17ème séance avec débat
LES GENS DU MONDE
Documentaire français de Yves Jeuland. (2014 - 1h22)
CINE-DEBAT VENDREDI 6 FEVRIER à 20h30
Sur le titre
Incitation à jouer
avec, un peu comme dans un de nos films précédents (Le beau monde, pas toujours
si beau que ça). Ici : Les gens du monde (de quel monde ? pas
toujours du nôtre, en tout cas. Plutôt Les gens du beau monde ?).
Sur le film
Impressions contradictoires.
Somnolence et intérêt mêlés.
Il est vrai que le montage ne privilégie jamais le
spectaculaire, mais on sent que chaque plan recèle un enjeu qui n’a rien de
léger ni de négligeable. Simplement, il faudrait à chaque séquence mettre en
pause pour se mettre au clair avec son sens.
Modernité (les écrans de composition des pages) et archaïsme
(prise de notes plutôt qu’enregistrement) mais surtout virtuosité (prise de
notes devant Hollande) et donc plutôt artisanat au sens noble.
On a envie de leur tomber dessus, mais on prend conscience
que c’est un métier, pas facile, et que d’écrire encore est encore un des rares
refuges de la pensée.
Les chiens de garde. La main mise économique. Surtout en
France (Bouygues). Désintox sur Arte et le Vrai du faux sur France Info. Un
progrès salutaire (Je me souviens avoir émis ce souhait lors du débat sur les
Chiens de garde). Pas l’arme absolue : rien de commun entre le faux gobé
sur une grande chaîne et la rectification sur un créneau qui ne touche personne
(Presse écrite : le Une qui fait savoir à tous, la rectification reléguée
dans un entrefilet en page 8). Sans parler de la subjectivité dans le choix du
binaire vrai/faux en cas d’erreur minime (mais quelle est la marge d’erreur
acceptable ?) ou quand l’interprétation est primordiale.
Le filtre de ses propres convictions, il faut aussi en tenir
compte.
L’importance de l’éducation aux médias pour ne pas tomber
dans les pièges, qu’ils soient d’adhésion panurgique, certes, mais aussi
d’esprit de critique (systématique) trop vite confondu avec l’esprit critique
et qui est aussi bête au fond que son contraire l’absorption passive de tout ce
qui est dit et montré.
Relations incestueuses inter-médias et inter-classe
politique. Problème de la formation dans un moule. L’ouverture genre Science Po
ou aux illettrés. Il devrait être cependant possible de concilier culture et
ouverture. Le formatage n’est pas une fatalité.
Grandeur et décadence d’un métier. On dirait parfois une
salle des profs morose de l’époque où l’on prétendait remplacer l’enseignant
dans chaque classe par une visio-conférence collective en réseau à partir d’un
seul intervenant –projet Union Européenne). On n’en parle plus tellement. En
revanche, la menace de l’écrit menacé par le net paraît réelle, même si on
annonce depuis longtemps la mort du livre et des journaux.
Les Anglais qui lisent et achètent massivement les journaux
et la France où il faut un effet Charlie pour soutenir la comparaison.
Prendre parti ou pas ? Parfois deux lignes d’un article
à l’autre. Solitude de fond d’un journaliste « libéral » dans une
rédaction de « gauche » et qui croit que la liberté des mœurs est un
marqueur infaillible de « gauche ». Il faut vite mettre des
guillemets partout dans ce genre de phrases. La démonstration se heurte au fait
(est-ce de gauche de soutenir Balladur ?).
Les échos entre 2012 et maintenant. Les prolongations de
l’affaire DSK. Nous voyons des journalistes qui dans l’instant avaient de l’avance sur nous, mais qui figés dans le
temps du filmage, en savent beaucoup moins que les spectateurs de 2015. Amusant
de voir les pronostics confirmés ou infirmés.
La consécration d’avoir sa page, son espace. Autre
critère : des fréquences d’audience genre audimat de télévision. Certaines
ne s’y feront jamais.
Dans le public, la sœur d’un étudiant en journalisme exprime
le dilemme. On veut qu’on soit formé et non formaté. Pas facile dans le circuit
actuel.
Le début avec le chef de rédaction scandaleux. Impose le
fait du prince, ne s’arrête pas au fait que sa position soit ultra minoritaire.
Il dit : J’écoute, mais je tranche. Ce n’est pas le kolkhoze.
Inserts et gros plans édifiants. Sous couvert de populisme mal défini, on
renvoie dos à dos Mélenchon et Le Pen. Revendique la primeur du commercial. On
soupçonne une arrière idéologie personnelle qui cherche à s’exprimer ( ?).
Chanson d’Yves Montand au générique. On attendrait plutôt
Ferrat : Faut-il pleurer, faut-il en rire / [Font-ils] envie ou bien
pitié ?…
Alors est-ce qu’on se remet en cause, est-ce qu’on attend la
fin inéluctable avec fatalité, ou est-ce qu’on sombre dans l’aigreur en
chantant avec Aznavour Ce n’est pas ma faute mais celle du public qui n’a
rien compris ? Ce qui d’ailleurs n’est pas forcément faux. Les
lecteurs ont aussi la presse qu’ils méritent. Mais le goût du lecteur est aussi
perverti par la presse qui flatte ses bas instincts parce que ça se vend. On
tourne en rond. Ou on va tout droit vers 50 nuances de Grey.
Je croyais que j’avais là mon ultime transition. Mais il
m’est revenu que dans les comparaisons presse anglaise – presse française, là
où on a dit que l’équivalent du Monde seraient plutôt des journaux comme The
Guardian ou The Independant, on s’est aussi démarqué de cette autre
presse qu’est par exemple The Sun. Evidemment, la suppression de
l’illustration populaire en page 3 a été évoquée dans la continuité. Mais,
vérification faite – comme doit le faire tout bon journaliste scrupuleux -,
cette page est revenue, prenant à contre-pied ceux qui s’en réjouissaient,
réjouissant ceux qui s’en sentaient frustrés. Et c’est la seconde transition. Rideau.
Hasard et coïncidences
LE MONDE ET LA PRESSE INTERNATIONALE DENONCENT UN
SCANDALE FINANCIER
Aussitôt après notre séance de vendredi, voilà que Le
Monde provoque un séisme médiatique en révélant que la Grande Bretagne
pratique l’évasion fiscale et la blanchiment d’argent à une échelle gigantesque,
que la Suisse est un territoire qui se prête admirablement bien à ce genre de
chose, que la France est bien plus riche qu’on le dit puisque dans le peloton
de tête des planqueurs de milliards, en seconde position, on trouve le groupe
des exilés fiscaux Français.
C’est à une plongée saisissante dans un univers opaque que vous convie Le Monde aujourd’hui. Données cryptées, secret
bancaire, rendez-vous discrets, sociétés
offshore : de ce système mis en place par la filiale suisse de la banque britannique HSBC, rien n’aurait dû sortir au grand jour si un informaticien n’avait mis la main sur
des listings qui ont accouché d’une liste de 100 000 détenteurs de comptes.
Bienvenue au royaume de l’évasion fiscale !
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