dimanche 20 avril 2014

UNE PROMESSE


(Précisions dans l'article du 1er avril)















          C'est les vacances, et il n'y a pas de séance Ciné-Rencontres avec débat pendant cette période. Mais Ciné-Rencontres est néanmoins présent avec ses films demandés et soutenus. Parmi ceux-ci (voir la page du programme MARS-AVRIL-MAI), on fera tout naturellement ici un sort particulier au dernier Leconte, étant donné les liens privilégiés entre ce réalisateur et notre Ciné Lumière.



UNE PROMESSE
Film de Patrice Leconte avec Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden.
D'après Stefan Zweig, «Le voyage dans le passé». (France Belgique, 2014 - vostf et vf - 1h38)








Synopsis

Allemagne, 1912. Un jeune diplômé, d’origine modeste, devient le secrétaire particulier d’un homme âgé, patron d’une usine de sidérurgie. L’état de santé du patron se dégrade et lui impose de rester à domicile. Il y accueille le jeune homme pour travailler.
L’épouse du patron est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s’éprend d’elle, sans oser révéler ses sentiments. Dans le huis-clos de la demeure, couve cette passion amoureuse, sans geste ni parole, tout en regards et en silences.
Brusquement, le patron décide d’envoyer son protégé au Mexique, afin d’y superviser l’exploitation de mines de fer. L’annonce de ce départ provoque chez l’épouse une réaction désespérée. Le jeune homme réalise qu’il est aimé d’elle, lui aussi, en secret. Mais la présence du mari malade interdit à leur amour de s’accomplir ici et maintenant. L’épouse fait une promesse : au retour du jeune homme, dans deux ans, elle sera à lui.


Le nouveau film de Patrice Leconte, parrain des Ciné Lumière





DU MERCREDI 23 AU MARDI 29 AVRIL 
(1 seule semaine)


Mer : 20:45
Jeu : 
14:30 | 20:45
Ven, Mar : 
18:00
Sam : 
17:00
Dim : 
17:00 | 20:45
Lun : 
18:00 | 20:45

ATTENTION ! DURANT LES VACANCES DE PRINTEMPS AU CINE LUMIERE LES SEANCES DE 18h SONT A 5 EUROS SEULEMENT, PRIX REDUIT POUR TOUS !








Rebecca Hall (Rôle : Lotte Hoffmeister) et Richard Madden (Rôle : Friederich Zeitz)






Harry Potter est décidément partout. La charmante Hermione était dernièrementt au cœur de Noé, et voici maintenant l'énigmatique professeur Severus Rogue (Alan Rickman, ici dans le rôle de Karl Hoffmeister).

Stephan Zweig (1881–1942)


Le Voyage dans le passé (Reise in die Vergangenheit) est une nouvelle de Stefan Zweig parue pour la première fois sous forme fragmentaire en 1929. La version complète est retrouvée plusieurs dizaines d'années plus tard et éditée en 19761. La première traduction française est due à Baptiste Touverey (Grasset, 2008).


Stefan Zweig, né le 28 novembre 1881 à Vienne, en Autriche-Hongrie, et mort par suicide le 22 février 1942, à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien.

Ami de Sigmund Freud, d'Arthur Schnitzler, de Romain Rolland, de Richard Strauss et d'Émile Verhaeren, Stefan Zweig fit partie de la fine fleur de l'intelligentsia juive viennoise, avant de quitter son pays natal en 1934 en raison de la montée du nazisme. Réfugié à Londres, il y poursuit une œuvre de biographe (Joseph Fouché, Marie Antoinette, Marie Stuart) et surtout d'auteur de romans et nouvelles qui ont conservé leur attrait près d'un siècle plus tard (Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments). Dans son livre testament Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Zweig se fait chroniqueur de l'« Âge d'or » de l'Europe et analyse avec lucidité ce qu'il considère être l'échec d'une civilisation.

« Né en 1881 dans un grand et puissant empire [...], il m'a fallu le quitter comme un criminel. Mon œuvre littéraire, dans sa langue originale, a été réduite en cendres. Étranger partout, l'Europe est perdue pour moi... J'ai été le témoin de la plus effroyable défaite de la raison [...]. Cette pestilence des pestilences, le nationalisme, a empoisonné la fleur de notre culture européenne » (Le monde d'hier, Stefan Zweig).


À trente ans (1911), Zweig connaît une première idylle en la personne de Friderike Maria von Winternitz, déjà mariée et mère de deux filles. Durant les années qui vont suivre, les deux amants se voient régulièrement et coulent des jours paisibles. Zweig poursuit ses voyages et entame un ouvrage sur Dostoïevski. À l’été 1914, en compagnie de Friderike, son bonheur est parfait.
Il est loin de se douter que l’assassinat, le 28 juin, de François-Ferdinand va plonger l’Europe dans une folie meurtrière et dévastatrice. Emporté par la folie patriotique et ses clairons, Zweig revient à Vienne et cède durant une brève période à ce tourbillon. Il rédige des articles dans lesquels il prend parti pour l’esprit allemand, avant de retrouver bientôt la trace de ses idéaux de fraternité et d’universalité. Romain Rolland et Stefan Zweig sont atterrés par la guerre qui commence et le 3 août 1914, Romain Rolland écrit : « Je suis accablé. Je voudrais être mort. Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente et d’assister, impuissant, à la faillite de la civilisation. » Mais contrairement à Stefan Zweig, il se reprend vite et publie en 1915 l’un de ses textes les plus connus : Au-dessus de la mêlée. C’est l’opiniâtreté de Romain Rolland dans sa lutte contre la guerre qui sauve Stefan Zweig de la dépression et fait qu’il admire de plus en plus celui qu’il considère comme son maître.

De Londres, Zweig suit l’actualité autrichienne de près. Ce qu’il appréhende depuis des années finit par se réaliser. Le12 mars 1938, Hitler traverse la frontière et proclame l’annexion de l’Autriche. Du coup, Zweig se voit dépossédé de sa nationalité autrichienne et devient un réfugié politique comme les autres. Désireux d’échapper aux brimades réservées aux expatriés, considéré comme ennemi quand la guerre éclate, Zweig demande et reçoit enfin son certificat de naturalisation. Entretemps, il a rompu avec Friderike et a épousé Lotte. C’est avec elle qu’il quitte l’Angleterre, à l’été1940, juste avant le début de bombardements allemands sur Londres. Zweig cède de plus en plus au désespoir.

Sa première escale est à New York où sa condition d’Allemand lui attire l’hostilité. Il part donc pour le Brésil, pays qui lui avait fait une forte impression et où il avait été bien reçu. Il est toujours accompagné de Lotte, dont la santé fragile commence à peser sur le couple.
Installé à Rio, Zweig parcourt le pays. Il se rend également en Argentine et en Uruguay pour une série de conférences. Il revient ensuite à New York, en mars 1941, pour la dernière fois. Il y revoit Friderike qui a réussi à émigrer aux États-Unis. Zweig demeure quelques mois là-bas et fréquente ses vieux amis, expatriés comme lui. Le 15 mai, il prononcera sa dernière conférence. Désespéré et honteux du tort que cause l’Allemagne, il réitère néanmoins sa confiance en l’homme, mais on le sent déjà désabusé.

Avec l’entrée en guerre des États-Unis, Zweig perd de plus en plus espoir. Il n’en continue pas moins son œuvre, dont Le Joueur d’échecs, bref roman publié à titre posthume qui met précisément en scène un exilé autrichien que les méthodes d'enfermement et d'interrogation pratiquées par les nazis avaient poussé au bord de la folie. Au mois de février, en plein Carnaval à Rio, il reçoit le coup de grâce en apprenant la défaite des Britanniques en Indonésie.
Hanté par l'inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l'asthme sévère de Lotte et moralement détruit par cette guerre, il décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. Il rend, à Barbacena, visite à l’écrivain Georges Bernanos qui tente, en vain, de lui faire reprendre espoir. Le 22 février 1942, après avoir fait ses adieux et laissé ses affaires en ordre (il laisse un mot concernant son chien, qu'il confie à des amis), Stefan Zweig met fin à ses jours en s'empoisonnant au Véronal (barbiturique), en compagnie de Lotte qui refuse de survivre à son compagnon. Il aura droit à des funérailles nationales lors de son enterrement à Petrópolis, contrairement à ses vœux





Secrets de tournage AlloCiné


Adaptation

Une Promesse est l'adaptation d'une nouvelle de Stefan Zweig intitulée "Le Voyage dans le passé" et parue en 1929 : "C’est Jérôme Tonnerre, ami et co-scénariste de plusieurs de mes films, qui m’a conseillé de lire Le Voyage dans le passé, car il y voyait des choses susceptibles de m’intéresser. Quelques jours après avoir refermé le livre, j’ai réalisé que l’histoire s’était installée dans un coin de ma tête. En fait le roman véhiculait des sentiments, des émotions qui me touchaient infiniment. J’ai donc rappelé Jérôme pour lui dire que son conseil de lecture avait fait son chemin et que j’avais très envie de l’adapter avec lui pour le cinéma", explique le cinéaste.

A l'origine : tournage en allemand !

Patrice Leconte avait confié au micro d'AlloCiné en avril 2011 qu’il voulait tourner Une Promesse en Allemagne et en allemand, parce qu’il ne "souhaitait pas abîmer, pervertir le caractère fort et allemand de Stefan Zweig. Donc plutôt que de transposer ça je ne sais où… Moi je suis pour le respect des choses, donc il faut tourner en allemand avec des acteurs qui viennent de ce pays… J’ai quelques idées en tête évidemment, il y a beaucoup d’acteurs allemands qui sont assez francophiles et du coup francophones, comme Diane Kruger pour ne pas la citer, je l’adore, elle est parfaite, pourvu qu’elle soit libre…"


Dans la langue de Shakespeare

Patrice Leconte confie avoir choisi de tourner en anglais plutôt qu’en allemand (la langue d’origine de l’histoire et de Stefan Zweig qui était autrichien) parce qu'il ne connaissait pas suffisamment cette langue. L’option fut envisagée un temps mais finalement toute l’équipe de production s’est accordée à dire que ça ne changerait rien à l’histoire. Ce n’est, en effet, pas le premier film à se dérouler en Allemagne avec des personnages qui parlent anglais.

Impasse historique

Bien que l’ensemble de l’histoire se déroule à la veille de la Première Guerre mondiale (nous sommes en 1912), l’aspect historique est fortement effacé dans le film. Patrice Leconte s’explique : "Je ne voulais pas que cette guerre qui, en 1912, grondait comme un très mauvais orage, prenne le pas sur ce qui me semblait être le plus important : les sentiments qui unissent les deux personnages. Ils évoluent dans une bulle sentimentale qui semble les anesthésier de tous les événements extérieurs. Mais je n’ai rien inventé car Zweig ne raconte pas plus la montée de la Première Guerre mondiale dans son roman que nous l’avons fait dans le film."

Fin alternative

La fin du film a été modifiée par rapport à celle du livre : "Au-delà de toutes les idées narratives qui nous sont venues, la seule adaptation singulière était la fin. Zweig étant un écrivain et un homme très pessimiste (son suicide l’a prouvé), il a conclu cette oeuvre par une fin extrêmement désenchantée", confie Patrice Leconte, expliquant aussi qu'il n'a pas voulu pour autant faire un happyend.




APRES L'AVOIR VU

C’est le second film de Patrice Leconte. Il est encore trop tôt pour savoir si c’est le deuxième. Le premier, c’était Ridicule. Je compte pour rien tous les autres. Ridicule, c’était la société vue par Voltaire, Balzac, Stendhal, Flaubert. Une promesse, c’est la passion vue par Goethe, Balzac, Stendhal, Flaubert. Bien sûr, Zweig aussi a contribué.

Jamais sa mise en scène n’a été plus légère. On pouvait craindre, sur ce fil tendu, un faux pas, ou, pire, une chute ridicule. Mais l’équilibre, comme une note difficile à chanter, a été tenu avec une parfaite maîtrise jusqu’à la fin.
Au fait, quel âge a Patrice Leconte ? Peu importe, c’est assurément le film d’un tout jeune homme. Mais d’un jeune homme qui aurait beaucoup vécu, ou qui aurait juste l’impression d’avoir beaucoup vécu. Oui, il y a du Musset aussi dans cette trame légère qui ne se déchire pourtant jamais.
Les plans où le désir est filmé en caméra subjective le sont toujours à bonne distance, quelle que soit cette distance. Moyenne, avec l'ondulation de la hanche en montée des marches itérative, ou extrêmement proche, avec la nuque et le coin de l'oeil scrutés dans le détournement unique des lunettes de spectacle. Spectacle où l'on est censé voir des grosses dames qui n'en finissent pas de mourir : humour de connivence du mari, avec des répliques souvent à double sens. Humour noir parfois, mais jamais pesant.

Dans le casting musical, le réalisateur a convoqué Bach et Beethoven. Leur accord parfait contribue aussi grandement à l’équilibre parfait du film.
La voix française de Lotte, dans ce film tourné en anglais où tous les acteurs sont excellents et où Alan Rickman règne en maître, est celle de Julie Gayet. Mais ça, c’est seulement anecdotique.
 La fin qui "trahit" Zweig? Elle ne me dérange pas, pas plus que la fin du Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud qui n'est pas celle d'Umberto Eco. Le film est une réussite, et ça, c'est tout sauf anecdotique.

De l'usage de  l'art en réparation de guerre
Je rajoute ceci après les cérémonies du 11 novembre 2014, celles du centenaire.
Je ne pense pas un instant que l'intention de Patrice Leconte ait été d'édulcorer la nouvelle de Zweig. J'y vois plutôt l'intention de réparer, au moyen de l'art, les injustices de la réalité. Comme s'il ne se résignait pas à la tragique malchance qui a brisé le destin des deux amants dont le sort l'a profondément ému, et qu'au moyen de la magie du cinéma il leur offrait, dans la fiction cinématographique, la chance de concrétiser leur passion qu'il n'ont pas eue dans la fiction romanesque. Cette idée d'un créateur artistique, démiurge de son univers fictif, pris de tendresse pour des personnages eux-mêmes fictifs au point de leur offrir une seconde chance de bonheur, ne me déplaît pas.
   



Contient le texte original en allemand
et bien évidemment aussi une traduction française.




Le 28 févier 2004, l'année qui précède l'inauguration officielle du Ciné-Lumière, Patrice Leconte était venu à Vierzon pour les cérémonies de parrainage.




CHAMP. Ce n'est certes pas fini, mais l'essentiel est déjà en place. Patrice est au téléphone. Joël, qui sera bientôt le premier président de notre association dès 2005, le chapeau à la main, ne le quitte pas des yeux.








CONTRE CHAMP. La friche industrielle des usines de matériel agricole et industriel qui ont fait la prospérité de Vierzon quand elles tournaient à plein régime, et sa désolation quand la dernière (CASE) a fermé. Nom de code: le B3. Ensuite, de vastes images bucoliques (champs de blé) ont masqué cette vue d'un voile pudique. Actuellement, des travaux sont en cours pour l'ouverture d'un prochain bowling. Débat local "conflit rencontres" inévitable : les uns s'en réjouissent, les autres ont carrément les boules...





HORS CHAMP. La maquette ouvre des perspectives sur l’avenir. Les promesses du cinéma sont tenues. pour la brasserie, ce n'est encore qu'un décor virtuel.




AU CHAMP. Je ne suis pas sûr que ce bonnet m’avantage, mais il fait froid en février. Et, pour la proximité qu’elle rappelle, j’ai malgré tout la vanité d’être encore fier de cette photo !



PLEIN CHAMP. Les discours officiels comme il se doit, avec le maire de l’époque.



CHAMP LIBRE. Bientôt Patrice aimera déambuler dans la rue principale de Vierzon, le rue de la République. Inutile de dire qu’il ne sera pas seul.





(Photos Soraya Aliche)






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