séance avec débat
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cinématographiques vierzonnaises :
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Bonne écoute.
Jean-Luc
N'hésitez pas à laisser vos commentaires.
Si vous n'y parvenez pas, essayez de débloquer la situation en vous rendant sur cette page:
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L'intensité des émotions est inversement proportionnelle à l'exiguïté des lieux car tout est filmé dans un huis clos, l'appartement de Charlie. On a l'impression de rentrer dans un trou noir, dans un entonnoir qui nous conduit inexorablement vers une fin tragique. L'ensemble des personnages constitue un assemblage de poupées russes, toutes plus explosives les unes que les autres, toutes en proie aux souffrances de leurs vies passées et présentes. Les catalyseurs des traumatismes sont, dans l'ordre, l'abandon d'une fille de 8 ans par son père pour aller vivre un amour homosexuel , un suicide, de l'alcoolisme et j'en passe. Aronofsky ne ménage pas son public et le choc est terrible, certaines scènes si fortes que des spectateurs ont avoué qu'ils avaient fermé les yeux.
Le manichéisme dans lequel chaque personnage se bat avec le bien et le mal comme forces égales et antagonistes me semble être le levier essentiel du film et, à mon avis, le combat personnel du réalisateur. Certains spectateurs ont trouvé cet aspect binaire éventuellement force d'équilibre et le propre de chaque être humain, d'autres insistant plutôt sur les déséquilibres des personnages. Evoquant le bien et le mal, Aronofsky fait logiquement référence à le religion et l'opposition entre la faiblesse de la chair et la force de l'esprit : l'homosexualité de Charlie et l'abandon de sa fille, le péché, et l'auto-destruction du père, le prix de la rédemption. Cependant d'autres chapitres du film décrédibilisent tout espoir de rédemption et tout espoir de sauver son âme en faisant appel aux missionnaires de la secte « New Life ».
Une intéressante analyse d'une spectatrice sur « Moby Dick » de Melville dont il est largement question dans le film fait référence à une lecture métaphysique du livre et notre « baleine » du titre prend un sens nouveau.
Ma note est courte cette semaine mais à ma décharge j'ai évoqué un trou noir, d'où n'échappe aucune lumière.
Malgré la noirceur de mon propos allez voir ce film étonnant et d'une puissance énorme.
John
Encore plus lourd… après l’Eléphant Man de David Lynch, voici le Whale Man de Darren Aronofsky. Saluons tout d’abord la performance d’acteur et de truquage :
Allociné :
L'apparence de Brendan Fraser est, dans les faits, le résultat d'un mélange de plusieurs choses : du maquillage, un costume rembourré, des prothèses et des effets spéciaux. Brendan Fraser porte un costume donnant l'apparence de quelqu'un en surpoids, un "fatsuit" (mot pour lequel nous n'avons pas de traduction française). L'apparence de ce costume, pesant 50 kilos, a ensuite été modifiée numériquement afin de donner l'illusion d'une corpulence de quelqu'un pesant 270 kilos.
Mettre en valeur cette masse physique hors norme n’est sans doute pas pour rien dans le choix du cadre retenu pour le film, atypique de nos jours, car presque carré.
On s’y trouve resserré à souhait, et c’est sans aucun doute l’effet recherché. Le huis-clos, dans cette pièce d’intellectuel bourrée de livres, installe d’emblée une atmosphère étouffante. Heureusement, des échappées plus ou moins larges vont intervenir et nous ouvrir d’autres horizons. Il n’y a pas que des livres, dans cette pièce. Plus discrète, la présence d’un gros jeu d’échecs a attiré mon attention. C’est le symbole d’un espace clos où il se passe beaucoup de choses. On pense à la phrase de Pierre Mac Orlan qui affirme qu’« Il y a plus d'aventures sur un échiquier que sur toutes les mers du monde. » Et les pièces viendront successivement, elles viendront de l’extérieur, annoncées par une silhouette furtive dans le cadre de la fenêtre. Chacun jouera son rôle, sa partie, sa partition. La fille, bien sûr, en provoquant avec sa forte personnalité. La mère : « Moi en l’élevant, toi en payant ». On pourrait ajouter les autres : en soignant (Liz), en aidant : le faux prosélyte du New Life, en veillant de l'extérieur (le livreur). Après Le septième sceau, on voit qu’on peut essayer de jouer aux échecs contre la mort, même si on ne peut jamais gagner contre elle.
Le lieu, le temps resserré avec mention explicite des jours, l’action linéaire : on pense aux trois unités, certes peu respectées dans l’âge classique, mais on est bien dans le cadre d’une tragédie métaphysique. Ce n’est pas par hasard que le Moby Dick de Melville est le fil directeur de l’intrigue.
A ce propos, le devoir scolaire, baptisé pompeusement "essai", et dont la lecture à haute voix est un remède souverain contre la crise d’apoplexie provoquée par une émotion, qu’elle soit positive ou négative d’ailleurs, il joue un rôle important, et la mise en scène appuie sur ce point. Bien sûr, ce devoir est largement surévalué, il présente un début factuel et une absence d’analyse, comme dans le poème de Whitman présenté plus loin et où, cette fois, il sera lucidement critiqué, et la fille l’admettra volontiers : « Wikipédia », répond-elle. Mais bien vite deux idées originales en ressortent, chacune en rapport étroit avec le personnage principal, explicitant la vision qu’il a de lui-même et le sens qu’il entend donner à son existence. La première, c’est que le narrateur invente l’histoire de la baleine pour sauver, par une fiction, la réalité d’une vie insignifiante et insipide. La seconde, c’est de nous donner à penser que le chasseur et le gibier ne font qu’un, qu’Achab et la baleine sont une seule et même personne, que la tentation du suicide comme solution est grande, tant est grande la haine de soi. Mais cette voie ne sera pas suivie jusqu’au bout. Sans divulguer la fin, de toute façon aussi ambiguë que lumineuse, il nous est affirmé aussitôt que ce combat, à première vue séduisant, n’aurait en fait aucun sens ontologique : en effet, l’animal n’a à aucun moment la moindre conscience qu’il participerait à une lutte mythique dont la vengeance serait le moteur.
Se greffe là-dessus le côté Cercle des poètes disparus, avec l’appel à se débarrasser de tous les dogmes convenus pour puiser en soi tout ce qu’il y a de plus « sincère ». On pense à l’exigence du pacte autobiographique selon Philippe Lejeune. L’anglais « honest » en dit un peu plus me semble-t-il, ajoutant une connotation renforcée d’exigence morale, et de vérité proche du vrai platonicien, du vrai absolu. C’est franchement ironique, en l’occurrence, quand on constate à quel point lui peut être aveuglé sur les prétendues qualités extraordinaires de son insupportable fille. Désabusée, sa femme le remarque, quand l’incorrigible «positiveur» voit une bonne action dans un acte évidemment malveillant, transmutation qui n’est possible que parce que les voies de la Providence sont décidément toujours impénétrables: sa fille, auteur d’une délation qui tourne bien malgré elle, est qualifiée de «cruelle». Là encore, l’anglais est plus fort : elle est carrément «evil», diabolique, démoniaque, toxique,…
Quant au salut métaphysique, il ne peut être aperçu que dans le cadre de l’éblouissement final, mais, comme les promesses électorales, il ne convaincra que ceux qui y croient. Auparavant, c’est le scepticisme qui prédomine. La Bible ? une solution purement élitiste : quelques milliers de sauvés sur des milliards de perdus. Mais il n’est pas interdit de croire en une évolution positive de dernière minute…
Comme Ferreri avec La Grande bouffe, Aronofsky ne fait pas vraiment dans le complaisant. On ne pourra pas, comme on a pu le faire avec le Christiane F. d’Uli Edel, l’accuser de rendre séduisante la situation dont il prétend dénoncer les dangers: rien à voir en effet avec sa peinture de la drogue à lui, dans son film choc Requiem for a dream. Enfin, dernier paradoxe, il est curieux qu’avec ce film l’auteur de Noé proclame que « personne ne peut sauver personne » !
Jean-Marie
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