séance avec débat
est également présenté sur RADIO TINTOUIN
cinématographiques vierzonnaises :
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Bonne écoute.
Jean-Luc
On se rappelle tous ce premier « film » du photographe anglais Edward Muybridge de 1878 qui donne l'illusion d'un cheval au galop avec une succession d'images fixes. On crée l'illusion de la vie en mouvement.
C'est un peu selon ce principe que Medel a construit son film, avec un empilement d'images de Veronica, face à la caméra de son téléphone portable et qui essaie, de manière pathétique, de donner du sens et de l'épaisseur à sa vie, en trouvant un rôle à jouer. Des rôles multiples sont à sa portée et à chaque instant, elle prétend les vivre intensément : l'épouse, la mère, la fille, l'amie et le mannequin. Cependant, sa seule affirmation que chacun des personnes de son entourage est tout ce qu'elle a de plus cher nous induit à ne pas la croire. Véronica n'est pas crédible car tout n'est qu'illusion dans sa vie, illusion du bonheur à venir quand son portrait sera exposé sur une affiche publicitaire de la taille d'un immeuble pour vanter les mérites d'un rouge à lèvres. Elle vit dans un rêve ou plutôt un cauchemar de vanité, incapable de saisir les réalités de sa vie de mère. Le cauchemar prend forme dans sa capacité de manipuler les gens autour d'elle, d'en user et abuser au point de tuer ses propres enfants, qui deviennent des accessoires gênants dans sa quête de gloire.
Pervers narcissique, schizophrène, les spécialistes en débattront. Film troublant sur le poids de l'image dans l'univers des Tik Tokeurs et autres instagrameurs. Le trouble est augmenté par le regard souvent totalement vide de l'héroïne, par les dialogues avec une belle-mère défunte, des éléments de science-fiction et presque du Hitchcock.
John
Voilà une personne physiquement fort agréable mais mentalement particulièrement épouvantable. Mieux vaut la rencontrer au cinéma que la fréquenter dans la vraie vie. Dans la vraie vie, la stratégie à appliquer s’impose d’emblée : fuir, s’en préserver avant tout, et aussi, si on en a le pouvoir, la soumettre, pour son bien et celui des autres, à des soins appropriés. Encore cette solution n’est-elle pas si claire. Notre société en a-elle encore la volonté et les moyens ? Combien de cas de ce genre passent sous les radars faute d’alertes efficaces et de suivi. Voire de volonté politique : le procureur, sous la pression d’une vedette médiatique malade mais puissante, s’incline. On a écrit sur Ces malades qui nous gouvernent. A quand le livre sur Ces malades mentaux qui nous gouvernent ? Et si nous laissons faire sans réagir, ne sommes-nous pas tous aussi des assassins ?
Et s’il faut chercher une explication à cette fascination pour le vide et son impossible besoin de le combler à tout prix, le film nous oriente vers l’absence d’amour du père. Michel Drucker, sans le vouloir sans doute, valide cette «quête»: «"C'est surréaliste ! C'est incroyable ! C'est le paradis du vide quoi, c'est ça qui est formidable.» La maman ou la putain? On est bien obligé de reconnaître qu'on est une mauvaise mère. Faute d'être une bonne mère (avec la connotation religieuse qui va avec), on sera donc une bonne putain.
Dans le monde de l’art en revanche, les jugements deviennent potentiellement plus variés. Là peuvent jouer les effets de provocation cathartique, les sauts dans l’imaginaire hors du réel… ou avec des effets (positifs ou négatifs) dans ce même réel : les débats à ce sujet sont toujours en cours. Il n’est que d’énumérer des termes ou expressions de ce champ culturel pour s’en convaincre : roman gothique, Sade, Lautréamont, gore, Nietzsche, Dostoïevski, Stephen King, Hannibal Lecter,… et même la poésie qui se réclame de l’Art pour l’Art. « La poésie n’a pas d’autre but qu’elle-même » déclare Baudelaire, et n’a rien à voir avec la morale ni la politique. Disciple de Baudelaire, Leonardo Medel, est désireux de faire un film avant tout poétique ? Pourquoi pas !
En tout cas la forme ne laisse pas indifférent. Outre les plans léchés et contrastés (j’ai tout de suite pensé à Godard, notamment dans Le Mépris, même si le bleu de la piscine ne saurait être confondu avec celui de la Méditerranée), on ne peut manquer de marquer comme une date dans l’histoire du cinéma l’utilisation constante d’un plan fixe centralement occupé par le visage de l’« héroïne » qui y déploie tout le jeu pervers ou toute la sincérité souffrante d’une personnalité trouble, troublante, et en tout cas plus complexe qu’il n’y paraît. Derrière elle, le plus souvent dans le flou, le décor la sert et s’en imprègne comme par un effet Koulechov en boomerang. Une seule fois ce n’est pas elle qui occupe cette place centrale, et la violence des raccords « cut » le souligne brutalement : au visage parfait se substitue brutalement le visage ravagé de la grande brûlée. Suit une séquence pathétique au second degré où la sympathie affichée se trouve congédiée sans ménagement parce qu’on a trouvé une figure plus difforme encore. Pathos is pathos, but business is business.
C’est à ce prix qu’on se fabrique vedette, comme l’indique l’article, lequel renvoie à de célèbres précédents : la Païva, la Bordas, la Malibran, la Callas,… Le hasard a fait que ce jeudi soir la télévision programmait un « Complément d’enquête » sur l’argent des influenceurs et influenceuses. Les spectateurs de ce soir-là apprendront ensuite que ce fut reporté en raison du décès de la reine d’Angleterre, super influenceuse s’il en fut, et pas seulement riche de la vente des mugs.
Après l’article, vient le prénom : Veronica. Notons – ironiquement – que le nom de Véronique (en grec, vera icona) veut dire : l'icône authentique. Pour soulager les souffrances du Christ – idée évidente de compassion, bien absente ici – elle essuie sur son visage le sang et la sueur. On en garde ensuite une idée d’une image christique. Reste à espérer que notre temps ne va pas nous infliger la fondation d’une religion sur l’image iconique des influenceuses…
Ce débat pas vraiment abordé lors de la projection sur la catharsis ou sur l’exemple à ne pas suivre me ramène à celui que nous avons eu en son temps à l’ACV avec le mémorable Moi, Christiane F., droguée, prostituée. Une communication nous présentait ce film comme foncièrement moral, et une multitude d’élèves y fut conduit, si bien qu’il fallut ouvrir le France 3 car le France 2 était plein alors que la rue de la république était encore envahie par ceux qui attendaient. Moral, car la fin menait les protagonistes à leur perte. Mais cela fut déclaré peu convaincant, la séduction des jeunes protagonistes l’emportant auprès du jeune public, selon les sociologues, sur leur destin tragique, quand ce dernier ne les rendait pas plus séduisants encore. C’est bien connu, d’ailleurs, depuis Don Juan, Werther, René,… et tant d’autres. Ce film serait une satire des influenceurs ? Pas sûr que Booba en soit franchement convaincu. Et vous?
Jean-Marie
Compléments:
Attention: Plus de film le jeudi pendant 3 jeudis de suite. Alors les séances sont reportées à vendredi.
Jeudi 15 septembre 20h : Leila et ses frères (vo) durée : 2h49
festival films répertoire PLAY IT AGAIN du 14 au 27 septembre.
4 films
semaine du 14 au 20 septembre : Fric Frac de Maurice Lehman (1939) (horaires à confirmer) + La Vie de Château de Jean-Paul Rappeneau (1966) (horaires à confirmer)
semaine du 21 au 27 septembre : Le Jouet de Francis Veber (1976) (horaires à confirmer) + La Chance d'être Femme de Alessandro Blasetti (vo- 1955) (horaires à confirmer)
+ FILMS DEMANDES
(Jean-Marie)
Les filles du soleil
« Bonjour, du 22 au 30/10 j'ai appris qu'il y avait le festival de la Palette du Monde à Vierzon (je connais un peu le président !) , on pourrait cumuler expo d'un artiste kurde et ciné débat ???? Laurent Ziegelmeyer »
(pour après les vacances)
(Edwige)
Un film soutenu par France Culture
MIZRAHIM, LES OUBLIÉS DE LA TERRE PROMISE
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=294914.html
et un film dont j'ai lu un petit article sur l'humanité.
LE PRINCE, de Lisa Bierwirth, un film allemand.
(John)
Suite à THE DUKE le 23 juin je rajoute quelques possibilités. On a le choix. Je vais passer une bonne partie des mois de juillet et août à Vierzon et je veux bien continuer les séances du jeudi soir si possible.
L’ECOLE DU BOUT DU MONDE
LES PASSAGERS DE LA NUIT. ( s’il n‘est pas encore passé à Vierzon)
FUIS MOI JE TE SUIS
LIMBO
SAIS-TU POURQUOI JE SAUTE ?
L’HYPOTHESE DEMOCRATIQUE
Cliquez sur le lien ou sur l'image.
http://cinelumiere-vierzon.info/
CINE RENCONTRES.
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu.
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