mercredi 16 septembre 2020

LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L'OEUF

    2ème séance avec débat






  




LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L'OEUF


19 août 2020 / 1h 40min / Comédie, Policier
De Quanan Wang
Avec Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh
Nationalité Mongol




VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020
20h30













Cher(e)s ami(e)s,

- Vendredi 18 septembre à 20h30 : ciné-débat avec le film 
"LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L'OEUF"
un film mongol réalisé par Wang Quan'an, sorti en 2019.
"Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé..."

- Samedi et Dimanche, nous serons présents au forum des Associations - N'hésitez pas à passer nous voir...

L'équipe de Cinérencontres








Le film (quand notre programme est connu) 
est également présenté sur RADIO TINTOUIN 
avec notre adhérent Jean-Luc aux commandes. 







Horaires des annonces Ciné Rencontres le vendredi:

9h15  12h15  14h15  16h15  17h25













       
      

   LA FEMME DE LA STEPPE,LE FLIC ET L’ŒUF. Quanan Wang


Le réalisateur chinois nous a déjà invités dans la steppe mongole dans un film précédent ,« Le Mariage de Tuya ». Connu aussi pour « La Tisseuse » on voit que les femmes sont toujours l’élément central de ses intrigues .Seulement la première femme rencontrée dans ce nouveau film est découverte morte , dénudée au milieu de ces immenses espaces tout aussi nus. On ouvre sur un thème cher aux films policiers avec un ingrédient classique, un chef de la police locale qui coulait des jours heureux en allant vers sa retraite, après « 40 ans à ne rien faire » avant de tomber sur un « os ».
Peu importe notre victime sans identité, elle ne sert que de prétexte pour aller plus loin vers d’autres horizons dans un jeu de ping-pong entre la vie et la mort et la complémentarité des deux. Un équilibre YIN YANG déstabilisant pour un résultat inattendu. Car à l’intérieur de ces steppes sans fin magnifiquement filmées et photographiées on introduit quelques cameos d’espaces des plus restreints. Deux exemples. Après la danse surréaliste du jeune policier autour du corps de la victime , corps d’où semble émaner par ailleurs une énergie suffisante pour augmenter la qualité sonore de « Love me Tender », notre danseur quitte l’écran sur la gauche comme s’il quittait la scène d’un théâtre pour rentrer en coulisses. Même astuce plus tard quand la bergère quittera le kiosque improbable en quittant l’écran sur la droite. La steppe n’existe plus, les doutes persistent. 
Conte sur la vie et la mort avec l’œuf du dinosaure qui témoigne des vies passées et devenues impossibles . Scènes d’amour qui relèvent plus de l’insémination que d’érotisme, cela nous change. Wang nous rapproche de l’essentiel, du souffle des bêtes , de l’halètement de la vie, du cri primal si magnifiquement entendu dans le chant masculin mongol. Hymne à la vie à la mort. On en redemande.
John




On aurait apparemment mille raisons de ne pas aller voir ce film, voire de le déconseiller.
On y trouve des plans d’une désespérante vacuité, quand un septième de l’écran est occupé en bas par une bande jaunâtre (c’est de l’herbe) et au-dessus on voit un grand rectangle bleu pâle (c’est le ciel). Faut oser… Bientôt, mais sans trop dépasser la bande jaune, on voit des petites silhouettes en ombres chinoises (évidemment). Une camionnette où on peut lire POLICE s’invite, et nous voilà en terrain familier bien qu’en Mongolie, même si ce véhicule ne réussirait jamais à passer le moindre contrôle anti-pollution. 
Le scénario ne brille pas par sa sophistication, et les dialogues sont plus que rudimentaires, comme si la production avait parfaitement conscience que la langue mongole n’est pas terrible pour l’exploitation internationale. Le côté polar ne retient pas longtemps l’attention, ce policier fruste qui n’arrive pas à déceler les infidélités de sa femme ne paraît guère armé pour trouver le coupable. Si on en trouve un rapidement, c’est purement arbitraire, le pauvre bougre arrêté ne comprenant visiblement rien à ce qui lui arrive. Sans intérêt, l'enquête. 
Quant au rythme, n’en parlons pas, il ne repose que sur des enchaînements de plans séquences interminables où l’action est souvent indigente.
 
Le miracle, c’est que tout cela ne génère aucun ennui, bien au contraire. 
Comme si ces prétendus défauts étaient transmutés par la grâce de la mise en scène en autant de qualités rares. 
On prend le temps d’admirer des plans magnifiques, qu’ils soient de très grand ensemble pour les paysages, ou resserrés sur l’intimité des personnages. 
Peu de dialogues, certes, mais c’est largement compensé par le recours aux meilleurs procédés du cinéma muet, et c’est souvent un vrai régal. 
Quand on pourrait se lasser de l’horizontalité d’un paysage tout en bandes horizontales infinies et en axe temporel étiré dans un présent immobile, voilà qu’on nous rend opportunément la dimension verticale. L’ouverture sur la yourte où la femme apparaît dans la lumière de son intérieur, puis les lampadaires solaires dressés au-dessus d’un abri improbable. Là, plongée à la verticale sur la femme allongée, puis contre-plongée vers le ciel où passe un avion. 
D’un coup, tout l’univers dans toutes ses dimensions nous est offert. 
Après l’espace, le temps. On s’échappe de la prison du présent où on se croyait enfermé, et là on va aussi très loin. 
Vers le bas, voici le temps des dinosaures, motivé par le trafic des œufs qu’on trouve en ces endroits. 
Et vers le haut, la vision lointaine dans le futur des héros devenus fossilisés à leur tour, à condition que la coutume de l’incinération des cadavres ne s’étende pas trop sur la terre. 
L’assimilation au sort des animaux, contemporains comme les loup, lointains comme les dinosaures, est présentée comme quelque chose de parfaitement naturelle. Le jeune policier qui bénéficie d’une initiation sentimentale particulière manque de se méprendre : on prône l’animalité ?... C’est ne rien comprendre, lui révèle son initiatrice, rien n’existe sans le sentiment. C’est l’affection qui sauve les dinosaures, il y aurait sans cela extinction rapide de l’espèce. Modernes dinosaures, les humains ne se reproduiraient pas dans cet environnement sans cet aiguillon. Il faut imaginer les dinosaures amoureux. 
Le froid pourtant ne favorise pas une telle entreprise a priori. Les lourds vêtement sont peu pratiques, et l’amour en doudoune ne fait guère rêver. Mais quand ensuite la femme ragraphe son vêtement, on se dit qu’avoir constamment à sa disposition cette manière de couette portative peut être après tout considéré comme aussi séduisant que commode. 
On n’aurait jamais cru, au départ, tant sont loin les univers et les esthétiques, que le secret caché au cœur de ce film soit le même que celui qui est révélé à la fin de l’Alphaville de Godard : c’est l’amour et la poésie qui sauvent un monde présenté d’abord comme peu propice à l’épanouissement humain. On était prévenus, pourtant, on nous avait fourni très tôt l’injonction essentielle : « LOVE me tender, LOVE me sweet… ».
Jean-Marie


Kropotkine vs Darwin, entraide vs lutte






Dans cette arène impitoyable qu’est la vie, nous sommes tous soumis à la « loi du plus fort », la loi de la jungle. Cette mythologie a fait émerger une société devenue toxique pour notre génération et pour notre planète.

Aujourd’hui, les lignes bougent. Un nombre croissant de nouveaux mouvements, auteurs ou modes d’organisation battent en brèche cette vision biaisée du monde et font revivre des mots jugés désuets comme « altruisme », « coopération », « solidarité » ou « bonté ». Notre époque redécouvre avec émerveillement que dans cette fameuse jungle il flotte aussi un entêtant parfum d’entraide…

Un examen attentif de l’éventail du vivant révèle que, de tout temps, les humains, les animaux, les plantes, les champignons et les micro-organismes – et même les économistes ! – ont pratiqué l’entraide. Qui plus est, ceux qui survivent le mieux aux conditions difficiles ne sont pas forcément les plus forts, mais ceux qui s’entraident le plus.

Pourquoi avons-nous du mal à y croire ? Qu’en est-il de notre ten­dance spontanée à l’entraide ? Comment cela se passe-t-il chez les autres espèces ? Par quels mécanismes les personnes d’un groupe peuvent-elles se mettre à collaborer ? Est-il possible de coopérer à l’échelle internatio­nale pour ralentir le réchauffement climatique ?

À travers un état des lieux transdisciplinaire, de l’éthologie à l’anthro­pologie en passant par l’économie, la psychologie et les neurosciences, Pablo Servigne et Gauthier Chapelle nous proposent d’explorer un im­mense continent oublié, à la découverte des mécanismes de cette « autre loi de la jungle ».

« La coopération a été, au fil de l’évolution, beaucoup plus créatrice de niveaux croissants de complexité que la compétition. Il ne fait aucun doute que l’entraide est omniprésente dans la nature. Chez les humains, elle est l’une des manifestations les plus directes de l’altruisme. Elle mène au double accomplissement du bien d’autrui et du sien propre. L’étude pénétrante de Pablo Servigne & Gauthier Chapelle, qui dresse le portrait de cette autre « loi de la jungle », est donc plus que bienvenue à une époque où nous avons tant besoin de favoriser la coopération, la solidarité et la bienveillance, pour construire ensemble un monde meilleur. » Matthieu Ricard

« Pablo Servigne et Gauthier Chapelle remettent en cause bien des frontières instituées entre les disciplines scientifiques – des frontières trop souvent hérissées de barricades et de barbelés. Et ils ouvrent la perspective de démarches de pensée généralistes et synthétiques qu’on avait trop tôt déclaré impossibles voire indésirables. […] Je voudrais souligner la fluidité et la maestria pédagogique avec lesquelles nos auteurs nous font entrer dans un univers infiniment complexe qu’ils rendent aisément accessible. […] Après les livres de Matthieu Ricard ou de Jacques Lecomte, qui avaient ouvert une première brèche, L’Entraide vient à point pour nous aider à déconstruire cette croyance hégémonique [que dans la vie sociale, tout – actions, normes, institutions, croyances, etc. – s’explique par le jeu des intérêts en conflit, conscient ou inconscient]. » Alain Caillé, extrait de la préface.









Dans son article « Kropotkin Was No Crackpot », le biologiste Stephen Jay Gould raconte l’histoire de sa relation avec les idées de Kropotkine et notamment avec son texte le plus important, L’Entraide. Kropotkine avait écrit son livre en réponse à la vision du monde malthusienne et antagonique défendue par Thomas Henry Huxley dans sa lecture de Darwin : un univers impitoyable fondé sur la seule compétition, chaque espèce s’efforçant d’exclure les autres pour se faire une place dans un espace surpeuplé. Dans sa propre lecture de Darwin, Kropotkine identifiait les traces d’un autre type de pensée, plus discret et sous-exploité, à côté de l’idée de compétition, qui reconnaissait le rôle évolutionniste important de certaines formes de coopération entre les espèces pour leur survie. Gould explique qu’il était attiré par la lecture kropotkinienne de Darwin mais qu’il la trouvait trop singulière – une réaction trop bricolée, pour ainsi dire, trop artisanale ou trop isolée pour qu’un consensus puisse s’établir parmi les chercheurs. Mais comme Gould s’en rendit compte peu à peu, cette image de l’isolement de Kropotkine était un produit de son propre esprit de clocher, une étroitesse de vue qui prit fin lorsqu’il fut en mesure de replacer Kropotkine dans le contexte plus large de la recherche scientifique russe. Les difficultés de Gould avec Kropotkine n’ont rien d’étonnant. Le contenu d’une action, d’un ensemble d’idées, voire d’un geste, ne peut souvent se comprendre qu’en rapport avec sa situation et son contexte. L’un de mes objectifs dans ce livre est d’ailleurs de donner à Kropotkine et Morris un contexte – la Commune et ses suites – dans lequel on ne les situe pas d’ordinaire. Gould réussit à trouver un contexte différent. Dès lors qu’il put lire les idées de Kropotkine en les rapportant à (ou en les rapprochant de) la théorie de l’évolution dominante en Russie, dont l’essentiel n’existe pas en traduction, Kropotkine cessa de lui apparaître comme une anomalie. Les scientifiques russes et le point de vue nordique rejetaient unanimement la compétition malthusienne. Ils la considéraient comme une expression théorique qui ne pouvait être issue que de l’expérience d’un petit pays surpeuplé, hyperindustrialisé, dont l’idéal économique était la concurrence du « marché libre », et de recherches menées, comme dans le cas de Darwin, sur la flore et la faune grouillante, riche et variée des tropiques. Marx lui aussi était arrivé à la conclusion que Darwin était, à tous points de vue, un little Englander : Il est remarquable de voir comment Darwin reconnaît chez les animaux et les plantes sa propre société anglaise, avec sa division du travail, sa concurrence, ses ouvertures de nouveaux marchés, ses « inventions » et sa malthusienne « lutte pour la vie ». C’est le bellum omnium contra omnes [la guerre de tous contre tous] de Hobbes (Karl Marx à Friedrich Engels, 18 juin 1862, dans Friedrich Engels, Karl Marx, Correspondance, tome VII, 1862-1864). Au contraire, une théorie née de la longue histoire des formes sociales communales en Russie et d’une expérience immédiate de la terre et de l’histoire naturelle de ce pays, avec sa population clairsemée et son environnement rigoureux, devait mettre en avant, logiquement, la lutte des organismes contre un environnement difficile et les formes de coopération qu’ils développent pour leur survie, et non la lutte pour la vie entre les organismes eux-mêmes. Les années passées au milieu des étendues glacées de Sibérie ont peut-être permis à Kropotkine de voir dans la Commune de Paris ce qui devait devenir pour lui l’exemple de l’effort de coopération dans des conditions de contrainte extrêmes.

Ross, Kristin. L'imaginaire de la Commune (LA FABRIQUE) (French Edition) (Emplacements du Kindle 1138-1166). La fabrique éditions. Édition du Kindle.






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Berry républicain 2 décembre 2017



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