samedi 18 février 2017

NERUDA

19ème séance avec débat
(exceptionnel pendant les vacances)







NERUDA  
Biopic, policier chilien de Pablo Larraín avec Luis Gnecco (2016-vost/vf- 1h48)


VENDREDI 17 FEVRIER 2017 (CINE DEBAT)
20H30



Chili, Néruda poète et politique,  dictature, répression, quête de la liberté,… 
Un vrai-faux biopic problématique et complexe où Neruda est à la fois un auteur réel et un personnage de fiction.


     Le film ouvre tous les appétits mais je suis resté sur ma faim en sortant de la salle . C'est un OCNI (objet cinématographique non identifié) que j'ai vu qui me laisse perplexe. Après une ouverture classique qui introduit Neruda dans ses postures d'écrivain, d'homme politique et de défenseur du peuple nous nous éloignons rapidement de ce qui ressemble à un biopic pour s'introduire  progressivement dans d'autres styles cinématographiques. Le polar, le road-movie, le conte onirique se déclinent sur un fonds de décadence bourgeoise fin de règne qui fait mention de Néron.

    En tissant sa toile le réalisateur écarte les trames de temps à autre pour laisser voir la lutte du peuple, le répression policière et militaire et nos «  méchants » haut de gamme qui sont Le Président Videla et Pinochet. Quant au commissaire Oscar nommé par Videla pour chasser Neruda, c'est un fantoche qui se vide peu à peu de sa haine viscérale pour tout ce que représente le poète et combattant  pour le rejoindre presque comme un frère, comme un fils, Pablo et Oscar se retrouvent dans la mort .

   Mort de la poésie, mort des luttes, mort des rêves ? A chacun de tirer ses propres conclusions.
JOHN



Des liens précieux à visiter sans modération (le premier nous a été fourni par un spectateur présent lors de notre soirée) :

Bonsoir

Aussitôt dit , aussitôt fait!

Johanne Tatin Wilk, notre fille ( ancienne lycéenne de Vaillant!) a créé un groupe de musiciens Malva qui met en musique 

Des poèmes de PabloNeruda.

Le lien est

soundcloud.com/malvajo
Envoyé de mon iPad
En rentrant "Malva chante Neruda" on accède à plusieurs petits films sur YouTube 
Jean


D'Edouard Vaillant jusqu'à Pablo Neruda, en effet, il n'y a pas grand hiatus...


On peut aussi cliquer sur les images :

Chansons de Malva






Chanson de Jean Ferrat




Pour le texte de cette dernière chanson
Louis Aragon, Complainte de Pablo de Neruda



Y a-t-il dans l'oeuvre de Neruda une intrigue qui a pu conduire plus ou moins directement à celle du film, à savoir cette traque aussi ambiguë qu'impitoyable qui aboutit à une étrange fusion fatale?
Sans trancher radicalement - car nous n'avons pas la connaissance exhaustive nécessaire - notre hypothèse est plutôt de relier cette quête à des mythes médiatisés par la littérature (Achab et Moby Dick, Jean Valjean et Javert, Porphyre Petrovitch et Rodion Raskolnikov, ...) passés au crible de ces romans policiers dont on nous dit qu'ils étaient une des passions de Neruda, ainsi que de ces films qui ont pu passionner le réalisateur (Godard, John Ford,...). Sans exclure, car c'est aussi une dimension du film, l'influence des burlesques américains du temps du muet.




Et puisqu’il est question de chansons, et puisque nos débats se prolongent parfois fort tard en trois ou quatre temps… au moins (la salle, le couloir, le comptoir, devant le cinéma, le parking, parfois un bar,…), quelqu’un a pensé à une chanson de Léo Ferré qui parle de « certains heures pâles de la nuit » favorables à d’autres types de réflexions, d’échanges, de commentaires. « Et on se dit qu’il est bien tard… »

En voici la référence (Richard), au cas où on voudrait la rechercher :





Points de vue

Les rapports ambigus du poète et du pouvoir : ça ne date pas d’hier. Si le communisme est dans la lignée des visions de sociétés idéales, rappelons que Platon, dans sa République, en exclut le poète, comme élément trop potentiellement perturbateur. 

Dans le film. Communisme : vision d’une société idéale, mais où l’existence ressemblera à quelle existence ?  « Celle des gens comme moi (qui ont galéré depuis leur naissance) ou celle des gens comme toi (qui vivent comme des bourgeois) ? 
- Des gens comme moi », répond Neruda. Et qu’est-ce que ça prouve ?...

Pour qui aime entendre un espagnol de qualité, ce film est un régal. 

Evolution de deux caractères. Voix off du commissaire dans l’anticommunisme primaire : Les communistes ça n’aime pas le travail ça préfère brûler les églises. Et à la fin une rencontre fusionnelle et admirative. Il se cherche un père au passage, ou plutôt il devient le même, jusqu’à baiser les mêmes lèvres de la première femme aimée. 

Une clé, superposition de trois personnages, dont aucun n’est secondaire.
"Je suis un détective remarquable" (le commissaire OscarPeluchonneau  ). 
"Je peux aussi devenir un artiste remarquable" (Pablo Neruda).
"A vous de le dire." (Pablo Larrain, quand vous aurez vu mon film jusqu’à la fin)

Un roi sans divertissement :  le sang sur la neige. Référence dans ce blog, à l’occasion du film La Belle et la Bête


Film à la gloire de la poésie, forcément immortelle. 
La femme (artiste) n’a pas peur de la mort : « En cage, non. Je préfère mourir. »
Référence baudelairienne (L’Albatros) : 

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer

Mais que vaut, à rebours, l’accusation ou le soupçon de cabotinage, sinon de « faiseur » ? 

Ridicule ou sublime ? Et ça vaut pour le policier. Un inspecteur Javert qui bénéficierait des indices  laissés par un improbable fugitif Jean Valjean.

Un film poésie, avec des plans qui rivalisent avec les textes de Neruda. Ou qui les illustrent (paraphrasent ?). Voyez le traitement de la séquence de la mort dans la neige : 


Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas,
celui qui ne lit pas,
celui qui n'écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.

Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.
(Pablo Neruda, Il meurt lentement)



Si je disais le fond de ma pensée ou plutôt de mon ressenti, je courrais le risque d’être injuste car rien n’est évident et les interprétations sont fragiles. Mais j’avoue que derrière la virtuosité des niveaux d’énonciation, par-delà l’esthétisme réussi du film, j’ai eu la désagréable sensation de percevoir un brin de complaisance dans la manière de relayer les commentaires les plus réactionnaires qui fleurissaient du vivant de Neruda. Une phrase ambiguë résume assez bien cela : « La misère du peuple inspire le grand poète. » Eloge ? Ironie ?... J’ai plutôt ressenti cette dernière tonalité. Comme si on ne pouvait parler des opprimés quand on n’en est pas un soi-même. Comme si le bourgeois de condition devait nécessairement adopter une idéologie de bourgeois. Une chanson de Jean Ferrat réfute magistralement cette injonction : Si j’étais peintre ou maçon.




Etait-ce du hasard si en dehors de tout contexte historique et en accentuant le contexte mondain on présente la déclaration de Picasso, autre Pablo, d’une manière aussi ridicule ? (Neruda a commandé un maquis au Chili pendant deux ans…). Si je pousse un peu la note, j’ai vu un écrivain communiste champion de la lutte antifasciste (mal) traité par un cinéaste esthète et bourgeois, ce qui n'est pas incompatible non plus. Contexte électoral oblige, on se prend à imaginer que si Emmanuel Macron était cinéaste et avait fait sur ce sujet un film ni droite ni gauche, ou plutôt avec grand écart entre droite et gauche, il aurait pu faire quelque chose d’approchant. 
Mais je connais par ailleurs des personnes dont j'estime beaucoup le goût et le jugement et qui n'ont pas du tout perçu le film ainsi,  qui ont même plutôt vu un film à la gloire du poète et de la poésie. Alors... voyez le film,, et faites-vous votre opinion. 




A NOTER :
Tout aussi exceptionnellement, le vendredi suivant 24 février, un ciné débat avec un autre biopic du même réalisateur : JACKIE.



BIOGRAPHIE
Fils d'un sénateur ancien professeur de droit et d'une future ministre d'État, Pablo Larraín baigne dès son plus jeune âge dans la politique. Il démontre rapidement un intérêt pour les images et la communication, qu'il choisit d'étudier à l'université de Santiago du Chili.

À 27 ans, il confonde sa propre société de production, Fabula, aux côtés de son frère Juan de Dios Larraín. C'est deux ans plus tard qu'il passe finalement derrière la caméra avec Fuga, l'histoire d'un musicien médiocre qui se met en tête de mettre un point d'orgue à la composition inachevée d'un autre. Le film se fait déjà remarquer dans plusieurs festivals internationaux. Ses deux efforts suivants, Tony Manero (2008) et Post Mortem (2010), qui mettent tous deux en scène Alfredo Castro, s'inscrivent toujours dans le monde du spectacle mais peinent davantage à trouver leur public.

Après avoir esquissé une première réflexion politique dans Post Mortem, avec comme contexte le coup d'État de Pinochet contre le Président Allende, Pablo Larraín prend le sujet à bras le corps dans son quatrième long-métrage No, inspiré de faits réels. Gael Garcia Bernal y est un publicitaire approché pour concevoir la campagne du non au référendum sur la présidence du dictateur Pinochet. Puissant sur le fond et léger sur la forme, le film est plébiscité dans le monde entier, du Festival de Cannes aux Oscars où il représente le Chili dans la catégorie Meilleur Film étranger en 2013. Avec ce film, il s'oppose clairement à la politique à laquelle ont participé ses parents.

Membre du jury du Festival de Venise en 2013, sous la présidence de Bernardo Bertolucci, Pablo Larraín fait une courte pause de deux ans puis revient avec El Club, huis clos crépusculaire et dérangeant qui remporte l'Ours d'argent au Festival de Berlin 2015. Il tourne ensuite deux biopics sur deux figures de renommée mondiale : Neruda, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, grâce auquel il retrouve Gael Garcia Bernal, et Jackie, biopic intimiste récompensé à Venise dans lequel Natalie Portman est confrontée à l'assassinat de son mari, le président américain John Fitzgerald Kennedy. Les deux films sortent en France en janvier et février 2017.

Auteur : Cécile Desclaux


Sur le site du Ciné Lumière (cliquer sur l'image):


Berry républicain 26 janvier 2023




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L'Université populaire du Pays de Vierzon
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