jeudi 24 septembre 2020

CITOYENS DU MONDE

     3ème séance avec débat






  




CITOYENS DU MONDE


26 août 2020 / 1h 31min / Comédie dramatique
De Gianni Di Gregorio
Avec Gianni Di Gregorio, Ennio Fantastichini, Giorgio Colangeli
Nationalité Italien





VENDREDI 25 SEPTEMBRE 2020
20h30















Bonjour,
Voici le film pour notre ciné-débat de vendredi prochain - 
25 septembre à 20h30

CITOYENS DU MONDE
Une comédie italienne de Gianni Di GREGORIO

Attilio, Giorgetto et le Professeur, trois sexagénaires romains dont les vies sont désastreuses décident tout quitter pour aller vivre à l'étranger. Mais où ? Voilà la question."






Le film (quand notre programme est connu) 
est également présenté sur RADIO TINTOUIN 
avec notre adhérent Jean-Luc aux commandes. 









Horaires des annonces Ciné Rencontres le vendredi:

9h15  12h15  14h15  16h15  17h25













      


C’est un film d’un comique triste, qui jette sur la vie un projecteur cruel, et c’est aussi en creux un film éminemment politique et social.

Bien sûr, c’est à l’évidence une grande et savoureuse comédie, mais cela n’a rien d’incompatible. Les Italiens ont tellement depuis des millénaires la culture du théâtre que les répliques les plus écrites ont l’air d’être totalement improvisées. Le naturel de la commedia del’arte chez leurs acteurs n’est jamais loin. On a cité Les Vitelloni et Le pigeon, on pouvait aussi ajouter Le Fanfaron. Les Federico Fellini, et les Mario Monicelli, les Dino Rosi, ont mêlé le comique et la satire. 
La comédie ici est indissociable du néo-réalisme et des crises d’après-guerre. 
On peut aussi leur joindre l’universel Chaplin, et derrière Charlot on sait bien qu’est toujours à l’œuvre la dialectique pathétique du pauvre qui souffre passivement et du prolétaire qui lutte pour sa dignité. Le clown est triste et le rire cache souvent les larmes, et pas seulement dans Les feux de la rampe.  Musset a décelé chez Molière ce type de gaieté, « si triste et si profonde /Que, lorsqu’on vient d’en rire, on devrait en pleurer! » (Une soirée perdue).
Soyons plus grave encore, et pensons à convoquer la référence du Procès de Kafka où Orson Welles conduit Anthony Perkins. C’est juste esquissé ici, mais c’est une clé majeure. L’administration à visage froid et la jeune femme élégante qui reçoit avec un grand sourire ne disent qu’une chose : sans ce monde nouveau, il n’y a qu’une seule règle, à savoir qu’on vous prend tout et qu’on ne vous donne rien. Il est fini le temps où Michael Moore traversait l’Atlantique pour montrer à ses compatriotes une Europe de l’Etat providence (Where to invade next). 
La politique d’austérité de l’Union européenne est passée par là, et le pays prétendu élève modèle qui a accepté tous les sacrifices possibles sous prétexte de résorber sa dette se retrouve sans rien. Il tend à subir le modèle ultra libéral dont Ken Loach décrit depuis longtemps les ravages en Angleterre. Moi Daniel Blake déteint rapidement vers le sud. 
Le personnage est surpris d’une retraite plus faible qu’envisagée, et croit même un moment à une erreur. Mais il ne s’est visiblement pas rendu compte qu’en peu de temps l’Italie a changé. On n’est plus en 2016 où Michael Moore voyait en ce pays un paradis pour retraités. C’est depuis ce temps que l’Italien Mario Draghi obtient que la BCE qu’il préside prête directement aux banques et non plus aux Etats. La politique européenne de rigueur commence ses vrais ravages, nos personnages les subissent ici personnellement. 


On sourit, tellement la forme nous y incite, à savoir les comiques de situation et les répliques plus savoureuses les unes que les autres. Mais derrière, d’autant plus émouvante qu’elle est pudiquement ainsi cachée, on devine une détresse qui n’a plus de solution. On se console (ou plutôt on croit se consoler) et se disant qu’il y a pire. « Un pauvre, c’est quelqu’un qui n’a pas ce qu’il veut, dit le père. -Mais non, c’est quelqu’un qui n’a pas à manger, qui n’a pas de toit, qui est totalement démuni. Toi, tu n’est pas pauvre ! » Pas le droit de revendiquer tant qu'il y a plus malheureux au monde? On ne va pas progresser avec ça...
Heureusement, il y a l’immigré tout proche, jeune, beau, toujours serviable et toujours propre des douches qu’il prend chez vous, pour servir d’exutoire. On lui fait la charité, et on dit que tout va mieux. Eternel piège de la charité et du fonds chrétien. Dans le jardin proche du troisième copain que l’on va trouver, il y avait une madone bien ostensible. Nous étions en quelque sorte prévenus : résignez-vous sur cette terre, comptez sur les récompenses de vos bonnes actions dans l’au-delà. La tradition italienne n’est pas faite que de théâtre social ni de comédies progressistes. 
Ces pseudo voyageurs disent vouloir partir : c’est à l’évidence pour de mauvaises raisons. Les vrais partent pour partir, disait Baudelaire. C'est encore un autre point de vue, à cent lieues des considérations sociales et économiques.

On devrait monter ce film dans tous les congrès du MEDEF et dans tous les meetings de ces partis censé défendre les prolétaires et qui sont passés à l’ennemi avec armes et bagages. Ceux qui prônent ou laissent faire les délocalisations au nom de la concurrence libre et non faussée. Leur chantage habituel : si vous nous taxez, on fuit à l’étranger. La fuite des grosses fortunes comme on parle de la fuite des cerveaux. 
Et là, le vieil érudit de bon conseil intervient. Certes, le prix est un critère. La bière est ici à 1 euro 40 seulement. Mais il n’y a pas que cela. La sécurité, le confort, les services publics, l’éducation, la santé, les routes entretenues, le climat,… tout cela doit entrer en ligne de compte, et pas seulement les lignes comptables. 
Ici, on paye peu d’impôts, mais la moindre maladie vous met sur la paille du jour au lendemain. Là, on vous permet de monter très vite votre entreprise, mais vous serez plus vite encore ubérisé jusqu’à la moelle.  Certes les pays du nord c’est bien et ont beaucoup d’atouts, mais ils n’auront jamais la lumière de l’Italie! 
Ils disent qu’ils vont partir? alors disons leur « Chiche ! » Et ils verront - mais ils le savent déjà -qu’on n’emporte pas ses châteaux luxueux ni ses chasses en Sologne à la semelle de ses souliers. 


Disons aussi un mot du mot « citoyen », le premier du titre. En italien, on peut supposer qu’il résonne un peu moins « Révolution française », même s’il est très raisonnable de penser que la Révolution française, dans tous les pays et toutes les langues du monde, est une référence universelle. Oublié pendant vingt ans, voilà qu’un obscur orateur de salle populaire le réactive en remplaçant l'exorde bourgeoise «Madame monsieur» par «Citoyennes, citoyens». On ne retient que cela de son intervention, ni son nom ni le contenu de son intervention ne nous sont parvenus. On sait seulement que cette exorde fut immédiatement comprise et acclamée avec un enthousiasme énorme. Désormais, ce mot une fois relancé, il ne sera plus question de l’oublier. Réactivé en 1868, il sera ranimé pour toujours à la Commune de Paris en 1871. Edouard Vaillant l’adoptera pour lancer ses discours jusqu’à ses derniers jours. Il fut particulièrement utilisé associé au mot "respect" dans les réformes scolaires précisément anti citoyennes au tournant du siècle (XXe-XXIe, bien sûr). La propagande n’utilise jamais tant un mot que quand il s’agit de le vider de son contenu. Ainsi de nos jours du mot "révolution" récupéré dès le début par notre président lui-même (le titre de son livre!), et surtout plus récemment encore du mot "république" (abusivement associé au gouvernement monarchiste des débuts de la IIIe, et abusivement célébré officiellement). 

Quant au bilan de la vie du Prof, il est désespérant : il ne reste rien de ses cours de latin dans la tête de ses élèves. Heureusement, petite compensation, il apprend qu’il est resté un bon élève. Mais savoir dire le mot «poule» en portugais n’a évidemment rien pour satisfaire une ambition un peu élevée. 

La scène qui m’a paru la plus triste ? Forcément celle qui a provoqué les rires les plus forts. Celle où le Prof est allongé sur son lit avec son ridicule short bleu qu’il vient d’acquérir. Le moins élégant, mais avec une proche pratique pour les cigarettes. Pour ne pas dire le moins cher, mais cela ne trompe évidemment personne, et surtout pas le vendeur. Reste à tenter de sauver ce qu'il reste d’une dignité perdue. 

Jean-Marie 
(je rajoute les contrepoints et compléments ci-dessous)




Charlie (Serge Reggiani)


Dans les yeux des enfants Chaplin,
Il y a le sourire du père,
Il y a la larme qui espère
Et l'espérance qui se plaint.
Dans les yeux des enfants Chaplin,
Il y a la roue des Temps modernes
Et tous les vieux rêves en berne
Des parias et des orphelins...

Et les lumières de la ville
N'en finissent pas de briller
Sur les tréteaux deshabillés
Et les concerts de l'an 2000.

Dans les yeux des enfants Chaplin,
Il y a la peur des frères Lumière
Et l'écran des soirs de première
Où Spielberg apprend Poquelin.
Dans les yeux des enfants Chaplin,
Il y a l'éternelle rature
Des mensonges, des dictatures
Et l'ombre du mur de Berlin

Et les lumières de la ville
N'en finissent pas de briller
Sur les tréteaux deshabillés
Et les concerts de l'an 2000.

Dans les yeux des enfants Chaplin,
Il y a la petite fleuriste
Au front pâle, au visage triste
Qui se ride avec le mot "fin".
Dans les yeux des enfants du siècle,
Il y a le rock and roll-mélo
Qui fait danser les discothèques
Sur la démarche de Charlot...

Et les lumières de la ville
N'en finissent pas de briller
Sur les tréteaux deshabillés
Et les concerts de l'an 2000.

Et tous les soirs Charlot patine
Sur des miroirs de comédie
Où sa maman dit des contines
Aux reflets bleus des galaxies.


Baudelaire, La voix

Mon berceau s’adossait à la bibliothèque,
Babel sombre, où roman, science, fabliau,
Tout, la cendre latine et la poussière grecque,
Se mêlaient. J’étais haut comme un in-folio.
Deux voix me parlaient. L’une, insidieuse et ferme,
Disait : « La Terre est un gâteau plein de douceur ;
Je puis (et ton plaisir serait alors sans terme !)
Te faire un appétit d’une égale grosseur. »
Et l’autre : « Viens ! oh ! viens voyager dans les rêves,
Au delà du possible, au-delà du connu ! »
Et celle-là chantait comme le vent des grèves,
Fantôme vagissant, on ne sait d’où venu,
Qui caresse l’oreille et cependant l’effraie.
Je te répondis : « Oui ! douce voix ! » C’est d’alors
Que date ce qu’on peut, hélas ! nommer ma plaie
Et ma fatalité. Derrière les décors
De l’existence immense, au plus noir de l’abîme,
Je vois distinctement des mondes singuliers,
Et, de ma clairvoyance extatique victime,
Je traîne des serpents qui mordent mes souliers.
Et c’est depuis ce temps que, pareil aux prophètes,
J’aime si tendrement le désert et la mer ;
Que je ris dans les deuils et pleure dans les fêtes,
Et trouve un goût suave au vin le plus amer ;
Que je prends très souvent les faits pour des mensonges,
Et que, les yeux au ciel, je tombe dans des trous.
Mais la Voix me console et dit : « Garde tes songes :
Les sages n’en ont pas d’aussi beaux que les fous ! »



Baudelaire, Le voyage (un extrait -le début - trop long sinon)


Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !


Le pigeon. 
Le titre original « I soliti ignoti » signifie en italien « Les inconnus habituels ». À la fin du film, un gros plan d'un article de journal annonce : « Les inconnus habituels entrent par effraction dans un appartement et volent de la « pasta e ceci », des pâtes aux pois-chiches ». 














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Autres tarifs au Ciné Lumière: 


Berry républicain 2 décembre 2017



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