1ère séance avec débat
28 août 2020 / 1h 53min / Drame
De Eric Barbier
Avec Jean-Paul Rouve, Djibril Vancoppenolle, Dayla De Medina
Nationalités Français, Belge
Bonjour,
vendredi prochain, séance CINE DEBAT
à 20h30
avec le Film "PETIT PAYS"
L'adaptation au cinéma du roman primé de Gaël Faye. En plus d'y tenir un rôle, le comédien Jean-Paul Rouve co-signe cette adaptation avec le réalisateur Eric Barbier et le romancier.
Dans les années 1990, un petit garçon vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite soeur. Il passe son temps à faire les quatre cents coups avec ses copains de classe jusqu'à ce que la guerre civile éclate mettant une fin à l'innocence de son enfance.
Du beau cinéma en perspective,
Venez nombreux.
Le film (quand notre programme est connu)
est également présenté sur RADIO TINTOUIN
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Horaires des annonces Ciné Rencontres le vendredi:
9h15 12h15 14h15 16h15 17h25
9h15 12h15 14h15 16h15 17h25
Suite à notre film d'hier soir je m'en remets aux experts cités lors de la projection. Les documents
que l'on mettra sur le blog sont extraits de « L'Atlas des Afriques » numéro hors-série du journal « Le Monde » paru au printemps 2020, une véritable mine d'informations. Bonne lecture.
John
Je n’ai pas lu livre, et donc je ne peux pas prétendre y trouver des réponses aux questions que pose le film. D’ailleurs, même si je l’avais lu, rien ne me dit que j’aurais été à même d’évaluer la portée autobiographique du livre. Dans quelle mesure aurait-il été romancé ? Seul l’auteur le sait. Alors, s’il s’agit de savoir si l’épisode du briquet, par exemple, est réel ou imaginé, je n’ai pas la réponse.
Pour le reste, il n’y a aucun inconvénient à interroger le film comme une œuvre complète en elle-même, concernée, et elle seule, par nos questions et les réponses venues soit de faits établis soit de suppositions légitimes.
Prenons les parents, par exemple. Ce n’est pas que nous méconnaissions le rôle du fils, jeune adolescent. Il est central, et commenté d’abord partout. Et incarné par un acteur étonnant dont la performance, pleine de naturel, de spontanéité, est saluée unanimement.
Alors les parents. Un couple fondé sur un mariage mixte. Ce couple est original, dans la mesure où il ne présente pas le schéma des tensions classiques, qui veut que les deux membres de ce couple, ou au moins l’un des deux, s’efforce d’amener l’autre sur le terrain de son pays d’origine. Ici, le chiasme est parfait : l’Africaine veut s’établir en Europe, l’Européen veut s’établir en Afrique. L’enfant dépend à la fois de cette histoire familiale et de la grande histoire dont il est faible de dire que la seconde a une incidence sur la première.
Le père.
Où l’on voit que Jean-Paul Rouve n’excelle pas que dans le burlesque. Il attire la sympathie, son amour pour les siens est sans faille, son courage est partout visible, et on oublierait presque la légitime tentation de le juger. Si on franchit le pas, on pense à ces films où un père du même moule met ses enfants en danger, jusqu’au point où le courage initialement perçu laisse plutôt la place à l’égoïsme et à l’inconscience.
Quelle est sa motivation, qui le pousse à se mettre et mettre les siens en danger ? Bêtise, déni du réel, impossibilité de renoncer à son statut de colon privilégié aux affaires prospères ? Les indices qu’il avait sous les yeux ont tous été par lui sous-estimés. Et quand il traverse une foule hostile qui peut les tuer à tout instant, lui et ses enfants, il est évidemment déjà trop tard.
La mère.
Par son mariage, elle a atteint le premier palier de son ascension rêvée. Elle fait maintenant partie de la bourgeoisie européenne en Afrique. Mais elle aspire à l’être en France. Cette madame Bovary rêve de Paris, et spécialement des Champs-Elysées. Pour elle, contrairement à l’institutrice qui conseille des lectures et offre des livres, la France, ce n’est pas une référence de démocratie et de droits de l’homme. C’est une référence de luxe et de mode. D’une certaine façon, tant l’importance des livres et des lectures orientées est énorme, l’enfant a deux mères.
Plus lucide ou plus soucieuse de la survie de la famille que le père, elle tire la première la sonnette d’alarme. Pas assez tôt pourtant pour éviter le pire. Et cette mère biologique, sans perdre l’amour des siens, s’isole dans la folie.
Cette douleur intime est une douleur symbolique au cœur du film.
La mère, c’est aussi le « petit pays », le pays de l’enfance, la fameuse « petite patrie » qu’on associe notamment aux poètes de la Pléiade et encore plus notamment à Du Bellay. Drôle de mot, d’ailleurs, que ce mot « patrie », masculin dans sa racine, et féminin dans son genre. Et puisqu’on abordera l’Histoire avec une majuscule, prenons Montéhus en manière de transition :
La patrie c'est d'abord sa mère,
Celle qui vous a donné le sein ;
Il vaut mieux même aller aux galères
Que d'accepter d'être son assassin.
(Gaston Montéhus, Gloire au 17ème, 1907)
Autre pays que l’enfance habite, et on a eu l’occasion d’en parler dans d’autres films : la langue. Et quel surcroît de torture quand la langue, - la langue « maternelle » ! – est justement l’instrument de la folie maternelle pour persécuter ses propres enfants. Avec la scène du briquet, c’est pour moi une des plus dures du film.
"En l’espace de quinze ans, à l’aéroport de Kigali, le « bienvenue » de la police des frontières s’est transformé en « welcome » ; au menu du restaurant Chez Lando, le « potage » est devenu « soup » et le poulet « chicken ». Les Rwandais auraient-ils « switché » du français vers l’anglais ? La réponse à la question est toujours la même. « Non, nous n’avons pas changé de langue. Nous en avons ajouté une nouvelle, l’anglais. »"
Là aussi, on rencontre l’Histoire :
« Les Rwandais ont décidé de parler kinyarwanda, français et également anglais. Depuis son enfance, chaque Rwandais parle en famille et avec ses amis le kinyarwanda. Alors, ici, nul besoin d’emprunter aux anciens colonisateurs – en l’occurrence les Belges – leur langue pour se comprendre. C’est cette nécessité qui pousse, dans d’autres pays d’Afrique, les Mozambicains à parler le portugais, les Congolais à manier le français, les Zimbabwéens à utiliser l’anglais.
Dans ce petit pays enclavé, qui revendique une histoire millénaire et glorieuse, pas non plus besoin d’une autre langue pour se haïr. On assure que le français n’a pas été gommé par l’anglais pour oublier le souvenir du génocide des Tutsis. « Nous ne nous sommes pas massacrés en français, mais bien en kinyarwanda », souligne Moussa, dirigeant d’une start-up de Kigali. Il n’était pas né en 1994, mais il sait que « pour comprendre l’histoire de notre pays, analyser les mécanismes qui ont mené à cette tragédie, il est nécessaire de connaître le français. Tout était consigné par écrit dans cette langue. »
L’Histoire.
En arrière-plan – mais en arrière-plan proche – de l’histoire familial il y a bien sûr l’histoire du génocide de 1994.
« L'ONU estime qu'environ 800 000 Rwandais, en majorité tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrés solidaires des Tutsi ont été tués comme traîtres à la cause hutu. D'une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. »
Spontanément, on fait des rapprochements. Rien qu’au XXe siècle : les Arméniens, les Juifs, les Cambodgiens, les Rwandais.
Pour ce dernier, un film connu précède le nôtre :
« Hôtel Rwanda (Hotel Rwanda) est un film historique américain, britannique, sud-africain et italien réalisé par Terry George, sorti en 2004.
Le film retrace l'action de Paul Rusesabagina, un Hutu, gérant de l'hôtel quatre étoiles Les Mille Collines à Kigali, qui abrita et sauva 1 268 Rwandais tutsis et hutus modérés, dont sa propre famille, menacés par le génocide des Tutsi au Rwanda de 1994. »
Il me souvient qu’un temps dans les médias on s’est lancé dans une explication plus que simpliste, parlant de guerre tribale, ce qui n’étonnait pas ceux qui verront plus tard dans l’Afrique un continent dont les peuples ne seraient pas encore entrés sans l’Histoire…
Heureusement, cela n’a pas duré, plusieurs ayant rappelé la barbarie au cœur de l’Europe, chez notre voisin au sommet d’une civilisation qui s’honore de compter Goethe, Hegel et Beethoven parmi ses grands hommes. Sans compter, à la toute fin du XXe siècle, les massacres qui ont accompagné le découpage de l’ex-Yougoslavie, tout près de chez nous.
Et la France ?
On a un peu parlé de la question, confuse aujourd’hui encore, des «responsabilités». On s’est interrogés sur ce que devient de nos jours le modèle originel séduisant que l’institutrice du film offre à ses élèves, celui d’une France synonyme de démocratie exemplaire, d’universalité des valeurs républicaines fondées sur les Lumières, la Révolution française et les Droits de l’Homme.
S’est-il abîmé, voire grandement perdu en route, dans les remous de notre actualité troublée et troublante ?
Le président turc Erdogan, dont l’attachement aux valeurs démocratiques est bien connu, ainsi que sa grande rigueur historique en matière de génocides, refuse que son homologue français lui fasse la leçon sur ce point :
« M. Erdogan a exhorté samedi la Grèce à « se tenir à l’écart » des actions « erronées » soutenues par des pays comme la France. Le président turc a aussi accusé M. Macron de « manquer de connaissances historiques » et a estimé que la France « ne pouvait pas donner de leçon d’humanité » à la Turquie en raison de son passé colonial en Algérie et de son rôle dans le génocide perpétré en 1994 au Rwanda. »
Au même moment, le même Macron s’inscrit dans la continuité assumée de la République de 150 ans, la IIIe, en rappelant sa proclamation par Gambetta – le moins pire – même si ce dernier est poussé à la démission par cette même république quelques mois après.
Plusieurs préfèrent se référer à la Ière République, la révolutionnaire, née le lendemain de la victoire de Valmy le 20 septembre 1792 (celle-ci est donc âgée de 228 ans, elle l’était de 78 à la proclamation de la IIIe), née quand le député jacobin Jean-Marie Collot d’Herbois prononce l’abolition de la monarchie.
Guerre civile et massacre de masse, chez nous ?
J’y ai bien pensé pendant le débat, mais on est parti dans d’autres directions et je n’y suis pas revenu. Heureusement, il y a le blog, qui permet de rattraper les défaillances de cet esprit de l’escalier.
Calcul rapide : le dernier massacre, chez nous, date de 149 ans, et donc a eu lieu sous et par cette IIIe République. C’est la Commune de Paris, bien sûr, terminée par la Semaine sanglante, du 21 mai au 28 mai de cette « année terrible » 1871.
En une semaine, sans compter les morts des sorties bidons d’avant ni les représailles d’après, l’équivalent de la population de la ville de Vierzon a été fusillée ou tuée à l’arme blanche (hommes, femmes, enfants, vieillards), dans un bain de sang sans équivalent dans notre histoire. Et pourtant (ou à cause de cela) ce carnage est le point aveugle de notre enseignement. Ignoré de nos écoliers, il l’est aussi généralement de nos contemporains, de la grande majorité des citoyens français. Parmi les grands responsables de cette élimination des républicains résistants de Paris, les trois premiers chefs de l’exécutif de ce temps. Louis Jules Trochu (faux résistants, envoyant cyniquement les fédérés au massacre contre les Prussiens), Adolphe Thiers (officiellement le premier président en titre de cette IIIe République, ordonnateur de la Semaine sanglante), Patrice de Mac Mahon (monarchiste, un des « héros » de la répression sanglante).
vidéo
Le vent se lève – La Commune assassinée
Et après ?
Au Rwanda, aussi dur que cela puisse nous paraître, le mot d’ordre fut l’oubli et la réconciliation, sinon le pardon, sur le modèle de l’Afrique du Sud.
On a aussi passé, personne ne l’a pas oublié, plusieurs films ayant Mandela comme héros. Rappel sur ce thème :
« Il est libéré le 11 février 1990, par la volonté du président Frederik De Klerk, arrivé au pouvoir six mois plus tôt. De Klerk a compris que la minorité blanche ne pourrait pas indéfiniment diriger le pays en opprimant la majorité noire. Hors négociations, point de salut. Celles-ci sont menées au pas de charge. L'apartheid est officiellement aboli le 30 juin 1991. Trois ans après la libération de Mandela, le pays dispose d'une Constitution intérimaire et se prépare aux premières élections multiraciales, organisées le 27 avril 1994. »
Parfois nécessaire, sinon on s’interdirait toute possibilité de vie commune, cette «réconciliation» vitale au niveau de l’histoire d’un pays est, on s’en doute, en tension extrême avec la mémoire des individus. Chacune a a priori sa légitimité. Il n’y a pas de « bonne solution » unique. Selon les cas et les contextes historiques, l’oubli apparaîtra comme souhaitable ou au contraire totalement odieux.
Il nous est apparu qu’on était plutôt dans le premier cas avec Madagascar, un pays allié aux fascismes d’une part, et luttant contre la colonisation d’autre part. Clarifier les mémoires n’aide pas, quand aucune ne peut être suffisamment glorifiée.
On sait qu’il en est un peu de même, toutes proportions gardées, avec la fiction gaullienne d’une France résistante.
Dans les documentaires qui furent produits sur ces retours dans les villages rwandais après massacres, les scènes sont proprement surréalistes. Les voisins, les uns tortionnaires à peine honteux et les autres victimes couvertes d’horribles blessures par machettes, se parlent devant les caméras. On pense alors à Rithy Panh, et à ses films mainte fois récompensés. Notamment le documentaire de 2003, S21, la machine de mort khmère rouge.
« Au Cambodge, sous les Khmers rouges, S21 (Tuol Sleng) était le principal «bureau de la sécurité». Dans ce centre de détention, un ancien lycée situé au cœur de Phnom Penh, près de 17 000 prisonniers ont été torturés, interrogés puis exécutés entre 1975 et 1979. Sept seulement ont survécu. Au moment du tournage, seuls trois d’entre eux étaient encore en vie, dont deux reviennent vingt-cinq ans plus tard témoigner (parmi lesquels le peintre Vann Nath), lors d'une confrontation avec leurs bourreaux. »
Ce fut aussi le modèle tenté après la guerre civile algérienne. On se doute que ce n’est jamais évident…
« Dès son arrivée au pouvoir en 1999, le président fait de la fin de la guerre civile une priorité. Une pacification sans vérité ni justice, dont les conditions ont été imposées aux Algériens. »
Chez nous, c’est au prix d’une amnésie de ce type que la IIIe République a voulu tourner la page à partir de l’amnistie du 11 juillet 1880. Amnistie est bien un paronyme d’amnésie…
Dans l’article publié dans Le Siècle à la date du 14 juillet 1880 sous le titre « Les amnistiés », le mot important est le mot « oublié » :
« Feux d’artifice, drapeaux innombrables, guirlandes tricolores, arcs de verdure, fanfares joyeuses, bals, concerts, revue, tout concourt à l’éclat de cette grande fête nationale qui émeut tous les cœurs ; mais le plus bel ornement de cette prodigieuse solennité, celui qui lui donne la vie et l’animation, celui qui lui imprime son plus beau caractère et sa plus haute signification, c’est l’amnistie. Sans elle, la fête du 14 juillet n’eût pas éveillé cet élan universel, ce patriotique enthousiasme.
Plus de familles en deuil, plus de traces de nos discordes ! Ce qui nous divisa si profondément est oublié, la République entre réellement aujourd’hui en possession d’elle-même, une ère nouvelle commence. Il dépend de nous, de nous seuls, qu’elle soit glorieuse, prospère et féconde. »
La première Assemblée de la IIIe République, assemblée monarchiste, a condamné à mort les républicains de la Commune de Paris et a procédé froidement à leur exécution.
L’Assemblée de 1880, républicaine opportuniste à l’image de Gambetta qui jusqu’au dernier moment lui avait refusé son vote, a accordé cette amnistie à condition que les crimes du passé ne soient plus réveillés. Dans le discours de Gambetta du 21 juin 1880, le champ lexical important est celui de l’oubli :
« C'est que, dans un pays de démocratie, dans un pays de suffrage universel, de disputes ardentes dans les comices électoraux, il y a un moment où, coûte que coûte, il faut jeter le voile sur les crimes, les défaillances, les lâchetés et les excès commis. […] Dans quinze mois, quand nous reviendrons devant nos électeurs, devant le suffrage universel, nous pourrons le prendre à témoin que, depuis le jour où vous avez voté l'amnistie, l'oubli, le pardon, le silence se sont faits sur la guerre civile. Voilà pourquoi je trouve l'amnistie opportune ; voilà pourquoi je l'ai conseillée. […] Vous avez le devoir, que vous avez accompli en bien d'autres moments, de descendre au fond de vos consciences, de vous mettre en présence des conséquences, des avantages de la politique de concorde qui est aujourd'hui devant vous et de vous poser ce dilemme : oui ou non, devons-nous consentir à faire l'amnistie ? Votre réponse est oui ! [...] On a dit, et on a dit avec raison - cela saute aux yeux -, que le 14 juillet étant une fête nationale, un rendez-vous où, pour la première fois, l'armée, organe légitime de la nation, se trouvera face à face avec le pouvoir, où elle reprendra ces drapeaux, hélas, si odieusement abandonnés... (Bravos et applaudissements prolongés.) Oh ! Oui, il faut que ce jour-là, devant la patrie... (Nouveaux applaudissements), il faut qu'en face du pouvoir, en face de la nation représentée par ses mandataires fidèles, en face de cette armée, « suprême espoir et suprême pensée » comme disait un grand poète, qui, lui aussi, dans une autre enceinte, devançant tout le monde, avait plaidé la cause des vaincus... (Applaudissements), il faut que vous fermiez le livre de ces dix années ; que vous mettiez la pierre tumulaire de l'oubli sur les crimes et sur les vestiges de la Commune, et que vous disiez à tous, à ceux-ci dont on déplore l'absence, et à ceux-là dont on regrette quelquefois les contradictions et les désaccords, qu'il n'y a qu'une France et qu'une République. (Acclamations et applaudissements prolongés. Un grand nombre de membres se lèvent de leur place et s'empressent autour de l'orateur pour le féliciter lorsqu'il descend de la tribune.) »
Dernier chant du cygne d’une Assemblée qui ne voulait pas disparaître sans se souvenir qu’elle était socialiste, celle du 16 novembre 2016 vote la réhabilitation des communards. Depuis, l’Assemblée est devenue celle que l’on sait, se réclamant ostensiblement de celle des origines, bien douteuse pourtant. A moins que ce ne soit au contraire précisément pour cela qu’elle revendique si fortement cette filiation criminelle.
Madagascar
Marie-Clémence Andriamonta-Paes Fahavalo
En choisissant ce sujet, j’aimerais raconter les années 1940 du point de vue des Malgaches, notamment des soldats, car je n’ai jamais entendu que la version française de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale à l’école."
Crimes coloniaux
Pour Marie-Clémence Paes, les crimes coloniaux font de l’ombre et continuent d’affecter la vie des gens à leur insu. "Nous sommes maintenant la troisième génération et alors que la quatrième génération arrive, ceux qui ont vécu les épisodes douloureux de l’histoire coloniale n’ont pas pu ou pas voulu transmettre ce qu’ils ont vécu. Les raisons sont multiples et souvent très personnelles. Certains voulaient essayer d’oublier à jamais, par culpabilité peut-être, ou par ignorance, voire par amour pour leurs enfants afin de les protéger. Dans certaines familles, ce sujet est toujours un tabou, un silence tacite par crainte de revivre les douleurs du passé mais aussi par habitude car il fal- lait se taire pour survivre. La censure et la répression après les événements de 47 ont durablement installé un climat de suspicion et la pratique de la délation, contribuant à épaissir le silence autour des témoignages."
Votre prochain film porte sur les militaires malgaches des guerres mondiales et résistants au fascisme en Europe qui, pour certains, ont été des chefs insurgés en 1947. Qu’en est-il exactement ?
Marie-Clémence Andriamonta-Paes Oui, j’ai voulu comprendre ce qui s’est passé en 1947 à Madagascar. J’ai voulu écouter les témoins, ceux qui étaient là au moment des faits. Écouter ce qui reste dans la mémoire des anciens mais aussi lire les témoignages des survivants qui ont vécu les combats et la répression en brousse. C’est frappant comme tous ces témoignages racontent que le temps et les causes de l’insurrection sont intimement liés à la Seconde Guerre mondiale. Dans la brousse malgache, les vieux se souviennent que les soldats sont revenus de la guerre en août 1946 et que, peu après, il y a eu les élections législatives qui ont envoyé deux députés malgaches au Parlement ; bien qu’ils aient obtenu la fin du travail forcé, il n’y a même pas eu de discussion pour l’obtention de l’indépendance. Certains de ces soldats qui avaient affronté les Allemands dans les Ardennes avaient été faits prisonniers dans les Frontstalags et ceux qui étaient cantonnés en zone libre avaient été transformés en travailleurs coloniaux à la démobilisation. Il n’y avait pas de bateau pour ramener les Malgaches chez eux. En attendant, sous Vichy, ils ont été répartis dans des fermes et des usines, certains ont rejoint le maquis. Ils avaient donc bien appris comment résister dans une situation d’occupation. En 1946, il y avait l’espoir que l’indépendance soit obtenue par la voie légale, mais le refus catégorique au Parlement a conduit ceux dont la patience était à bout vers la lutte armée. Si tous les « anciens combattants » revenus de France ne se sont pas rebellés, les chefs insurgés étaient des soldats aguerris par sept années de combats et d’exil en Europe. Partout en brousse, aujourd’hui encore, les vieux se souviennent de ce qui avait été signé dans les accords de San Francisco, à la création de l’ONU : « Pour remercier les soldats coloniaux de leur aide pour vaincre le nazisme, on leur donnerait l’indépendance. »
Quel est le rôle du travail cinématographique dans l’expression de ces réalités historiques ?
Marie-Clémence Andriamonta-Paes Il est difficile de réaliser un film sur un sujet si peu abordé dans les manuels scolaires et dans les médias. Cette méconnaissance fait que les décideurs doutent de l’importance de traiter cette tragédie : une histoire bien peu glorieuse pour la France et une histoire de défaite pour les Malgaches. La difficulté d’aborder un sujet réputé réservé aux spécialistes n’est pas spécifique à l’insurrection malgache, il faut juste veiller à ce que cette histoire ne se transforme pas en « chasse gardée » ; mon ambition n’est pas de remplacer le travail des historiens mais de faire en sorte que le film conduise le public piqué dans sa curiosité à aller plus loin, jusqu’à découvrir le travail des historiens.
Jean-Marie
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Université populaire du pays de Vierzon
Médiathèque Vierzon
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Nouvelles associations à Vierzon
La Maison verte
Les Fourmis vierzonnaises
Le Café Ô Berry
Ecopôle
Contre les pesticides
Nouveaux tarifs Ciné Lumière
Cours de cinéma en ligne ciclic
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COMPLEMENTS, PROGRAMMES, PHOTOS, BANDES ANNONCES,...
Cliquez sur le lien ou sur l'image.
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Rappel du tarif d'adhésion: 10 euros pour un an (de date à date) avec possibilité d'affilier 2 personnes si on le souhaite pour ce montant (chacune aura sa carte, ce qui revient à 5 euros l'adhésion avec cette option couple" au sens très large: amis, relations,...). 5 euros pour étudiant ou chômeur (possibilité également d'adhésion "couple", ce qui revient alors à 2,50 euros).
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu.
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Vous pouvez remplir cette fiche chez vous, après l'avoir copiée et collée (par exemple) dans un traitement de texte (Word,...).
Merci pour votre soutien.
Précision utile: les séances Ciné Rencontres sont ouvertes à tous, et pas seulement aux membres de l'association. Même chose pour notre pot d'après débat.
Facile de nous trouver. Il suffit de taper "cinégraphe" sur Google par exemple...
(capture d'écran du 27 septembre 2017).
Tiens... tiens... "abondante et variée"... Et si Ciné Rencontres y était un peu pour quelque chose en fin de compte?...
Autres tarifs au Ciné Lumière:
Berry républicain 2 décembre 2017
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