mardi 11 mars 2014

Vous allez voir Lulu


Voir "Désirs de films" du 28 février 2014 
(libellé: FILMS SOUHAITES)


















26e séance avec débat


CINÉ-DÉBAT VENDREDI 14 MARS à 20h30



LULU FEMME NUE
Fim français de Sólveig Anspach avec Karin Viard, Bouli Lanners. (2013-1h30). Scénario de Jean-Luc Gaget d'après la bande dessinée d'Etienne Davodeau.








À la suite d’un entretien d’embauche qui se passe mal, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle et part en laissant son mari et ses trois enfants.
Elle s’octroie quelques jours de liberté, seule, sur la côte, sans autre projet que d’en profiter pleinement et sans culpabilité. En chemin, elle va faire trois rencontres décisives qui vont l’aider à se retrouver...
Dans "Lulu femme nue", tirée de la bande dessinée éponyme d'Etienne Davodeau, la réalisatrice Solveig Anspach et son scénariste Jean Luc Gaget font renaître avec drôlerie une quadragénaire devenue transparente dans sa vie, interprétée avec une impressionnante sensibilité par Karin Viard.
DU JEUDI 13 AU LUNDI 17 MARS







LE SCENARISTE DESSINATEUR







Au départ, une BD dont quelqu’un a fait cet éloge :

Avec son talent de narrateur et de dessinateur, une fois encore, Etienne Davodeau est au plus près de ses personnages et nous les rend attachants. Il sait raconter l’histoire et la réalité des vraies gens. A la lecture de Lulu femme nue, on est touché par la sensibilité et l’humanité des personnages. La douceur du graphisme et des couleurs participe à l’ambiance émouvante et humaniste du récit.
Lulu femme nue, c’est l’histoire d’une femme ordinaire en quête de liberté. C’est aussi une réflexion sur la fuite du temps et les champs du possible.



Lulu femme nuelivre premier -  Etienne Davodeau- Futuropolis, 2008




Lulu femme nue, second livre -  Etienne Davodeau- Futuropolis, 2010.


Autobiographie d’Etienne Davodeau
Je suis né en 1965 dans les Mauges (c’est une région du Maine & Loire dont le nom viendrait étymologiquement de "MAUvaises GEns" en latin, quand j'ai appris ça, je me suis dit que ça ferait un beau titre pour un livre).
J’y ai passé une enfance formidable . Elle a principalement consisté à me balader avec mes copains dans les champs, à tirer à la fronde d’innocents moineaux puis à ricaner bêtement sur ma mobylette devant les filles.
Partie sur une courbe idéale qui faisait la fierté de mes parents, ma scolarité a reçu en pleine gueule une adolescence tourmentée. S’en est suivi un piqué en flammes assez spectaculaire. Quand je me suis réveillé au milieu des débris , ma main droite cramponnait un document noirci. Il fallait bien me rendre à l’évidence : J’avais mon bac.
À Rennes, je me suis inscrit à la fac, section Arts Plastiques pour une raison qui m’échappe encore. J’y ai étudié (un peu) et dessiné (beaucoup). Avec quelques gaillards qui nourrissaient le même intérêt que moi pour la bande dessinée, nous avons fondé le studio Psurde, modeste association qui nous permit de publier nos premiers travaux, heureusement aujourd’hui introuvables.
Qui étaient ces vaillants pionniers ? Olivier Maunaye, créateur du présent site, Fred Simon ("Rails", "Le Poisson clown", "Popotka" etc...), Jean-Luc Simon (coloriste et dessinateur, pour qui j’ai écrit La Gagne), Joub avec qui j’ai créé "Max & Zoé" et "Geronimo", ainsi que Christophe Hermenier et Thierry Guyader qui ont lâchement abandonné la bande dessinée pour la peinture et la presse.
Après quelques années d’études approximatives mais fort poilantes, j’ai cédé aux encouragements de la femme de ma vie et j’ai écrit le scénario de ce qui allait devenir mon premier livre. Intitulé "L’homme qui n’aimait pas les arbres", il s’est niché comme il a pu dans le catalogue Dargaud en 1992.
Depuis cette date, et tant qu'on ne m'en empêche pas, je fais des livres de bande dessinée.


Mais le mieux, si vous voulez en savoir plus, est que vous le retrouviez sur son blog. Il présente deux sous-blogs consacrés à Lulu (le second concerne le film).


LA REALISATRICE





Sólveig Anspach est née en Islande, d’un père américain et d’une mère islandaise.
Après des études de philosophie et de psychologie clinique à Paris, elle intègre la Femis, section réalisation, première promotion, dont elle obtient le diplôme en 1989.
Dans le cadre de ses études au sein de l'école, elle signe ses premiers courts-métrages : Par amour, puis Vestammaneyjar, avec lequel elle revient sur l'île de sa naissance. Puis dès sa sortie, sa rencontre avec la jeune Sandrine l'amène à réaliser quatre films dont elle est la protagoniste, entre 1988 et 1993, de La Tire à Vizir et Vizirette, qui oscillent entre documentaire et fiction.
Suivront de nombreux documentaires, notamment autour de Sarajevo ou Barbara, tu n’es pas coupable (1998), une commande d'Arte pour une soirée de 14 février...
Son travail lui a très vite valu une belle reconnaissance, notamment avec Que personne ne bouge ! (1998), Grand Prix du Jury et du Public au Festival international du Film de Femmes de Créteil en 1999, ou Haut les Cœurs !
Ses films épousent les mêmes horizons géographiques que sa trajectoire. La réalisatrice a ainsi continué à tourner en France, en Islande (Reykjavik, des elfes dans la ville, 2001), et aux Etats-Unis (Made in the USA, 2001). Pour son premier long-métrage de fiction, Haut les cœurs ! (1999), elle retrace son expérience de la maladie. Le film connaît un franc succès, remporte de nombreux prix à l’étranger et vaut à Karin Viard d’obtenir le César 2000 de la meilleure actrice. La cinéaste continue parallèlement à explorer la veine documentaire, autant pour la télévision que pour le cinéma. Son deuxième long-métrage de fiction, Stormy Weather, avec Elodie Bouchez, a été tourné à Vestmannaeyjar, son île natale.





AUTRE PORTRAIT DE LA REALISATRICE


Le Quotidien – 8 juillet 1988 – par Aurélien Ferenczi

Les petits phénix de Femis

Inaugurée en grandes pompes il y a bientôt deux ans, la Femis (Fondation européenne des métiers de l’image et du son), digne successeur de l’IDHEC, fonctionne à plein régime. On peut voir à la Cinémathèque, le premier mardi de chaque mois, les premiers travaux d'élèves. Pour ce qu’on a vu, excellent niveau d’ensemble.
Elle s’appelle Sólveig Anspach, 28 ans, américaine d’origine islandaise. Avec ses 43 camarades, elle fait partie de la première promotion FEMIS, celle qui explore peu à peu les ressources d’une école en train de naître, en train de créer de toutes pièces une nouvelle scolarité. Si l’on a choisi plutôt qu’une autre cette jeune et dynamique étudiante, c’est que son film de deuxième année, Ce qu’il faut oser appeler l’amour physique, qu’ont gentiment accepté d’interpréter Jean-François Perrier et Jean-Paul Farré, est une petite merveille. Une éducation sentimentale de deux garçons (symboliquement baptisés Bouvard et Pécuchet) qui évoque pas mal Rohmer, et qui est co-écrite par un autre élève prometteur, Nicolas Plateau.
On savait déjà, sur le papier, que la FEMIS serait un outil formidable pour les étudiants de cinéma ; et la qualité semble à la hauteur de cette espérance. Il y a d’abord le cadre du palais de Tokyo, il y a ensuite la qualité de l’enseignement.
Après une année “tronc commun”, Sólveig Anspach a choisi la section réalisation, tandis que les autres élèves se répartissaient dans les divers métiers du cinéma (images, son, montage, scénario, production,...). Répartition guidée par les choix individuels, mais aussi par la qualité du concours d’entrée (beaucoup, c’est logique, veulent devenir réalisateurs). Dans la section réalisation, chaque élève doit, pendant la deuxième année, tourner une fiction en 16 mm, une fiction en vidéo, et participer à la réalisation collective. La troisième année – dont la scolarité n’a pas été encore entièrement définie – doit permettre le tournage d’un documentaire, et d’un film de fin d’études.
Quels sont les intervenants qui ont, jusque là, le plus marqué Sólveig ?
“Téchiné, Godard, Fuller. Mais au-delà des cours théoriques, c’est bien dans la pratique qu’on apprend le plus : faire nos films, participer à ceux des autres. On apprend le travail d’équipe, la vie d’un plateau ; c’est capital pour la suite.”
Suite envisagée de manière pragmatique, puisque Sólveig pense commencer dès cet été l’écriture d’un long métrage (en compagnie toujours) de Nicolas Plateau.
Y’a-t-il un ton général de la promo ? On le jurerait, d’après les quelques films vus, post-rohmériens, propices en tout cas aux marivaudages intellos. Car il y a bien une ambiance très particulière dans les locaux, neufs et branchés, de la FEMIS. Passion du cinéma, bouillonnement créatif. Les auteurs de demain – et parmi eux, il y a une majorité de filles – sont bien là.
En les attendant, ce serait bien le diable si une chaîne de télé n’achetait pas Ce qu’il faut oser appeler l’amour physique, devoir d’école fort brillant.



Ce nom ne vous est pas inconnu ? C’est normal, puisqu’il y a un an de cela, au mois de mars 2013, nous recevions le co-réalisateur et scénariste de celle qu’on surnomme couramment l’Islandaise de Montreuil, Jean-Luc Gaget, pour le film Queen of Montreuil. Souvenez-vous :




Queen of Montreuil, une comédie française de Solveig Anspach et Jean-Luc Gaget avec Florence Loiret-Caille, Didda Jonsdottir, Samir Guesmi... (Film sorti en France le 20 mars 2013 - 1h27)


C’est le début de l’été et Agathe est de retour en France, chez elle à Montreuil.
Elle doit se remettre à son travail de réalisatrice mais aussi faire le deuil de son mari brutalement décédé. Elle y parviendrait peut-être plus facilement si elle cessait de se trimballer avec l’urne funéraire et savait quoi faire des cendres !
L’arrivée inopinée à son domicile d’un couple d’Islandais, d’une otarie et d’un voisin toujours désiré mais jamais complètement conquis vont lui donner les pouvoirs de reconquérir sa vie…










Vous avez peut-être vu aussi, recommandé par Ciné-Rencontres:

LE VENT SE LEVE

Film d'animation japonais de Hayao Miyazaki. (2013 - vf et vostf) - 2h06)
Jiro est un jeune Japonais plein d'ambition, qui rêve de conduire des avions. Mais sa myopie l'empêche de devenir pilote. Ne se laissant pas abattre pour autant, il va se découvrir une véritable passion pour l'ingénierie et devenir l'un des ingénieurs les plus doués de son époque.
Mais le jeune homme va devoir faire face aux événements familiaux et historiques qui auront marqué toute une génération...
Avec ce film rétrospectif et sentimental sur son travail et son pays, Miyazaki rend grâce au souffle du monde traversant toute son oeuvre.
"Le vent se lève" en est d'ailleurs la plus aérienne manifestation.




Hayao Miyazaki (宮崎 駿, Miyazaki Hayao?), né le 5 janvier 1941 à Tokyo, est un mangaka, un réalisateurde films d'animation japonais et le cofondateur du Studio Ghibli.
Presque inconnu en Occident en dehors des cercles d’amateurs d’« anime » (dessin animé du Japon) et de manga (on se souvient que Cédric Villani en est un amateur illustre) jusqu’à la sortie internationale de Princesse Mononoké en 1999, ses films rencontrent aujourd’hui un grand succès partout dans le monde et surtout au Japon où certains ont battu des records d’affluence.

Le 1er septembre 2013, Koji Hoshino, le président du Studio Ghibli, annonce que Miyazaki prendra sa retraite du cinéma après la 70e Mostra de Venise où son dernier film, Kaze Tachinu (Le vent se lève), en compétition pour le Lion d'or n'a pas été récompensé. Le film est sorti en France le 22 janvier 2014.




« Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble. »
(Ronsard, Derniers vers).


C’est un film choisi par Ciné-Rencontres qui s’en félicite légitimement.  Un film où les mathématiques pures sont activement appliquées au service d’un projet exaltant et inquiétant tout à la fois, comme peut l’être au fond le projet de vivre.
Aujourd’hui, 11 mars 2014, trois ans jour pour jour après Fukushima, c’est la dernière séance au Ciné-Lumière pour ce film.

C’est le testament d’un jeune homme de soixante-treize ans qui va droit à l’essentiel et qui se plonge résolument dans le passé pour délivrer son message personnel aux générations futures.
Paradoxe encore que ce film, plein de morts réelles et virtuelles, qui pourtant célèbre le souffle de la vie, film qui regarde le réel en face, et qui fait plus que ménager la part du rêve.

Je crois me souvenir que le mot paradoxe y est prononcé deux fois. L’un stipule que, pour se consacrer au maximum à son travail, il faut avoir femme et enfants. J’ai malheureusement oublié l’autre, sans doute plus significatif encore. En tout cas, il est dit clairement que la réussite dans le domaine technologique conduira le Japon à l’explosion, c’est-à-dire à l’échec absolu. Là encore, on vérifie que la mathématique n’est que l’instrument, pas la responsable. Elle sert à créer de la beauté et de la fiabilité, et conduit d’un même mouvement à la destruction générale. Elle devient ce que l’homme en fait. L’avion oiseau, l’avion nuage, l’avion nuage atomique…
Comme son héros, Miyazaki atteint la perfection dans son art, en maîtrisant les éléments les plus ineffables. Il rend perceptible l’air et le vent, il peint la pluie et les rivières comme il ferait le portrait de personnages individualisés, et jusqu’aux taches de lumière, si variables à travers des feuillages mouvants. Semblablement, l’énorme tremblement de terre se perçoit jusqu’aux derniers mouvements de cailloux minuscules. Il maîtrise aussi bien l’infiniment grand que l’infiniment petit.
Avec ce point d’orgue d’une carrière, il semble bien que la pièce soit jouée, et qu’il ne faille plus attendre désormais que la chute du rideau. Elle  nous donne à voir, avant la catastrophe, un Japon qui pouvait être (je suis incapable de lever l’ambiguïté de cet imparfait, entre indicatif assumé et valeur de conditionnel) tendresse et poésie. Un Japon attachant, au rebours de la vision qu’en a finalement retenu l’histoire, elle qui a le devoir avant tout de mettre en perspective l’horreur finale. Il nous dit, ce Japon qui a été ou qui aurait pu être, qu’il faut prendre le parti de la vie, même au bord du volcan.
               Miyazaki ne lève pas les contradictions, il les constate, pour lui et pour le monde. Il se passionne depuis toujours pour les guerres, leurs aspects stratégiques mais aussi techniques, et pas seulement en ce qui concerne les avions, mais aussi pour les tanks, les armes de toutes sortes. Et pourtant il se revendique dans le même état d'esprit de détestation de la guerre depuis les manifestations pacifiques de sa jeunesse qu'il revendique toujours. C'est ce que dit son producteur, Toshio Suzuki. Il précise au passage le contexte et les intentions (Studio Ciné Live, "Notre rencontre avec Miyazaki au studio Ghibli"):


 « L'époque où vit Jiro de son enfance à son adolescence plie sous le poids d'un sentiment de stagnation plus intense encore que celui qui plane sur le Japon aujourd'hui : le Grand Tremblement de terre de Kanto en 1923, la Grande Dépression, le chômage, la pauvreté, la tuberculose, les révolutions et le fascisme, l'interdiction de la libre expression, une guerre qui chasse l'autre... Pourtant la culture populaire s'épanouit. Le modernisme et le nihilisme, mais aussi l'hédonisme prévalent. Les poètes succombent à la maladie et meurent en cherchant à accomplir leurs quêtes. »
 « Le propos de ce film n'est nullement de condamner la guerre, ni de faire vibrer les jeunes Japonais en faisant l'éloge de l'excellence du Zéro. Je n'ai pas l'intention de défendre notre personnage principal en disant par exemple qu'il voulait en fait fabriquer un avion civil. »

« Ses connaissances touchent aussi bien aux avions de chasse et aux tanks qu'au type d'armes utilisées durant les différentes batailles. Il affirme que la guerre a fait 20 millions de morts. Il la considère comme le conflit le plus stupide dans lequel l'humanité se soit lancée. »


Il dit l’humanité. Il ne pouvait pas dire le Japon. Ou au moins le Japon d’alors. Ou même les dirigeants du Japon d’alors... Pas sûr qu’il n’y ait pas pensé. Même chose pour Miyazaki, dont voici maintenant les propos :


« Je souhaite dépeindre dans toute leur splendeur les paysages verdoyants du Japon entre l'ère Taïsho et le début de l'ère Showa. Le ciel était clair, avec, tout là-haut, de beaux nuages blancs. Les rivières chantaient, pures. La campagne n'était souillée par aucun déchet. Mais par ailleurs, la pauvreté s'était généralisée dans les villes... »

Pureté et misère mêlées. Paradoxe, ou ambiguïté ?…



(Studio Ciné Live)


Le chemin vers la perfection apparaît comme un voyage sans retour.  L’histoire collective tend son miroir au destin individuel, qui, comme elle, vit d’espoirs prometteurs et de lucidité désabusée. Un film tout en paradoxes latents ou exhibés, en métaphores infiniment recombinées comme des images fractales, tissant des liens multiples entre le particulier et le général, entre les atomes que nous sommes et l’univers qui nous écrase et nous fascine tout à la fois.



COMPLEMENT TECHNIQUE

Conçu à partir de 1937 sous le règne de l'empereur Shōwa par l'équipe de l'ingénieur en chef de Mitsubishi,Jirō Horikoshi, déjà concepteur du premier chasseur embarqué monoplan japonais, le Mitsubishi A5M Claude, l'un des deux premiers prototypes du Mitsubishi A6M vola dès le 1er avril 1939. Opérationnel en juillet 1940, le Zero affronte les pilotes chinois avant de participer à l’attaque de la base aéronavale américaine de Pearl Harbor (7 décembre 1941); ce qui entraînera la déclaration de guerre des États-Unis. Doté d'une excellente manœuvrabilité et d'un très long rayon d'action, grâce à son aérodynamique, à la structure de sa voilure, et sa conception sacrifiant toute forme de protection pour en diminuer le poids, il surpassa ses premiers concurrents américains, mais ses forces étant aussi ses faiblesses, sa construction légère et son manque de puissance le condamnèrent face aux chasseurs américains de seconde génération plus fiables, plus rapides, plus robustes, bénéficiant d'un carburant de meilleure qualité, plus riche en octane et surtout d'une méthode de formation plus efficace pour former de nombreux nouveaux pilotes.
L’appareil reste en service jusqu’à la fin de la guerre, avec près de 11000 appareils produits. De 1940 à 1945, son succès décroît. Entre-temps, les chasseurs américains ont évolué, ont gagné en puissance et en performances, tandis que le Japon manque de moteurs plus puissants. Les avions japonais sont également peu protégés au niveau des blindages, tant du côté du poste de pilotage que des réservoirs de carburant, ce qui augmente les pertes au combat et va entraîner un renversement de la supériorité aérienne au profit des Alliés. À la fin de la guerre, quelques Zero sont utilisés pour des missions suicides par des pilotes kamikazes. Rares sont les Zero à avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale…
Dans le cas du Mitsubishi A6M l'année de mise en service fut 1940, c'est-à-dire l'année 2600 du calendrier impérial japonais. En ignorant le double zéro les appareils de cette année furent simplement appelés « de type 0 » et le Mitsubishi reçut ainsi le nom de « Chasseur embarqué de type 0 ». C'est à la suite de ce système de désignation que le « Zéro » reçut son nom le plus populaire, autant parmi ses pilotes que parmi ses adversaires.




COMPLEMENT POETIQUE




Sète, Le cimetière marin où repose Paul Valéry.



























Paul Valéry



Le Cimetière marin


Ce toit tranquille, où marchent des colombes, 
Entre les pins palpite, entre les tombes;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée!
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume, 
Et quelle paix semble se concevoir!
Quand sur l'abîme un soleil se repose, 
Ouvrages purs d'une éternelle cause, 
Le Temps scintille et le Songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme, 
O mon silence!... Édifice dans l'âme,
Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit!

Temple du Temps, qu'un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m'accoutume,
Tout entouré de mon regard marin;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l'altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence 
Dans une bouche où sa forme se meurt, 
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l'âme consumée 
Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change!
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Sur les maisons des morts mon ombre passe
Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir.

L'âme exposée aux torches du solstice,
Je te soutiens, admirable justice
De la lumière aux armes sans pitié! 
Je te tends pure à ta place première: 
Regarde-toi!... Mais rendre la lumière 
Suppose d'ombre une morne moitié.

O pour moi seul, à moi seul, en moi-même,
Auprès d'un coeur, aux sources du poème,
Entre le vide et l'événement pur,
J'attends l'écho de ma grandeur interne, 
Amère, sombre et sonore citerne,
Sonnant dans l'âme un creux toujours futur!

Sais-tu, fausse captive des feuillages,
Golfe mangeur de ces maigres grillages,
Sur mes yeux clos, secrets éblouissants,
Quel corps me traîne à sa fin paresseuse,
Quel front l'attire à cette terre osseuse?
Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière, 
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux!

Chienne splendide, écarte l'idolâtre!
Quand solitaire au sourire de pâtre,
Je pais longtemps, moutons mystérieux,
Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, 
Éloignes-en les prudentes colombes,
Les songes vains, les anges curieux!

Ici venu, l'avenir est paresse.
L'insecte net gratte la sécheresse;
Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air
A je ne sais quelle sévère essence...
La vie est vaste, étant ivre d'absence,
Et l'amertume est douce, et l'esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre 
Qui les réchauffe et sèche leur mystère. 
Midi là-haut, Midi sans mouvement 
En soi se pense et convient à soi-même... 
Tête complète et parfait diadème, 
Je suis en toi le secret changement.

Tu n'as que moi pour contenir tes craintes! 
Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes 
Sont le défaut de ton grand diamant... 
Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, 
Un peuple vague aux racines des arbres 
A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs!
Où sont des morts les phrases familières,
L'art personnel, les âmes singulières?
La larve file où se formaient des pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées,
Les yeux, les dents, les paupières mouillées,
Le sein charmant qui joue avec le feu,
Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent,
Les derniers dons, les doigts qui les défendent,
Tout va sous terre et rentre dans le jeu!

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe
Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge
Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici?
Chanterez-vous quand serez vaporeuse?
Allez! Tout fuit! Ma présence est poreuse,
La sainte impatience meurt aussi!

Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse!
Qui ne connaît, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel!

Pères profonds, têtes inhabitées,
Qui sous le poids de tant de pelletées, 
Êtes la terre et confondez nos pas,
Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N'est point pour vous qui dormez sous la table, 
Il vit de vie, il ne me quitte pas!

Amour, peut-être, ou de moi-même haine?
Sa dent secrète est de moi si prochaine
Que tous les noms lui peuvent convenir!
Qu'importe! Il voit, il veut, il songe, il touche!
Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche,
À ce vivant je vis d'appartenir!

Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Elée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil... Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!

Non, non!... Debout! Dans l'ère successive
Brisez, mon corps, cette forme pensive!
Buvez, mon sein, la naissance du vent!
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme... O puissance salée!
Courons à l'onde en rejaillir vivant.

Oui! Grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée,
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l'étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil,





© Pierre Duplan











Le vent se lève!... Il faut tenter de vivre!
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!


  
 
© Pierre Duplan










L'affiche, avec ces mots émouvants : "L'ultime chef d'oeuvre".








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