lundi 29 mai 2017

Vous allez voir A VOIX HAUTE

34ème séance avec débat







A VOIX HAUTE - LA FORCE DE LA PAROLE
Documentaire français de Stéphane De Freitas et Ladj Ly (2017 (1h 39min)



VENDREDI 2 JUIN 2017 (CINE DEBAT)
20H30 






Le concours du meilleur orateur du 93. 
Eloquence, concours, université, banlieue, rhétorique, entraînement, compétition,…


Chaque année à l’Université de Saint-Denis se déroule le concours "Eloquentia", qui vise à élire « le meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de cette université issus de tout cursus, décident d'y participer et s'y préparent grâce à des professionnels (avocats, slameurs, metteurs en scène...) qui leur enseignent le difficile exercice de la prise de parole en public. Au fil des semaines, ils vont apprendre les ressorts subtils de la rhétorique, et vont s’affirmer, se révéler aux autres, et surtout à eux-mêmes. Munis de ces armes, Leïla, Elhadj, Eddy et les autres, s’affrontent et tentent de remporter ce concours pour devenir « le meilleur orateur du 93 ».
Une vision magnifiquement encourageante de la jeunesse mixte de notre pays.












Berry républicain, 11 mai 2017








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1 commentaire:

  1. A propos du film « à voix haute »,

    Il est difficile de réagir à chaud juste après le film. Peut-être aurais-je besoin de prendre des cours d’éloquence…
    Mais après être rentrée chez moi, j’ai eu envie de chercher ce qui m’a tant plu dans ce documentaire dont je redoutais moi aussi, comme plusieurs de ceux qui sont intervenus dans le débat, qu’il ne soit qu’un énième film sur la banlieue, sur l’inégalité, l’importance de l’éducation… Pourquoi filmer un concours d’éloquence, de la préparation accélérée de quelques candidats à la joute finale et victoire de celui dont on avait plus particulièrement suivi le parcours (au sens figuré et propre (20km de marche plus train de banlieue pour aller à l’université !)) ? Une compétition de plus dans le paysage de rencontres sportives, de concours de chant, de danse, de cuisine qu’affectionnent les médias ? Il m’a semblé que vendredi soir nous avons été quelques-uns à nous demander en quoi cela avait pu nous intéresser. Et de quoi s’agit-il dans cet objet cinématographique mal identifié (du moins par moi), un documentaire sur un événement créé par le documentariste lui-même, un concours bien réel qui en était à sa 4ème édition si je suis bien renseignée ?
    Donc au début du 21ème siècle existe un concours d’éloquence en Seine Saint Denis, le neuf-trois, seul département à être dénommé (déparlé) ainsi. En soi c’est déjà une révélation qui vaut le déplacement au cinéma. On se prend à rêver qu’il fasse des émules (c’est déjà le cas dans quelques départements (à Nanterre, Grenoble, Limoges)) et que la télévision retransmette un jour quelques matches… Ce que ne fait pas le documentaire d’ailleurs.
    Il nous montre la préparation au concours, la formation des orateurs. Qui ne se résume pas à l’apprentissage de techniques vocales et argumentatives dont pourrait s’inspirer l’éducation nationale. Les candidats ne partent pas de zéro, ils sont étudiants pour la plupart, on peut même supposer qu’ils sont déjà très à l’aise dans la parole, qu’ils ont un bon bagage de vocabulaire, de la « tchatche », des mots pour penser et sans doute déjà pour s’affirmer à l’école ou dans leurs groupes d’amis. Alors pourquoi participer à ce concours ? Au-delà du jeu et de gagner ? Je crois, pour tous, y compris les perdants, les non-finalistes, y ont gagné d’avoir été un locuteur valorisé sur le marché des échanges linguistiques, d’avoir été écoutés, regardés, alors qu’ils connaissaient tous très bien le risque qu’il y a à parler, à s’exposer ainsi. Parce que la parole (l’oral) est un marqueur social presque impossible à cacher. (cf Bourdieu Ce que parler veut dire, je ne sais pas si on a écrit quelque chose de mieux depuis). Un marqueur des émotions aussi, la personne toute entière rendue visible, d’où la difficulté pour tous de prendre la parole en public, surtout si on n’a pas appris par l’éloquence à se fabriquer des armes pour affronter ce public. Ce que dit la jeune fille au turban du Syrien dont la dictature a coupé les cordes vocales est central dans le documentaire. Dans notre société il y a une façon moins violente de rendre muets les dominés, à savoir en dévalorisant leur accent, leur phrasé, leurs mots… Quand bien même ils auraient des choses à dire et les mots pour le dire, ils se tairont quand il s’agira d’affronter des locuteurs à l’aise dans la « langue et la parole légitime » comme dit Bourdieu.
    Alors oui un concours d’éloquence, voilà une très bonne idée, si cela permet de jouer et de se jouer de la langue du pouvoir, de se révéler et de se cacher dans une parole contrôlée (au moins en partie) dont on devient le sujet. Quelqu’un a dit vendredi soir que le film parlait d’identité et d’écoute. Je crois aussi que c’est l’aspect le plus important dans la préparation des candidats.
    Se pourrait-il que l’éloquence devienne un sport national ?
    Marie-Claude

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