lundi 24 mars 2014

A CIEL OUVERT



28e séance avec débat






A CIEL OUVERT
Film documentaire français de Mariana Otero. (2013 - 1h50)



Un film qui prend le temps de s'élever à hauteur d'enfants et accorde une place privilégiée aux mots et à la parole juste. Mariana Otero confirme son talent de documentariste et sa capacité à s'inscrire au-delà du visible.
Soutien ACC (voir site ACC dans la liste des sites associés à notre blog).

CINÉ-DÉBAT VENDREDI 21 MARS à 20h30




Non, ce n’était pas un film facile a priori, mais le public était bien présent, et il l’a vécu avant tout comme un film attachant.
Ce n’est pas facile de poser le bon regard. Dans la réalité, souvent il se détourne, ce qui est interprété rapidement comme une forme d’égoïsme ou de lâcheté. Parfois il se fait insistant, et on y voit alors un signe de manque de respect, voire de grossièreté et de discrimination.
Or, en l’occurrence, on nous demande expressément de voir avec insistance, et sur un temps évidemment long. Certes, le cinéma est par essence une entreprise de voyeurisme. Mais il en est, on le sait bien, de différentes qualités. Eh bien disons-le tout de suite : autant la caméra par rapport au sujet filmé, que les intervenants par rapport aux enfants, se trouvaient constamment à la bonne distance. Nulle gêne donc, ce qu’on aurait pu craindre, mais au contraire une réelle sympathie, voire une très possible empathie.

Quand on prend du recul (pas si lointain d’ailleurs) dans la dimension historique, on se prend à penser, à une époque où l’on doit déplorer tant de reculs dans tant de domaines, que nous avions sous les yeux une manifestation particulièrement vivifiante de haute civilisation.
La qualité des relations, l’intelligence des intervenants, une constante attention enfin à tout ce qui peut se rapporter à cette valeur suprême qu’est le respect de la dignité de l’être humain, quelle que puisse être sa différence par rapport à ce qu’on appelle la « norme », tout cela éclatait à chacune des séquences du film comme un plaidoyer jamais bavard, mais toujours modeste, délicat, et constamment pertinent.
Trop peut-être, diront certains. Et ils n’auront sans doute pas tout à fait tort. Mais c’est le jeu normal de la fabrication d’un film par une réalisatrice qui assume pleinement son point de vue, et qui maîtrise son montage comme elle l’entend.
On imagine bien qu’il y a dans la vraie vie des ratés, des imperfections, que le recours aux médicaments y est sans doute plus fréquent, que les moments de découragement ou de fatigue existent également. Mais un tel choix serait blâmable si on pouvait douter de la sincérité et de l’honnêteté de ce qu’on a choisi de nous montrer. Ce serait alors de la tromperie, de la manipulation condamnable. Or à aucun moment on n’a des motifs sérieux de douter de l’implication et de la qualité humaine de ce qui nous est montré. Ce condensé de positivité volontariste est alors non seulement acceptable, mais il est véritablement digne d’éloges. Avec ce film, on est un peu dans la même position critique que dans un de nos films précédents, Sur le chemin de l’école. Encore un film qui incite à l’optimisme lucide, celui qui est l’exact opposé du si fréquent et si déplorable optimisme béat.



Une implication visible lors de la présentation et du début du débat a fait deviner dans la salle que deux personnes étaient plus particulièrement impliquées. La confirmation ne tarda pas à venir, et le film d’une certaine façon parlait de leur profession. Elles ont apporté avec disponibilité et compétence leur expertise dans le débat, et les curiosités de chacun ont été largement satisfaites. Rien ne nous paraît avoir été occulté, ni les difficultés, ni les joies devant le moindre progrès de l’enfant. Le film nous présentait un établissement qui ne paraissait pas manquer de moyens. Il n’en est pas de même partout, surtout en dehors des établissements spécialisés où l’on souhaiterait mettre les enfants dans un environnement dit « normal ». Les pédagogues de ces derniers ont pu témoigner que les guillemets ne sont pas usurpés, et John, beaucoup plus que moi par exemple, avait bien des raisons de ne pas être très dépaysé par ce qui était montré sur l’écran. Cette volonté de la part des parents de faire entrer leurs enfants dans le cursus classique est apparu comme légitime, mais pas non plus sans dangers, surtout quand les moyens adaptés n’existaient pas. Les causes ? l’argent bien sûr, mais aussi la volonté politique, des élus comme de la société dans son ensemble.
La questions des dangers en présence d’enfants psychotiques a été soulevée. Pas d’inquiétude pour les professionnelles devant les couteaux (jamais très coupants…), ni les cannes agitées dans les sketchs d’expression collective. Le plus impressionnant a quand même été les sauts débridés arrêtés dans un blocage de dernière seconde juste au bord du canal…

D’autres expertises sont venues s’ajouter aux deux premières que nous avons mentionnées. Une collègue en retraite témoignait de ses souvenirs remontant à quelque trente-cinq années. Elle était surtout sensible à la différence de langage employé lors des réunions de travail, beaucoup moins jargonnant aujourd’hui, plus direct, presque plus familier. Etait-ce dû à l’évolution interne de l’institution ? Elles se sont accordées à penser que c’était surtout le fait d’une évolution de la société dans son ensemble.
Enfin des adhérents bien connus de notre association étaient particulièrement au fait des différents enjeux. Dorine a parlé des écoles Bonneuil ou Deligny, ce qui m’a donné l’envie d’en savoir plus moi-même. Je donne ci-dessous quelques indications qui peuvent en éclairer d’autres que moi. Le thème m’a aussi fait me ressouvenir d’une séance ACV (Action culturelle de Vierzon). Me ressouvenir est d’ailleurs un bien grand mot, ma mémoire n’allant guère au-delà d’un titre : La raison du plus fou. Cette fois, c’est Jean-Pierre qui a fourni avec précision tous les éclairages nécessaires. Là encore, on en trouvera quelques références complémentaires un peu plus loin.
Dès la fin du film, on a regretté dans le même temps avec John de n’avoir pas eu le temps de faire le « job », à savoir contacté des établissements spécialisés locaux qui auraient sûrement été très intéressés par cette soirée et qui ont pu passer à travers de notre information. Mais nos deux intervenantes principales, l’une de Bourges, l’autre de Vierzon, ont heureusement rendu le débat passionnant, au point même qu’il a fallu interrompre des échanges qui auraient pu durer longtemps encore après la fermeture du cinéma ! Entre deux intérêts, le choix fut vite fait, et le pot traditionnel fut sacrifié sans remords aucun.

La raison du plus fou, Daniel Karlin et Tony Lainé.   Éditions sociales, 1977.











Hasard et coïncidence…




Ce soir lundi 24 mars la chaîne de télévision FR3 programme un film sur ce thème.


LE CERVEAU D'HUGO


Docu-fiction écrit et réalisé par Sophie Révil (France, 2012).

Hugo est une énigme vivante. Si vous le croisez dans la rue, vous penserez qu’il est un simple d’esprit. Pourtant, il est d’une intelligence remarquable, c’est même un génie dans son domaine, le piano. Hugo est né avec un handicap étrange et mystérieux : l’autisme.







INTERVIEW DE THOMAS COUMANS


Après un rôle très remarqué dans Comment va la douleur, le comédien bruxellois Thomas Coumans se risque à creuser l’humanité d’Hugo, un jeune homme de 22 ans, autiste de type Asperger.

Que saviez-vous de l’autisme avant d’interpréter Hugo ?
Presque rien. Pour la plupart des gens, l’autisme est une affection très mal connue. « C’est un vrai autiste» est une remarque que j’avais entendue dire pour désigner une personne renfermée, peu sociable. Voilà tout ce que je savais de ce handicap. Mais, en lisant le scénario, j’ai appris énormément. Comme, par exemple, que ça touche beaucoup plus de personnes qu’on ne croit et qu’il y a de nombreuses formes d’autisme. Face à une émotion, les personnes autistes ne sauront pas se dominer, alors que les neurotypiques auront les connexions cérébrales nécessaires pour gérer la situation. Une phrase du film m’a marqué. Elle expliquait que nous ne sommes pas égaux biologiquement face au bonheur. Sans entrer dans les détails du fonctionnement cérébral, nous ne produisons pas tous les bonnes hormones en quantité  suffisante. Chaque humain a sa manière d’appréhender le monde. Soit sept milliards de visions différentes, dont celles des personnes autistes…

Vous aviez joué un personnage un peu naïf dans Comment va la douleur
Lors des castings, cette référence a pu influencer le choix de Sophie Révil, j’imagine. Hugo est un peu comme une continuité de Bernard. Mais avec Hugo, je suis allé encore plus loin dans la transformation, dans la recherche d’un comportement singulier et dans de ce que signifie « être humain ».

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour créer Hugo ?
La première était le piano ! Je n’en avais jamais joué avant et même si je fais semblant dans le film, il a fallu que je répète le placement des mains. Ce n’est pas du tout évident. Pour composer le personnage, j’ai visionné des témoignages de personnes autistes.
Puis, j’ai essayé de créer Hugo par moi-même. La difficulté consistait surtout à trouver le juste équilibre entre l’étrangeté, le décalage exprimé par le corps et une certaine normalité. Il ne s’agissait pas de faire le « neuneu », le débile, mais de traduire la subtilité de l’autisme qui peut avoir l’apparence d’une psychose ou de la folie, mais n’en est pas une. La plupart des personnes autistes sont intelligentes et parlent normalement, mais peuvent aussi tout d’un coup changer de comportement : une tête un peu trop penchée ou une manière de regarder particulière. J’ai travaillé ces attitudes dans mon jeu, accentuées au maquillage par un grain de beauté ici, des cernes là, des marques de lunettes sur le nez…

Qu’est-ce qui vous a aidé ?
Les trois grandes références cinématographiques – Leonardo DiCaprio dans Gilbert Grape, Geoffrey Rush le pianiste excentrique dans Shine et bien sûr Dustin Hoffman dans Rain Man – nous ont permis avec Sophie Révil de trouver une base et un langage de travail communs. Mais le vrai déclic s’est produit grâce à la rencontre de trois témoins autistes du film qui m’ont offert de passer une journée avec eux et de les observer. J’ai saisi leur réalité. En même temps, Hugo, c’est moi aussi, ou tout ce qu’il fait résonner en moi.

Vous sentiez-vous porteur d’un message ?
Plus exactement responsable par rapport aux témoins. Je devais être juste pour ne pas les décevoir. Ce personnage représente une réalité difficile pour beaucoup de monde. Je ne pouvais pas seulement prendre du plaisir à jouer en tant qu’acteur, mon investissement allait plus loin que ça.
(France2.fr)



Autre actualité du moment, cette fois du soir même de la projection :

A Toulouse, une mère dénonce du haut d'une grue le sort des autistes
Le Monde.fr avec AFP | 21.03.2014 à 12h11

Une femme de 39 ans, mère d'un enfant autiste de 8 ans, est montée vers 4 heures du matin en haut d'une imposante grue de chantier dans le centre-ville et a déployé à côté du poste de commande une banderole sur laquelle était écrite :« Autisme, arrêtez le carnage ». Les force de l'ordre ont établi un périmètre de sécurité et tentaient de convaincre la jeune mère de descendre, en vain.

« Partout dans le monde, à part en France et en Argentine, on pratique la prise en charge éducative ABA [« Applied Behaviour Analysis »  – Analyse appliquée du comportement]. Ça fait bien progresser les enfants », a expliqué par téléphone Estelle Ast. Selon elle, seulement 2 % des enfants autistes en France sont scolarisés, contre 50 % en Angleterre.
SITUATION PRÉCAIRE DES AUXILIAIRES DE VIE
La mère d'Allan, 8 ans et scolarisé en CE1 à Toulouse, entend égalementdénoncer la situation précaire des auxiliaires de vie scolaire (AVS) en France. « En ce qui me concerne, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est quand j'ai appris il y a deux jours que le contrat de l'auxiliaire de vie scolaire qui accompagne mon fils à l'école allait prendre fin en mai 2014, soit deux mois avant la fin de l'année scolaire », a-t-elle ajouté.

De plus, son enfant est déscolarisé depuis un mois, en raison de contraintes propres au statut des auxiliaires de vie scolaire, a-t-elle ajouté. En août 2013, le gouvernement avait annoncé la mise en place d'un diplôme d'Etat et la titularisation progressive de 28 000 AVS à partir de 2014.








"Et n'oublie pas d'être heureux" : c'est le titre du dernier ouvrage du psychiatre Christophe André qui vient d'être mis en vente. Christophe André, c'est le spécialiste de la "psychologie positive". Il a écrit de nombreux ouvrages sur le bonheur et les façons de l'atteindre. il regorge de précieux conseils que l'on peut appliquer au quotidien dans son travail.



Christophe André est l’un des chefs de file des Thérapies comportementales et cognitives en France, et a été l’un des premiers à y introduire l’usage de la méditation en psychothérapie.
Chargé d’enseignement à l’Université Paris X, ses ouvrages de psychologie destinés au grand public connaissent un grand succès en France et à l’étranger. En 1999, L’estime de soi est traduit en 25 langues.

Il est marié et père de trois filles.

Autoprésentation sur son blog (http://psychoactif.blogspot.fr/)
J’ai beau être psy, je n’ai pas toujours une conscience exhaustive de tout ce qui m’a construit et me motive à m’engager sur telle ou telle voie dans ma vie d’adulte. Même s’il me semble être à peu près au clair avec moi-même, j’ai régulièrement des prises de conscience surprenantes sur ce qui m’a construit.

Par exemple, ma motivation pour la psychologie positive, et mon aversion pour les propos qui critiquent les bonnes intentions, la gentillesse, etc. J’ai pourtant fait mes études de médecine et de psychiatrie à une époque où ce n’était pas du tout « tendance » et où on aimait bien dénigrer les bons sentiments. Je faisais semblant moi aussi, parfois. Mais je me sentais toujours mal là-dedans, et quelque chose en moi me faisait irrémédiablement préférer les gentils, et les trouver non pas plus niais mais plus intelligents que les malotrus égoïstes.

Et l’autre jour, j’ai compris un bout de cette motivation. C’était dans une librairie, où je suis tombé en arrêt devant un gros bouquin consacré à l’histoire du journal pour enfants, Pif le Chien.







RUE 89

Publication n° 834 du 29 mars 2007
Thèmes : Autisme.
Bonneuil : une école pour les autistes pas comme les autres

En 1969, deux psychanalystes, Maud Mannoni et Robert Lefort, fondent avec un couple d’éducateurs, Rose-Marie et Yves Guerin, l’École expérimentale de Bonneuil (Val-de-Marne). Ils y accueillent des enfants autistes, psychotiques ou présentant des névroses graves, pour lesquels les familles estimaient qu’il n’existait rien de satisfaisant. Aujourd’hui, une quarantaine d’élèves, âgés de six à vingt-cinq ans, fréquentent ce lieu de vie.
Ce n’est pas une école comme les autres. Un jour, en 1970, alors qu’il répare un vélo avec un élève, un éducateur, le trouvant doué, lui propose de créer un atelier de réparation de vélos au sein de l’école. L’enfant décline la proposition, précisant qu’il préférerait travailler « auprès d’un vrai réparateur de vélos ». Ainsi fut fait. Depuis, les élèves autistes, psychotiques ou présentant des névroses graves qui fréquentent l’École expérimentale de Bonneuil, peuvent travailler à l’extérieur, une à deux fois par semaine, s’ils le souhaitent. Ils sont accueillis dans une petite entreprise pour effectuer une tâche bien précise. L’un change la paille des chevaux dans un haras, un autre étiquette les produits et pèse les légumes secs chez un commerçant… Les élèves s’intègrent ainsi dans une équipe qui travaille et n’a pas forcément le temps de s’occuper d’eux. L’adulte de Bonneuil qui les accompagne effectue la même tâche que le jeune, devenant son collègue durant quelques heures. Il arrive que l’accompagnateur (éducateur ou stagiaire) soit nouveau et que l’élève maîtrise mieux la tâche que lui. Il constate alors que changer de position ne provoque pas forcément un danger. L’École expérimentale de Bonneuil est une institution éclatée , les enfants passent d’un lieu à un autre, de l’école à l’extérieur. Au fil des années, son fonctionnement a été mis en place à partir des désirs et des besoins de l’enfant et de sa famille et des expériences inventées pour y répondre.








Wiki compilation de bonne volonté (par un compilateur sans compétence dans ce domaine).

  
Leo Kanner, né le 13 juin 1894 à Klekotow (aujourd'hui Klekotiv) en Empire austro-hongrois (aujourd'hui en Ukraine) et mort le 4 avril 1981 à Sykesville (Maryland), est un pédopsychiatre connu pour avoir défini le tableau clinique de "l’autisme infantile précoce".











Hans Friedrich Asperger (né le 18 février 1906 à Hausbrunn près de Vienne, mort le 21 octobre 1980 à Vienne) est le pédiatre autrichien qui a donné son nom au Syndrome d'Asperger (prononcé /ˈasˌpɜrgər/).













Bruno Bettelheim (28 août 1903 à Vienne - 13 mars 1990 à Silver SpringMaryland) est un pédagogue et psychologue américain d'origine autrichienne.
Il s'est rendu célèbre par la publication de livres de vulgarisation où il explique les théories pédagogiques et psychothérapiques, mises en œuvre à son École d'orthogénie de l'Université de Chicago qu'il a dirigée pendant trente ans.
Son statut de psychanalyste est sujet à controverse. Il est décrit par certains comme « psychanalyste autodidacte ».
Arrêté par les nazis en mai 1938, il fut déporté dans les camps de concentration de Dachau puis, après les accords de Munich, de Buchenwald. Libéré en mai 1939, il émigra aux États-Unis. Son expérience des camps de concentration sera une des clés de ses théories psychanalytiques, il écrira sur les phénomènes psychologiques à l'œuvre, selon lui, au sein des camps de détention, entre les prisonniers et leurs tortionnaires et publie en 1943 Comportement individuel et comportement de masse dans les situations extrêmes.

Bruno Bettelheim considère que l'angoisse est l'élément central de la psychose de l'enfant. Il détecte dans les troubles comportementaux des enfants de l'École Orthogénique des carences affectives et l'angoisse de la mort. Sa thérapie se fonde sur la construction d'un environnement rassurant, matériel et affectif, préalable nécessaire à toute démarche thérapeutique. D'un point de vue purement pédagogique, Bettelheim rejoint en cela des idées développées par A. S. Neill à l'École de Summerhill. Il insiste sur l'idée que, quels que soient les symptômes manifestés par les patients, ils sont la meilleure réponse que ceux-ci aient trouvée à leur angoisse.
Il expose ses recherches dans de nombreux ouvrages dont plusieurs connurent un grand retentissement dont La Forteresse vide, qui aborde les problèmes de l'autisme encore peu connus à l'époque, et Psychanalyse des contes de fées dans lequel il montre comment ces textes transmis de génération en génération répondent de façon précise aux angoisses du jeune enfant. Le « Roi » et la « Reine » sont une image inconsciente des « bons » parents, comme la marâtre, la sorcière, l'ogre, font partie des fantasmes de l'enfant qui voit en ses parents, parfois non plus les « bonnes images », mais celle de parents méchants et frustrants.
En 1974, une suite d’émissions télévisés est réalisée par Daniel Karlin. Elle est publiée en 1975 sous le titre de « Un autre regard sur la folie » et servira à le faire connaitre en France.

Bruno Bettelheim a repris le terme de « mère réfrigérateur » (« refrigerator mother ») de Leo Kanner, créateur de la notion moderne d'autisme. Mais Kanner défendait l'idée d'une cause innée de l'autisme, quant Bettelheim reprenait l’expression tout en défendant l'idée d'une cause acquise et relative aux parents.
Dans La Forteresse vide, Bettelheim cite à ce sujet Anna Freud pour dire : « Heureusement, les psychanalystes commencent à dénoncer le spectre de la mère rejetante ». Il ajoute que toutes les mères, et pas seulement les mères d'enfants autistes, ont des intentions destructrices à côté de leurs intentions aimantes... ainsi que tous les pères. « Ce n'est pas l'attitude maternelle qui produit l'autisme, mais la réaction spontanée de l'enfant à cette attitude » . Paradoxalement Bettelheim écrit :
« Tout au long de ce livre, je soutiens que le facteur qui précipite l'enfant dans l'autisme infantile est le désir de ses parents qu'il n'existe pas. »
Bettelheim compare la situation mentale de l'enfant autiste vis-à-vis de sa mère à celle d'un prisonnier de camp de concentration nazi vis-à-vis de ses gardiens. Il établit un lien de cause à effet entre le comportement de la mère et la situation de son enfant autiste.
Les théories de Bettelheim concernant l'autisme sont aujourd'hui contestées, y compris par certains psychanalystes. Ainsi, la psychanalyste Marie-Christine Laznik avance : « Bettelheim était complètement à côté de la plaque. Les mères n'ont rien à voir avec l'origine de l'autisme ».





Fernand Deligny, né le 7 novembre 1913 à Bergues (Nord) et mort le 18 septembre 1996 à Monoblet (Gard), est un éducateur français, une des références majeures de l'éducation spécialisée. Il a été un opposant farouche de la prise en charge classique des enfants difficiles (délinquants) et des enfants avec autisme. Son expérience avec ces enfants est à l'origine des lieux alternatifs de l'éducation spécialisée que l'on regroupe sous le vocable générique de lieu de vie.

LE CINEMA
Si Fernand Deligny s’intéresse au cinéma, c’est d’abord comme prolongation naturelle de son travail sur l’autisme. Mais sa première expérience vient de la rencontre avec François Truffaut qui le contacte pour terminer Les Quatre cent coups. Deligny lui conseille de supprimer une scène où une psychologue interroge Antoine Doinel, et c’est Truffaut lui-même qui prend finalement en charge la discussion avec l’enfant. C’est aussi Deligny, et on le reconnaît bien là, qui donne l’idée de la fugue qui conduit Antoine sur les plages du Nord. En fait, cette rencontre en suit une autre : à la fin des années 1940, André Bazin prit conseil auprès de Deligny pour faire sortir le jeune François du Centre d’observation des mineurs de Villejuif. Deligny et Truffaut correspondront souvent. Truffaut pensera un temps adapter Adrien Lomme, il co-produira Ce gamin, là de Renaud Victor. Découvrir le cinéma de Deligny, c’est mettre en cause ce que l’on pense savoir du cinéma. Nous ne sommes pas devant un cinéaste avec son esthétique, sa mise en scène, sa patte, devant un auteur qui défendrait bec et ongles son art, sa vision. Le cinéma ne semble pas être grand-chose pour Deligny, il n’a pas plus d’importance que tout ce qui a nourri sa vie. Cette légèreté, cette insouciance, nous offrent cependant parmi les plus belles expériences que le septième art nous ait proposé. Le cinéma : une belle image, un beau scénario (ou pire un beau sujet), de beaux acteurs, une belle musique ? On voit de nombreux films qui possèdent tous ces éléments mais à la vision desquels on ressent tellement peu de cinéma. On sent qu’il étouffe parfois dans ce carcan alors qu’il y a tant de choses à explorer, de possibilités. Pour chercher ces choses qui lui seraient propres, qui ne seraient pas un héritage d’autres arts, des habitudes, on peut en retirer un à un les attributs, le dénuder… peut être alors peut-on deviner la chair du cinéma, ce qu’il a en propre et n’appartient qu’à lui. Deligny peut nous permettre de faire un bout de chemin dans cette direction, de repartir à zéro.


Pourquoi cet intérêt porté au cinéma ? Fernand Deligny sait que ces autistes, qui n’ont pas accès au langage, pensent. L’institution «ne supporte pas l’absence de langage. Il faut du langage, quelque part, ou on est perdu. Ils tiennent à cette caractéristique du langage qui maintient l’homme singulier par rapport à l’animal. Une veille trouille. » Or le cinéma, pour Deligny c’est de « l’animal ». Le spectateur réagit à des images, pas à du langage. Deligny cite Chaplin, la façon dont ses films nous touchent, nous enthousiasment, en faisant appel à quelque chose qui se trouve bien en deçà du langage. Les images naissent entre l’écran où elles sont projetées et le spectateur. Chacun y met du sien, et le cinéma naît alors de ce jeu entre les deux pôles. La caméra permet de capter des choses très coutumières, mais le cinéma nous les offre d’un œil neuf. Il éveille, il surprend, même avec du futile, du quotidien. Le cinéma permet de mettre des images sur ce qui n’a pas de mot. C’est une force fantastique que de pouvoir réanimer des choses que l’on ne voit plus. Pour Deligny, le « preneur d’image » doit dépasser le langage, le symbole, l’intention. Il doit laisser venir à lui les images, et non les faire venir de lui. Elles doivent surgir hors de toute contrainte, hors de toute intention. Il faut que celui qui filme n’impose pas son « je ». Deligny voit chez les autistes des actes et non du faire. Le cinéma pour lui doit naître de ce même mouvement, des coïncidences, de ce qui advient et qu’on attend pas. Il faut de l’accident, de l’imprévu, il faut que le cinéma se frotte au monde au lieu de le dompter. Pendant le tournage du Moindre geste, Deligny est souvent dans sa voiture, à fumer des cigarettes, négation de l’auteur, du « je ». Le fait que les images se tournent, là, qu’il y a un acte, un geste, du désir suffit pour qu’il y ait du cinéma. Cette pensée, cette vision du cinéma, Deligny la partage avec Straub et Huillet, avec Godard (qui préférait se fier à ses mains qu’à ses yeux), avec Chris Marker. Le Moindre geste est peut-être le plus beau film de ce mouvement.

http://www.dvdclassik.com/critique/le-moindre-geste-daniel-deligny-manenti






Voici l’anti Bettleheim : il s’indigne que l’on méprise les parents, et au contraire les associe dans sa démarche :



Eric Schopler (1927 - 2006),  né Allemand, psychologue américain,  pionnier de la recherche en autisme qui conduit à la fondation du programme TEACCH.











Des études scientifiques ont permis de démontrer l'efficacité d'une prise en charge précoce1 à l'aide d'approches éducatives comportementales (ABA), cognitives (TEACCH) ou basées sur le développement de la personne atteinte. La littérature scientifique insiste sur la nécessité d'une intervention éducative précoce, massive et structurée. Dans cette approche, les meilleurs résultats sont obtenus lorsque l'enfant bénéficie d'une prise en charge éducative, comportementale, cognitive ou basée sur son développement dès l'âge de deux ans : trente années de recherche ont montré l'efficacité des méthodes comportementales appliquées pour réduire les problèmes de comportements et augmenter la communication, les apprentissages et les comportements sociaux adaptés.

L'ABA (Applied Behavioral Analysis, ou analyse appliquée du comportement) est une approche éducative inspirée du béhaviorisme créée par Ole Ivar Lovaas auxÉtats-Unis dans les années 1960. Elle consiste en une analyse du comportement, associée à une intervention intensive sur la personne en vue d'obtenir la meilleure intégration possible dans la société, par l'augmentation de comportements jugés adaptés, et la diminution de comportements jugés inadaptés (voirconditionnement opérant).
L'ABA se fonde sur des lois du comportement humain mises en évidence par l'étude des comportements : un comportement humain est conditionné principalement par les conséquences qui surviennent juste après que celui-ci s'est manifesté. Ce sont les conséquences de ce comportement qui encourageront ou décourageront la personne à le reproduire ultérieurement dans des conditions similaires. L'analyse des conséquences d'un comportement permet de comprendre quel était le but de ce comportement, les intervenants peuvent alors encourager ou décourager à le reproduire en mettant l'accent sur ses conséquences.


Depuis 2005, il s'est développé une nouvelle branche de l'ABA : cette approche, appelée comportement verbal — Verbal Behavior — s'attache aux différentes fonctions du langage et non pas à son aspect structurel. Le Verbal Behavior considère que dire un mot est un comportement comme un autre et est donc analysé en fonction de sa finalité (obtenir quelque-chose, attirer l'attention, etc.), en vue de créer un programme visant à augmenter la communication de l'enfant. Comme l'ABA, cette méthode met l'accent sur la motivation de l'enfant, considérant que c'est la motivation qui est le moteur des apprentissages. Les programmes sont étudiés de façon à susciter au maximum la motivation de l'enfant, et la garder toujours haute.


L'enseignement structuré TEACCH  vise au développement de l'autonomie dans les domaines suivants : l'autonomie dans le travail ou une activité, l'autonomie dans la vie quotidienne, l'autonomie dans les loisirs, l'aptitude à construire une vie sociale et la gestion du comportement. Cet apprentissage est dérivé du béhaviorisme et repose sur l'idée que l'autisme est l'expression d'un déficit neurologique. Les moyens pour le contourner sont la structuration et l'apprentissage de la communication. Les quatre aspects de l'approche TEACCH sont : l'espace, le temps, le système, la tâche à accomplir.
Le but de l'outil TEACCH est d'adapter l'enseignement pour compenser les déficits spécifiques de chaque personne, de miser sur les points forts individuels, de réduire les stimulations inutiles et perturbantes, de mettre l'accent sur les informations pertinentes, de permettre à la personne de donner un sens à son environnement, de lui permettre de comprendre ce que l'on attend d'elle, de mieux gérer ses comportements et d'atteindre une plus grande autonomie. Ces éléments sont adaptés à la personne dans les objectifs et les moyens définis pour répondre aux besoins spécifiques de la personne autiste et de sa famille.




EXPLOITS D'AUTISTES. Un autre exemple :

















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