CORPORATE

31ème séance avec débat

CORPORATE

Thriller de Nicolas Silhol avec Céline Sallette, Lambert Wilson, Stéphane De Groodt (2017, 1h 35min)

VENDREDI 12 MAI 2017 (CINE DEBAT)

20H30 

Un drame d'entreprise transforme une killeuse des Ressources Humaines en cible potentielle.  
Enquête, rapports humains, hiérarchie d'entreprise, esprit de corps,…

Beaucoup ont souligné le talent des acteurs, tant principaux que secondaires. Bien sûr tout le monde connaissait Lambert Wilson, dernièrement notre inoubiable et démythifiant Commandant Cousteau, mais des questions furent posées à proppos de Céline Sallette, sans que nous puissions vraiment répondre. Alors voici, car le blog sert aussi à répondre a posteriori :

En 2002, elle suit un stage sous la direction d'Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil et intègre le Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.

À sa sortie du Conservatoire, le premier qui lui donne sa chance pour un vrai rôle est Patrick Grandperret, grand découvreur de talents, elle sera Lizzy dans Meurtrières en 2005. En 2006 elle fait partie de la distribution de la superproduction dirigée par Sofia Coppola, Marie-Antoinette. Elle joue ensuite chez Pascal Bonitzer, Philippe Garrel et Jean-Pierre Denis notamment.

Son rôle dans L'Apollonide : Souvenirs de la maison close lui offre une nomination au César du meilleur espoir féminin en 2012. Elle apparaît dans De rouille et d'os, de Jacques Audiard, dans Le Capital, de Costa-Gavras, ainsi que dans l'autofiction de Valeria Bruni-Tedeschi, Un château en Italie, et dans le film de François Dupeyron, Mon âme par toi guérie. Elle fait partie de la distribution de la série à succès Les Revenants, sur Canal+.

En 2013, elle opère un retour remarqué au théâtre, dans Molly Bloom, la chair qui dit oui, toujours avec Laurent Laffargue qui la dirige dans un seul-en-scène crépusculaire, extrait du dernier chapitre du roman-fleuve Ulysses, de James Joyce, dont elle cosigne l'adaptation. Elle est en 2014 à l'affiche du nouveau film de Tony Gatlif, Geronimo, dans lequel elle assure le rôle principal, et du film de Cédric Jimenez, La French, dans lequel elle a pour partenaire Jean Dujardin, un des succès de l'année au cinéma.

En 2015, elle revient dans la deuxième saison des Revenants, et joue dans les films Je vous souhaite d'être follement aimée d'Ounie Lecomte et Tsunami de Jacques Deschamps.

En 2017, elle est à l'affiche des films Cessez-le-feu d'Emmanuel Courcol et Corporate, premier long métrage de Nicolas Silhol.

Tiens, Le château en Italie, c’était l’époque des débuts du blog :

https://cinegraphe.blogspot.fr/2013/10/un-chateau-en-italie.html

En ce qui concerne le film, disons tout de suite que nous l’avons apprécié.

Pour sa précision dans l’analyse des évolutions psychologiques des personnages (et il y a des retournements de situations), pour sa mise en scène et son rythme (la référence au thriller n’est pas usurpée), notamment.

Comme notre esprit critique est particulièrement aiguisé (à ne pas confondre avec l’esprit de critique, car nous sommes plutôt naturellement bienveillants), nous avons relevé quelques invraisemblances (comme le temps anormalement long avant de se préoccuper du contenu du bureau de la victime, ou l’étonnante disponibilité de l’inspectrice du travail, dans une profession à l’effecctif notoirement plus qu’insuffisant). Et certains ont perçu quelques longueurs. Bon. Mais on ne s’est surtout pas arrêté à ces détails. Et comme toujours, en tout cas comme on a pu le vérifier récemment, le débat a été riche et varié. Il a permis aussi de citer des interventions antérieures, car ce n’est pas la première fois que le thème du harcèlement au travail a été évoqué chez nous. Et comme à une époque on a pu se demander : Comment peut-on être Persan ? (mais bien sûr on pouvait) on se demande de film en film Comment peut-on être des ressources humaines ? (mais on doit quand même encore pouvoir…). Ou encore dire, pour parodier les servantes de Molière : Ces Ressources humaines ont l’air bien inhumaines… Bien avant le blog, on a passé Ressources humaines (Laurent Cantet, 1999). Depuis, parmi d’autres, on a vu Carole Matthieu (Isabelle Adjani), La loi du marché (Vincent Lindon) et bien sûr la toute récente Fille de Brest. On n’a pas failli à notre bonne habitude de déborder du thème (mais en l’occurrence est-ce vraiment déborder ?) en appliquant les interrogations que le film suscite à d’autres domaines (à l’extrême de l’inhumanisation, la déportation), d’autres professions (toutes, à la limite, car les plus soft ont aussi leurs petites lâchetés), pour finir sans surprise par mettre sur la sellette le monde des politiciens (plutôt facile en cette période d’élections pésidentielles, mais bon il n’est pas interdit non plus de céder à ce genre de tentations).  

Enfin (mais ce mot ne convient qu’ici, tant lors de la séances les pistes furent multiples sinon infinies) on a noté la présence de l’anglais dans les dialogues et le scénario. C’est sans doute que l’anglais fait tout à la fois chic et finance, chic en tout cas dans le milieu de la finance. Mais avec Ken Loach, nous sommes tous des Daniel Blake, lui aussi passé récemment chez Ciné Rencontres.  Sans surprise non plus, tout cela a un petit côté bien vite international, depuis le whisky japonais apporté par Vincent jusqu'aux gentils killers coréens en goguette. Pas étonnant qu'on ait au moins appris un mot, et que ce mot soit si difficilement traduisible autrement que par une longue périphrase: CORPORATE.

BERRY REPUBLICAIN 11 MAI 2017 :

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