mardi 16 octobre 2018

PAUSE CRITIQUE OCTOBRE 2018

avec Francis de Laveleye
(producteur et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles)












FIRST MAN
LE GRAND BAIN





Photo : il est venu à Vierzon, avec son épouse, France Brel :

(Un grand merci pour nous avoir donné l'autorisation de diffuser ses critiques sur notre blog.)



FILMS OCTOBRE






528 

Girl de Lukas Dhont avec Victor Polster

Quels bonshommes ! A deux, le réalisateur et son interprète, ils ont réussi un film d'exception, à tous égard. Et l'on ne sait par quels compliments admiratifs commencer.

Il y a ce personnage central, toujours à l'image qui captive de façon hypnotique. La caméra l'aime et son regard vous dit toute sa quête intérieure, ses émotions retenues, sa douceur et ses angoisses de façon véritablement palpable. Arrivera-t-il à porter ensuite dans sa carrière un autre rôle à un tel niveau d'intensité ? Il faut le lui souhaiter. Dans le film, il a un petit frère, adorable de naturel et de charme, pas facile à capter cela avec un gamin si jeune. Et un père, une personne sympathique, très ouverte à ce que son fils traverse comme épreuve, le soutenant dans son ambition de devenir danseuse.

Il l'accompagne aussi dans ses démarches liées au changement de sexe. De façon sensible, touchante.

De la mère, nous ne savons strictement rien. Absente. Bel effet de scénario. Mais qui laisse un peu sur sa faim car l'absence n'est pas une information.

L'écriture cinématographique est parfaitement adaptée au sujet, d'une grande fluidité, virevoltante, suivant les visages avec une attention jamais prise en défaut. Et cela donne des images cadrées de façon souvent vertigineuse, et dans ces salles de danse aux murs de miroirs, pas une fois l'équipe n'est vue en reflet. Magique ! La photo semble très " réaliste " mais soutient subtilement les ambiances, parfois très sombres, comme l'humeur, parfois diaphane, comme l'espoir d'atteindre son but ultime.

Certains reprocheront quelques répétitions dans le cours de l'histoire. Comment se former à la danse sans " répétitions " justement ? Il y a aussi les scènes " familiales " ou celles en milieu hospitalier qui semblent se répéter.

Eh bien, l'une des subtilités de ce film tient au fait que les choses qui semblent semblables ne le sont pas vraiment, les comportements changent, de façon nuancée, les attitudes, les réactions se construisent et une partie de la saveur de ce film est alimentée par ces évolutions, ces légers changements.

Mais l'on ne peut commenter un tel film sans évoquer une matière qui nourrit tant de créateur, ce qu'il est convenu maintenant d'appeler " les questions de genre ". Je ne suis pas très connaisseur et pour tout dire, je considère que ce sont des questions très personnelles, très " privées ". Mais les voir débattues, par films interposés, sur la place publique ne peut laisser personne indifférent. Il y a donc un aspect " doloriste " au film qui touche profondément. Parce qu'il est incarné (dans la chair) de ce.tte danseu.r.se (Pas facile l'écriture " non genrée...) Et cette attitude cohabite avec une forme de plaisir, un hédonisme, qui trouble. Les " transgenres " semblent peu apprécier le film, ce qui mérite un moment d'attention. La " transidentité " serait, selon les détracteurs, présentée de façon traumatisante et tragique... Chacun appréciera ! Et le problème de manque de compréhension viendrait de ce que seuls les " transgenres " pourraient témoigner de ce parcours, de cette transformation. Pas les " cisgenres " (les personnes dont la " personnalité " masculine ou féminine, correspond au sexe physique.) Le film montre une abondance de scènes (très sensibles, très réussies selon moi) qui illustrent la douleur, la violence sociale et physique. Bref, le réalisateur aurait fait des choix exprimant (consciemment ou nom) des aspects typiquement cisgenres du regard porté sur la "transidentité ". 
Il faut évoluer et s'habituer au nouvel acronyme : LGBTQI. Il faut se souvenir de nos débuts balbutiants en latin qui évoquaient les TRANSalpins et les CISalpins, sans que l'on ne sache trop qui était de quel côté des Alpes...

Sur un sujet " proche " :
(523) The Happy Prince de Rupert Everett (509) Fleuve noire de Erick Zonca  (500) Troisièmes Noces de David Lambert 



(500 II) Plaire, Aimer et Courir Vite de Christophe Honoré (409) 120 Battements par Minute de Robin Campillo (187) Danish Girl et encore La Vie d'Adèle,  Brokeback Moutain et tant d'autres. Que de chemin parcouru depuis La Cage aux Folles !





529 
Niet schieten de Stijn Coninx

Les Tueurs fous du Brabant Wallon n'ont pas fini d'inspirer le cinéma. Car leurs méfaits étaient tragiquement spectaculaires. Outre que le drame que le film décrit se passe à Alost, le point de vue du réalisateur donne tout son intérêt à ce film : traiter du particulier mais touchant au général. Une famille est presque anéantie sous les yeux des (grands)parents. Le grand père va faire de la guérison de son petit fils et de l'élucidation de ce drame, sa raison de vivre. Le fils survivant (réel) de la famille a écrit le " roman " qui a inspiré le scénario du film. Tout cela est traité avec maîtrise par un réalisateur " classique " qui connaît son métier, qui sait où placer ses caméras, qui dirige les acteurs de façon efficace. Stijn Coninx est un peu notre André Cayatte national. Les événements évoqués portent par eux-même leur dose d'émotion, d'horreur, et le spectateur est happé dans la première partie du film par les faits et la mémoire que l'on en a, qui se réveille avec ses émotions, ses incompréhensions et ses hypothèses. Le développement ensuite est parfois plus laborieux, les réactions plus prévisibles, les événements connus moins porteurs de tensions et de suspens.
Il faut saluer la réussite d'un récit sur une longue durée (25 ans) nécessitant que le jeune garçon soit interprété par 3 acteurs successifs. Cela est fait avec efficacité, une fois encore et le film appelle à la rescousse d'autre événements qui ont terriblement marqué la fin du siècle dernier en Belgique. Une contribution honorable à cette mémoire, à ses interrogations restées aujourd'hui sans réponse, un rappel de ce qui a changé, de ce qui n'a pas été élucidé. Un film qui s'inscrit dans notre belgitude.


530 

Cold War de Päwel Pawlikowski


Chaleureux. Un film qui a une très forte personnalité. Le cadre d'abord, d'un format " ancien " (1:33), la photographie noire et blanc d'une grande beauté graphique, le thème mélangé de la guerre froide et du Paris bouillonnant de l'après guerre, tout concourt à créer une ambiance, un climat très singulier qui prend naissance dans la recherche de l'authenticité folklorique, racines culturelles de la Pologne. Amusante recherche anthropologique, enregistreur à la main. Se nouent alors des liens entre des personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer et qui vont vivre une sorte de passion ingérable.

Durant tout le film, le spectateur sent monter en lui le désir de mieux comprendre, de suivre dans ses méandres les destins croisés de cet homme et de cette femme. Sans que rien ne lui permette de " lire " ces histoires de façon rationnelle. L'on comprend, sans en éprouver le besoin, que ces deux destins sont emblématiques d'une période atroce où la misère ordinaire pesait sur les épaules de tous, la culpabilité d'une guerre qui avait tout ravagé pour laisser s'installer un régime étouffant, rendait les rapports entre personnes toujours incertains, pleins de craintes, de méfiances et pourtant de fascination.

Le film fait bien sentir cet enfermement de destins singuliers dans la touffeur oppressante d'un régime de guerre froide.

Les acteurs sont excellents qui rendent chaque scène attachante. Et l'utilisation très complexe des musiques complète et charpente ce film très puissant, intériorisé, mené avec une maîtrise d'enluminure. Cadres, mouvements d'appareil, plans séquences, tout ce qui contribue à faire d'un film une œuvre.



531

Alad'2 de Lionel Steketee


Ah la la ! Voilà un film qui correspond bien à ce qu'il promet, une pantalonnade préadolescente qui n'a ni queue ni tête, une succession de séquences qui sont supposées mettre face-à-face deux personnes qui sont en compétition pour l'amour d'une belle. Et c'est parti, avec des anachronismes, des allusions chantées, visuelles, cinématographiques qui vous tombent du ciel sur l'écran et dans les oreilles, dans un joyeux chaos. Christophe Colomb, les 3 Mousquetaires  et la panne d'essence du tapis volant, le marcheur en plein désert qui percute le seul arbre du lieu, tant d'autres moments émaillent ce véritable souk de la farce, de la blague potache. Je ne suis pas la cible, mais je dois dire qu'il y a dans ce type de production des éléments qui retiennent l'attention : un casting de bandes dessinées, et des acteurs qui rivalisent dans leur jeu outrancier, des cascades de cirque, des décors fastueux, des effets spéciaux dignes des mille et une nuits de sous préfecture, et une photographie très travaillée, comme peu de production en ont les moyens. Le chef opérateur, Stéphane Le Parc, s'est inspiré des tableaux de Delacroix, peint lors de son " Voyage au Maroc ". Pour ceux que cela intéresse : https://www.google.com/search?client=firefox-b&tbm=isch&q=Delacroix&chips=q:delacroix,online_chips:maroc&sa=X&ved=0ahUKEwi-oN321qjeAhXCZVAKHe1oDScQ4lYILCgE&biw=1920&bih=903&dpr=1  Des effets de lumières qui enchantent, des contre-jours enfumés, des brillances, une exubérance visuelle chamarrée qui relève le niveau " cinématographique " de conte pour (grands) enfants. Et il en a grand besoin : un film pour popcorn et soda.


532 

First Man de Damien Chazelle


Le 25 juillet 1909 Blériot traverse la Manche. Le 21 juillet 1969, le Premier Homme pose le pied sur la Lune. 
Ce film nous raconte donc la fin de ces 60 années d'extraordinaire évolution technologique sans précédent dans l'histoire de l'humanité sur une période n'excédant pas celle de la vie d'une personne.

Le réalisateur a délibérément pris pour fil conducteur la vie de l'un des astronautes, et pas n'importe lequel, le premier homme qui mettra le pied sur la lune. Le film nous montre que ce ne fut pas une simple promenade. Deux lignes de force s'entremêlent : celle de la vie privée, celle de la conquête spatiale.

La vie privée est évoquée avec tact mais m'a laissé une impression de grand classicisme, pour ne pas dire une certaine lourdeur, appuyée. La conquête spatiale est montrée " de l'intérieur "; claustrophobes, s'abstenir !

Et ces aspects là du film m'ont semblé très fascinants : être dans ces engins, plongés dans l'univers sonore terrible, est une expérience à partager sur (très grand) écran, dans une bonne salle.

Le film se déroule sans réel suspens puisque l'on en connaît l'aboutissement ; mais il n'est pas mauvais de découvrir les mille questions qu'il fallait résoudre, de façon parfois improvisée, pour que ce rêve américain puisse s'accomplir. 
J'espère qu'il fera encore rêver les générations nées depuis qui, peut-être, n'ont pas perçu l'incroyable aventure de cette conquête spatiale. 
Le film est produit avec d'immenses moyens, mais je n'ai pas adhéré aux choix esthétiques de l'image, inspirés des couleurs très NTSC des débuts de la télévision qui a accompagné et fait connaître cette Odyssée dans le monde entier.

Ne soyez pas le dernier à vous y replonger.


533

Le Grand Bain de Gilles Lelouche


Une comédie française qui sort du lot des petits récits sans originalité. Ici, nous avons affaire à un film choral qui rassemble 7, puis 8 bras cassés de la vie, des gars en roue libre sur une mauvaise pente. Et qui vont se faire cornaquer par deux coachs comme l'on aimerait en fréquenter plus souvent.

Allez-y, mouillez-vous pour suivre ces moments de vie montrés avec beaucoup d'humour, des répliques très bien écrites, qui font avancer une histoire qui, par nature, n'avance guère : quoi de plus répétitif que l'entrainement sportif ?

Mais la fin, certes prévisible, est une belle surprise visuelle dans le droit fil du scénario qui nous propose un agréable divertissement. Il est d'autant plus apprécié que le travail du scénario et des dialogues reflète sans doute ce qu'un acteur très prisé souhaiterait se voir proposer plus souvent...

Les comédien en maillot sont tous épatants, aucun ne tire la serviette de bain à soi. Poelvoorde se la joue modeste, Efira est comme chaque fois, irrésistible de charme et de talent.

Mais ces deux acteurs " belges " ne justifient guère que le Tax Shelter vienne à leur secours pour qu'ils aient un peu de travail dans un film provincial français dont le dénouement se déroule en Norvège.


534

Le Jeu de Fred Cavayé



Ce film est une parfaite pièce de théâtre comme souvent déjà filmée. 3 couples s'apprêtent à dîner chez l'un d'eux. Les hommes sont des amis de toujours ; un 4e les rejoint. Et l'on ne sait trop comment un jeu dangereux se met en place qui va transformer la soirée en tragi-comédie. A voir, à écouter surtout, car tout passe par la bouche : la nourriture, les boissons, mais surtout les répliques très bien écrites. Et Bérénice Bejo est d'un charme exceptionnel, qui n'a d’égal que son talent.

Le genre de film qui rassure, car dans la vie de chacun de nous, ce n'est certainement pas comme dans la vie d'eux tous.

Mais l'on a beaucoup ri. Sauf du Tax Shelter tellement honteusement attribué qu'il faut attendre l'extrême fin du générique pour voir se confirmer ce qui avait été fugitivement indiqué au début : c'est encore le contribuable belge qui raque pour un film qui est à la Belgique ce que le pigeon est au téléphone. Ah ! Stéphane De Groodt est de la partie ; il a fallu sans doute lui payer son cachet, le pauvre.

Pour agrémenter le temps à suivre cette soirée, il faut admirer la " continuité " du repas : plats, nourriture, verres, tout ce qui est " accessoires de jeu " (c'est le cas de l'écrire...) est parfaitement maîtrisé comme le sont les innombrables angles de prise de vue dans cet appartement dans lequel toute l'action se déroule.

Le film a déjà été tourné en espagnol et en italien. Car impossible, je l'imagine, de doubler ces rafales de répliques.

Et cela confère à ce remake un petit parfum très parisien, bobos assez bien " croqués " car ce n'est pas une grande fresque, un tableau majeur. Une déclinaison du jeu de l'oie, matinée de chaise musicale.







523

The Happy Prince de Rupert Everett

Un film d'exception, à tous égards. Le personnage central est Oscar Wilde dont on connaît plus ou moins le destin tragiquement symbolique de l'artiste, poète, homosexuel et victime expiatoire du puritanisme victorien.

Nous sommes plongés dans un récit qui n'est pas chronologique mais dont l'agencement subtil permet d'éclairer chaque fois le spectateur sur la suite de la narration. Il y a un joyeux désordre apparent dans la construction du film qui fait subtilement écho au chaos de la vie de cet homme flamboyant qui a vécu un destin insaisissable, irréductible à la raison. Ce pourquoi sans doute, il est encore une telle source d'inspiration.

Et ce film est très inspiré. Jamais didactique, jamais explicatif. Comme en poésie, les séquences sont des " propositions " faites au spectateur pour qu'il observe, qu'il scrute dans les ténèbres, qu'il éprouve de l’empathie pour celui-là même qui fait tout pour être rejeté. L'ambiance est admirablement créée par une image directement inspirée du Caravage, des clairs-obscurs somptueux, des contre-jours très contrastés, jusqu'à la blessure d’Holopherne (pour les connaisseurs), qui marque le cou du héros à la fin de sa vie. Caravage, artiste persécuté aussi pour son insolence et ses choix sexuels.

Tout est remarquable dans le film, les acteurs, leurs dialogues, les ambiances reconstituées, cette vibrante et palpable difficulté à exprimer son désir lorsqu'il est considéré " contre nature " et fait l'objet des pires répressions.

La séduction des très jeunes garçons met évidemment infiniment mal à l'aise.
Les décors et les costumes sont exceptionnels de richesse, de style et je ne peux manquer de tirer mon chapeau à l'usage fait des chapeaux du héros. Par leurs formes singulières et semblables à chaque fois, cet accessoire vestimentaire est à lui seul la marque distinctive de l'homme qui le porte. Une subtile mais marquante signature du talent qui a donné naissance à ce film, dans tous ses aspects.

Si le metteur en scène, interprète du rôle principal, a déjà une immense carrière d'acteur avec des rôles souvent liés à son homosexualité, il semble véritablement ici naître au Parnasse du cinéma de haute volée.

D'un point de vue marketing, je ne suis pas certain que le titre soit le meilleur, celui qui servira la notoriété de l’œuvre...

Et certains esprits chagrins parleront peut-être d'Europudding ; ce qui a permis aux contribuables belges de cofinancer par le tax shelter cette production baignant décidément dans une ambiance entre Chien et Loup. Au générique, quelques bénéficiaires de cette manne bienfaisante pour les techniciens, guère pour la cinématographie belge, une fois encore.


524

Fahrenheit 11/9 de Michael Moore

Tout le monde connaît ce gros gosse qui, sous sa casquette, avec son visage de batracien, vient à la rencontre de ce qu'il y a de plus insupportable dans la vie sociale et politique américaine. Ce film en remet une couche, et vivement.

Accrochez-vous bien car c'est un documentaire de Formule 1, ça va à une vitesse qu'il faut essayer de suivre durant 2 heures, de réplique en réplique, de plan en plan, dans un montage de clip et dans un désordre narratif qui fait un peu la faiblesse du film : qui trop embrasse mal étreint serait-on tenté de dire, mais qu'importe. Peut-être est-ce le (mon) manque de connaissance de la vie publique américaine, de son actualité non médiatisée vers l'Europe, qui donnent ce sentiment de grand brassage (de grand fourre-tout) qui caractérise cette avalanche de sujets traités de façon aussi grave que drôle, rebondissant de l'un à l'autre, formant une espèce d'amalgame des maux qui ont engendré Trump et que celui-ci amplifie avec une folle inconscience. 
Ce n'est pas tant Trump mais le système qui l'a rendu possible qu'il faut considérer à travers ce film. Même si, pour se faire, le film utilise le biais dont les grands média audio-visuels américains (et européens) se repaissent : faire de cet homme politique et de son entourage d'apocalypse, un spectacle marrant. Le film met vivement en garde en convoquant, de façon un peu " forcée " le pire exemple de l'histoire moderne, Hitler en personne.
L'usage riche mais un peu simpliste qui est fait des méfaits du IIIe Reich semble témoigner de façon intéressante du fossé culturel entre " les Européens et les Américains ". Chacun voit dans l'histoire, la culture de l'autre (continent) ce qui peut témoigner de ses craintes, de ses angoisses. Et c'est l'un des aspects, certes secondaire, mais intéressant du film. Le début de ce film est absolument exceptionnel! La suite mérite d'être suivie attentivement même s'il faut ici ou là, faire preuve d'attention lorsque le propos se dilue un peu, entre dans des détails, bien sûr importants, mais qui, à force d'être exposés minutieusement, plombent un peu le film (ceci est un jeu de mot à comprendre après la vision). Dans ce grand chaos qu'est la société américaine dépeinte par Moore, les mouvements de protestation, gigantesques, montrent la voie de l'espérance, incarnée symboliquement par une jeune femme sur le visage de laquelle se termine le film, sorte de (future) Marianne d'une révolution attendue. Ne restez-pas ignorants de tout cela qui nous concerne plus que les fake news et les frasques chaplinesques d'un très mauvais casting politique. Il faut encore éclaircir un complexe jeu de chiffres : le film du même réalisateur en 2004 portait le même titre, mais le chiffre était : 9/11, date de l'attaque des Twin Towers et il taillait des croupières à Georges W. Bush. Le chiffre 11/9 est celui de la date d'élection de Trump.

525

Voyez comme on danse de Michel Blanc

Ne vous privez pas d'y aller voir : ça swing, c'est un film choral très vif, drôle, de ce genre d'humour qui ne laisse pas de trace mais réveille mille petites choses que l'on sait plus ou moins de la vie. Le véritable corps de ballet qui occupe l'écran est très dynamique, chacun avec sa petite touche d'excès dans sa façon d'être qui fait de ce " trop " une amusante caricature distancée des personnages évoqués. Aucun risque de prise de tête, pas de thèse de philosophie, rien que de la fantaisie. Mais quel festival de dialogue ! Sacha Guitry est de retour et l'on s'amuse bien.

La seule chose qui irrite est, qu'une fois de plus, Umédia a organisé un Tax Shelter qui ne sert strictement en rien le cinéma belge pour lequel il a été créé. Un jour il ne faudra pas s'étonner que tout cela aille valser. 


526

Nos batailles de Guillaume Senez

Une belle victoire. Totalement dépourvue de ces artifices qui donnent parfois à certains films, les éclats chamarrés de la séduction. Pas de musique. Ici, l'image est d'une austérité monacale, l'éclairage crée une ambiance plombée, avec quelques sources assez systématiquement dans le cadre, la coloration bleu pétrole est omniprésente, et il n'y a pas de plans larges, si l'on excepte ceux montrant le vaste dépôt, lieu de travail et de servitude. Le film n'est pas une comédie légère mais témoigne d'une profonde sensibilité d'autant plus palpable que deux enfants occupent une place centrale dans l'histoire, et dans la vie de cette famille soudain confrontée à un changement aussi brutal qu'inexpliqué.

La caméra est au plus près de chaque personne, presque " sous le nez " des protagonistes et cela nous rend leurs questionnements, leurs souffrances, véritablement palpables, comme si l'on pouvait les ressentir de près, les toucher du doigt. 
Le montage suit de façon quasi mimétique les sautes d'humeur, les imprévus, les surprises, la violence parfois d'échanges véhéments que des dialogues d'un naturel exceptionnel tant dans l'écriture que dans la façon de les dire, rendent souvent poignants. Les acteurs travaillent cette façon de " se parler " d'une façon singulière, l'une des " marques de fabrique " du réalisateur qui ne fait pas apprendre le texte, mais le fait " découvrir " au tournage, ce qui crée ce " naturel " avec ces petites imperfections qui restituent si bien la vrai vie.

Ce film doit être soutenu, il mérite la plus grande attention en ceci que, outre ses nombreuses qualités intrinsèques, il témoigne d'une époque où la vie économique, les conditions de survie matérielles des gens ordinaires sont tellement oppressantes qu'elles détruisent le lien social, familial comme l'eau érode même les roches les plus solides.

Dans la construction subtile de ce récit singulier, vous apprécierez la richesse des rapports tissés entre les protagonistes et l'histoire " incidente " et tragique d'un collègue qui est traitée comme une sorte de parabole prémonitoire. Mais soudain un peu de couleur jaillit juste avant la fin du film, signe de victoire sans doute, après les batailles. Encore un film aidé par le Tax Shelter, mais à bon escient me semble-t-il, car il est l'expression d'un talent né " chez nous " avec le très remarquable Keeper (175) dont mes commentaires enthousiastes à l'époque soulignaient déjà les éléments de ce que l'on peut appeler " le style " de l'auteur.






Certains, qui me font l'amitié de lire mes billets d'humeur, pensent peut-être que j'ai une marotte, que je joue les Cassandre aux petits pieds en stigmatisant certains usages que j'estime problématiques du système de financement de certains films grâce au Tax Shelter.
Deux problèmes sont bien connus : 

La pertinence de l'intervention fiscale belge dans des films qui le sont très peu.

La probité de certains producteurs qui gèrent leurs comptes d'une façon qui pourrait être commentée.

La lecture de cet article, qui n'est pas destiné aux spécialistes, aux professionnels de la profession, me semble être, hélas, plus qu'un indice que certains jouent avec le feu. Et avec l'avenir de la profession.

Il aidera certains à comprendre mon souci.
Bonne lecture, et bons films.

Francis de Laveleye




























Fondation Jacques Brel
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