2ème séance avec débat
HIPPOCRATE
Film français de Thomas Lilti avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Félix Moati, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt... (2013 - 1h42)
Benjamin va devenir un grand médecin, mais pour son premier stage, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie et les responsabilités écrasantes. Son initiation commence...
Entre drame et comédie, ce film parfois émouvant, parfois drôle, mais toujours touchant dépeint la vie d'une équipe dans un hôpital public...
CINE DEBAT VENDREDI 12 SEPTEMBRE à 20h30
Disons-le tout de suite, le film fait preuve d’un certain
courage en présentant – je ne dis pas en dénonçant, car tout est surdéterminé
par le fait que les conditions de travail dans ce milieu sont tellement dures
que tout ou presque y devient excusable – des choses horribles comme les
erreurs médicales (erreurs de diagnostic), la protection des erreurs du fils du
patron et au contraire le sacrifice sans état d’âme du bouc émissaire naturel
qu’est le médecin d’origine algérienne, les personnels au bord du burn-out qui
sont censé assurer des tâches à haute responsabilité, parce que tout simplement
on manque de personnel, ou du matériel nécessaire, voire vital, que l’on
n’utilise pas, tout simplement parce qu’on n’en dispose pas, ou qu’il est en
état de panne chronique.
En second plan, le film présente aussi des choses inquiétantes, comme les gens qui se font la main sans assistance compétente aux dépens des malades dans lesquels on enfonce d’énormes aiguilles sans garantie d’efficacité, encore moins de souffrance limitée. Bien sûr, il faut bien commencer un jour, mais il n’est pas impossible de rêver que dans ce cas on soit aidé (comme le fait d’ailleurs, mais purement par hasard, le second interne dans le film). Je sais bien qu’on envoie plein de jeunes enseignants se brûler les ailes dans des classes sans assistance également, parce qu’il faut bien boucher les trous tout en faisant des économies, ou que les seniors aidant les jeunes à s’insérer dans l’industrie existent davantage dans les pubs télé gouvernementales sur les contrats emploi-solidarité que dans la réalité. Mais ici, en médecine, il s’agit plus souvent et plus vite qu’ailleurs de questions de vie ou de mort. Même si ce n’est pas absent non plus dans d’autres cas comme ceux que je viens de citer : la prise en charge d’élèves nombreux dans des situations où on est responsable de tous sans pouvoir matériellement assurer la surveillance de chacun conduit régulièrement à des drames, et les accidents du travail ne sont pas tous, tant s’en faut, inévitables.
En second plan, le film présente aussi des choses inquiétantes, comme les gens qui se font la main sans assistance compétente aux dépens des malades dans lesquels on enfonce d’énormes aiguilles sans garantie d’efficacité, encore moins de souffrance limitée. Bien sûr, il faut bien commencer un jour, mais il n’est pas impossible de rêver que dans ce cas on soit aidé (comme le fait d’ailleurs, mais purement par hasard, le second interne dans le film). Je sais bien qu’on envoie plein de jeunes enseignants se brûler les ailes dans des classes sans assistance également, parce qu’il faut bien boucher les trous tout en faisant des économies, ou que les seniors aidant les jeunes à s’insérer dans l’industrie existent davantage dans les pubs télé gouvernementales sur les contrats emploi-solidarité que dans la réalité. Mais ici, en médecine, il s’agit plus souvent et plus vite qu’ailleurs de questions de vie ou de mort. Même si ce n’est pas absent non plus dans d’autres cas comme ceux que je viens de citer : la prise en charge d’élèves nombreux dans des situations où on est responsable de tous sans pouvoir matériellement assurer la surveillance de chacun conduit régulièrement à des drames, et les accidents du travail ne sont pas tous, tant s’en faut, inévitables.
Courage aussi du film quand il dénonce les directeurs DRH
incités à gérer de l’humain comme on gère des colis chez Amazon, avec un pauvre
argumentaire d’une lâcheté pitoyable et aussi peu revendicatif que possible. On
lui demande, au directeur du film, de faire bonne médecine avec peu d’argent,
et il n’a pas le quart du dixième de la résistance pourtant très limitée de
maître Jacques devant Harpagon.
Encore moins, bien entendu, du jeune interne faux-cul et tête à claques du début, qui sauvera son âme de justesse avant la fin, parce qu’il aura le sursaut de se métamorphoser en une sorte de sous Jack Nicholson foutant joyeusement une merde libératrice dans un système médical absurde et oppressif. Ou encore du jeune maghrébin fayot et servile auquel le bouc émissaire lance avec ironie : « Toi tu réussiras, bravo, vive la France ! », et qui se rachète miraculeusement en étant le premier à dire que la présente réunion devant le directeur doit avoir pour but premier la réintégration du véritable héros du film, ce médecin algérien aussi digne qu’efficace contraint de faire ses preuves comme un débutant, alors qu’il est à l’évidence parmi les plus brillants de l’hôpital, y compris et très vite aux yeux de sa supérieure hiérarchique (admirable Marianne Denicourt, au jeu caractérisé à la fois par une grande clarté qui nous fait comprendre tout ce qu’elle a à exprimer sans qu’elle ait même besoin de parler, alliée à une grande subtilité révélant constamment l’inconfort et la complexité de sa position) qui pourtant avait accumulé un grand nombre de préjugés défavorables contre lui au départ.
Encore moins, bien entendu, du jeune interne faux-cul et tête à claques du début, qui sauvera son âme de justesse avant la fin, parce qu’il aura le sursaut de se métamorphoser en une sorte de sous Jack Nicholson foutant joyeusement une merde libératrice dans un système médical absurde et oppressif. Ou encore du jeune maghrébin fayot et servile auquel le bouc émissaire lance avec ironie : « Toi tu réussiras, bravo, vive la France ! », et qui se rachète miraculeusement en étant le premier à dire que la présente réunion devant le directeur doit avoir pour but premier la réintégration du véritable héros du film, ce médecin algérien aussi digne qu’efficace contraint de faire ses preuves comme un débutant, alors qu’il est à l’évidence parmi les plus brillants de l’hôpital, y compris et très vite aux yeux de sa supérieure hiérarchique (admirable Marianne Denicourt, au jeu caractérisé à la fois par une grande clarté qui nous fait comprendre tout ce qu’elle a à exprimer sans qu’elle ait même besoin de parler, alliée à une grande subtilité révélant constamment l’inconfort et la complexité de sa position) qui pourtant avait accumulé un grand nombre de préjugés défavorables contre lui au départ.
En même
temps, osons dire quelles sont les limites d’un film rare et, affirmons-le,
globalement courageux. Mais avant cela, je le défendrai aussi sur le terrain
où, me semble-t-il, on l’a le plus attaqué : la prétendue maladresse d’une
scénarisation qui, dans le cadre de ce cinéma-vérité revendiqué avec la
conscience d’un cousinage au moins générationnel avec notre film précédent Party
Girl, nuirait à la crédibilité du documentaire et à la libre expression des
acteurs. Rien de tout cela ne m’est apparu, bien au contraire. Pour moi, le
scénario sert de colonne vertébrale efficace à l’aspect documentaire, lequel à
son tour donne chair et crédibilité au scénario. Symbiose réussie, donc.
Réussite aussi que ce choix d’un climax révélateur du malaise global du métier
de médecin et du dysfonctionnement de la structure hospitalière avec la fin de
vie, ses problèmes, ses doutes, ses douleurs, ses contradictions morales, ses
déchirement affectifs. A tel point qu’on s’est parfois demandé si le titre - Hippocrate - était bien choisi. Mais ce n’est pas un titre général accolé à
une situation étroitement limitée. C’est bien là que convergent une pluralité
de questions et (parfois) de réponses concernant la profession de médecin dans
sa dimension totalement humaine, ce que symbolise parfaitement la question de
savoir si, dans notre monde moderne et ultra libéralisé, le serment
d’Hippocrate n’est pas devenu de facto obsolète tant prédominent des intérêts
autres qu’humains, à savoir principalement des intérêts financiers et des
intérêts de pouvoir. Quand ce ne sont pas tout simplement, moins faciles à
fustiger au premier abord, des intérêts de survie, pour ceux qui n’ont d’autre
possibilité que de choisir entre prendre la porte avec dignité ou demeurer les
complices d’un système indigne. Beaucoup des personnages, d’abord perçus comme
ridicules ou odieux dans le film, vus sous cet angle, apparaissent vite comme
les victimes pathétiques d’un système qui ne leur laisse aucune marge de
manœuvre.
Non, là où véritablement les limites sont posées, c’est quand il s’agit de définir l’angoisse majeure de la population de nos société pourtant techniquement évoluées du XXIème siècle face au pouvoir médical, et simultanément, au contraire, à l’impuissance médicale. L’angoisse qui prédomine à l’évidence, ce n’est pas l’acharnement thérapeutique qui maintiendrait le malade en vie en usant de tous les moyens de la médecine de pointe pour prolonger inutilement et douloureusement une existence condamnée. Ce n’est pas la peur de finir comme Franco ou Vincent Lambert. C’est bien plutôt l’angoisse, pour soi-même ou ses proches ou l’ensemble de ses contemporains, d’avoir à crever comme un chien dans la rue, devant un hôpital qui n’a plus de place pour vous accueillir, ou à une distance inaccessible d’un hôpital où tous les services se trouvent concentrés, ou encore anonyme et ignoré dans le couloir d’un service des urgences bourré à craquer, ou encore en lançant des appels désespérés que personne n’est en mesure de prendre en compte, comme ce gosse de dix ans parvenant héroïquement à contacter les secours, mais auquel on ne donne pas suite, et qui assiste impuissant au décès de son père d’une crise cardiaque à faible trajet d’une caserne de pompiers qu’il aurait suffit d’orienter efficacement (fait divers local dont l’écho n’a pas disparu des mémoires). C'est aussi de courir le risque de rentrer dans un état (au moins apparent, on n'est pas médecin) nullement désespéré, mais qui empire si brusquement qu'il ne reste que l'incompréhension. Il est des prises de position politiques de réduction des services publics dans le domaine de la santé (surtout mais pas seulement) qui tuent aussi efficacement que des balles. D’autant plus insupportables d’ailleurs que, dans le même temps, les inégalités entre les bénéficiaires supposés de la Déclaration universelle des droits de l’homme se sont scandaleusement accrues jusqu’à l’écartèlement.
Inégalités géographiques : désert médical ici,
concentration là. « Ils ont tous à Paris et dans le midi ! »
a-ton dit dans la salle. Sociales : des activités privées de plus en plus
nombreuses installées comme des coucous prospères dans le nid commun des
installations publiques payées deux fois par le citoyen de base, par les impôts
au départ, par les dépassements d’honoraires à la sortie. Le grand écart
atteint des sommets ubuesques : en période de pénurie, on apprend que tout
un étage d’un grand établissement parisien est réquisitionné pour le bien-être
et le confort et la sécurité d’un
prince du pétrole. Des gens qui se sont fait une réputation dans le social
justifient sans vergogne. Vite, relisons le serment d’Hippocrate, ou plutôt jetons-le
définitivement au feu : ça fera peut-être moins mal.
Buste d'Hippocrate ou de Démocrite (celui qui riait de tout)? A moins qu'Hypocrite ne soit suggéré... |
A l'hôpital de Vierzon aussi, les dents sont dures.
Pour ceux qui s'intéressent à la situation locale, dont je ne suis pas un expert omniscient, je ne peux mieux faire que renvoyer à cette page dont il me semble qu'elle présente l'état des connaissances actuelles de la manière la mieux informée qu'on puisse raisonnablement souhaiter.
http://www.vierzonitude.fr/2014/06/H%C3%B4pital-de-Vierzon-des-charrettes-de-contrats-%C3%A0-la-trappe
Comment dit-on dans les films? Ah oui: Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne sautait être que fortuite.
J'ai entendu par hasard à la radio une interview de François Bégaudeau, le romancier et l'acteur pratiquement dans son propre rôle du film Palme d'Or 2008 réalisé par Laurent Cantet. Son dernier livre est en plein dans notre thématique. Il nous servira de prolongement tout indiqué.
Message explicite et implicite:
http://www.vierzonitude.fr/2014/06/H%C3%B4pital-de-Vierzon-des-charrettes-de-contrats-%C3%A0-la-trappe
Comment dit-on dans les films? Ah oui: Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne sautait être que fortuite.
J'ai entendu par hasard à la radio une interview de François Bégaudeau, le romancier et l'acteur pratiquement dans son propre rôle du film Palme d'Or 2008 réalisé par Laurent Cantet. Son dernier livre est en plein dans notre thématique. Il nous servira de prolongement tout indiqué.
Message explicite et implicite:
« C’est pas rentable d’accompagner un vieux. » Mais c'est inhumain de ne pas le faire.
Vous avez dit rationalité ? Alors réfléchissez:
flexibilité = horaires absurdes = personnel abîmé =
efficacité moindre
Comment continuer à aimer son métier lorsque l’institution à
laquelle on a été attaché se transforme si profondément ?
"Avec la cruauté réglementaire de l’existence, il n’y a pas de position médiane. Il faut la fuir ou la prendre en main. Elle la prendra en main. C’est ça qu’elle fera. A travers chaque patient, c’est son père un peu qu’elle soulagera."
Isabelle est infirmière au service de chirurgie du Centre hospitalier de Figeac, après des débuts dans des hôpitaux d’Ile-de-France. Au plus près du geste médical, François Bégaudeau fait le portrait d’une femme animée par la passion du soin. Affectée par la mutation profonde que connaît l’institution médicale – restructuration, multiplication des actes, compression du personnel – la solitude d’Isabelle face aux malades s’accroît. Mais son besoin de les soulager reste inébranlable.
"Avec la cruauté réglementaire de l’existence, il n’y a pas de position médiane. Il faut la fuir ou la prendre en main. Elle la prendra en main. C’est ça qu’elle fera. A travers chaque patient, c’est son père un peu qu’elle soulagera."
Isabelle est infirmière au service de chirurgie du Centre hospitalier de Figeac, après des débuts dans des hôpitaux d’Ile-de-France. Au plus près du geste médical, François Bégaudeau fait le portrait d’une femme animée par la passion du soin. Affectée par la mutation profonde que connaît l’institution médicale – restructuration, multiplication des actes, compression du personnel – la solitude d’Isabelle face aux malades s’accroît. Mais son besoin de les soulager reste inébranlable.
Le moindre mal, de François
Begaudeau, fait partie des témoignages recueillis dans le cadre de
la série "Raconter la vie" "le roman vrai de la société
française"des Editions du Seuil.
Ce petit ouvrage bleu, de 73 pages, écrit très simpement se lit tout aussi rapidement. Il est écrit en deux temps : il nous raconte la vie d'Isabelle Pacitti, infirmière, l'histoire de sa famille, la maladie de son père qui a été déterminante dans le choix de sa profession, puis dépeint une journée complète de la vie professionnelle d'Isabelle dans un service de chirurgie indifférenciée à l'hôpital de Figeac.
Bien sûr, tout ce que nous raconte ce livre, nous le savons déjà, nous avons tous lu des articles de journaux sur les mouvements de grève des infirmières liées à leurs conditions de travail difficiles.
Mais tout le mérite de ce livre réside dans le témoignage : il donne un nom, un visage, à l'une de ces infirmières, il raconte dans le détail l'histoire d'une vie, et une journée de travail. Il met à jour tout ce que l'on devinait, que l'on soupçonnait.
Dès les premières pages, le ton est donné : "Pour les cas désespérés, soigner se limite à prendre soin. Viser le moindre mal". Mais quel est ce "moindre mal" qui donne son titre à l'ouvrage ?
A travers l'exemple d'Isabelle, François Begaudeau décrit la mutation du monde de l'hôpital, qui doit pratiquer la tarification à l'activité, depuis l'application du Plan Hôpital en 2007. Son application a entraîné la necessité d'économiser, d'où la multiplication des fusions, la multiplication des actes, et la compression directe de personnel
La charge de travail ne cesse d'augmenter. A travers la description minutieuse d'une journée dans la vie d'Isabelle, le 11 juin 2013, nous mesurons les difficultés auxquelles l'infirmière est confrontée - nombre de malades, manque de moyens, difficulté d'exercice de la profession, fatigue chronique... le témoignage met aussi en lumière le divorce qui existe entre le monde des médecins et celui des infirmières.
Isabelle, de même que toutes ses collègues infirmières, fait de son mieux. Elles sont seules, elles exercent une profession qui ressemble fort à une vocation. Elles manquent de reconnaissance mais non de force et de détermination.
La seconde partie de l'ouvrage, la description quasi "clinique" de la journée de l'infirmière, est rédigée dans un style rapide, original, qui donne l'impression de suivre le regard de l'infirmière. Curieusement, l'auteur s'efface, donnant peu à peu la parole à Isabelle.
La conclusion, qui tient en quelques phrases, est particulièrement émouvante. Isabelle évoque sa lecture "en cours", L'Enfant de Jules Vallès. "Je me souviens avoir eu des moments comme ça dans mon enfance. Je m'en souviens parce que finalement c'est rare les moments où on se sent bien. J'ai lu et relu le passage et oui c'était exactement la même sensation. de toute façon toutes les pages de ce roman me plaisent. Je freine la lecture, j'aimerais ne jamais le finir. du coup j'en ai plein d'autres lâchés en route qui attendent au pied du lit. Certains je ne suis pas si pressée de les rouvrir. Ca dépend ce que ça raconte et comment. Et puis des fois j'ai pas du tout envie de lire. Plutôt de me préparer des petits dessers gourmands ou regarder un DVD. Ou carrément ne rien faire. Oui ne rien faire c'est bien aussi".
C'est sur cette dernière phrase que se termine le petit ouvrage. Ces quelques mots, simples, s'opposent à l'activité incessante d'Isabelle tout au long de sa journée. Ils concluent de manière optimiste un témoignage bouleversant qui nous interpelle.
Ce petit ouvrage bleu, de 73 pages, écrit très simpement se lit tout aussi rapidement. Il est écrit en deux temps : il nous raconte la vie d'Isabelle Pacitti, infirmière, l'histoire de sa famille, la maladie de son père qui a été déterminante dans le choix de sa profession, puis dépeint une journée complète de la vie professionnelle d'Isabelle dans un service de chirurgie indifférenciée à l'hôpital de Figeac.
Bien sûr, tout ce que nous raconte ce livre, nous le savons déjà, nous avons tous lu des articles de journaux sur les mouvements de grève des infirmières liées à leurs conditions de travail difficiles.
Mais tout le mérite de ce livre réside dans le témoignage : il donne un nom, un visage, à l'une de ces infirmières, il raconte dans le détail l'histoire d'une vie, et une journée de travail. Il met à jour tout ce que l'on devinait, que l'on soupçonnait.
Dès les premières pages, le ton est donné : "Pour les cas désespérés, soigner se limite à prendre soin. Viser le moindre mal". Mais quel est ce "moindre mal" qui donne son titre à l'ouvrage ?
A travers l'exemple d'Isabelle, François Begaudeau décrit la mutation du monde de l'hôpital, qui doit pratiquer la tarification à l'activité, depuis l'application du Plan Hôpital en 2007. Son application a entraîné la necessité d'économiser, d'où la multiplication des fusions, la multiplication des actes, et la compression directe de personnel
La charge de travail ne cesse d'augmenter. A travers la description minutieuse d'une journée dans la vie d'Isabelle, le 11 juin 2013, nous mesurons les difficultés auxquelles l'infirmière est confrontée - nombre de malades, manque de moyens, difficulté d'exercice de la profession, fatigue chronique... le témoignage met aussi en lumière le divorce qui existe entre le monde des médecins et celui des infirmières.
Isabelle, de même que toutes ses collègues infirmières, fait de son mieux. Elles sont seules, elles exercent une profession qui ressemble fort à une vocation. Elles manquent de reconnaissance mais non de force et de détermination.
La seconde partie de l'ouvrage, la description quasi "clinique" de la journée de l'infirmière, est rédigée dans un style rapide, original, qui donne l'impression de suivre le regard de l'infirmière. Curieusement, l'auteur s'efface, donnant peu à peu la parole à Isabelle.
La conclusion, qui tient en quelques phrases, est particulièrement émouvante. Isabelle évoque sa lecture "en cours", L'Enfant de Jules Vallès. "Je me souviens avoir eu des moments comme ça dans mon enfance. Je m'en souviens parce que finalement c'est rare les moments où on se sent bien. J'ai lu et relu le passage et oui c'était exactement la même sensation. de toute façon toutes les pages de ce roman me plaisent. Je freine la lecture, j'aimerais ne jamais le finir. du coup j'en ai plein d'autres lâchés en route qui attendent au pied du lit. Certains je ne suis pas si pressée de les rouvrir. Ca dépend ce que ça raconte et comment. Et puis des fois j'ai pas du tout envie de lire. Plutôt de me préparer des petits dessers gourmands ou regarder un DVD. Ou carrément ne rien faire. Oui ne rien faire c'est bien aussi".
C'est sur cette dernière phrase que se termine le petit ouvrage. Ces quelques mots, simples, s'opposent à l'activité incessante d'Isabelle tout au long de sa journée. Ils concluent de manière optimiste un témoignage bouleversant qui nous interpelle.
Dans la pratique il existe un diagnostic infirmier, lequel
détermine la nature du soin infirmier à prodiguer. Le repérage d'une anxiété
motive la mise en place de plages d'écoute ou de massages, un risque de
constipation appelle des précautions spécifiques, etc. Autant de symptômes qui
s'observent et s'analysent sans consulter le médecin. Au cas où l'initiative
lui est rapportée, il valide sous réserve que son inférieure ne prétende pas
établir un diagnostic, car le diagnostic est la prérogative du médecin.
Au fil des années, la pratique a fait jurisprudence, et certains actes médicaux sont passés dans le domaine de compétence des infirmières. Par exemple les gaz du sang, qui quantifient le taux d'oxygène. Comme les infirmières ne sont pas habilitées à piquer dans les artères, il a fallu que cette pratique se développe et que les médecins débordés souhaitent s'en décharger sur les infirmières dès lors habilitées à piquer dans les artères. Reste que la plupart des actes infirmiers ne sont pas actés. C'est-à-dire quantifiés. C'est-à-dire pris en compte dans la rémunération. Ils relèvent du zèle désintéressé et admirable. De l'immémorial esprit de sacrifice des femmes. C'est le passif bénévole d'une fonction pour laquelle les premières formations diplomantes datent des années 1940, pas avant. Jusqu'à récemment, le personnel soignant était essentiellement composé de bonnes soeurs. C'est resté dans la tête des gens. L'épicier a un crayon sur l'oreille et l'infirmière des cornettes.
Comme des nurses.
Nourrices, en français.
Peut-être que la représentation collective changera avec la hausse prévisible du nombre d'hommes dans les rangs infirmiers. L'enseignement et d'autres professions se sont déclassés en se féminisant ; elle est permis de parier sur le mouvement inverse dans les métiers du soin.
D'ici là les infirmières en grève continueront à écrire "ni bonnes ni connes ni nonnes" sur leurs banderoles. Et martèleront que leur métier n'est pas un sacerdoce mais un métier, avec des compétences, une expertise, des gestes quantifiables qui méritent salaire. Rétribuées en bonté divine, les bonnes soeurs ne comptent pas leurs efforts. Prosaïquement payée en euros, Isabelle les compte.
Au fil des années, la pratique a fait jurisprudence, et certains actes médicaux sont passés dans le domaine de compétence des infirmières. Par exemple les gaz du sang, qui quantifient le taux d'oxygène. Comme les infirmières ne sont pas habilitées à piquer dans les artères, il a fallu que cette pratique se développe et que les médecins débordés souhaitent s'en décharger sur les infirmières dès lors habilitées à piquer dans les artères. Reste que la plupart des actes infirmiers ne sont pas actés. C'est-à-dire quantifiés. C'est-à-dire pris en compte dans la rémunération. Ils relèvent du zèle désintéressé et admirable. De l'immémorial esprit de sacrifice des femmes. C'est le passif bénévole d'une fonction pour laquelle les premières formations diplomantes datent des années 1940, pas avant. Jusqu'à récemment, le personnel soignant était essentiellement composé de bonnes soeurs. C'est resté dans la tête des gens. L'épicier a un crayon sur l'oreille et l'infirmière des cornettes.
Comme des nurses.
Nourrices, en français.
Peut-être que la représentation collective changera avec la hausse prévisible du nombre d'hommes dans les rangs infirmiers. L'enseignement et d'autres professions se sont déclassés en se féminisant ; elle est permis de parier sur le mouvement inverse dans les métiers du soin.
D'ici là les infirmières en grève continueront à écrire "ni bonnes ni connes ni nonnes" sur leurs banderoles. Et martèleront que leur métier n'est pas un sacerdoce mais un métier, avec des compétences, une expertise, des gestes quantifiables qui méritent salaire. Rétribuées en bonté divine, les bonnes soeurs ne comptent pas leurs efforts. Prosaïquement payée en euros, Isabelle les compte.
Avec la cruauté réglementaire de l'existence, il n'y a pas
de position médiane. Il faut la fuir ou la prendre en main. Elle la prendra en
main. C'est ça qu'elle fera. A travers chaque patient, c'est son père un peu
qu'elle soulagera.
Orientée dans le milieu hospitalier par une cousine secrétaire, elle s'inscrit au concours d'entrée en institut de formation en soins infirmiers. A l'oral on l'invite à traiter le sujet : comment intégrer la notion de dignité humaine dans notre vie quoditienne. Elle le traite.
Son rang parmi les 600 admis lui permet d'obtenir son premier voeu : l'IFSI qui dépend de l'hôpital Paul Brousse, à Villejuif. Isabelle s'y plaît mieux qu'en fac et c'est peu dire. L'effectif de moins de cent élèves humanise les cours, et pour le coup elle a soif d'apprendre. Dans le domaine, tout l'intéresse. Faire une toilette, prendre une tension, bouger un hémiplégique, changer un pansement, poser une sonde naso-gastrique. Des gestes pour soigner et parfois guérir. Tout lui va, rien ne la rebute. La sensation inédite d'être à sa place lui fait tout drôle. Les stages successifs l'aident à mieux circonscrire son lieu de plénitude...
Au fil des années, elle se découvrira peu bavarde avec les patients. Les écoutera s'ils se confient, mais d'une oreille seulement, concentrée sur ses gestes, à rebours de certaines aides-soignantes douées pour alimenter la conversation mais plus lentes dans l'exécution des protocoles techniques. Isabelle pense qu'on fait bien ce métier si on a le sens des priorités. Les mains avant la bouche.
Orientée dans le milieu hospitalier par une cousine secrétaire, elle s'inscrit au concours d'entrée en institut de formation en soins infirmiers. A l'oral on l'invite à traiter le sujet : comment intégrer la notion de dignité humaine dans notre vie quoditienne. Elle le traite.
Son rang parmi les 600 admis lui permet d'obtenir son premier voeu : l'IFSI qui dépend de l'hôpital Paul Brousse, à Villejuif. Isabelle s'y plaît mieux qu'en fac et c'est peu dire. L'effectif de moins de cent élèves humanise les cours, et pour le coup elle a soif d'apprendre. Dans le domaine, tout l'intéresse. Faire une toilette, prendre une tension, bouger un hémiplégique, changer un pansement, poser une sonde naso-gastrique. Des gestes pour soigner et parfois guérir. Tout lui va, rien ne la rebute. La sensation inédite d'être à sa place lui fait tout drôle. Les stages successifs l'aident à mieux circonscrire son lieu de plénitude...
Au fil des années, elle se découvrira peu bavarde avec les patients. Les écoutera s'ils se confient, mais d'une oreille seulement, concentrée sur ses gestes, à rebours de certaines aides-soignantes douées pour alimenter la conversation mais plus lentes dans l'exécution des protocoles techniques. Isabelle pense qu'on fait bien ce métier si on a le sens des priorités. Les mains avant la bouche.
Du tac... au tact.
Le Canard enchaîné 13 août 2014 |
Témoignage
Mais où sont les médecins d’antan
Les gentils praticiens praticiens praticiens
De nos grands-pères
Quand tous les patients étaient contents
Aux prolos aux notaires aux gendarmes même
Ils rendaient visite
Ils sont révolus
Ils ont fait leur temps
Les gentils praticiens praticiens praticiens
On ne les reverra plus
Et c’est bien attristant
(d’après Brassens)
Pendant toute mon enfance et jusqu’à un moment plutôt avancé
de mon âge adulte, j’ai vécu ceci.
Quelqu’un était-il malade ? On prévenait ou on faisait
prévenir le médecin. Celui-ci arrivait soit dans l’heure, soit dans la soirée
après ses consultations. On lui ouvrait, disait « Bonjour docteur »,
on le conduisait à la chambre où était le malade si celui-ci était alité, il
ouvrait sa mallette, l’auscultait, faisait son ordonnance, on payait la
consultation, on disait « Au-revoir docteur » et le lendemain s’il
était trop tard pour le jour-même on allait à la pharmacie chercher les
médicaments. C’était simple, commode, ça paraissait normal et on ne voyait
pourquoi ça devrait changer. Et si on pouvait se déplacer, on allait chez
n’importe quel médecin, on apportait un peu de lecture, et on était pris en
charge.
Mais aujourd’hui, qu’en est-il ?
Oubliez les visites à domicile. Pour les consultations au
cabinet du médecin, armez-vous de patience. Vous téléphonez, vous obtenez un
rendez-vous pour dans trois semaines.
Les pouvoirs publics font la morale : Quatre cas sur
cinq encombrent les urgences avec des pathologies qui prises en amont par un
médecin de famille feraient faire d’énormes économies à la société.
Certes ! Si vous perdez votre médecin habituel (parti en retraite, le cas
le plus fréquent), pas question non plus d’en choisir un à votre convenance. Il
n’est pas rare que le praticien sollicité vous révèle qu’il est déjà débordé
avec ses patients habituels. Une négociation serrée peut vous permettre d’y
arriver quand même, sinon…
Pendant la période de transition, les engueulades – il n’y a
pas d’autre mot – et la culpabilisation systématique étaient la règle. Le père
de famille qui fait venir le médecin pour son enfant malade se voit tancer
d’importance. Discours type : « C’est pour ça que vous me dérangez,
vous êtes totalement inconscient, vous me faites perdre un temps précieux, j’ai
autre chose à faire ! » Des personnes choquées et sans voix sur le
moment m’ont sollicité pour écrire après coup une lettre de protestation.
Aucune n’a obtenu la moindre réponse. Contenu de mon courrier ? Sur le
fond, l’argumentation du Figaro de Beaumarchais : « Aux vertus qu’on
exige dans un patient, connaît-on beaucoup de médecins qui fussent dignes
d’être patients ? » (Rappel du modèle dans Le Barbier de Séville :
« Aux vertus qu'on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle
beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ? ».) En effet. Le
dilemme du patient était intenable, il avait tort dans tous les cas, il était,
quoi qu’il fasse, traité en seul coupable. Appelait-il pour une suite qui se
révélait bénigne ? Il dérangeait pour rien. Avec les mêmes symptômes,
appelait-il pour qu’on constate une aggravation sérieuse de son état ? Il était
aussitôt rendu responsable d’une inconscience contraire : il aurait fallu
aussitôt consulter un médecin ! Mais pour faire le tri, il fallait être
soi-même médecin. Et même, si j’en juge par le nombre loin d’être négligeable
d’erreurs de diagnostiques, être un bon médecin.
Que sont mes ophtalmos devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairs semés
Je crois le vent les a ôtés
La vue est morte…
(d’après Rutebeuf)
Pour les spécialistes, c’est bien sûr pire encore. Quelqu’un
a fait état d’une situation ahurissante concernant la recherche d’un
ophtalmologue qui a failli coûter un œil à un proche. Il se trouve que j’ai un
témoignage récent qui me concerne personnellement. L’an passé, un de mes fils a
été pris en charge par l’ophtalmologue de l’hôpital. Rendez-vous fut pris pour
dans six mois. Sauf que six mois après, le secrétariat m’informe que le médecin
est parti à 45 kilomètres de là. La situation est simple. Soit vous attendez
plus d’un an avec le spécialiste qui reste, soit vous essayez de voir si
l’ancien médecin ne pourrait pas vous prendre plus tôt. Commode… Pour être
juste, j’ai eu moi-même un accident à l’œil. Excellente prise en charge sur
place aux urgences, et réorientation au chef lieu dans la journée où une
ophtalmologue, même un dimanche, m’a laissé partir avec des soins parfaits.
Tant il est difficile de porter des jugements d’ensemble avec des cas
particuliers.
La presse a pu titrer
à la toute fin du précédent siècle :
à la toute fin du précédent siècle :
L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE (OMS) A RENDU SON
VERDICT
Son dernier rapport de juin 2000 révèle le classement des
systèmes de santé à travers le monde.
La France est première.
Les Etats-Unis sont relégués à la 37e place.
Sicko (2007) |
Je doute qu’il en soit actuellement ainsi. Non pas que je
crois à une remontée des Etats-Unis (j’ai vu le documentaire de Michael Moore !)
mais je doute que nous nous soyons maintenus à un niveau aussi flatteur.
Je n’ai pas trouvé l’équivalent récent de ce classement.
Alors j’ai écouté l’argument de Diderot, lequel, après avoir fait l’éloge de la
vie des bons sauvages dans son Supplément au voyage de Bougainville,
remarque que malgré tout on vit plus longtemps en Europe qu’à Tahiti. Ce n’est
pas la panacée, mais c’est un indicateur qui me paraît en valoir un autre pour
apprécier la qualité des soins dans un pays.
Voici le rapport 2013, avec des données de 2012. Pour faire
un choix, j’ai retenu les pays qui fréquentent le plus ce même blog.
FRANCE 79/85
ETATS-UNIS 76/81
ALLEMAGNE 78/83
UKRAINE 66/76
FEDERATION DE
RUSSIE 63/75
TURQUIE 72/78
BELGIQUE 78/83
POLOGNE 73/81
CHINE 74/77
ROYAUME UNI DE GRANDE BRETAGNE et D’IRLANDE du NORD 79/83
INDE 64/68
La faute à qui ou à quoi ?
Difficile de départager, entre les responsabilités
collectives et individuelles. La société ? On objecte qu’elle est faite
d’individus. Cependant, quelle est la prise réelle des individus sur leur
société ? On tourne en rond…
Médecine à deux vitesses ? Mais on a contesté cette
affirmation. On voyait plutôt une médecine à dix, vingt, cent vitesses.
Remarque : On n’a jamais vu un haut personnage de l’Etat ni un patron du
Cac 40 mourir, ni même être gravement
incommodé, faute de soins pendant de longues heures dans le couloir d’un
service d’urgences bondé et surchargé.
A la suite de la mort d'une
femme à la maternité d'Orthez (Pyrénées-Orientales), une anesthésiste a été
placée en détention provisoire, jeudi 2 octobre. Mise en examen pour
homicide involontaire aggravé, elle a été présentée à un juge d'instruction
dans la journée.
L'accident
s'est produit dans la nuit de vendredi à samedi, lors de l'accouchement par
césarienne sous anesthésie générale d'une femme de 28 ans. Transférée à
l'hôpital de Pau, la patiente est morte mardi soir. Son bébé, également
hospitalisé à Pau,
est sain et sauf.
«
UN PROBLÈME D'ALCOOL »
Employée
à la maternité d'Orthez depuis le 12 septembre, l'anesthésiste s'est
présentée à la gendarmerie mardi après l'accident avec un taux d'alcool« supérieur
à 2 grammes » par
litre de sang, et a dit aux enquêteurs avoir « un problème d'alcool
pathologique ».
Accusée
d'« homicide involontaire aggravé par la violation manifeste et
délibérée d'une obligation de prudence et de sécurité », elle risque
cinq ans d'emprisonnement. Selon le procureur, la praticienne « n'était pas dans son état
normal au moment de l'intervention ».
«
Ma première préoccupation, c'est de faire la lumière sur ce qui s'est passé et d'apporter des explications à la famille de cette jeune maman qui a perdu la vie en accouchant de
son bébé »,
a déclaré jeudi la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine.
L'ÉTABLISSEMENT
MENACÉ DE FERMETURE
Le Monde.fr avec AFP | 02.10.2014
Sans méconnaître la disproportion avec ce qui se passe en Afrique...
Ebola aux Etats-Unis : le patient aurait pu être diagnostiqué plus tôt
Le
Monde.fr avec AFP | 02.10.2014
RENVOYÉ CHEZ LUI AVEC UNE « INFECTION BÉNIGNE »
Une faille, en revanche,
pourrait surgir des retards pris au moment de poser le diagnostic, qui font craindre
aux Etats-Unis des risques de contagion.
Souffrant, le malade avait,
selon le directeur des services de santé du Texas, le Dr Mark Lester, consulté une
première fois les urgences de l'hôpital texan. « Ce patient a dit à
l'infirmière chargée d'établir
la fiche d'informations avoir récemment voyagé en Afrique »,
a relaté M. Lester.
« Malheureusement
cette information n'a pas été transmise à toute l'équipe soignante et n'a pas
pu être prise en compte dans leur décision clinique », a-t-il
ajouté. Le patient a donc été renvoyé chez lui le jour même après avec un
diagnostic d'« infection virale bénigne ».
EN CONTACT AVEC DES ENFANTS
Les autorités sanitaires
s'inquiètent donc du fait que, pendant les quatre jours (du 24 au 28 septembre)
où il était contagieux sans être en quarantaine,
il a pu contaminer d'autres personnes.
« Nous avons été
informés que des enfants en âge scolaire ont été en contact avec le
patient », a déclaré le gouverneur du Texas Rick Perry lors d'une
conférence de presse. Selon les médias américains, cela concernerait des
élèves scolarisés dans plusieurs écoles de Dallas.
Retour sur notre débat.
Une chose est sûre: le corps médical dont on pouvait penser qu'il était concerné au premier chef et qu'il pouvait trouver là un moyen d'expression privilégiée a plutôt brillé par sa quasi absence. Interprétation de ce fait? Le contenu du film, qui fait état de dysfonctionnements qui peuvent apparaître comme imputables presque autant aux personnes qu'au "système", y est peut-être pour quelque chose.
En tout cas, les témoignages de ceux (de celles) qui se sont jeté(e)s à l'eau, s'ils ne sont pas venus très spontanément, mais après un temps de réflexion qui semblait peser le pour et le contre, étaient d'une force particulière. Moi-même j'avoue que j'ai dit des choses personnelles que je ne dis pas souvent.
Il est vrai qu'on est sans cesse dans ce domaine entre des témoignages ou des expériences qui vous font dire qu'il y a des cas admirables mais aussi des cas parfaitement scandaleux.
En vrac: des conditions de travail inouïes, des galères pour aboutir enfin au sauvetage de la santé d'un proche qui paraît davantage être le fruit d'une grande obstination et d'une chance rare que d'un fonctionnement normal et rassurant du système médical, des témoignages de grande reconnaissance, à l'inverse. Le plus fort à mon sens fut plus murmuré que déclaré. C'est cette dame condamnée qui voulait juste dire du bien des médecins qui s'occupaient d'elle, avec grande pudeur et hors micro, mais il était important pour elle de le dire.
D'où mon accord total avec le compte-rendu suivant.
Echo de notre débat dans la presse (coïncidence).
Comme pour beaucoup d'autres choses, tout commence à l'école.
Berry républicain 17 octobre 2014
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