samedi 26 novembre 2016

STEFAN ZWEIG, ADIEU L'EUROPE

Neuvième séance avec débat






STEFAN ZWEIG ADIEU L'EUROPE 

Film allemand de Maria Schrader avec Josef Hader. (vost-1h43)





VENDREDI 28 NOVEMBRE (CINE DEBAT)
20H30

grand écrivain, Europe, entre deux-guerres, exil,...
Les étapes du célèbre écrivain au cours de son exil.

    Ciné-Rencontres s'est régalé du biopic de Stefan Zweig, film allemand qui évoque ses dernières années d'exil au Brésil et aux Etats-Unis vers la fin de sa vie entre 1936 et 1942, vie qui serait si parfaitement illustrée par le tableau d'Edvard Munch « Le Cri ». C'est en effet le cri d'un écrivain qui ne se fait plus entendre, d'un visionnaire rendu aveugle par la barbarie fasciste de l'Allemagne nazie. Armé de sa plume, l'arme du pacifiste dans l'absolu plus forte que toutes les autres qu'il finit par abandonner pour défendre la seule liberté qui lui reste, celle de prendre sa propre vie.

  Comment continuer de vivre même dans son paradis d'exilé au Brésil quand l'Europe se meurt laminée par les mouvements incontrôlables des plaques tectoniques de l'Histoire et ses deux guerres mondiales ? Comment défendre la littérature, la poésie, la musique, la philosophie quand on est chassé par la meute barbare en tant que juif, en tant qu'homme libre ? Chassé par la folie meurtrière qui écrase tout sur son passage, thème si bien traité dans « Amok » Quelle force opposer à tant de haine, tant de vitriol jetée dans la figure de Zweig ? Lui qui est épris d'un rêve d'une Europe sans frontières, sans barrières religieuses ou linguistiques, une Europe unie dans une culture commune dont il est un défenseur acharné.

   Ce Zweig-là, propulsé en avant par sa connaissance et sa soif de toutes les beautés du monde se trouve confronté à l'autre Zweig, terré loin du combat dans son paradis « artificiel »  au Brésil ou toutes les langues, toutes les couleurs de peau et toutes les croyances ont leur place . Tel son « Joueur d'Echecs » il est confronté à son double dans un « endgame » fin de partie schizophrène et mortifère comme un héros de Dostoïevski, possédé par ses démons.

   On peut l'accuser de lâcheté, car il a cessé le combat, on pourrait aussi évoquer le sacrifice d'une vie dans un ultime geste de défiance devant l'insupportable folie des hommes. Tous les ingrédients de la tragédie antique sont réunis, à chacun de forger son opinion.
John



La salle était plongée dans une mélancolie douce et raffinée, grâce à la magie de l’univers de Stefan Zweig, bien sûr, mais aussi à la beauté des images et à la justesse de la mise en scène de la réalisatrice Maria Schrader. Sans oublier le rôle important d’un acteur qu’on ne connaissait pas et qui porte le film de bout en bout sans jamais surjouer, dans une interprétation toute en litote terriblement efficace. A partir de ce rôle, on ne pourra plus oublier Josef Hader.
On s’est beaucoup interrogé sur les raisons du suicide de l’écrivain pourtant adulé et partout fêté avec un mélange particulier d’admiration et d’affection. Et malgré toutes ces attentions, et peut-être même en raison d’elles, on devine que question qu’il pose : « Comment supporter cela ? » est purement rhétorique et qu’elle appelle la réponse évidente : « On ne le peut pas. C’est impossible. »
On a évoqué l’épuisement physique et moral, les tournées incessantes, la culpabilité du privilégié - du « survivant » - quand tant d’autres subissent des horreurs, sans oublier la maladie de sa seconde femme qui accentue son épuisement physique tout en ajoutant une torture morale,...
Autre motif de déchirement : son origine juive dont il ne partage pas l’aspect religieux. Barbara Sukova, qui interprète le rôle de sa première femme Friderike, nous rappelle qu’elle fut récemment une admirable Hannah Harendt à l’écran. L’actualité nous ramène cycliquement à ce débat : quelle est l’influence de son maître et amant Heidegger dans les analyses de la philosophe, aussi pertinentes pour les uns qu’elles sont déroutantes pour les autres ?

Mais cette dernière partie de la vie de Stefan Zweig, en lui présentant un paradis qui n’a au fond de valeur que parce qu’il est un reflet et une promesse, reflet du paradis qu’il a perdu, promesse inaccomplie d’un avenir harmonieux qui ne fait qu’accentuer les douleurs de la perte irrémédiable, ne pouvait conduire, malgré l’effet de surprise apparent de la mise en scène, qu’à un dénouement tragique.

La correspondance entre les deux mondes se concrétise dans la vision de la forêt : l’écrivain y superpose aussitôt la forêt de son Autriche natale. La végétation bigarrée et multicolorée lui est indice de promesse, la promesse d’une société où les hommes s’enrichissent de leurs différences au lieu de se détruire à cause d’elles. Mais ce qui peut avoir les caractères d’un rêve fécond ou d’une utopie constructive en 1936 est depuis fracassé devant les réalités de l’histoire en 1942. Celui qui s’enhardissait à donner des leçons à ses confrères écrivains au début de son séjour, sûr de la supériorité morale de son pacifisme, n’est plus qu’une icône silencieuse qui se contente de murmurer ses doutes et ses angoisses dans la sphère privée. Désormais, le silence définitif devient l’aboutissement logique de son parcours.

On a eu raison de rappeler qu’il y eut une vie brillante avant cette période, une vie où le langage, la magie du style, la séduction de ses écrits ont fait de lui un homme hors du commun unanimement reconnu comme tel. Mais surtout, une vie où on pouvait penser que parallèlement à son accomplissement personnel pouvait se réaliser un accomplissement collectif. On pouvait croire en une Europe sommet de civilisation, aux peuples fraternels, une Europe riche de sa culture, rayonnante d’une paix heureuse. Et Vienne, avec sa musique, sa littérature, sa stabilité institutionnelle, se posait en épicentre de cette onde de progrès. Mais ce royaume enchanté a été brutalement rayé de la carte. Mais les nationalismes longtemps sous-estimés, attisés par le jeu des grands impérialismes précipités les uns contre les autres, ne laissent plus de place à rien d’autre qu’à l’horreur. Par deux fois, l’Europe modèle de civilisation devient le foyer ardent d’un embrasement mondial. Adieu donc l’Europe, mais puisque l’Europe est toute sa vie, alors adieu la vie.








Un roman, en fait le seul roman achevé de Stefan Zweig, signalé par Béatrice qui avait envie d'en reprendre la lecture. Lire du Stefan Zweig, voilà un programme que plus d'un spectateur, à la suite du film, avait envie de concrétiser. 







Des critiques dont nous avons été plutôt assez proches.



Adaptations au cinéma


Rajoutés:
1928 Angst
1934 Amok
2002 : Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, film français réalisé par Laurent Bouhnik, avec Agnès Jaoui, Michel Serrault et Bérénice Bejo




Deux joueurs d'échecs 
sont mentionnés dans le film, ce qui n'est guère étonnant quand on évoque Stefan Zweig: Alexandre Alekhine, le premier "génie" de l'histoire des échecs,  et Xavier Tartakover, surtout célèbre par son très répandu Bréviaire des échecs. .

Beaucoup de joueurs d’échecs sont parvenus à une grande notoriété en même temps qu’ils étonnaient par leur singularité. Avec Bobby Fischer, Alexandre Alekhine est à coup sûr au premier rang de ceux-là.




C' est un joueur d'échecs russe naturalisé français en 1927.
Quatrième champion du monde des échecs de 1927 à 1935 et de 1937 à sa mort, il fut le premier champion du monde d'échecs à reconquérir son titre et le seul à mourir en portant son titre. Il a donné son nom à une ouverture, la défense Alekhine, qu'il employa à Budapest en 1921.







Xavier Tartacover (ou Xavier Tartakover), né Savielly Grigorevitch Tartakover le 22 février 1887 à Rostov-sur-le-Don en Russie et mort le 4 février 1956 à Paris, est un joueur d'échecs austro-polonais naturalisé français.

Tartacover écrit d'abord des articles dans des magazines d'échecs puis, publie avec un certain succès plusieurs livres sur les échecs, le principal ayant pour titre La Partie d'échecs hypermoderne (titre original allemand Die hypermoderne Schachpartie, 1925).
C'est pourtant par son livre d'initiation aux échecs, paru en 1934 sous le titre du Bréviaire des échecs, que Tartacover passera à la postérité parmi les adeptes du noble jeu. Cet ouvrage, maintes fois réédité et qui a formé des générations de débutants, illustre son admirable talent pédagogique.
Comme plusieurs grands joueurs de son époque, Tartacover connut la réussite dans l'âge « mûr ». Parlant de ses progrès plutôt lents, il explique : « Il est vrai que déjà, avant 1930, dans maintes grandes compétitions internationales (comme à Teplitz-Schönau 1922, Vienne 1922, Semmering 1926), je menais la course pendant longtemps et semblais déjà effleurer la victoire définitive, mais, au lieu de se raidir et de devenir plus insistante, ma tension faiblissait vers la finale, où les gaffes d'un instant gâchaient l'œuvre de plusieurs semaines ! »
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Tartacover participe à la Résistance, sous le pseudonyme de « Lieutenant Cartier ». Puis, la Pologne étant devenue communiste, il opte pour la nationalité française et représente la France aux Olympiades d'échecs de 1950. Il remporte également le championnat de France en 1953 à Paris.


ACTU ZWEIG

Berry républicain 30 décembre 2016





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