16ème séance avec débat
RESISTANCE NATURELLE
Réalisation : Jonathan Nossiter
APRES MONDOVINO
Documentaire franco italien de Jonathan Nossiter... (2014 - 1h25)
CINE-DEBAT VENDREDI 30 JANVIER à 20h30
Convivial, le vin ? On ne peut pas évoquer notre simple
séance comme preuve scientifique, juste comme une indication.
Car force est de constater que chacun a exprimé son opinion
sans crainte et sans remords, en plein dans l’esprit de Ciné Rencontres.
Alors qu’on a commencé par évoquer une ancienne élève du
lycée Edouard Vaillant devenue œnologue confirmée, ainsi qu’un vigneron qui a
travaillé dans le cadre d’un partenariat pédagogique récent avec des
professeurs du même lycée, dont l’une d’ailleurs, professeur de mathématiques,
était présente dans la salle, ledit vigneron a révélé avoir reconnu sans
difficulté le portrait de sa fille, et s’être reconnu lui-même dans le
professionnel du partenariat pédagogique.
La boucle était bouclée, car Virginie B, la fille, était une
des vedettes de notre documentaire projeté chez nous il y a dix ans en
ouverture du Mondovino fondateur.
On y trouvait, dans ce petit documentaire maison, presque tous les vignerons de la région
proche, dont le président, et un viticulteur anglais, M. Smith bien sûr, lequel
(d’après ce que j’ai compris des renseignements éclairés de mon guide
Sébastien, à l’époque journaliste à la Nouvelle République), cultivait
son terroir de la façon la plus proche de l’environnement et la plus originale.
La plus… La plus… Il faudrait être plus prudent avec les
superlatifs, surtout employés par qui, comme moi, n’y connaît rien.
Car le débat, pour être courtois, n’en fut pas moins d’une
grande netteté.
Le film montrait beaucoup de scepticisme au sujet des AOC ou
équivalents italiens. Enviése, les notions françaises. Et le terme même de
« terroir » était prononcé avec gourmandise. A la faveur d’une seule
critique – concernant notre fameux champagne – le patriotisme vigneron s’est
déchaîné et menaçait d’aller trop loin. D’accord, le champagne californien, ça
fait bizarre, même à moi. Mais n’exagérons pas. Epsilon ou presque, ce mode de
culture ? Non. Sans grande qualité, les crus italiens ? Non. Et qui
disait cela, avec une connaissance étonnante (en tout cas pour moi, qui la
découvrait) dans ce domaine ? Dino, qui renvoyait aussi du côté de sa
femme pour la compétence. Et le débat s’est équilibré, dans la courtoisie.
Et puis est venue en fil rouge la discussion proposée par le
présent-absent JMB. John l’a fournie au début, on l’a rappelée ensuite.
Le vin naturel, qu’est-ce ?… Et le vin bio, et le vin
biodynamique ?…
C’est dans la cave que ça se passe. Mais non, c’est tout au
long de la production… On met ou on ne pet pas… On met plus ou on met moins… De
quoi ? Du soufre. Des pesticides. Ne surtout pas confondre Mondovino et
Monsanto…
Et la convivialité déborde le cadre traditionnel des
familles consacrées à la vigne de génération en génération. Des copines se
groupent du côté de Graçay pour bricoler leur coin de terroir. On expérimente.
On n’est jamais sûres du résultat. Mais on progresse, lentement mais sûrement. Est-ce d'ailleurs le même vin (de Quincy, de Reuilly, de Sancerre, de Mennetou-Salon,...) qu'il y a trente ans? Non, ne serait-ce qu'en raison du changement climatique. Et on espère même qu'avec un progrès de nos techniques et de notre technicité on change le produit en le faisant progresser.
Il faudrait aussi relever les nombreuses maximes insérées dans le film qui permettaient de faire réfléchir et d'alimenter la discussion. Parfois très paradoxales: "L'agriculture, c'est le contraire de la nature. " Car la nature, ce serait un foisonnement différent. Et une autre dit que le travail ne consiste qu'à laisser la terre s'exprimer. Que le vin est d'ailleurs fait par la terre. Tout est vrai, à condition de préciser sous quel angle on voit les choses.
Etonnante aussi et à méditer la thèse centrale. L'agriculteur est le dernier des hommes libres. C'est bien pourquoi on le vise tant et qu'on le fait progressivement disparaître à la faveur de la mondialisation. On est ce qu'on mange. Si on vous fait manger du vide, vous devenez vide vous même, et les pouvoirs en place vous font gober n'importe quoi pourvu que ça renforce votre dépendance. Je n'avais aucune propension naturelle à devenir révolutionnaire, dit ce vigneron. On l'est devenu comme malgré nous et par la force des choses. Révolutionnaire, le monde rural? En tout cas vraiment paradoxal ce film, et on vous avait prévenu. Mais le titre peut s'entendre en plusieurs sens: la résistance est un phénomène naturel.
C'est vrai qu'on a déjà passé beaucoup de films sur l'agriculture et le vin, et on n'a surtout pas oublié celui sur Pierre Rabhi.
Impatience post vinum (eh oui, vinum est un neutre de la 2ème déclinaison)... aussi flatteuse que légitime.
JMB.
A quel saint se vouer? A plusieurs, apparemment.
Le site de l'association "la vigne de Beauregard" à Graçay :
Bonne lecture et bonne découverte !
Cordialement,
Nathalie Averty
De Jonathan :
Je vous adresse en pièce jointe la couverture et la quatrième de couverture "Terra Madre" de Carlo Petrini, fondateur du mouvement "Slow Food" aux editions Alternatives.
De Dino
Pour terminer, un petit clin d' oeil et un souhait :
Merci à tous pour vos contributions aussi spontanées qu'utile.
Dino: Bonne suggestion de film, que je m'empresse de placer dans les prétendants du programme à suivre qui n'est pas encore bouclé (celui qui suit 50 nuances de Grey est déjà arrêté).
Pas forcément facile, mais pas impossible non plus, de déplacer la séance du vendredi soir. Sinon, il devrait être largement possible d'avoir des projections VO ailleurs dans la semaine. On échangera alors nos impressions, ce qui s'avère déjà très fructueux.
De JMB, comme annoncé précédemment:
Si je ne viens pas ce soir , voici la question que j'aurais
aimé poser :" Au delà de la littérature, quelles différences
fondamentales entre vin naturel , vin bio , vin biodynamique ?"
D'autre part , en pj, la visite, en 2012, effectuée par
l'Association Française pour l'Information Scientifique (AFIS) dans la ferme
modèle de Pierre Rabhi en ardèche .
C'est édifiant .
C'est vrai qu'on a déjà passé beaucoup de films sur l'agriculture et le vin, et on n'a surtout pas oublié celui sur Pierre Rabhi.
Voici la conclusion du site où JMB nous renvoie :
Là où notre sympathie envers des
gens que nous avons trouvés de compagnie agréable trouve ses limites, c'est
lorsque deux lignes rouges sont franchies :
Lorsque, comme l'indique
l'article de Bastamag, Terre et Humanisme affirme intervenir dans des lycées
agricoles de la région, c'est à dire dans des établissements laïcs où sont
normalement enseignés des savoirs validés selon une démarche scientifique. Là,
on ne rigole plus, et on est plutôt scandalisé de l'apprendre... à condition
que ce soit avéré. En effet, le site Internet de l'association, lorsqu'il
évoque ses activités, ne mentionne pas ces interventions en milieu scolaire.
Nous avons oublié de poser la question sur place, mais le jour même nous avons
téléphoné puis écrit à l'association afin de savoir quel lycée avait été le
théâtre de quelle intervention. En l'absence de réponse à ce jour, malgré
nos relances, on ne peut donc pas exclure qu'il s'agisse d'une autre
information bidon relayée par Bastamag.
Surtout, lorsque Terre et
Humanisme explique que les méthodes agroécologiques qu'elle promeut sont
capables de nourrir 9 milliards d'habitants au XXIe siècle, et quand elle
prétend, dans une sorte d' écolo-ethnocentrisme candide, aller dans d'autres
endroits du monde expliquer aux paysans comment il faut s'y prendre chez eux
pour assurer leur subsistance (alors que les « formateurs » ne sont
déjà pas capables de le faire pour eux), nous sommes plutôt gagnés par une
forme de colère. Parce que les paysans du Mali ou du Cameroun, eux, n'ont pas
des donateurs croyants pour les soutenir financièrement ou pour leur fournir
des centaines d'heures de travail gratuit, et ils ont plutôt besoin d'avoir
accès à des intrants comme des pesticides ou des engrais chimiques, et surtout
à un large développement de la mécanisation, afin de sortir du schéma de
l'agriculture d'autosubsistance qui fait que la majorité des gens qui souffrent
de faim sur cette planète sont paradoxalement des paysans, à qui le système
économique refuse les moyens de sortir de la pauvreté.
Pendant ce temps, Terre et
Humanisme théorise (sans conséquence pour elle, puisqu'elle vit sous perfusion)
le refus de ces mêmes moyens et prétend exporter sa propre incapacité.
C'est cela qui nous semble
insupportable.
Voir la page complète (et aussi le site AFIS, Association
française pour l’information scientifique – Sciences et pseudo-sciences) :
JMB.
Mon cher chroniqueur favori ,
Cela fait deux
jours (deux longs et mornes jours) que je cherche à lire tes impressions et ton
CR du dernier ciné rencontres . En effet , même si je ne suis pas là
physiquement , le débat d'idées m'intéresse toujours . Panne technique?
d'Inspiration?
Ou bien après
un "débat " prolongé le vin naturel a-t-il eu raison de ta nature ?
A bientôt
Réponse JMF.
La réalité est plus prosaïque et moins bachique.
Si l’année 2015 marque la décennie Ciné Rencontres, elle
marque aussi le centenaire de notre personnalité éponyme, à nous autres, les
anciens du lycée Edouard Vaillant.
Or s’il est aisé de trouver chez nous sa maison natale ou le
cimetière dans lequel il repose désormais du sommeil du juste, il faut se
rendre à Paris pour retrouver d’autres traces. Notamment, ce week-end, j’ai
souhaité voir son dernier domicile parisien dans une rue – une impasse – qui porte
le nom curieux de "Villa du Bel-Air", dans Paris (12e).
Je n’ai pas pour autant oublié notre activité cinéma, et j’ai
été également retrouver les angles de prise de vue du film précédent, avec la
confrontation visuelle entre la statue du Chevalier de La Barre, square Nadar, et
le Sacré-Cœur, sur sa butte.
On en trouvera bientôt des témoignages dans le blog, puisque
Soraya était là aussi, et qu’elle a pris des photos, dans des conditions
difficiles d’ailleurs, puisque la nuit était avancée.
Quant aux autres photos, je les placerai dans mon autre blog
sur Edouard Vaillant. Mais ceci, comme disait Kipling, est une autre histoire.
Je n’oublie pas l’essentiel : merci de ton intérêt
indéfectible... et toujours intéressant.
A quel saint se vouer? A plusieurs, apparemment.
Le Berry républicain 24 janvier 2015 |
Commentaire
reçu sur la page de notre précédente présentation, que je resitue ici, ne serait-ce que pour rendre les liens opératoires. On retrouve Cigale et Colibris...
Y en a qui ont proposé des sorties Ciné Rencontres... dans les vignes. Lesquelles? A suivre...
reçu sur la page de notre précédente présentation, que je resitue ici, ne serait-ce que pour rendre les liens opératoires. On retrouve Cigale et Colibris...
Y en a qui ont proposé des sorties Ciné Rencontres... dans les vignes. Lesquelles? A suivre...
Bonjour à tous !
Pour faire suite à cette sympathique soirée du 31 Janvier et suite aux échange de l'après-film, je viens simplement vous transmettre deux adresses de site évoquées dans la discussion :
Le site Slow Food en région centre, une mine d'informations citoyennes :
Pour faire suite à cette sympathique soirée du 31 Janvier et suite aux échange de l'après-film, je viens simplement vous transmettre deux adresses de site évoquées dans la discussion :
Le site Slow Food en région centre, une mine d'informations citoyennes :
Le site de l'association "la vigne de Beauregard" à Graçay :
Bonne lecture et bonne découverte !
Cordialement,
Nathalie Averty
De Jonathan :
Je vous adresse en pièce jointe la couverture et la quatrième de couverture "Terra Madre" de Carlo Petrini, fondateur du mouvement "Slow Food" aux editions Alternatives.
Bonjour Jean-Marie ,
Après lecture de
ton compte rendu du Ciné-rencontres sur "Résistance naturelle" voici
quelques infos supplémentaires dans lesquelles tu peux piocher :
-Slow
Food Italie a créé une section Slow Wine
- le
site www.lucianopignataro.itdédié surtout aux vins du sud de l'Italie mais pas que .... puisque on y trouve une excellente rubrique sur les
vins français
-autre site www.intravino.com dont l'
appellation complète est " intravino, un altro vino è possibile " et
qui pointe du doigt les nombreuses dérives du monde du vin en Italie dont la
dernière en date concerne Lidl , chaîne de supermarchés bien implantés en
Italie, qui vend un "chianti classico" à 3,99 € alors que les prix
chez les vignerons démarrent entre 8 et 10 € et souvent bien au-dessus... Ce
site fait lui aussi référence à la viticulture française donnée, en de nombreux
domaines , comme un exemple à suivre .
Bien sûr ces sites
sont en italien .
Il est surprenant d' ailleurs de constater à quel point les Italiens qui s' intéressent aux vins ou travaillent dans le milieu du vin ( cavistes, vignerons, oenothèques..) connaissent les vins français et les tiennent en grande estime (mais peut être est-ce pour me faire plaisir puisque français....) alors que l'inverse.....
Il est surprenant d' ailleurs de constater à quel point les Italiens qui s' intéressent aux vins ou travaillent dans le milieu du vin ( cavistes, vignerons, oenothèques..) connaissent les vins français et les tiennent en grande estime (mais peut être est-ce pour me faire plaisir puisque français....) alors que l'inverse.....
Dommage que lors du
débat certains aspects du film de J. Nossiter n' ont pu être évoqués :
-les références au passé du cinéma italien et à la sauvegarde de ce
patrimoine et l'analogie qui en découle : le vin et sa tradition sont des biens
culturels eux aussi confrontés aux lois du marché
-le film d' animation sur le retour à la
campagne , dans un moulin , semble être une charge directe contre Barilla dont
les produits " Mulino bianco" vantent la tradition , la vie à la
campagne,
un savoir-faire
ancestral....pour des biscuits et gâteaux industriels.
- l' opposition séculaire entre la cité, lieu
du savoir et de la connaissance, et la campagne et ses paysans peu instruits
voire incultes . Aujourd'hui ces valeurs ne seraient-elles pas inversées ?
Pour terminer, un petit clin d' oeil et un souhait :
- J.
Nossiter était présent à la projection de son film au cinéma Lumière ....à Bologne le 30 mai
2014. Ca ne s' invente pas.
- s' il
vous venait la bonne idée d'inclure dans votre sélection le film "Le meraviglie"
d'Alice Rohrwacher, je serais ravi que ce ne soit pas un vendredi où je
travaille.
En espérant que
cette modeste contribution puisse se révéler utile
Cdt
Dino
Dino: Bonne suggestion de film, que je m'empresse de placer dans les prétendants du programme à suivre qui n'est pas encore bouclé (celui qui suit 50 nuances de Grey est déjà arrêté).
Pas forcément facile, mais pas impossible non plus, de déplacer la séance du vendredi soir. Sinon, il devrait être largement possible d'avoir des projections VO ailleurs dans la semaine. On échangera alors nos impressions, ce qui s'avère déjà très fructueux.
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