosif aux Minguettes, une cité sensible
près de Lyon. Le 20 juin 1983 à 2 h du matin, un maître-chien de la police tire
sur Toumi Djaïdja. La balle transperce le ventre du jeune président de
l’association SOS Avenir Minguettes. Une flaque de sang se répand en bas de la
tour numéro 10, dite ‘tour de la mort’. Le coup de feu de trop ? Quatre mois
plus tard, une dizaine de jeunes et quelques ecclésiastiques lyonnais entament,
dans l’indifférence générale, une longue marche pour l’égalité et contre le
racisme. Le 3 décembre, ils arrivent à Paris où 100 000 personnes font un
triomphe à cette Marche des Beurs. Le soir même, François Mitterrand reçoit les
marcheurs à l Élysée. Que s’est-il passé entre ces deux dates ? Comment la
France profonde a-t-elle accueilli les loubards des Minguettes ? Découvrez la
vraie histoire de la Marche des Beurs, l’une des plus belles aventures humaines
du XXe siècle.
Journaliste professionnel, Michael Augustin vit et travaille
à Lyon. Rédacteur en chef du site d’informations Lyon Info, il collabore
également avec d’autres publications locales et nationales.
Source: Source: éditions
Bellier
Le site référence :
15 octobre 2013 |
15 octobre 2013 |
John attire notre attention sur cet article de Libération.
La montée de la «marche»
26 NOVEMBRE 2013 À 18:08 (MIS À JOUR : 27 NOVEMBRE 2013 À 11:14)
(Photo DR)
CINÉMA
Retour en 1983
quand la France antiraciste défilait.
Tout le monde connaît le début de l’histoire. Le
10 mai 1981, sur le coup de 20 heures, François
Mitterrand est élu président de la République française. La gauche revient
au pouvoir vingt-trois ans après [Rappel : 14 mai 1958 chute du gouvenement Félix Gaillard (PRS, Parti
Radical Socialiste), René Coty président de la IVe République finissante]. Un souffle nouveau
envahit le pays. L’état de grâce dure un petit semestre. Un peu moins dans la banlieue
lyonnaise (Vénissieux, Rillieux-la-Pape, Bron) où des gamins, lassés d’un
racisme honteux, d’être exclus de tout ce qui compte, mettent le feu aux
bagnoles et se fritent avec le pouvoir. Une époque où un jeune peut perdre la
vie ; coupable d’arborer les mauvaises couleurs. Les enquêtes ne vont jamais
bien loin, et ça finit par se voir. La tension monte. Eté 83, des
affrontements éclatent (encore) aux Minguettes, à Vénissieux, entre
jeunes des barres et policiers. Toumi Djaïdja tombe sous les balles. Il se
relèvera. Sous l’impulsion du curé Christian Delorme, ils décident de marquer
le coup. Ils traversent la France pour demander l’égalité. Trente ans plus
tard, on ne lésine pas pour ressusciter l’histoire. Documentaires, bouquins,
débats…
Le Belge Nabil ben Yadir a décidé d’en faire un film, la Marche. Le casting a de la gueule. Après Né quelque part, Tewfik Jallab confirme. Oliver Gourmet
assure, et Jamel Debbouze laisse de la lumière à ses camarades. Le film raconte
toute l’épopée, longue de 1 500 bornes. Des débuts compliqués,
ponctués de toutes sortes de péripéties, une quinzaine de personnes à Marseille
le 15 octobre. A l’arrivée triomphale, plus de 100 000 manifestants à
Paris le 3 décembre. Les images de l’INA donnent de l’ampleur. Comme cette
jeune fille à la tête d’ange qui balance : «On ne demande pas la Lune,
on veut seulement vivre.» La
réalité est tellement consistante que les ajouts fictionnels surchargent un peu
le propos. La croix gammée tatouée par des fachos sur le dos de Monia (Hafsia
Herzi) intrigue et n’apporte rien. Idem lorsque Claire (Charlotte Le Bon)
est victime d’une tentative de viol. Par contre, la musique, les fringues
colorées ajoutent du charme à cette France des années 80.
A l’écran, la Marche dure deux heures. Le format idoine. Mais
on aurait aimé que Nabil ben Yadir nous montre aussi l’after. La récup
politicarde de la gauche réformiste, qui a permis l’accouchement de SOS Racisme,
cette usine à futurs bureaucrates. La Marche pour l’égalité a été pillée, victime
de sa réussite, de sa force vitale et de sa fraîcheur. Depuis, les
politiques se succèdent, et les promesses s’empilent. En vain. Elle a tout de
même changé des choses. Montré au pays le visage d’une jeunesse qu’elle
refusait de voir. Aujourd’hui, ce pays, notre pays, sait que cette jeunesses
existe. Mais de là à la comprendre…
Charlie Hebdo
et le rap de l’autodafé
Jeudi 28 Novembre 2013 à 05:00 |
Lu 12002 fois I 38 commentaire(s)
Directeur adjoint de la rédaction de Marianne et grand
amateur de théâtre
En
marge de la sortie du film « La Marche », qui célèbre la marche des Beurs de
1983 est sortie une chanson qui appelle à l’autodafé contre Charlie Hebdo.
Personne ne semble s’en émouvoir.
C’est juste une chanson mais elle en dit long sur l’état
d’esprit qui imprègne certains milieux. Réalisée en marge du film « La
Marche », qui évoque l’initiative des Beurs contre le racisme de
1983, elle a été composée et interprétée par une dizaine de rappeurs, dont
Akhenaton, Disiz la Peste, Kool Shen et Nekfeu.
L’un des couplets de cette chanson assimile la critique de l’islam à une forme de racisme avant de se terminer par cette sentence digne d’une fatwa : « Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo ». Les responsables du journal satyrique (sic) ont fait part de leur« effarement ». C’est le moins que l’on puisse dire. Rappelons à ceux qui l’auraient oublié que leurs locaux ont déjà été dévastés par un incendie qui n’avait rien d’accidentel et qu’ils ont été inondés par les menaces de mort.
Certes, il ne s’agit que d’une chanson. Certes, on n’est ni en Afghanistan ni au Pakistan, mais chacun connaît le poids des mots et le choc des formules.
On aurait donc pu s’attendre, de la part des auteurs de ce libelle assassin, sinon à des excuses (ce n’est pas le genre de la maison) du moins à des prises de distance.
Pas du tout. On passera sur ceux qui ont pris à la chose à la légère, comme si les rappeurs étaient les descendants spirituels d’un Brassens appelant à « rosser les cognes ». Le Grand Georges, lui, n’était violent qu’en chanson (et encore). Aujourd’hui, dans un contexte de folie intégriste et de repli communautariste, on passe vite de la parole agressive au geste définitif.
Mais le plus inquiétant est que personne ne se soit offusqué d’un engrenage débouchant sur un cri de haine contraire à l’esprit même de la marche de 1983, d’inspiration laïque, et qui était à mille lieux de toute récupération religieuse. A l’époque il s’agissait de défendre les immigrés. Aujourd’hui on renvoie immédiatement ces derniers à une essence musulmane supposée ne tolérant aucune critique.
Résultat : à quelques exceptions près, tout le monde a trouvé le propos des rappeurs normal, justifié, logique, inévitable. Provocateur ? Oui, peut-être, mais pas plus que çà. (sic)
D’aucuns ont invoqué la « liberté d’expression », comme si les mots susdits n’étaient pas empreints d’une violence rappelant de fort mauvais souvenirs. Certains sont allés jusqu’à expliquer que « Charlie » l’avait bien cherché avec l’affaire des caricatures de Mahomet. En somme, ce journal étant coupable du crime de « blasphème », il n’a que ce qu’il mérite, et on peut se permettre d’appeler à le brûler une seconde fois. D’ailleurs, il est devenu banal de considérer que « Charlie » est un journal islamophobe, voire carrément raciste, bref un concurrent de « Valeurs Actuelles ».
Dans le langage fleuri de Disiz la Peste, cela donne : « Le rap, c’est une émotion, une humeur, ça sort des tripes. « Charlie Hebdo » brandit sa carte de caricaturiste à chaque fois qu’on le critique, laissez-nous brandir la nôtre. Nous aussi, on a le droit à l’outrance, à l’humour ».
Tels sont les nouveaux canons de l’humour : tu as le droit de critiquer ma religion et j’ai le droit d’appeler à ton lynchage. C’est super drôle et on a tous envie de rigoler. Si l’on était en Arabie Saoudite, ou en Iran, on pourrait se dire qu’il s’agit d’un énième épisode de la dérive intégriste dont les musulmans sont les premières victimes. Mais cela se passe en France, et l’on peut s’étonner que des appels à l’autodafé d’un journal, quel qu’il soit, puissent avoir droit de cité sans susciter l’indignation qu’ils méritent.
L’un des couplets de cette chanson assimile la critique de l’islam à une forme de racisme avant de se terminer par cette sentence digne d’une fatwa : « Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo ». Les responsables du journal satyrique (sic) ont fait part de leur« effarement ». C’est le moins que l’on puisse dire. Rappelons à ceux qui l’auraient oublié que leurs locaux ont déjà été dévastés par un incendie qui n’avait rien d’accidentel et qu’ils ont été inondés par les menaces de mort.
Certes, il ne s’agit que d’une chanson. Certes, on n’est ni en Afghanistan ni au Pakistan, mais chacun connaît le poids des mots et le choc des formules.
On aurait donc pu s’attendre, de la part des auteurs de ce libelle assassin, sinon à des excuses (ce n’est pas le genre de la maison) du moins à des prises de distance.
Pas du tout. On passera sur ceux qui ont pris à la chose à la légère, comme si les rappeurs étaient les descendants spirituels d’un Brassens appelant à « rosser les cognes ». Le Grand Georges, lui, n’était violent qu’en chanson (et encore). Aujourd’hui, dans un contexte de folie intégriste et de repli communautariste, on passe vite de la parole agressive au geste définitif.
Mais le plus inquiétant est que personne ne se soit offusqué d’un engrenage débouchant sur un cri de haine contraire à l’esprit même de la marche de 1983, d’inspiration laïque, et qui était à mille lieux de toute récupération religieuse. A l’époque il s’agissait de défendre les immigrés. Aujourd’hui on renvoie immédiatement ces derniers à une essence musulmane supposée ne tolérant aucune critique.
Résultat : à quelques exceptions près, tout le monde a trouvé le propos des rappeurs normal, justifié, logique, inévitable. Provocateur ? Oui, peut-être, mais pas plus que çà. (sic)
D’aucuns ont invoqué la « liberté d’expression », comme si les mots susdits n’étaient pas empreints d’une violence rappelant de fort mauvais souvenirs. Certains sont allés jusqu’à expliquer que « Charlie » l’avait bien cherché avec l’affaire des caricatures de Mahomet. En somme, ce journal étant coupable du crime de « blasphème », il n’a que ce qu’il mérite, et on peut se permettre d’appeler à le brûler une seconde fois. D’ailleurs, il est devenu banal de considérer que « Charlie » est un journal islamophobe, voire carrément raciste, bref un concurrent de « Valeurs Actuelles ».
Dans le langage fleuri de Disiz la Peste, cela donne : « Le rap, c’est une émotion, une humeur, ça sort des tripes. « Charlie Hebdo » brandit sa carte de caricaturiste à chaque fois qu’on le critique, laissez-nous brandir la nôtre. Nous aussi, on a le droit à l’outrance, à l’humour ».
Tels sont les nouveaux canons de l’humour : tu as le droit de critiquer ma religion et j’ai le droit d’appeler à ton lynchage. C’est super drôle et on a tous envie de rigoler. Si l’on était en Arabie Saoudite, ou en Iran, on pourrait se dire qu’il s’agit d’un énième épisode de la dérive intégriste dont les musulmans sont les premières victimes. Mais cela se passe en France, et l’on peut s’étonner que des appels à l’autodafé d’un journal, quel qu’il soit, puissent avoir droit de cité sans susciter l’indignation qu’ils méritent.
Parmi les commentaires plus ou moins dicibles qui
suivent l’article, j’extrais un contexte plus élargi des paroles incriminées, ainsi qu’un effort pédagogique de rappel des règles.
21.Posté par ROGER LE GUICHOUX le 28/11/2013 12:26
"D't'façon y'a pas plus ringard que le raciste
Ces théoristes veulent faire taire l'islam
Quel est le vrai danger : le terrorisme ou le taylorisme?
Les miens se lèvent tôt, j'ai vu mes potos taffer
Je réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie
Hebdo."
16.Posté par FABIENNE COURVOISIER le 28/11/2013
11:22
La LIBERTE de Conscience ne se borne pas,
comme"on" voudrait nous le faire admettre (croire),à la "liberté
religieuse"(sic) mais englobe aussi la LIBERTE d'Expression(de la
Presse)...etc.
Si ,en République Française(UNE, indivisible, laïque) nous avons TOU(TE)S le Droit(trop peu utilisé) de critiquer les religions(toutes), en revanche PERSONNE n'y a le droit d'appeler au lynchage
Autre rappel: sur le SOL Français (=de la République), le blasphème n'existe pas ... mais le droit de critiquer (toutes) les religions,si.
La Liberté de Culte est un droit: cela ne signifie pas obliger Autrui à avoir une religion ni à "croire"(les athées ont le DROIT d'être...athées)
Un DROIT n'est PAS une OBLIGATION mais doit être respecté par tou(te)s.
Et le verdict envers Baby Loup est "encourageant!
Si ,en République Française(UNE, indivisible, laïque) nous avons TOU(TE)S le Droit(trop peu utilisé) de critiquer les religions(toutes), en revanche PERSONNE n'y a le droit d'appeler au lynchage
Autre rappel: sur le SOL Français (=de la République), le blasphème n'existe pas ... mais le droit de critiquer (toutes) les religions,si.
La Liberté de Culte est un droit: cela ne signifie pas obliger Autrui à avoir une religion ni à "croire"(les athées ont le DROIT d'être...athées)
Un DROIT n'est PAS une OBLIGATION mais doit être respecté par tou(te)s.
Et le verdict envers Baby Loup est "encourageant!
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