lundi 15 avril 2019

LA LUTTE DES CLASSES

35ème séance avec débat
si animateur/trice/s disponible/s 
(vacances)






LA LUTTE DES CLASSES

  
Comédie de Michel Leclerc avec Leïla Bekhti, Edouard Baer, Ramzy Bedia. (2019-1h43)



VENDREDI 19 AVRIL 2019
20h30


Un jeu sur l’expression « lutte des classes ».
Histoire vécue, stratégie éducative, les deux écoles (ou plus),...






Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine magrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme, cultive un manque d’ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l'école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la « lutte des classes ».


(allociné)
Puiser dans son vécu
Le scénario de La Lutte des classes est né d'une situation que Michel Leclerc et la scénariste Baya Kasmi ont réellement connue. Le metteur en scène précise : "Comme Sofia et Paul, on a vécu à Bagnolet, pendant dix ans, dans une petite maison avec jardin, et puis notre fils a commencé à avoir des problèmes à l’école, ça nous a plongé dans une grande angoisse, un dilemme intime. C’était en 2015, au moment de Charlie, dans cette même école Jean Jaurès où j’ai tourné La Lutte des classes…"

Thématique récurrente
Creuser les contradictions de la gauche est une constante dans le travail de Michel Leclerc, comme on a pu le voir avec Le Nom des gens et Télé Gaucho. Il développe : "Croire dans les valeurs de la gauche nous met parfois dans des situations impossibles. Ma génération, qui a grandi dans les années 80, a passé toute sa vie dans la déception de la gauche, ce qui n’est pas une raison pour devenir de droite ! Mais est-ce que le fait même d’être de gauche, ce n’est pas être dans la contradiction ? Défendre ses idées tout en acceptant celles des autres ? Les histoires que j’ai envie de raconter partent de là. Sans jamais être cynique, parce que vraiment, s’il y a une fibre que je n’ai pas et qu’on voit beaucoup dans la comédie française, c’est le cynisme. On peut rire de tous nos personnages mais jamais en se mettant à distance d’eux, jamais en se disant : « C’est eux, c’est pas nous »."

Edouard Baer en "vieux punk"
En choisissant Edouard Baer pour jouer Paul, "un vieux punk" sympathique, Michel Leclerc avait comme désir de proposer à cet acteur autre chose qu’un emploi de séducteur sophistiqué : un personnage ayant davantage « les pieds dans la terre » et plus proche d’un milieu populaire. Le réalisateur confie : "Sa finesse, sa malice et l’extrême sympathie qu’il dégage permettaient au personnage de friser l’antipathie. C’est une grande règle du casting, plus un comédien est sympathique, plus le personnage peut avoir de défauts. Je me souviens très bien du moment où il a mis son Perfecto aux essayages, tout à coup sa démarche est devenue plus lourde, il a arqué les jambes ! Je suis très content du résultat, je pense qu’au bout de deux minutes, on oublie Edouard Baer."

Tom Lévy
Le petit Tom Levy trouve, dans La Lutte des classes, son premier rôle au cinéma. Pour dénicher la perle rare, Michel Leclerc a fait un grand casting. Le cinéaste explique à son sujet : "Il est fils de profs, ses parents connaissent par coeur la problématique du film et lui comprenait tout de mon projet. On ne sait jamais vraiment ce que Corentin vit dans cette école, est-il vraiment emmerdé par ses camarades ? Est ce grave ou pas, est-il bien dans cette école ou pas ? Le film ne tranche jamais sur cette question. Tout passe par ce qu’il raconte à ses parents, qui sont toujours en décalage par rapport à ce qu’il dit. Mais pour moi, c’était vraiment une question éthique. Hors de question de stigmatiser des enfants !"

Banlieue non glauque !
La Lutte des classes marque la première collaboration entre Michel Leclerc et le directeur de la photographie Alexis Kavyrchine, qui a récemment oeuvré sur La Douleur d’Emmanuel Finkiel. Ensemble, les deux hommes ont cherché à faire un film se déroulant en banlieue mais qui ne soit pas glauque. Il raconte : "Je voulais qu’il y ait de la gaieté dans la manière de filmer les lieux, de la couleur, sans dealer à tous les coins de rue. Malgré les problèmes qu’il ne faut pas nier, Bagnolet est un coin où il fait bon vivre, où la municipalité organise des fêtes dans un vrai souci de mixité. Il n’y a pas une once de violence dans la banlieue que je montre, c’est hyper important. Mon désir, c’était d’avoir une vision du dedans, pas du dessus."

Côté BO
Parmi les musiques originales se trouve une chanson censée être l’oeuvre de Paul et intitulée "J’encule le Pape". Michel Leclerc, qui en est l'auteur, confie : "On s’est amusés avec Alice Botté, un rocker qui a notamment joué avec Bashung et qu’on aperçoit dans le clip. Il fallait montrer de quelle culture Paul est issu et inventer une chanson susceptible de lui causer des problèmes face notamment au directeur d’une école catholique. Ça a été toute une histoire de mettre Edouard Baer à la batterie, il a fallu ruser au montage pour le rendre crédible ! Pour les autres musiques originales, j’ai demandé à Guillaume Atlan. Je souhaitais quelque chose qui mette tout le monde d’accord, qui soit du côté de la vie, de la danse, et je suis arrivé au disco, sa spécialité. Il y a aussi la chorale gnangnan des enfants, la musique des femmes berbères et le titre final, « Bagnolet ». Et une chanson de Jeanne Cherhal, que j’adore, qui parle de la gauche, des congés payés… Elle sert de ciment amoureux à Paul et Sofia."





Michel Leclerc débute comme monteur puis réalisateur pour Télé Bocal, une télévision libre et engagée politiquement. En 2002, il commence à se faire connaître dans le milieu du cinéma grâce à son film Le Poteau rose, un court-métrage primé à Cannes. Quatre ans plus tard, il passe au long métrage avec J'invente rien, une comédie portée par Kad Merad et Elsa Zylberstein. Après avoir scénarisé plusieurs épisodes de la série télévisée Age sensible ainsi que le film La Tête de maman (Carine Tardieu), il se fait véritablement connaitre avec son second long métrage, la très pertinente comédie politique Le Nom des gens (2010), qui remporte le César du Meilleur scénario original. En 2012, Michel Leclerc reste dans le même registre avec Télé Gaucho, brassant plusieurs de ses thématiques favorites.




2007 - 2017 / 52min / Comédie, Famille de Anne Giafferi, Thierry Bizot
Avec Isabelle Gélinas, Bruno Salomone, Valérie Bonneton
(Michel Leclerc réalise 2 épisodes en saison 9, les 5 et 6, en 2016).




Deux familles voisines, incarnant deux méthodes d'éducation opposées, sont filmées dans leur quotidien, pendant plusieurs mois, avec leurs enfants. D'un côté Denis et Valérie Bouley incarnent un couple qui refuse le modèle autoritaire de leurs parents ; ils ont construit ensemble une famille recomposée. De l'autre côté, Renaud et Fabienne Lepic, persuadés que les problèmes de la jeunesse actuelle sont essentiellement dus à la démission des parents, prônent un retour au mode d'éducation stricte qu'ils ont reçue et l'appliquent à leurs quatre enfants. Des parents qui font de leur mieux avec leur bonne volonté, leurs contradictions et leurs doutes... Mais des parents qui, s'ils étaient notés comme le sont les enfants, écoperaient sans aucun doute de la mention consacrée : "Peut mieux faire"!



















  

Il y a bien des manières d’entrer dans le film, et certainement bien davantage encore d’en sortir, tant les arguments s’enchaînent avec vivacité dans le cadre d’un scénario très écrit et très pensé. 
Ce qui est mis en scène, c’est une succession de séquences argumentatives où personne ne perd vraiment la face, où les combats ne se terminent jamais par KO, même si de multiples piques acérées sont envoyées avec une grande efficacité dans toutes les directions. 
Mais on reste résolument, et on comprend cela assez vite, dans le cadre d’une comédie où le pire est simplement effleuré sans qu’on puisse l’envisager autrement que sous l’aspect d’une méprise. Le hors-champ, qui donne un semblant de crédibilité à certaines peurs sinon à certains fantasmes, c’est la vraie vie, celle qui n’est pas retenue dans cette fiction, avec son lot de faits divers et de faits de société tragiques, pour de bon ceux-là. 
C’est là un ressort classique sur lequel on jouait dans les cours de décryptage d’images de l’option cinéma du lycée Edouard Vaillant. On demande de commenter la photo d’un « voyou » qui bouscule violemment une femme âgée et qui est sur le point de la plaquer au sol. Image classique d’une agression urbaine ? Pas du tout, au contraire. Si maintenant on montre le cadre élargi qui permet de voir toute la scène en plan d’ensemble, on remarque qu’il la sauve de l’écrasement d’un meuble qui tombe d’un étage supérieur de l’immeuble. Le voyou devient sauveteur et altruiste, voire héroïque. Le film se plaît à jouer de ces variations de points de vue et de méprises. 
Mais les points de vue différents sont aussi fréquemment dans le même plan. Ainsi des amis ricanant devant la mine déconfite du couple qui cherche une « solution » en dehors de leur conviction. On pouvait s’attendre à ce que cette hypocrisie de gauche soit plus grossièrement stigmatisée. Or il n’en est rien, dans la mesure où les situations qu’ils affrontent ne correspondent en rien à cet idéal affirmé. 
Le comique du film vient précisément dans une large mesure de ce décalage absurde. On dit qu’il s’agit de passer de l’école républicaine à une école privée, mais une telle école n’a vraiment rien de républicain. Elle n’est même qu’une caricature absurde d’une institution normale, ce que montre le langage technocratique encore plus ridicule que pédant qu’on y pratique, et son effondrement n’est pas uniquement métaphorique. Cet établissement est dans tous cas extrêmement dangereux et à fuir, par principe et par simple instinct de survie. On a beau avoir dans la bouche de la directrice de l’école Turgot l’affirmation que la droite au fond est moins « faux-cul » que la gauche (car elle assumerait au moins son cynisme sans chercher à se donner une bonne conscience), il n’en est rien, et le film fonctionne aussi sur la satire permanente d’idéologies lourdement réactionnaires. 
Enfin, si la violence physique nous est miraculeusement épargnée, il n’en est rien de la violence morale, et, ailleurs que dans la fiction, ses effets seraient à coup sûr immédiatement ravageurs. 
Bien sûr, comme souvent dans ce cas, on se raccrochera, dans ce marasme ambiant et cette précarité insupportable, aux qualités humaines individuelles qui permettent de survivre en utilisant astucieusement les rares bouts de chandelle qu’on leur laisse. 
Mais il ne saurait y avoir de vraie issue que collective, et sur ce point crucial, le film ne nous laisse aucune perspective optimiste. Les états d'âme sur les choix à opérer ne sont pas qu'idéologiques comme le film tendrait à le laisser croire le plus souvent, il est aussi largement économique, et seule une réplique, sauf erreur de ma part, le mentionne clairement. C'est quand le mari et l'ex se réconcilient, et que ce dernier énonce clairement qu'il n'a pas de choix à faire, à la différence de son interlocuteur, pour la bonne raison qu'il est obligé de garder cette école parce qu'il n'a pas, lui, les moyens d'aller ailleurs. 

Certes il y a effectivement comédie (et je confirme qu’on a bien ri), mais cette comédie-là est au fond bien amère. Trop proche de la réalité, finalement ? Mais au fond, comment le lui reprocher ? 


Le hasard de l’actualité nous offre ceci en contrepoint dans le monde réel (Le Canard enchaîné, 17 avril 2019):




Les discussions sur ce sujet, quand elles s'écartent des sentiers balisés, deviennent très vite tordues. 
L'exemple présenté dans l'article qui suit, bien que le mot y soit légitimement employé, conduit à penser que "paradoxe" est un terme bien faible en regard des torsions et distorsions qui sont en jeu. 




Charlie Hebdo, 17 avril 2019











Quant à la discussion sur la lutte des classes au sens marxiste, l'actualité du moment a fourni matière à comparaisons: où va volontiers l'argent produit par un pays qui figure dans le peloton de tête de ceux qui en produisent beaucoup?
Mais un dessin vaut mieux qu'un long discours.






N’hésitez pas à visiter la page de l’actualité du mois,
 qui concerne :

Université populaire du Pays de Vierzon
Café repaire
Concert "Les Pastoureaux"  de Waterloo à l'église des Forges
J.-M. Favière et J. Brel sur France Culture
Théâtre musical Brel Steinbeck à Bourges
Gilles Magréau dédicace
Compagnie Puzzle Centre
80 ans d'enseignement à Vierzon
Dédicace George Sand à Bourges
Pôle jeunesse Vierzon
Médiathèque de Vierzon
Double Coeur
Nouveaux tarifs Ciné Lumière
Cours de cinéma en ligne ciclic

(Depuis le début du blog:)










LE SAVEZ-VOUS?
(La réponse s'obtient en cliquant sur les images)

"Parler pour tout dire."

                     
 Ça concerne quoi?



                      C'est quoi, et c'est depuis quand?






COMPLEMENTS, PROGRAMMES, PHOTOS, BANDES ANNONCES,...
    Cliquez sur le lien ou sur l'image.

http://cinelumiere-vierzon.info/



Vous n'avez pas manqué de remarquer la rubrique ART ET ESSAI... et le lien
CINE RENCONTRES.







Carte d'adhérent
 Tarif de 5 euros sur présentation de la carte d'adhérent de Ciné-rencontres à la caisse.  (Ce tarif est appliqué uniquement sur les films sélectionnés dans le programme de Ciné-rencontres.)
N'hésitez pas à nous la demander.
Rappel du tarif d'adhésion: 10 euros pour un an (de date à date) avec possibilité d'affilier 2 personnes si on le souhaite pour ce montant (chacune aura sa carte, ce qui revient à 5 euros l'adhésion avec cette option couple" au sens très large: amis, relations,...). 5 euros pour étudiant ou chômeur (possibilité également d'adhésion "couple", ce qui revient alors à 2,50 euros).
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu. 












Vous pouvez remplir cette fiche chez vous, après l'avoir copiée et collée (par exemple) dans un traitement de texte (Word,...). 


Merci pour votre soutien. 

















Précision utile: les séances Ciné Rencontres sont ouvertes à tous, et pas seulement aux membres de l'association. Même chose pour notre pot d'après débat.







Facile de nous trouver. Il suffit de taper "cinégraphe" sur Google par exemple...
(capture d'écran du 27 septembre 2017).










Tiens... tiens... "abondante et variée"... Et si Ciné Rencontres y était un peu pour quelque chose en fin de compte?...


Autres tarifs au Ciné Lumière: 


Berry républicain 2 décembre 2017



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