PRESENTATION DES FILMS DE FIN D'ANNEE SCOLAIRE
JEUDI 26 JUIN 2014
A 17 H 45
Nous avons la chance à Vierzon d’avoir un lycée avec une
Option cinéma où se transmet une solide culture audiovisuelle, aussi bien
théorique que pratique.
Les liens sont évidents et historiques : les créations
du Ciné Lumière, de l’Option cinéma du lycée Edouard Vaillant et de
l’association cinéphilique Ciné Rencontres sont concomitantes.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul partenariat : les
collègues d’histoire, de français sont des habitués des séances scolaires.
Cette année, les collègues de mathématiques et d’espagnol ont également encadré
des séances mémorables (journée Comment
j’ai détesté les maths, d’Olivier Peyon, et journée CALIPAS dont la
Colombie est le pivot).
L’actualité immédiate, dès jeudi prochain (jeudi 26 juin
2014), à partir de 17 h 45, c’est la présentation devant le public du Ciné-Lumière des travaux
réalisés par les élèves de l’Option cinéma au cours de l’année scolaire qui
s’achève. Profitez-en et n’hésitez pas à venir les encourager avant qu’ils ne
présentent leur travail aux examinateurs du baccalauréat. L’entrée est gratuite
et accessible à tous.
A droite, Fabien Ferrand, un fondateur de l’Option cinéma du
lycée Edouard Vaillant,
le pilote de l'option lourde toujours à la barre, ici venu accompagner les collègues d’espagnol
et Franz Florez (entouré de deux élèves du lycée), lors de la projection du film
L’Homme aux serpents du 23
octobre 2013.
Si on souhaite s'y reporter:
Encore une année d’un très bon cru, et on devine derrière
tout cela beaucoup de bonnes notes pour le lycée Edouard Vaillant.
Des plans qui restent dans les mémoires par un rapide
sondage autour de moi : le sagittaire dans le film inspiré par l'horoscope, les mains ensanglantées de Simon
quand le corps est prestement tiré, dans le film où les maquillages sanglants abondent, le déodorant abondamment aspergé sous les bras dans le film où la rencontre de la femme de sa vie est une quête pas gagnée d'avance, la défenestration de la rivale dans une atmosphère lourde de psychanalyse hitchcockienne, ... sans oublier les plans surtout
caractérisés par une ambiance sonore étonnante.
Ce qui est le plus frappant peut-être, et avec un recul qui
maintenant approche de la dizaine d’années – ce sera effectivement le cas l’an
prochain en 2015 –, c’est la capacité d’inventivité à partir de matériaux
souvent semblables par la force des choses. Car les horaires ne sont pas
extensibles à l’infini, dans le cadre d’une scolarité par ailleurs classique
qui ne permet pas de rechercher en permanence des décors lointains. C’est
pourtant malgré tout plutôt souvent le cas, et on devine alors un réseau de
complicités (les gens qui prêtent leur maison pour le temps du tournage), et
aussi bien du temps extra-scolaire, des week-ends, ou au moins des soirées bien
entamées.
On remarque immédiatement l’implication des élèves en tant
qu’acteurs. Le grandissement propre au cinéma confère à certains – certaines –
une dimension tout à fait étonnante de crédibilité.
Le format d’un film d’examen ne dépasse guère la dizaine de
minutes, et dans un peu plus d’une heure, on en voit une petite dizaine.
Deux conséquences immédiates.
On mesure
le travail sur chaque minute de film, et si dans l’ensemble il n’est évidemment
pas question de se mesurer aux équipes professionnelles bénéficiant d’énormes
moyens et organisées en véritables entreprises, on se prend à penser que
parfois cette comparaison, en ce qui concerne l’inventivité, n’est pas
forcément défavorable à la production scolaire. C’est l’occasion de rappeler
qu’auprès du professeur maître d’œuvre du projet, pour les classes d’examen,
l’apport d’un vidéaste ou cinéaste professionnel est prévu.
On sait, au
moins depuis Proust et Bergson, à quel point le temps est subjectif et
diversement extensible, même sans aller dans l’espace à la vitesse de la
lumière. Dix minutes, on se dit que c’est très court quand on y entre, on se
dit que ce fut très long quand le film s’achève. C’est l’effet classique de
l’ennui, et il est normal, de l’extérieur, d’avancer cette hypothèse. Mais, à
l’aune de l’expérience vécue, c’est pour mieux s’en débarrasser. Car c’est
exactement le contraire qui est vrai. On est tellement pris par l’atmosphère
créée, par les idées qu’on nous présente à chacun des plans, par les caractères
de chaque personnage, qu’on a l’impression d’avoir partagé la vie des
protagonistes depuis longtemps déjà quand arrive le mot « Fin ».
C’est, dans un autre art, mais pas si éloigné qu’on pourrait le penser du film
bref, la caractéristique d’une chanson réussie. Brel – pour prendre un exemple…
particulièrement exemplaire ! –évoque, autour de trois minutes, un
personnage dont il connaît par ailleurs toutes les évolutions et les
aspirations, lesquelles tiendraient sans avoir recours à des remplissages
forcés dans le cadre d’une nouvelle ou d’un roman.
Disons quelque chose aussi de la capacité des élèves à
susciter les projets qui leur tiennent à cœur et qui sont évidemment pour
beaucoup dans ces renouvellements réussis. L’investissement est bien évidemment
technique, mais il est aussi affectif. On ne réussit bien que ce qu’on a envie
de réaliser (à tous les sens de ce mot). Catharsis, exutoire, expression d’un
refoulé, - exorcisme presque ! - tout s’y presse jusqu’à la compression,
afin de mieux rejaillir dans le film. Il est étonnant de voir comment, au moyen
d’une technique dont les encadrants leur ont largement donné les clés, parce
qu’ils en ont depuis longtemps acquis eux-mêmes la maîtrise, ils arrivent à
métamorphoser le lycée, dans lequel ils sont le mieux préservés et protégés, en
catalyseur efficace de toutes les angoisses et de toutes les menaces. Les
cadrages, les rythmes, la bande son,… tout concourt à des effets surprenants,
même pour ceux – et c’est mon cas – qui on assisté à la projection des
productions précédentes. On devine, autour et après le lycée, une époque
d’inconforts, pour employer volontairement un euphémisme bien léger. Il y a de
la psychanalyse salutaire dans ces œuvres plus personnelles qu’on pourrait le
penser, et où se révèle beaucoup de chose de la personnalité des participants. Bien entendu, les rivalités amoureuses servent de moteur aux conflits latents, et l'envol immédiat dans le fantastique, voire le gore, leur donne une forme particulièrement spectaculaire.
Il n’est pas question de se livrer à un palmarès débouchant
sur un classement qui ne pourrait qu’être incongru. Les moyens et les
expériences, selon les niveaux, n’ont rien de commun, tant les progrès peuvent
être importants d’une année à l’autre. Mais on peut aussi apprécier des
capacités qui, pour se trouver en classe de seconde, n’en sont pas moins déjà
très prometteuses.
J’avoue pour ma part – et une confidence avec David a montré
que je n’était pas seul – avoir particulièrement goûté le documentaire initial
sur le rugby: utilisation judicieuse d'une option sportive ouverte cette année au sein du lycée. Peu de sophistication, mais une efficacité maximale à mon sens. Y
ont sans doute aidé des éléments extérieurs au cinéma, comme mon goût pour le
sport, ou la reconnaissance de l’implication d’un collègue, Stéphane, que je connais
bien par ailleurs, mais assez peu dans ce rôle, et un montage qui nous faisait
partager constamment cette expérience – cette aventure, car ce sont des
pionniers – avec beaucoup de sympathie.
J’ai quitté le dernier film en retenant le jeu étonnant des
acteurs (subtile quête amoureuse), et le naturel avec lequelle ils ont su faire passer leur propos.
Entre les deux, aucun ne démérite. Qu’il est étonnant, par exemple, ce
peintre, étrangement habité par des inspirations occultes. J’ai compris alors le rôle des photos de la salle
d’exposition figurant une galerie d’art…
Le plaisir de la reconnaissance fait partie du jeu.
Nostalgie un peu, évidemment, de voir qu’il concerne désormais – encore la
force des choses – davantage les lieux longtemps fréquentés (ah! le CDI, lieu de toutes les recherches savantes, et l'infirmerie, lieu où tous les bobos de l'âme comme ceux du corps tentent de se réparer), et les
collègues (ceux du moins que j'ai connus), que les élèves (tous ou presque inconnus désormais). Quelques-uns,
quand même, comme Simon, un « ancien », ou au contraire des nouveaux,
comme ces élèves aperçues fugitivement, venues du collège Albert Camus et que
j’avais reçues fréquemment alors au club d’échecs. Plaisir aussi de revoir bien
sûr ces collègues qui ne changent pas, dont certaines sont aussi de tous les
accompagnements (la journée sur les maths par exemple) et qui hantent aussi à
l’occasion nos soirées Ciné-Rencontres. Mais celle qui en est une vraie
ambassadrice - Christine, pour ne pas la nommer - a découvert cette séance avec le plus grand des profits. Quand on
s’intéresse au cinéma, il y a en effet beaucoup à apprendre de ces jeunes qui
sont eux-mêmes en phase d’apprentissage, et qui font déjà preuve d’une si
étonnante maturité. C'est, très logiquement, ce qui a constitué le fond des conversations d'après séance.
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