lundi 10 octobre 2016

WHERE TO INVADE NEXT

Cinquième séance avec débat







WHERE TO INVADE NEXT

Documentaire américain de et avec Michael Moore. (2015 - vost - 2h00)



VENDREDI 7 OCTOBRE (CINE DEBAT)
20H00

Moeurs comparées, satire des USA, pamphlet, monde meilleur, ...
Un documentaire de Michel Moore : what else?





Disons-le tout de suite et fermement pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté par la suite : ce film, nous le recommandons car il a beaucoup plu. 
Inutile de revenir sur les qualités de Michael Moore que tout le monde connaît bien maintenant, comme le courage de foncer à contre-courant des présentations biaisées dominantes, courage que son physique sert à merveille en l’incarnant et l’imposant à l’image, qu’il soit dans la constance, comme son habillement, ou encore dans l’augmentation, comme c’est le cas pour son tour de taille.
Ce qui n’exclut pas, au contraire, une bonne dose réjouissante de malice et d’astuce, autrement dit d’intelligence. Merveilleuse, cette idée de pousser à l’extrême le travers de prédateur impérialiste pour mieux le transformer en son contraire : une bonne action tout à fait humaniste. Ainsi, on envahit symboliquement d’autres pays pour leur voler… leurs meilleures idées pour les appliquer dans son pays. 





Bien sûr l’exercice qui consiste à prendre le contrepied des informations des médias dominants libéraux qui bourrent le crâne sur un seul critère pour mieux vous détourner de vos intérêts réels ne doit pas être pris comme un modèle d’objectivité, et d’ailleurs il ne se présente pas comme tel : Michel Moore dit bien qu’il a zoomé systématiquement sur les fleurs et qu’il a sciemment ignoré les mauvaises herbes. Mais cette mauvaise foi volontaire est la seule arme efficace contre la mauvaise foi de la propagande médiatique habituelle. Par exemple, là où l’on nous assène que le seul critère qui compte c’est le taux de chômage, en considérant comme négligeables des trivialités comme les conditions de travail ou le montant des salaires, en espérant qu’on ne se rende pas compte majoritairement que la logique de ce raisonnement c’est d’aspirer à une société esclavagiste où tout le monde est honteusement exploité, Michael Moore nous donne à voir un monde où le bien être du travailleur est la seule condition d’une rentabilité optimale. A ce sujet,  plutôt que de mettre en avant les éternels et controversés PIB et PNB, Michael Moore retrouve le critère de bon sens que Diderot privilégiait à la fin de son Supplément au voyage de Bougainville: l'espérance de vie dans le pays considéré. Celui-là, en effet, représente une bonne synthèse de tous les autres, comme l'éducation, la santé, etc.






Bref, c’est là un exercice de montage des reportages à l’opposé de ce qu’on voit tous les jours sur nos chaînes TV, et surtout du flux d’images qui abreuvent quotidiennement le public américain : CNN, CBS, Fox News,… 
On s’est bien amusés aussi de l’ignorance du monde extérieur dont font preuve ces chaînes quand elles se sentent obligées par exemple de présenter une Europe constamment dans le chaos où brûlent sur des cartes plus qu’approximatives des flammes dignes de l’enfer. 

Bien sûr, ne serait-ce que pour montrer qu’on pouvait aisément le faire, on a tempéré le point de vue orienté en sens unique du film. L’Allemagne n’est pas un paradis purgé de ses vieux démons, comme les récentes élections le montrent. Les femmes ont des enfants pris en charge et même agréablement massés dans leur période de soins, mais le reste du temps la prise en charge de leurs enfants est si rudimentaires qu’elles ne peuvent se permettre de ne pas travailler, d’où un taux de natalité parmi les plus bas d’Europe, même si la courbe manifeste une récente tendance au redressement. En revanche, on pourrait bien rappeler chez nous que le modèle économique allemand tant vanté ici repose sur une représentation paritaire des ouvriers dans les centres de décision de l’entreprise, et ça, on n’est pas près de l’entendre dans nos médias hexagonaux dominants. 
Bien sûr aussi il est réjouissant de voir les femmes tunisiennes accéder plutôt aisément à l’avortement, mais, sur fond de viols conjugaux généralisés, cette constatation paraît sensiblement moins rose pour ce qui concerne la condition de la femme en général. On peut envier la Finlande pour sa réussite scolaire, mais ce pays compte peu étant loin dans le classement des économies mondiales. Cela dit, nos chaînes qui nous donnent régulièrement leur vision des secret de cette réussite, notamment quand notre ministre de l’éducation Xavier Darcos s’était fait filmer là-bas pour prétendument importer le modèle en France, ont toujours occulté ce qui est mis ici en avant. On nous a certes parlé investissement des enseignants, du pays, des municipalités, on a osé dans le meilleur des cas s’aventurer jusqu’à la mise en œuvre de moyens importants, et une fois ou deux - suprême hardiesse – on a laissé voir que des classes à faible effectif, autour d’une quinzaine d’élèves, étaient un facteur favorable à une bonne prise en charge des élèves. Mais c’est bien la première fois qu’on nous dit que le socle de cette réussite est d’abord l’interdiction de toute école privée. Chaque école étant publique, et chacune étant interchangeable avec toute autre, les riches ne se livrent pas à la course à l’excellence sur la base de la discrimination financière, la pire de toutes, et sont de facto incités à faire en sorte que toute école soit une école de qualité. En sens inverse, chez nous, la manif de 1984 qui a enterré pour longtemps une velléité de réforme en ce sens nous a conduits irrésistiblement à un système scolaire qui est maintenant parmi les plus inégalitaires. 
Au total, il est clair qu’un film qui prend aussi résolument le contre-pied de la propagande dominante, et dominante surtout dans les pays anglo-saxons réputés « libéraux » où le mot « social » est pour beaucoup un épouvantail, où le concept d’Obamacare est une abomination et une atteinte à la liberté de se soigner, ne pouvait qu’alimenter un débat passionnant. Et c’est ce qu’il fit, en effet. Symétriquement, et c’est bien parce que c’est Michael Moore, on a piqué à son pays l’anglais de son titre. Notre fair play, reconnaissons-le, a connu ses limites. Certes le 1er mai 1886 est une date qui s’est imposée, mais son utilisation comme symbole de lutte progressiste des travailleurs du monde entier, c’est à la France, dans le cadre de la Deuxième Internationale, qu’on la doit. Plus net encore : que l’idée de la bonne bouffe vienne d’Amérique a entraîné ici, à Vierzon, au cœur de la France, une franche hilarité ! 






Enfin, je reprends ici la remarque que je faisais en son temps à propos de Toni Erdman, le film allemand de Maren Ade : 


Les réalisateurs les plus intéressants, ceux qui ont vocation à fournir des films à Ciné Rencontres, sont souvent ceux qui traquent les raisons de mauvaise conscience de leur société. Ainsi de Michael Moore à venir, ou de David Lynch pour ce même pays. Nous avons rencontré à la Fête des Associations un Iranien appartenant à une famille de cinéastes contestataires. Et aussi un acteur qui a tourné avec Mocky, une référence pour ce qui concerne la France, comme l’ont été Chabrol ou Godard en leur temps. En littérature, Hugo Claus a réveillé son pays avec Le chagrin des Belges.

Un site américain, dont je ne garantis pas par ailleurs la qualité, ne le connaissant pas plus que cela, dit la même chose et cela au moins je l’approuve :
“We are grateful to Michael Moore for this patriotic and inspirational documentary!”






Profitez du commentaire suivant :

Saviez-vous qu'avant d'envahir l'Europe, Michael Moore avait imaginé d'envahir le Canada ?
Le film Canadian Bacon est une rareté : le seul long métrage de fiction de Michael Moore. Il s'agit d'une satire politique dans laquelle un président américain impopulaire tente de restaurer sa popularité en créant de toute pièce une guerre contre le Canada. (Un président impopulaire qui déclenche une guerre, ça vous rappelle quelqu'un ? pourtant le film date de 1995, soit bien avant l'élection de Georges W Bush). Je crois que le film est inédit en France. Les anglophones pourront découvrir cette bande-annonce du film sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=4jf8Bt4gD9Y

Et je ne résiste pas au plaisir de vous inviter à visionner cet autre petit extrait où il est fait allusion au bilinguisme canadien et plus particulièrement aux exigences francophones des québécois :
https://www.youtube.com/watch?v=dDGkQiwh_qg



UNE CONTRIBUTION DE CATHERINE
après l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis (9 novembre 2016)

Mourning for America.... 
 Je n'ose imaginer dans quel état doivent se trouver mes amis américains de New-York  et du Connecticut,, car je les sais être de farouches démocrates.  Mon ami Stephen, qui a mon âge, avait posté sur son compte facebook une photo le représentant sortant du bureau de vote avec ses deux enfants "fier d'avoir voté pour la première femme candidate à la Maison Blanche." . 
 Mais pour rester dans la note de Ciné Rencontres, je suis tombée sur cet article prophétique de Michael Moore, datant du mois de juillet, où il expliquait pourquoi Donald Trump allait être élu. Il paraît que l'article est aujourd'hui largement repris. 
A toi de voir s'il a sa place sur le blog Ciné-Rencontres 

L'article date du 26 juillet 2016...

Et même une autre un peu plus tard.

Encore Michael Moore... 
Je viens de tomber sur cet article de Télérama : un autre film de Michael Moore qui vient juste de sortir aux USA : "Michael Moore in TrumpLand".  Apparemment il a été réalisé à partir d'un "show" de Michael Moore et monté en quelques jours. 
Il serait disponible sur ITunes

L'article de Télérama :
http://www.telerama.fr/cinema/on-a-vu-le-film-surprise-de-michael-moore-anti-trump-ou-pro-clinton,149054.php
La Bande annonce du film sur YouTube : 
https://www.youtube.com/watch?v=WQhgnJv1P1Y





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 qui concerne :

L'Université populaire du Pays de Vierzon
Film "Demain" au Musée de Vierzon
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1 commentaire:

  1. Saviez-vous qu'avant d'envahir l'Europe, Michael Moore avait imaginé d'envahir le Canada ?
    Le film Canadian Bacon est une rareté : le seul long métrage de fiction de Michael Moore. Il s'agit d'une satire politique dans laquelle un président américain impopulaire tente de restaurer sa popularité en créant de toute pièce une guerre contre le Canada. (Un président impopulaire qui déclenche une guerre, ça vous rappelle quelqu'un ? pourtant le film date de 1995, soit bien avant l'élection de Georges W Bush). Je crois que le film est inédit en France. Les anglophones pourront découvrir cette bande-annonce du film sur YouTube :
    https://www.youtube.com/watch?v=4jf8Bt4gD9Y

    Et je ne résiste pas au plaisir de vous inviter à visionner cet autre petit extrait où il est fait allusion au bilinguisme canadien et plus particulièrement aux exigences francophones des québécois :
    https://www.youtube.com/watch?v=dDGkQiwh_qg

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