Voir "Désirs de films" du 28 février 2014 (libellé: FILMS SOUHAITES) |
Un week-end à Paris (Britannique,
Roger Mitchell)
Un couple anglais vient à Paris fêter leurs trente ans de
mariage. Ils redécouvrent la ville, mais aussi l’humour, la fantaisie, et
le plaisir d’être ensemble.
Ida (Notre sélection)
Dallas buyers club (Américain,
Jean-Marc Vallée)
1986,
Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un
Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo.
Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à
vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à
des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il
rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers
Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille
contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour
une nouvelle cause… et pour sa propre vie.
American bluff (David O Russell,
2h18 : peu propice au débat)
Entre fiction et réalité,
AMERICAN BLUFF nous plonge dans l’univers fascinant de l’un des plus
extraordinaires scandales qui ait secoué l’Amérique dans les
années 70.
Un escroc particulièrement
brillant, Irving Rosenfeld, et sa belle complice, Sydney Prosser, se
retrouvent obligés par un agent du FBI, Richie DiMaso, de nager dans les
eaux troubles de la mafia et du pouvoir pour piéger un homme
politique corrompu, Carmine Polito. Le piège est risqué, d’autant que
l’imprévisible épouse d’Irving, Rosalyn, pourrait bien tous les conduire à
leur perte…
En
famille, on se soutient. En famille, on se déchire... Suite à la disparition de
leur père, les trois filles Weston se retrouvent après plusieurs années de
séparation, dans leur maison familiale. C’est là qu’elles sont à nouveau
réunies avec la mère paranoïaque et lunatique qui les a élevées. A cette
occasion, des secrets et des rancœurs trop longtemps gardés vont brusquement
refaire surface…
Voici maintenant le dernier film du programme FEVRIER-MARS :
28e séance avec débat
A CIEL OUVERT
Film documentaire français de Mariana Otero. (2013 - 1h50)
Alysson observe son corps avec méfiance.
Evanne s’étourdit jusqu’à la chute.
Amina ne parvient pas à faire sortir les mots de sa bouche.
À la frontière franco-belge, existe un lieu hors du commun qui prend en charge des enfants psychiquement et socialement en difficulté. Jour après jour, les adultes essaient de comprendre l’énigme que représente chacun d’eux et inventent, au cas par cas, sans jamais rien leur imposer, des solutions qui les aideront à vivre apaisés. Au fil de leurs histoires, «A ciel ouvert» nous ouvre à leur vision singulière du monde.
Un film qui prend le temps de s'élever à hauteur d'enfants et accorde une place privilégiée aux mots et à la parole juste. Mariana Otero confirme son talent de documentariste et sa capacité à s'inscrire au-delà du visible.
A PARTIR DU JEUDI 20 MARS
+ CINÉ-DÉBAT VENDREDI 21 MARS à 20h30
Deux avis opposés (Allociné):
5/5
Très beau regard de la réalisatrice sur la psychose
infantile et l’autisme. Bien expliqué. On y vois l'évolution de trois enfants
atteints de pathologies différentes évoluer ensemble dans une structure
d'accueil. Le travail des équipes. Balade à la découverte du monde vu par ces
enfants. Conseillé à tout les passionnés de psychiatrie.
0,5/5
Un film documentaire qui promeut une prise en charge
psychanalytique pour des enfants porteur d'autisme alors que reconnue comme
inefficace c'est plutôt malvenu ! L'affiche est jolie, attrayante mais ce qui
ce cache derrière est tout autre ! Arrêtons de faire croire que les théories
exclusivement interprétatives de la psychanalyse permettent à ces enfants de
"sortir de leur bulle", c'est du charlatanisme !
Mariana Otero s'est forgée une solide réputation dans le genre du
documentaire. Après avoir tourné pour la chaine Arte une série de six documentaires intitulée La Loi du Collège (1994),
elle obtient la consécration grâce à Histoire d'un secret (2003), docu-fiction qui sera diffusé dans les salles
françaises. Sept ans plus tard, elle obtient les honneurs de voir Entre nos Mains, son nouveau long-métrage, être présenté au Festival de
Cannes dans la programmation de l'ACID.
Le long-métrage a été tourné dans les locaux du Courtil, un
Institut Médico-Pédagogique pour enfants et jeunes en situation d'handicap
mental. Situé à la frontière franco-belge, l'Institut aide les patients de
manière plus psychanalytique que comportementale ; cela veut dire que les
éducateurs essaient non seulement de faire partager des activités du quotidien
aux résidents (jardiner, cuisiner etc.), mais qu'ils s'interrogent aussi sur la
personne handicapée qu'ils ont en face.
Le tournage d'A ciel ouvert n'a pas été simple,
à commencer par une phase de repérages longue d'un an, pour se familiariser
avec les lieux ainsi que les intervenants qui s'y trouvent. Puis, ce fut le
tournage qui dura 3 mois, avec une présence "filmique" de huit heures
par jour. Enfin, le montage ne fut pas aisé non plus, puisqu'il dura huit mois,
suite aux 180 heures de rushes !
Parmi une quasi-unanimité élogieuse des critiques, une réserve de la part
de Libération :
«Savoir». Le film s’accompagne
de la sortie d’un petit livre d’entretiens (1) entre Mariana Otero et des
intervenants au Courtil, notamment son fondateur il y a trente ans, le
psychiatre Alexandre Stevens, qui plaide contre l’idée de normes cherchant à
s’imposer aux individus en faveur d’un certain désordre, y compris au sein de l’institution
qu’il dirige : «On doit accepter de ne pas tout savoir, on doit être
une institution où le savoir n’est pas de notre côté mais chez l’autre, chez
l’enfant.»Position polémique évidemment, mais le film ne donne aucune
indication sur ce que les équipes considéreraient comme des échecs absolus de
leur méthode, vue ici sous le seul angle de la bienveillance.
(1) «A ciel ouvert, entretiens»,
de Mariana Otero et Marie Brémond, éditions Buddy Movies.
On comprend que sur un tel sujet il se trouve des spectateurs désireux d'aller plus loin et d'obtenir des compléments après avoir vu le film. Voici donc les documents concrets qui doivent permettre d'obtenir le livre qui l'accompagne.
Le site du film :
EXTRAITS DU DOSSIER DE PRESSE
L’ORIGINE
« Le territoire de ce que l’on nomme « la folie » m’a toujours intriguée, fascinée, voire effrayée, et en même temps j’ai toujours pensé confusément que l’on pouvait y comprendre quelque chose et, même plus, que la folie avait quelque chose à nous apprendre. Après Entre nos mains j’ai voulu me confronter à cette altérité contre laquelle la pensée rationnelle semble devoir buter.
Je me suis alors rendue dans de nombreux foyers et institutions pour « handicapés mentaux ». Au cours de ces longs repérages, j’ai découvert à la frontière franco-belge, un Institut Médico-Pédagogique pour enfants quasi unique en son genre en Europe, le Courtil.
L’idée inaugurale de cette institution est que les enfants en souffrance psychique ne sont pas des handicapés à qui il manquerait quelque chose pour être comme les autres. Au contraire, au Courtil, chaque enfant est avant tout considéré par les intervenants comme une énigme, un sujet qui possède une structure mentale singulière, c’est-à-dire une manière originale de se percevoir, de penser le monde et le rapport à l’autre. Les intervenants, en abandonnant tout a priori et tout savoir préétabli, essaient de comprendre la singularité de chaque enfant afin de l’aider à inventer sa propre solution, celle qui pourra lui permettre de trouver sa place dans le monde et d’y vivre apaisé.
J’ai donc rencontré là une manière extraordinaire de penser et de vivre avec la folie, et une institution qui met au cœur de son travail le sujet et sa singularité.
Plus généralement, j’y ai trouvé une manière d’approcher l’autre qui m’a intimement touchée et qui, je l’espère, traverse le film de bout en bout : quel qu’il soit, l’autre doit avant tout être regardé comme un mystère à nul autre pareil. »
LE TOURNAGE
« Malgré les repérages qui ont duré près d’un an, ce que j’y avais vu, les histoires sur les enfants que l’on m’avait racontées, au moment où j’ai commencé le tournage, je n’étais pas beaucoup plus avancée sur « les scénarios » possibles. Tout allait être forcément différent. Dans un lieu comme le Courtil, où c’est le sujet et ses inventions qui sont au centre, les histoires de chaque enfant sont imprévisibles. De plus, l’importance des événements se saisit, s’évalue bien après qu’ils aient eu lieu, au regard de l’évolution de l’enfant c’est-à-dire dans « l’après coup ».
Au Courtil, on peut dire que les histoires s’écrivent à rebours. Ce qui est tout à fait déroutant… vertigineux même. Certes j’avais aiguisé mon regard durant mes repérages, je voyais mieux que quand j’étais arrivée au Courtil. Mais ma capacité de prévision s’arrêtait là. J’avais une petite longueur d’avance sur les événements qui allait me permettre de les filmer à peu près justement, mais je n’avais pas de « visibilité » au-delà.
J’ai tourné pendant trois mois dans une concentration absolue, la caméra accrochée à moi huit heures par jour, avec la sensation que chaque instant pouvait être précieux.
Pour arriver à filmer les scènes, il fallait que j’oublie mes repères habituels qui me permettent de jauger l’importance d’un événement et ce qui s’y joue. Au Courtil, ces repères n’étaient pas forcément justes et auraient pu me faire passer à côté de l’essentiel. Pour conserver cette acuité du regard, pour être juste dans le tournage de chaque scène, il fallait que je sois présente quotidiennement auprès des enfants et des intervenants. Je ne tournais pas tout mais je restais toujours avec eux, sur le qui-vive.
Au fur et à mesure du tournage, je percevais l’importance de certaines scènes que je complétais alors avec d’autres scènes, qui elles-mêmes prenaient une autre valeur la semaine suivante. En fait, ce fut un tournage complètement atypique passionnant et très différent de tout ce que j’avais pu vivre jusque-là. »
LES ENFANTS ET LA CAMERA
« Pour les enfants, je savais avant de commencer le tournage que la relation à la caméra allait être très singulière, directement liée à leur manière de vivre leur relation à l’autre, au corps et au monde.
Parce que je savais que la relation à la caméra, c’est-à-dire au regard, pouvait être centrale, j’ai choisi, dans les scènes avec les enfants, de travailler seule, sans mon ingénieur du son. J’ai décidé de porter la caméra attachée au corps grâce à un système de harnachement léger et souple, j'étais devenue un corps-caméra. Et même quand je ne filmais pas, je portais tout cet attirail.
Dès le début du tournage, pour les enfants, soit ni moi ni la caméra n’existions, soit les enfants s’adressaient à moi comme si je n’avais pas de caméra, soit ils ne s’intéressaient qu’à la caméra. D’une certaine manière, pour eux, il n’y avait pas de hors-champ. C’est pourquoi, à l’occasion, les interactions des enfants avec moi et avec la caméra ont pu être commentées dans les réunions et les supervisions au même titre que tout autre élément d’un atelier.
Dans tous les cas, il n’y avait chez ces enfants ni narcissisme, ni gêne, ni honte, ni timidité : leur image, le rendu de leur image leur importait peu. C’est leur rapport à l’autre ou au regard qui était directement en jeu, qui pouvait les agresser ou, au contraire, les apaiser.
Prenons l’exemple d’Evanne. Pour lui, au début du tournage, la caméra n’existait pas, et c’était comme si j’étais transparente. Puis, peu à peu, en même temps qu’il changeait, que « l’autre » commençait à prendre consistance pour lui, j’ai vu qu’il commençait à me voir, à voir la caméra. Aussi, la première fois qu’il a eu « un regard caméra » j’ai été très émue : il racontait un changement chez Evanne, il avait une valeur, bien différente de tous les autres regards caméra que j’avais pu filmer jusque là.
Pour Alysson, qui pendant les repérages n’avait quasiment pas fait attention à moi, ma présence silencieuse de camérawoman est devenue très importante. Les intervenants et moi avons eu l’impression que la caméra rassemblait le corps d’Alysson et lui permettait de le mettre en mouvement. Il s’est passé quelque chose de très fort qui m’a fait penser au rapport que les acteurs peuvent entretenir avec la caméra : non pas dans le désir d’être vus, qui n’est sûrement pas fondamental, mais relativement à une fonction qui est plus essentielle : elle les rassemble.
La relation à la caméra était ici très forte, très « signifiante », c’est pourquoi tout à fait logiquement elle a pris une place dans le montage final du film. »
LE MONTAGE
« Au final, j’ai filmé 180 heures. Avec la monteuse Nelly Quettier, nous avons monté les séquences, personnage par personnage, en essayant de mettre en évidence la singularité de chaque enfant et son cheminement. Au bout de quatre mois de montage, nous avions quatre heures qui rassemblaient des scènes construites à partir des quatre personnages principaux : Jean-Hugues, Alysson, Evanne et puis Amina. Ensuite, il a fallu organiser le film en croisant ces « histoires » tout en faisant exister l’espace et le temps, même si la construction du film n’était pas uniquement chronologique.
Il fallait, avec le montage, faire comprendre la folie de manière à la fois sensitive, émotive et intellectuelle, en construisant une forme de dramaturgie avec les enfants qui devait intégrer un aller-retour constant entre le quotidien et les réunions. Il fallait éviter le systématisme et garder toujours l’émotion liée aux personnages. L’écueil aurait été de devenir didactique : le film devait rester une expérience et non pas une leçon. Plus que de donner des explications, l’essentiel pour moi était de faire vivre au spectateur l’expérience de la compréhension, c’est-à-dire aussi l’émergence d’un regard. Le film ne pouvait faire l’économie du temps : le temps de l’interrogation d’abord, puis celui de la découverte et enfin celui de la compréhension. »
« Bouleversant »
Le Monde
« Captivant »
« Un exercice de vie et de liberté exceptionnel »
Le Figaro ***
« Un documentaire passionnant »
« Une œuvre forte »
La Croix***
« On ressort de son film enrichi, ému et presque joyeux »
Les Inrocks
« Tendre, optimiste et salutaire »
Première ***
« Passionnant »
Studio CinéLive ***
« A chaque instant, elle trouve la bonne distance »
Télérama
« Touchant »
L’Express
« Du cinéma documentaire, mais avant tout du cinéma à l’état
pur »
Nouvel Obs
« Dans le film de Mariana Otero, un langage cinématographique
prend corps qui passionne et touche très profondément. »
L’humanité
« Pudique, responsable, vivant, triste ou gai, mais salutaire à
l’extrême… sans conteste un film à voir cette semaine »
CinéTéléObs
« Apprêtez-vous à être chaviré »
Bande à Part
LE FIGARO
Contes de la folie ordinaire
DOCUMENTAIRE « À ciel ouvert », de Mariana Otero, sur les
jeunes handicapés mentaux d'un institut médico-pédagogique.
MARIE-NOËLLE TRANCHANT
Des enfants Des
adultes Des bâtiments silencieux, dans la nuit On s'approche tranquillement du
domaine du Courtil, comme pour s'apprivoiser C'est que l'endroit est étonnant
Mariana Otero, réalisatrice du documentaire A ciel ouvert, a passe plus d'un an
de préparation, et trois mois de tournage, dans cet institut médico-pédagogique
pour handicapes mentaux, créé par le psychiatre et psychanalyste Alexandre
Stevens, et installe depuis trente ans à la frontière franco-belge.
Dialogue informel et profond
Les choses s'éclairent dans le va-et-vient entre les uns et
les autres On s'attache aux enfants, et les observations des adultes (par
exemple l'absence de limites comme signe de psychose) transforment peu a peu
cette sympathie en attention précise, en bienveillance active, attitude qui est
celle des thérapeutes du Courtil « Jour après jour, ils essaient de comprendre
l'énigme que représente chaque enfant, et inventent, au cas par cas, sans
jamais rien imposer, des solutions qui les aideront a vivre apaises », résume
Mariana Otero Tout au long de ce dialogue informel et profond, on se trouve
confronte au mystère de la personne, de chaque personne, acceptée
inconditionnellement dans ce qu'elle a d'unique Un exercice de vie et de
liberté exceptionnel
LE NOUVEL OBSERVATEUR
LA CRITIQUE DE PASCAL MERIGEAU
ENFANTS EN MORCEAUX
Donc, au début, on
ne comprend pas la raison d'être de cet atelier musical où il ne s'agit pas
d'apprendre la musique ou le chant aux enfants. On ne voit pas quels
enseignements les adultes qui jouent et mettent en scène peuvent en retirer. De
même pour ces séances de cuisine auxquelles est conviée la petite Alysson,
cette gamine dont un intervenant dit que « son inconscient est à ciel ouvert»,
qui « voit son corps en morceaux» et confesse avoir dans la tête « des mot s de
sexe ». Pour qu'une lumière s'allume, il faut que les adultes, qui sont riches
d'un savoir et d'une expérience étrangers au spectateur, commencent eux-mêmes à
comprendre et qu'entre eux ils parlent : sujet a des crises depilepsie qui le
précipitent à terre, E vanne ponctue les say nettes qu'il lui est demande de
jouer par une chute brutale ; un garçon qui affirme avoir « le sommeil cassé»
se révèle incapable soudain de mettre sa tartine en bouche, se fâche contre ce
qu'il appelle son tremblement, dont il explique qu'il lui est arrivé de le
maîtriser en s'adressant à lui « comme à un Anglais », et lorsque
l'intervenante prononce trois mots d'anglais il parvient enfin à accomplir son
geste. Les enfants se nomment Alysson, Evanne, Méghane, Logan, Jean-Hughes ou
Amina, les intervenants ont nom Marie, Véronique ou Camille, tous se
rencontrent devant la caméra d'une cinéaste dont la présence, peu à peu,
s'impose comme un élément de la vie au Courtil, cette institution créée en
Belgique il y a trente ans, comme une donnée prise en compte par ces gamins
qui, pour certains, n'avaient jusqu'alors pas conscience de leur existence
propre.
LA CROIX
Au-delà des apparences
Après Entre nos mains, Mariana Otero livre un
documentaire passionnant, dont La Croix est partenaire, sur le
fonctionnement d'un centre pour enfants psychotiques.
En 2010, Mariana
Otero avait filmé la tentative de reprise par des ouvrières du textile de leur
usine en difficulté. De cette aventure, elle avait tiré un très beau
documentaire, Entre nos mains, nommé aux Césars. Trois ans après cette
expérience marquante, la documentariste revient avec un projet très différent,
mais reste toujours aussi attentive à ce qu'elle révèle de ceux qu'elle filme.
A ciel ouvert offre une plongée subtile et pleine d'enseignements au coeur d'un
établissement accueillant, à quelques kilomètres de la métropole lilloise, des
enfants psychotiques, atteints de troubles psychiques plus ou moins sévères.
Situé tout près de la frontière, en Belgique, à Leers, Le Courtil, édifié il y
a trente ans dans un ancien corps de ferme, fut, pendant une année de repérages
et trois mois de tournage, le lieu d'une rencontre unique entre la cinéaste et
ces enfants - Alysson, Evanne, Amina, Jean-Hugues... -, avec la coopération
active des adultes qui les entourent chaque jour.
Produit par Denis
Freyd, coproduit par Jean-Pierre et Luc Dardenne, le documentaire que signe
Mariana Otero est une oeuvre forte, qui s'interroge sur le regard mais aussi
sur la place que certaines institutions sont encore capables de réserver aux
individus les plus démunis, dans un monde toujours plus normatif.
PAROLES
MARIANA OTERO
Documentariste
« Je devais travailler seule »
« J'ai eu le désir
de faire un film sur ceux qui ont un autre rapport au monde. Ce qu'on appelle
de manière un peu lourde « la folie » m'a toujours intriguée, mais je voulais
comprendre et ne pas m'en tenir à la fascination. Au cours des repérages, nous
avons beaucoup réfléchi, avec les intervenants, à ce que la présence de la
caméra allait provoquer chez ces enfants. J'ai rapidement compris que je devais
travailler seule, sans même un ingénieur du son, en attachant la caméra à mon
corps pour faire comme un bloc. Une fois la confiance établie, il est apparu
que l'établissement acceptait d'accueillir le "dérangement" de ce
tournage, et pouvait même en faire quelque chose de thérapeutique. Ce fut
notamment le cas pour Alysson. Ce film fut une expérience passionnante. Dans un
tel environnement, filmer est acte constamment réinterrogé. »
ARNAUD SCHWARTZ
L’HUMANITE
Mariana Otero dévoile des sujets vivants
Après plusieurs documentaires très réussis, dont le plus
récent Entre nos mains, Mariana Otero s'engage ici sur le territoire de
la folie avec les enfants et les intervenants.
« Les psychotiques
ont un inconscient à ciel ouvert », écrivait Lacan ; Dans le film de
Manana Otero, un langage cinématographique prend corps qui passionne et touche
très profondément Entre les blés, Alysson court, court, court et rit de sa
course
D. W.
LIBERATION
UN TERRAIN DE JEUX «A CIEL OUVERT»
DOCU
Mariana Otero suit le quotidien d'un institut pour enfants
atteints de troubles mentaux
La vie quotidienne
dans un établissement scolaire en banlieue parisienne (la Loi du Collège en
1994), au sein d'un groupe de militants anticapitalistes (Nous voulons un autre
monde 2001) ou parmi des ouvrières dans une entreprise de lingerie en
liquidation judiciaire et qui décident de créer une coopérative pour sauver leur
travail (Entre nos mains 2010) la documentariste Mariana Otero s’intéresse aux
collectifs en essayant d'en saisir les rouages mais aussi, comme elle le dit,
de se défaire des a priori qu'elle peut avoir sur l'école, l'entreprise ou
l'engagement. Se défaire des clichés c'est encore ce qui la guide dans A ciel
ouvert où elle rend compte de la coexistence entre thérapeutes et malades dans
un institut médico pédagogique. On met du temps pour peu que l’on ne sache rien
du sujet, à comprendre de quoi souffrent les enfants qui vaquent librement dans
les salles et couloirs de ce grand bâtiment de briques. De même pour les
adultes qui font la cuisine ou du jardinage, jouent aux surveillants, grattent
la gui tare ou organisent des ateliers théâtre.
Cacophonie.
Le Courtil est une institution qui reçoit en internat ou
semi internat des enfants en grandes difficultés psychiques. Des enfants qu'on
a trouvés se tapant la tête contre les murs, habités de voix dans leur tête,
des gamins s'auto mutilant ou développant des crises de violence à l'égard de
leurs proches, en proie à des angoisses insurmontables ou s'enfermant dans des
comportements incohérents ou asociaux Des fous en quelque sorte sauf
qu'évidemment l'étiquette déjà difficile à manipuler quand il s'agit d adultes
devient encore plus inadéquate face à des enfants dont la personnalité est en
pleine formation.
Au Courtil, les
thérapeutes, nombreux se relaient pour que jamais ne cesse le dialogue avec les
enfants, et le film est la description de ce chantier relationnel incessant, où
c’est le bordel, la cacophonie, puis soudain se découvrent des espaces
d’échanges très purs et apaisants.
Le corpus théorique
dont se réclament les intervenants du Courtil,
c’est essentiellement Lacan.
Mariana Otero les interroge, les écoute discuter ensemble
des différents élèves ou patients du lieu, et on découvre une activité
intellectuelle très riche, mais aussi ancrée dans tout un vocabulaire, des
concepts déposés par le penseur dans ses séminaires Au cours du film la prise
de médicaments n’est pas montrée, on suppose que les enfants en prennent. Mais
l'accent est porte sur les stratégies pour éviter les impasses que la psvchose
invente à chaque minute de vie de ceux qui la subissent.
Le film s'accompagne de la sortie d'un petit livre
d'entretiens (I) entre Mariana Otero et des intervenants au Courtil notamment
son fondateur il y a trente ans, le psychiatre Alexandre Stevens qui plaide
contre l'idée de normes cherchant à s’imposer aux individus en faveur d'un
certain désordre, y compris au sein de l'institution qu il dirige. «On doit
accepter de ne pas tout savoir, on doit être une institution où le savoir n'est
pas de notre côté mais chez I autre, chez l'enfant ». Position polémique
évidemment, mais le film ne donne aucune indication sur ce que les équipes
considéreraient comme des échecs absolus de leur méthode, vue ici sous le seul
angle de la bienveillance
DP.
Il n'aura échappé à personne que Lacan est la référence essentielle constamment citée. Il n'est peut-être pas inutile alors - merci Wiki - de piocher çà et là pour une révision (ou une vision) des notions qui peuvent être en jeu. Comme on vient de sortir d'un cycle mathématique, j'ai fait quelques emprunts à des réactions de certains d'entre eux devant les emprunts lacaniens à leur discipline.
Jacques Lacan, né en1901 à Paris et mort en 1981 à Paris est un psychiatre
et psychanalyste
français.
Après des études de médecine, Lacan s'oriente vers la psychiatrie
et passe sa thèse de doctorat en 1932. Suivant également une psychanalyse
avec Rudolph Loewenstein, il intègre la Société psychanalytique de Paris
(SPP) en1934,
et en est élu membre titulaire en 1938. Ses premières communications, qui concernent son
interprétation de l'épreuve du miroir empruntée à Françoise
Dolto, donnent lieu à l'invention du stade du
miroir en psychanalyse.
Lacan a repris et interprété l'ensemble des concepts
freudiens, mettant à jour une cohérence dégagée de la biologie et orientée vers
le langage, en y ajoutant sa propre conceptualisation et certaines recherches
intellectuelles de son époque (tel le structuralisme et
la linguistique).
Lacan compte parmi les grands interprètes de Freud et donne naissance à un
courant psychanalytique : le lacanisme.
Figure contestée, Lacan a marqué le paysage intellectuel
français et international, tant par les disciples qu'il a suscités que par les
rejets qu'il a provoqués.
Cette phrase de Lacan :
« L'inconscient est structuré comme un langage », est
centrale dans son élaboration théorique. Il prend appui pour le démontrer sur
les trois œuvres majeures de Freud, L'Interprétation des rêves, Psychopathologie de la vie
quotidienne et Le mot d'esprit et sa relation à
l'inconscient. C'est ainsi qu'il effectue un « retour à
Freud ».
Une interview qu'il accorde à Madeleine
Chapsal, pour L'Express, en 1957, révèle la portée de
ce qu'il avance :
« Voyez les hiéroglyphes égyptiens : tant qu'on a
cherché quel était le sens direct des vautours, des poulets, des bonshommes
debout, assis, ou s'agitant, l'écriture est demeurée indéchiffrable. C'est qu'à
lui tout seul le petit signe “vautour” ne veut rien dire ; il ne trouve sa
valeur signifiante que pris dans l'ensemble du système auquel il appartient. Eh
bien ! les phénomènes auxquels nous avons affaire dans l'analyse sont de
cet ordre-là, ils sont d'un ordre langagier.
Le psychanalyste n'est pas un explorateur de continents
inconnus ou de grands fonds, c'est un linguiste : il apprend à déchiffrer
l'écriture qui est là, sous ses yeux, offerte au regard de tous. Mais qui
demeure indéchiffrable tant qu'on n'en connaît pas les lois, la clé. »
Lacan se livre alors à un plaidoyer pour démontrer en quoi
toute l'œuvre freudienne peut et doit être lue avec l'appui de ces références
linguistiques et que, pour ces raisons mêmes, ce qui fait l'efficience de la
psychanalyse est lié au fait de parler, qu'elle est une expérience de parole.
Il propose la métaphore d'un hamac :
« l'homme qui naît à l'existence a d'abord affaire au
langage ; c'est une donnée. Il y est même pris dès avant sa naissance,
n'a-t-il pas un état civil ? Oui, l'enfant à naître est déjà, de bout en
bout, cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps
l'emprisonne ».
Il introduit par ailleurs en 1953 des concepts qui
deviendront fondamentaux dans son œuvre, les trois registres : Réel, Symbolique, Imaginaire.
Il commence à travailler à une théorie du signifiant en redécouvrant Ferdinand de Saussure et en
s'appuyant sur Roman Jakobson. C'est aussi là qu'il commence à
citer régulièrement la thèse de Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la
parenté.
Lacan a donc voulu renouveler la réception de Freud en opérant une
lecture structuraliste de son œuvre, utilisant pour cela les outils de la linguistique.
Ces outils, il ne fera pas que les réutiliser, il les remaniera pour servir son
propos. C'est à la fois cette volonté de renouvellement de la lecture de Freud
et le remaniement des outils théoriques de la linguistique qui valent à Lacan
son succès auprès des uns et son rejet par les autres
Le
stade du miroir est avant tout une réflexion sur deux
concepts : celui de corps propre, le terme (wallonien) de corps propre
désignant l'intuition de l'unité de sa personne par le bébé, et celui de
représentation - c'est-à-dire à la fois la capacité à organiser les images et à
se situer dans l'ordre de ces images. Lacan affirme que l'enfant anticipe sur
son unité corporelle pas encore physiologiquement accomplie - du fait de la
maturation incomplète du système nerveux - en s'identifiant à une image
extérieure qu'il a été capable de différencier des autres : la sienne.
Pour avoir pu différencier son image de celle des autres, il a fallu qu'il
comprenne la différence entre l'image (au sens de tout ce qui est vu) et la
représentation - l'image qui est mise à la place de ce qu'elle figure. Ma propre
image dans le miroir ne peut être en effet qu'une représentation, elle me
montre ce qu'en aucun cas je ne saurais voir directement, sans utiliser
d'artifice. C'est ainsi que l'on peut comprendre une première différence entre
le Je, celui qui voit son image et qui s'identifie à celle-ci, et le moi,
l'image à laquelle l'enfant s'identifie.
On croit parfois que le stade du miroir dévoile un moment du
développement de l'enfant. Or ce qu'il entend dévoiler c'est la dynamique même
de l'identification, dynamique qui reste la même tout au long de l'existence.
Il décrit la structure - que Lacan appelle encore paranoïaque en 1949 - du
sujet, divisé entre le Je, bientôt le sujet de l'inconscient, et le Moi. Le Moi
est redéfini comme une instance qui relève de l'image et du social, pur mirage, mais
mirage nécessaire.
Les
mathématiciens en général n'approuvent pas la manière dont Lacan
utilise les notions mathématiques. Ainsi, dans le magazine Tangente, les auteurs soulignent que Lacan
utilise les mathématiques comme un réservoir de métaphores, sans que ses
raisonnements soient valides mathématiquement comme ceux de Newton. Cet abus
des mathématiques sert à donner aux théories de Lacan l'illusion d'une
profondeur, et d'une légitimité scientifique. Dans le journal Quadrature, Bernard Randé compare les
écrits de Lacan à Mickey Parade.
Le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky,
qui a connu Lacan dans les années 1970, a confié qu'il le considérait comme un
« charlatan conscient de l'être qui se jouait du milieu intellectuel
parisien pour voir jusqu'à quel point il pouvait produire de l'absurdité tout
en continuant à être pris au sérieux ».
Un psychiatre est un médecin spécialisé
dans le soin des maladies mentales, la psychiatrie.
Il diagnostique, traite et tente de prévenir les maladies
mentales.
Le psychiatre a une formation médicale de base puis effectue
une spécialisation psychiatrique polyvalente. Par décret, il est toujours psychothérapeute même, s'il n'exerce pas
de psychothérapie ou s'il n'a pas de formation spécifique en psychothérapie.
C'est un spécialiste de la prescription des psychotropes.
D'autres médecins peuvent prescrire des psychotropes mais n'ont pas forcément
de formation spécifique. Les psychologues, par contre, ont une formation
spécifique en psychothérapie mais n'ont pas le droit de prescrire de
psychotropes.
Un psychanalyste est un professionnel qui a
été en analyse didactique et est en plus formé
sur le plan pratique et théorique à diriger des cures psychanalytiques1.
« Quiconque a reconnu que le transfert et la résistance constituent le
pivot du traitement appartient sans retour à notre horde sauvage2. »
Le métier de psychanalyste n'est pas validé par l’État, c'est-à-dire que ce
statut ne nécessite aucun diplôme (contrairement aux psychiatres et aux
psychologues) mais un psychanalyste est en règle générale affilié à une
association ou école de psychanalyse.
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