dimanche 11 janvier 2015

LES HERITIERS


14ème séance avec débat


LES HERITIERS


Film de Marie-Castille Mention-Schaar avec Ariane Ascaride. (2014 - 1h45)




D'après une histoire vraie. Lycée Léon Blum de Créteil, une prof décide de faire passer un concours national d'Histoire a sa classe de seconde la plus faible. Cette rencontre va les transformer...



VENDREDI 9 JANVIER à 20h30









Il faut maintenant répondre à la question posée avant la séance, dans la présentation du film. Rappelons qu’il s’agit de la question impliquée par l’affirmation du Figaro : C’est un film pédago,  pas un film démago.

Pour répondre à cette question, il me semble qu’on doive au préalable se poser la question posée par le  titre : De quoi sont-ils les héritiers ?



 Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron
              Les Héritiers (1964)









La réponse est immédiate : d’à peu près rien. Ils ne sont à coup sûr pas les héritiers au sens de Bourdieu, ils ne sont pas nés dans un milieu socio-professionnel favorisé.
Et le message qu’on fait passer immédiatement, c’est que ce n’est pas important. Que ça ne joue pas ou si peu. Qu’il ne faut compter que sur deux choses.
D’abord il faut se prendre en charge soi-même, il suffit d’y croire, il faut se remuer et se remonter les manches. Bref, se mettre au travail.
Ensuite, il faut être bien guidé, bien encadré. Bref, avoir un bon professeur.
Cette présentation est très commode. Elle évite de se poser la question de l’injustice sociale, et son corollaire, celle des inégalités croissantes, ces inégalités  que les statistiques dénoncent pourtant comme le fléau numéro un de notre système éducatif, un fléau qui ne cesse de prendre graduellement de l’ampleur. C’est un rideau de fumée derrière lequel on cache l’essentiel, la grande masse des vraies statistiques représentatives qui décrivent la réalité éducative et la réalité sociale.
C’est commode aussi sur un autre plan. Ça évite de faire porter le poids de la culpabilité ailleurs que sur l’individu lui-même. Tu as échoué ? Mais tu avais toutes tes chances, regarde dans le film ceux qui ont réussi. Et bien sûr ça ne vaut pas que pour les élèves. De quoi se plaignent les professeurs ? Le film ne leur laisse qu’une seule réponde : d’être mauvais. Et là encore ce n’est pas la réalité. Combien de vrais talents ont été sacrifiés dans des situations où il n’avaient pratiquement aucune chance, avant qu'on ne soit obligé de courir désespérément chercher les mauvais qui restent à pôle-emploi ou sur un site comme le Bon-coin ?

Alors en ce sens oui, le Figaro a raison. Ce n’est pas un film démago. C’est un film fondamentalement réactionnaire.

Certes, mais n’est-il que cela ?
Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que le film fonctionne, que l’émotion, qui est aussi une forme d’adhésion quoi qu’on en dise – témoins les grands poètes de la Renaissance ou les grands dramaturges classiques qui privilégiaient ce critère – est au rendez-vous. Plus d’un spectateur, et pas les seules spectatrices, ont eu à effacer furtivement une larme échappée en profitant de la protection de la salle obscure.

Et il y a autre chose. Et même on peut y déceler des aspects réellement progressistes. On ne peut imaginer un instant qu’Ariane Ascaride, la compagne de Robert Guédiguian (soutien  du Parti de Gauche), se soit prêtée à un film socialement douteux.
Car le film montre aussi la réserve d’énergie, de volonté, de qualités humaines et finalement de talents que recèlent ces classes par ailleurs sociologiquement défavorisées, et volontiers sacrifiées.
 En ne leur donnant pas les moyens d’avoir pleinement leur chance, la société se prive d’atouts majeurs, et à chaque fois, comme disait Gilbert Cesbron, c’est Mozart qu’on assassine. Ajoutons : et c’est toute une société, une nation entière, qui se donne un handicap lourd dans une compétition dont on nous rappelle sans cesse qu’elle est plus que jamais mondiale. 
Et ça, ce n’est pas un message réactionnaire.
Ouf ! on peut se laisser aller à apprécier ce film sans trop de mauvaise conscience. C’est déjà un beau résultat.

Mais il y a encore bien d’autres qualités, que je ne vais évidemment pas toutes recenser.
Par petites touches, les réalités, les difficultés, les grandeurs et les misères du milieu enseignant, tout cela est plutôt bien montré, compte-tenu du fait que c’est une entreprise tellement difficile, que les présenter d’une manière qui ne soit pas trop caricaturale ou aseptisée est déjà une excellente performance.
Surtout, au sein du film, la présence et le traitement de la déportation, l’intégration dans le film de cet étonnant – mais ils le sont presque tous – survivant des camps de concentration qu’est Léon Zyguel est, sur le fond comme sur la forme, d’une efficacité, dans le sens éminemment positif, absolument exemplaire.








Et tout cela était bien sûr surdéterminé par les événements tragiques qui viennent de frapper nos co-citoyens d’abord, et à travers eux nos valeurs communes, notre pays, et notre modèle républicain.
Et alors qu’on aurait pu s’attendre à une petite assistance à ce énième « film de prof », tout s’est passé comme si la famille Ciné-Rencontres avait éprouvé le besoin, dans une salle pleine, de se retrouver ensemble. D’abord juste pour se retrouver. Et puis aussi pour réfléchir ensemble à se qui se passe, en se détachant un instant de l’information directe des médias. L’importance de l’éducation, si souvent négligée depuis trop longtemps, pour ne pas dire méprisée, est apparue alors d’une aveuglante évidence. Et ça non plus, ce n’est pas un message négligeable, encore moins un message inutile.


Je venais d’écrire ce qui précède quand j’ai reçu cette contribution de JMB. Je n’ai pas rêvé – ou plutôt cauchemardé – en étant prisonnier de ces préoccupations imposées par l’actualité. On n’est pas dans le hors sujet en les exprimant.




Merci à Dorine pour cette contribution:


C'est toujours après-coup que certains commentaires se précisent ! Cette fois, je regrette de n'avoir pas évoqué l'une des  scènes du film pour voir comment d'autres que moi l'avaient ressentie.
Il s'agit de ce moment dans l'autobus où une femme voilée propose à deux reprises sa place assise à une dame. Celle-ci ne répond pas et s'en va .. Un beau sourire  est échangé entre- je ne sais plus comment il s'appelle- l'un de nos jeunes adolescents, celui qui est noir, et la jeune femme, visiblement musulmane,  tout à fait sympathique.
La réaction de la dame m'a troublée.. car je l'avoue, j'aurais bien pu avoir la même... sauf peut-être si l'attitude très avenante de la jeune femme voilée m'avait amenée à, au moins, lui répondre quelque chose... Le port du voile par les femmes qui vivent en France me choque et me met tout particulièrement en colère ! Il y a le sens prêté à ce voile dans le jeu des relations hommes/femmes. Mais c'est aussi un signe  qui m'informe abusivement de ce qui ne me regarde pas , c'est à mes yeux un comportement impudique manifeste – alors qu'elles justifient par leur « pudeur » le fait de se cacher les cheveux - que d'exposer ainsi sa vie psychique intime.. Leur croyance est brandie comme une revendication d'identité et constitue pour moi une provocation.
 Dans le film Timbuktu, on voit bien que ce voile n'est pas du tout indispensable à la pratique religieuse musulmane et que celles qui sont obligées de le porter aimeraient bien s'en dispenser.
 Et il me semble qu'à Vierzon, j'en vois de plus en plus. Est-ce une hallucination ?
Quel est le sens de cette scène dans un tel film ?
Faut-il la relier à un autre moment : une ado est agressée dans un escalier du lycée par  de jeunes « macs » qui lui disent qu'elle s'habille comme une pute. Je me suis demandé si ce n'était pas la même jeune femme que l'on retrouvait voilée dans l'autobus et qu'elle n'avait que ce moyen pour fuir les persécutions.
D'ailleurs, il me semble que ces jeunes musulmanes n'ont le choix qu'entre 3 possibilités : s'habiller « classique » et elles se font traiter de « bourges », suivre la mode hyper sexy des ados de leur âge et être considérées comme des putes, ou se voiler. La dernière solution est sans doute la moins inconfortable ! Mais elle n'est pas sans conséquence sur les relations avec l'environnement. La jeune femme de l'autobus est-elle là pour démontrer qu'on peut être voilée et aimable- au sens fort du mot-et que cela ne gêne pas le « vivre ensemble » ? C'est la dame qui aurait finalement une réaction grossière en ne répondant pas à ce sourire engageant ?
Cette question du  voile et de la tenue vestimentaire court tout au long du film. Il s'ouvre sur cette problématique avec cette jeune voilée et sa mère qui viennent chercher le diplôme du bac, se continue au cours du conseil de classe par l'évocation des « tenues longues » de certaines . Je dirai en passant que j'apprécie la réponse du proviseur et trouve qu'il a bien raison de se contenter de l'enlèvement symbolique du foulard ! Cela se continue par la scène où le jeune converti veut « faire un rappel » à  « son frère » qu'il n'a pas vu à la mosquée et celui-ci se moque de sa tenue peu pratique pour faire du vélo ! Remarquons qu'il aurait pu penser la même chose de la robe  de la femme voilée du bus ! Mais il semble plutôt échanger avec elle un sourire complice..
En résumé, sans trop en avoir l'air, ce film parle bien du problème des signes religieux dans l'espace public. Je sais que je ne souhaite pas qu'ils soient interdits comme ils le sont, très heureusement, dans les établissements  tels que l'école, l'hôpital, etc.. Dans la rue, cela relève d'une autre notion de la vie avec les autres. Quand on les arbore couramment, n'importe où, en dehors du chemin vers les lieux de culte, c'est moi qui ne me sens pas respectée et qui me trouve envahie. Il y a là un manque de savoir-vivre, une impolitesse, comme quand on tient sur son portable de grandes conversations à côté d'inconnus qui n'en ont rien à faire !
Verrai-je un jour des musulmanes portant foulard lire Charlie-Hebdo en riant aux éclats ? Cela pourrait peut-être me donner le goût de ce voile que j'ai tant envie de questionner...

Voici une contribution (un grand merci encore pour l’avoir faite) particulièrement argumentée, et qui attire l’attention sur un des aspects du film que le débat en effet a plus effleuré qu’approfondi, mais c’est toute la différence entre des réactions à chaud, toutes proches de l’émotion, et a posteriori, dans le temps plus long de la réflexion. Je me suis aperçu que j’étais moi-même plus réservé sur le contenu (pas sur la forme, très efficace) que pendant le débat. Mais c’est à ça aussi que sert un blog, je suppose.

Je rajouterai que le film, avec les moyens habituels dont dispose le cinéma, modèle et oriente ses contenus. Le résultat est l’envoi de messages conscients et maîtrisés, et d’autres qui échappent bien entendu, comme toujours en art, aux créateurs eux-mêmes.

La séquence du bus, en effet, a bien l’air de vouloir faire passer le message que ce n’est pas tant le voile qui est problématique, mais la réaction - gênée, hautaine (?), en tout cas intolérante - de la « dame normale ». Et en effet ce message explicite est lui-même problématique. Bien montrer qu’on fait la distinction entre le voile inadmissible au lycée, et le voile normal dans un bus ?

La scène forte du début, qui paraît aller dans le sens inverse, n’est pas elle-même exempte d’interrogations. Certes, la laïcité est parfaitement défendue, et avec une fermeté exemplaire, par l’enseignante et le proviseur. C’est sans doute le message explicite. Il peut cependant être brouillé ou lénifiant si on l’analyse un peu plus avant.
On remarque que les personnels sont bien seuls devant ce type d’agressivité. On n’oublie pas tout ce qu’il a fallu d’hésitations pour ne pas dire de lâcheté politique (époque Jospin) pour trancher la question, alors que les personnels d’enseignement et de direction étaient longtemps livrés à eux-mêmes, quand ils n’étaient pas désavoués par leur hiérarchie alors qu’ils souhaitaient appliquer la règlementation laïque. (Creil, 1989).


Par ailleurs, quel est le sens de l’évolution du chef d’établissement héroïque du début qui se mue en récupérateur cynique de l’événement, après avoir tenté d’imposer comme un dogme le cliché du déterminisme social ? Simple reflet de la complexité inhérente à tout être humain ? Ou discrédit rétrospectivement jeté sur la scène initiale ?

D’autre part, le film fait ce qu’il veut avec la coupure du plan. Sens : Circulez, y a plus rien à voir. Or dans la vie, c’est souvent là que les choses importantes se jouent. Voir la scène de la remplaçante victime de l’agression de la classe. Comment ça se résout ? Punition et remise au pas des élèves ? Enseignante éjectée du système pour manque d’« autorité naturelle » ? En Angleterre, pour que les cours se déroulent normalement, on met parfois un policier près de la porte pour assurer l’ordre… Que suggère le film de cet avenir trouble de la classe ? Plutôt l’élimination de l’enseignante, alors que la scène ne dit rien de ses qualités ou défaut a priori. Elimination du problème par le film en tout cas.

Globalement, par rapport à d’autres, le film ne triche pas. Pas beaucoup. Mais il triche toujours. Témoins les gros plans appuyés (trop, on nous prend pour qui ?) qui soulignent quand il faut se réjouir (d’une réussite, de quelqu’un qui se fait renvoyer dans les cordes,…). Dans ce cas, le montage pédagogique se fait montage démagogique.

Tricher en maîtrisant le script. On dit, on fait, même en râlant. Enlevez vos casquette, on enlève la casquette. Changez de place, on change de place, en faisant la tête, certes, mais on obtempère. C’est dur, mais la réalité l’est souvent beaucoup plus. C’est loin d’être aussi simple, et ça peut durer… Au cinéma, on ne peut lasser à ce point, ni installer ce type de malaise. Alors l’acteur obéit au scénario, alors le monteur coupe la scène et on passe à la suite. Le problème réel est loin d’être résolu pour autant.

Manque de soutien à l’enseignante. Manque de soutien aux élèves. La jeune fille livrée sans défense à l’agression du petit caïd. Quel message ? Résignation ? Invitation à s’indigner et à trouver des solutions ?

L’intégrisme d’Olivier devenu Mohamed. Quel sens ? L’idée qu’un néo-converti est plus agressif et borné qu’un natif de cette civilisation ?

L’important pour moi reste l’école cassée pour des raisons qu’on peut imaginer (concentrer et maîtriser le pouvoir, favoriser le consumérisme passif plutôt que le citoyen actif et remuant du fait de son esprit critique).
Quelques points (parmi tant d’autres…) :

Une massification sauvage de l’école baptisée démocratisation. Pauvre idée alors de ce qu’est la démocratie, qui a bien d’autres exigences.

Une dévalorisation méthodique de l’image de l’enseignant ( et de l’école) dans la société. Ce sont les médias qui prennent le pouvoir (donc la pub).

Souvenir de la caricature du journal syndical du second degré des années 80 (L’US, L’Université syndicaliste). Dessin : un élève près du bureau, à son professeur : « Monsieur, comment est-ce que je peux respecter quelqu’un qui ne gagne que 1000 euros (équivalent francs) par mois ? » Mon père gagne 4 ou 5 fois plus… Salaire des enseignants français dans les plus bas d’Europe. Idée que ce ne serait pas un métier, alors que c’est un des plus exigeants et usants qui soient. Que sera, dans 21 ans, près de la soixantaine – ça sent le vieux, dit l’élève avec dédain -, après des répétitions éprouvantes d’épreuves successives de ce genre, la « morosité qui n’est pas la [s]ienne » de la si merveilleuse Ariane ?

La casse des mathématiques par le scientifique Allègre. Notre point fort historique en passe de devenir un point faible. On ne recrute plus d’étudiants pour notre fac de sciences voisine.



Il paraît qu’après les tragiques événements de l’actualité récente, on va se pencher sur l’école. Il serait temps, mais on l’a tellement fait dans le passé avec les résultats qu’on sait, qu’on peut faire preuve à cet égard d’un léger scepticisme.


Diane Kurys (1977), un film des productions de l’avionneur Marcel Dassault.








Le film emblématique de la dégradation de l’école dans la société. Les agressions les plus dures passent bien mieux avec les moyens de la séduction. Y compris dans la bande son, avec notamment la chanson sirupeuse à succès d’Yves Simon. Les profs pris pour cible de toutes les haines et de tous les sarcasmes. Application pratique des craintes de Paul Guth, pourtant professeur « privilégié » à Henri IV : « Les profs, ces adultes qu’on donne en pâture aux enfants. » Le problème, c’est quand ça déborde de l’école. Les dégâts dans toute la société sont considérables. Il suffit de quelques années pour détruire. Il faut un siècle au moins pour reconstruire. Même pour recruter des professeurs formés « à court terme », le court terme doit au moins tenir compte du temps de formation.


J’ai été le premier étonné. Ils ont laissé les élèves faire l’école, les imbéciles, sous couvert de liberté sans limite. Ils ont pris ce qu’on disait au pied de la lettre. Ils ont abandonné les cadres nécessaires.
(Yves Simon, France Info (en substance), 12/1/15, invité à donner ses impressions sur la comparaison entre 68 et maintenant).


Rappels :



Extrait de la distribution :

Dora Doll : la professeure de gymnastique en manteau de fourrure
Françoise Bertin : la professeure de Français sévère
Jacqueline Doyen : Petitbon
Tsilla Chelton : la surveillante générale acariâtre
Nadine Alari : le Censeur
Marthe Villalonga : la professeure d'Anglais attentive
Dominique Lavanant : la professeure de Maths manquant d'autorité
Denise Péron : la professeure de Dessin misogyne
Arlette Bonnard : la professeure d'Histoire dépressive
Jacques Rispal : le concierge du lycée grincheux
Frédérique Meininger : la professeure de Sciences
Marie-Aude Echelard : la professeure de Chimie



SYNOPSIS

Septembre 1963. Anne, 13 ans, et sa sœur Frédérique, 15 ans, quittent leur père à la fin des vacances pour rejoindre leur mère qui vit séparée à Paris. C’est la rentrée des classes. Dans les cours et les couloirs du lycée Jules-Ferry, à Paris, des essaims de jeunes filles en fleur. Parmi elles: Anne, qui entre en 4e et sa sœur Frédérique, qui entre en 2e.
A l’intérieur du lycée, c’est la monotonie accablante des travaux et des cours : l’état-major autoritaire, les professeurs plus ou moins ridicules, le folklore des chahuts improvisés, la discipline que l’on supporte ou que l’on brave, les amitiés adolescentes.
En dehors du lycée, Anne et Frédérique s’accommodent comme elles peuvent d’une vie de famille pleine de tiraillements et d’incidents domestiques. Leurs parents sont divorcés. La mère fait des efforts maladroits pour assumer son rôle d’éducatrice. Le père est à peu près inexistant. Il gâte ses filles aux périodes de vacances et à l’occasion de rencontres rares et furtives.
Et puis, il y a les garçons. Frédérique a obtenu la permission de passer quelques jours de vacances en compagnie de son amoureux. A son retour elle déclare à sa sœur choquée que tout est fini.
Une surboum est l’occasion de timides échanges sentimentaux. Tout est flou, bizarre, pas toujours logique. A la porte du lycée des groupes politiques s’affrontent. Au cours d’une leçon d’histoire très détendue, une élève fait le récit des « événements de Charonne » (manifestation antifasciste brutalement réprimée par les forces de l’ordre).
L’année scolaire se termine par une représentation théâtrale donnée par les élèves. Ambiance plus triste que gaie, bal sinistre. Et de nouveau, les grandes vacances avec papa, au bord de la mer.

Lu sur le blog de quelqu’un de représentatif (qui aime beaucoup) :

Qui dit retranscription dit aussi rappel de tous ces souvenirs hilares, de toutes ces anecdotes universelles des élèves qui se moquent royalement de leurs professeurs, dénués d'autorité pour certains (pauvre Dominique Lavanant qui en prend plein la tronche) et complètement barjots pour d'autres (la prof de dessin).
         (…)
Diabolo menthe se doit donc d'être clairement consommée comme une boisson car rafraîchissante, poétique et surtout très drôle de nostalgie. Plongé dans le beau Paris à la veille d'une révolte qui changera à jamais sa face, le film est magnifique et constitue alors une petite perle dans la cinématographie française. A consommer toutes saisons confondues.









BROOKLYN CASTLE de Katie Dellamaggiore (2012)






Brooklyn Castle est un documentaire sur l'un des meilleurs clubs lycéens déchecs des Etats-Unis. Mais les restrictions budgétaires, à cause de la crise, menacent cette organisation.





Autre rapprochement pertinent, concernant la question économique occultée du film, ou minimisée (On pique une crise, mais on fait des miracles avec des bouts de ficelle et on trouve toujours la photocopieuse du secrétariat administratif pour dépanner à temps). Que retient-on ? Que le manque de moyens pour travailler est scandaleux ? Ou qu’on finit toujours par trouver une solution avec un peu de bonne volonté ? Là encore, on reste dans l’entre-deux.
Ce n’est pas le cas avec Brooklyn Castle. Même point de départ et fil directeur. Le triomphe d’une classe d’un quartier défavorisé dans un concours hyper sélectif (les échecs au niveau national). Même glorification de l’investissement collectif et individuel, même explosion de joie (comme dans La famille Bélier) quand arrive le jour de gloire. Mais l’hypocrisie concernant à occulter que tout cela quoi qu’on fasse a un coût n’est pas de mise. Exceptionnellement, l’horrible cynisme (bonne conscience et absence de complexe, voire de scrupules) que l’on attribue aux Américains dans le domaine de l’argent et de l’arrivisme, est plutôt une vertu. Le film commence avec les problèmes de financement qui vont condamner une filière de réussite du fait de la défaillance des crédits habituellement alloués par les pouvoir publics. Mais on ne fait pas sans. On se bat pour en obtenir, en faisant pression, en frappant à toutes les portes, en se mobilisant. Bien sûr que l’argent est aussi le nerf de la guerre, et là il n’est pas question de cacher le problème sous le tapis.


Voir si on le souhaite ce que nous disions de ce film quand nous l'avions déjà rapproché de Dancing in Jaffa:

http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/06/dancing-in-jaffa.html#more




La question du travail en équipe. Peu performant en France malgré un exemple cinématographique :




L'École buissonnière est un film français réalisé par Jean-Paul Le Chanois et sorti en 1949. Ce film marque un temps fort de l'histoire du cinéma d'après-guerre : il romance les débuts de la pédagogie de Célestin Freinet, à travers le personnage d'un jeune instituteur, M. Pascal, campé par Bernard Blier.




Entendu à la radio (France Info) ce matin (14 janvier), Cécile Duflot :
J'ai vu un film, il s'appelle Les Héritiers, il faut aller le voir,  il montre que c'est possible.
Certes, mais qu'on voie aussi pour être réaliste les réserves critiques de ce blog.
D'autres témoignages, dans les classes où plus de la moitié des élèves pensent que rien ne s'est passé et que  tous ces événements ne sont que des montages médiatiques (autorité principale ; les réseaux sociaux). Le discours performatif des politiques est sans doute nécessaire, il n'est pas pour autant suffisant. Je veux que... Je ne veux pas que... c'est très efficace devant un public de députés, ou dans un film au scénario parfaitement ficelé d'avance.
Beaucoup moins dans les classes statistiquement significatives.  Malgré les efforts de la mise en scène qui visent à nous faire croire qu'on a affaire à des loups impitoyables, on voit bien très vite qu'on a affaire à des agneaux gentils, intelligents, et pleins de ressources et de bonne volonté.


Pour une réaction mitigée du même type on peut se reporter à :
La cour de Babel



Actualité en résonance avec l'esprit et le titre du film.








200 cas signalés, 40 faisant l'objet de poursuites.

Principe -
        Rassurant:
La laïcité nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux.

 Constat -
       Lucide: 

Les incidents sont importants et ils sont graves. 

Honnêtement, à l’heure qu’il est, je peux vous le dire, l’école n’est pas à la hauteur dans cette mission. Ce n’est pas faute d’enseignants de valeur, d’enseignants qui souhaitent transmettre ces valeurs.


Restent les solutions...










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