samedi 5 décembre 2015

LE FILS DE SAUL

12ème séance avec débat








LE FILS DE SAUL

Drame hongrois de László Nemes avec Géza Röhrig... (2015 - vostf - 1h47)







CINE DEBAT 

VENDREDI 4 DECEMBRE 

à 20h30



         « Rigor mortis » loi inéluctable de tout corps sans vie et pourtant les doigts du fils de Saul cèdent à la pression du lavage prodigué par son père. Serait-ce un signe du vivant et de la vie malgré TOUT après le camp. Le jeune polonais de la fin du film court à travers les bois vers la continuation de sa vie,   de la vie. C’est une deuxième séquence filmée dans le s bois  après un long travelling sans personnage à travers les bois en début de film.

  Peut-on y voir un espoir et partager avec le réalisateur sa perception du vivant jusqu’à son dernier souffle jusqu’à la tombée de la nuit.
John

Ce ne fut pas anodin de se trouver, heureusement dans le cadre d'une simple fiction cinématographique, en immersion dans un univers concentrationnaire où la déshumanisation passe forcément par la tentative de faire perdre le sens de la logique et de la rationalité. 
Cet univers absurde évoque d'autant plus aisément Camus que le héros que le réalisateur nous force de suivre tout au long du film s'appelle Saul Ausländer (L'Etranger). Et au milieu de son horrible travail de Sisyphe qui le maintient en vie et qui constitue en même temps sa condamnation à mort on nous invite à concevoir qu'il faut imaginer un Sonderkommando heureux


Le filmage au plus près du protagoniste: Nous sommes tous des Sonderkommandos, écho au Nous sommes tous des assassins (André Cayatte).

Surnom du Sonderkommando : Geheimnisträger (porteur de secret). De quelle nature exacte est ce secret, qui touche forcément aux questions de la vie et de la mort ?



Concordance des temps
Le Mythe de Sisyphe de Camus : 1942, deux ans avant la date où se situe l’action du film, soit 1944 (qui est l’année de l’Antigone d’Anouilh).



Rapprochements
La sépulture

Pourquoi une telle punition ? Camus cite plusieurs versions du mythe, la plupart expliquant la punition de Sisyphe par une insulte faite aux dieux. Une version prête à Sisyphe, mourant, la volonté d'éprouver l'amour de sa femme, en lui demandant de ne pas lui donner de sépulture et de jeter son corps sur la place publique, après sa mort. 


Le secret des (faux) « dieux »
On début du film, au moyen d’un texte, on nous indique que le surnom du Sonderkommando est « Geheimisträger » (porteur de secret). Invitation à s’interroger sur la nature de ce secret, qui concerne forcément la connaissance de ce qui concerne la vie et la mort dans cet univers inhumain.

On raconte différentes histoires à propos de Sisyphe, mais toutes convergent sur trois points :
- il méprise les dieux, n'hésite pas à livrer leurs secrets,
- il a tellement de haine pour la Mort qu'il réussit à l'enchaîner et à vider les enfers,
- il aime tellement la vie, le monde, l'eau, le soleil, la mer qu'on doit le reconduire de force dans l'Hadès.
Ces trois passions lui valent la punition la plus terrible, le travail inutile et sans espoir. Il faut qu'il accomplisse sa tâche, sans jamais rien achever. Il soulève l'énorme pierre, gravit la pente, et dès que le but est atteint, la pierre dévale dans la plaine. Alors il redescend. Pour Albert Camus, c'est pendant ce temps de descente, de pause, quand le tourment s'interrompt provisoirement, qu'intervient la conscience. Si Sisyphe n'était pas conscient d'accomplir une tâche inutile, sa situation ne serait pas tragique, son destin ne serait pas absurde. Quand il est clairvoyant, quand il connaît l'étendue de sa condition misérable, alors il peut se laisser aller à la douleur, mais aussi choisir le mépris, la joie. Il peut avoir le souvenir de la terre et du bonheur. Là se trouvent sa victoire, sa grandeur. Dans la contemplation, son destin lui appartient. Il marche.




Antigone de Jean Anouilh, 1944 :





Antigone devant le corps dePolynice, huile sur toile de Nikiforos Lytras, 1865, Pinacothèque nationale d'Athènes

Antigone
 fille de l'union incestueuse d'Œdipe et Jocaste(qui est aussi sa grand-mère). Elle est la sœur de Polynice, Étéocle et Ismène. Sa famille la condamnera à une mort atroce sans époux, au terme d'une courte vie toute de malheur, d'errance et de déréliction. Être intermédiaire, abandonné de tous, telle se présente Antigone. Elle accompagne son père à Colone lorsque celui-ci, ayant découvert sa malédiction, se bannit lui-même de Thèbes après s'être crevé les yeux et décide de mendier son pain au hasard des chemins. Après la mort d'Œdipe, elle regagne Thèbes, où elle vit avec sa sœur Ismène. Le roi Créon, leur oncle, avait promis de marier Antigone à son fils Hémon. Un héraut vient leur livrer l'ordre de Créon, il ordonne que le corps de Polynice, qu'il considérait comme un traître à sa patrie, restât sans sépulture à l'endroit où il était tombé, contrairement à Etéocle. Antigone regimbe et annonce qu'elle enterrera son frère malgré tout. Le roi Créon essaye de la persuader de ne pas le faire, car il n'a pas envie de punir de mort sa nièce. Antigone, entêtée, le fait quand-même, puis se suicida en se pendant avec sa ceinture.



Claude Lanzmann : “‘Le Fils de Saul’ est l'anti-‘Liste de Schindler’”
A propos du "dogme" de Claude Lanzmann (qui dit d'ailleurs que ce dogme n'existe pas, et sur ce point on veut bien le croire...).
Mais pour le reste, et son approbation quasi sans réserve de ce film aux nombreuses invraisemblances qu'il condamnait chez les autres (un rythme d'athètes pour des gens épuisés par un voyage en wagons qui en tuait déjà une grande proportion ou une certaine bonne santé quand même étonnante pour les habitués du camp), on avoue être plutôt surpris. 

Pour se faire une idée des arguments avancés par Lanzmann pour justifier son approbation, on peut se reporter à l'entretien ci-dessous et voir si on est convaincu. Il est vrai qu'il dit avoir manqué les 20 premières minutes du film à cause d'un embouteillage. Je me demande plutôt s'il n'a pas ignoré tout le film en projetant à la place, dans ses souvenirs, ses connaissances historiques personnelles (qu'il évoque longuement, plus qu'il n'analyse le film lui-même).

Sans aller jusqu'à s'attendre à ce qu'il approuve Spielberg, que par ailleurs plusieurs spectateurs ont préféré, on peut en effet s'étonner de la radicalité que suppose l'expression avec "anti".  J'imagine tout à fait autrement ce qui serait le strict opposé du film de Spielberg.










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