samedi 7 février 2015

LES GENS DU MONDE


17ème séance avec débat


LES GENS DU MONDE


Documentaire français de Yves Jeuland. (2014 - 1h22)





CINE-DEBAT VENDREDI 6 FEVRIER à 20h30




Sur le titre
Incitation à  jouer avec, un peu comme dans un de nos films précédents (Le beau monde, pas toujours si beau que ça). Ici : Les gens du monde (de quel monde ? pas toujours du nôtre, en tout cas. Plutôt Les gens du beau monde ?).

Sur le film
Impressions contradictoires.
Somnolence et intérêt mêlés.
Il est vrai que le montage ne privilégie jamais le spectaculaire, mais on sent que chaque plan recèle un enjeu qui n’a rien de léger ni de négligeable. Simplement, il faudrait à chaque séquence mettre en pause pour se mettre au clair avec son sens.
Modernité (les écrans de composition des pages) et archaïsme (prise de notes plutôt qu’enregistrement) mais surtout virtuosité (prise de notes devant Hollande) et donc plutôt artisanat au sens noble.
On a envie de leur tomber dessus, mais on prend conscience que c’est un métier, pas facile, et que d’écrire encore est encore un des rares refuges de la pensée.
Les chiens de garde. La main mise économique. Surtout en France (Bouygues). Désintox sur Arte et le Vrai du faux sur France Info. Un progrès salutaire (Je me souviens avoir émis ce souhait lors du débat sur les Chiens de garde). Pas l’arme absolue : rien de commun entre le faux gobé sur une grande chaîne et la rectification sur un créneau qui ne touche personne (Presse écrite : le Une qui fait savoir à tous, la rectification reléguée dans un entrefilet en page 8). Sans parler de la subjectivité dans le choix du binaire vrai/faux en cas d’erreur minime (mais quelle est la marge d’erreur acceptable ?) ou quand l’interprétation est primordiale.
Le filtre de ses propres convictions, il faut aussi en tenir compte.
L’importance de l’éducation aux médias pour ne pas tomber dans les pièges, qu’ils soient d’adhésion panurgique, certes, mais aussi d’esprit de critique (systématique) trop vite confondu avec l’esprit critique et qui est aussi bête au fond que son contraire l’absorption passive de tout ce qui est dit et montré.

Relations incestueuses inter-médias et inter-classe politique. Problème de la formation dans un moule. L’ouverture genre Science Po ou aux illettrés. Il devrait être cependant possible de concilier culture et ouverture. Le formatage n’est pas une fatalité.
Grandeur et décadence d’un métier. On dirait parfois une salle des profs morose de l’époque où l’on prétendait remplacer l’enseignant dans chaque classe par une visio-conférence collective en réseau à partir d’un seul intervenant –projet Union Européenne). On n’en parle plus tellement. En revanche, la menace de l’écrit menacé par le net paraît réelle, même si on annonce depuis longtemps la mort du livre et des journaux.
Les Anglais qui lisent et achètent massivement les journaux et la France où il faut un effet Charlie pour soutenir la comparaison.

Prendre parti ou pas ? Parfois deux lignes d’un article à l’autre. Solitude de fond d’un journaliste « libéral » dans une rédaction de « gauche » et qui croit que la liberté des mœurs est un marqueur infaillible de « gauche ». Il faut vite mettre des guillemets partout dans ce genre de phrases. La démonstration se heurte au fait (est-ce de gauche de soutenir Balladur ?).

Les échos entre 2012 et maintenant. Les prolongations de l’affaire DSK. Nous voyons des journalistes qui dans l’instant avaient  de l’avance sur nous, mais qui figés dans le temps du filmage, en savent beaucoup moins que les spectateurs de 2015. Amusant de voir les pronostics confirmés ou infirmés.

La consécration d’avoir sa page, son espace. Autre critère : des fréquences d’audience genre audimat de télévision. Certaines ne s’y feront jamais.
Dans le public, la sœur d’un étudiant en journalisme exprime le dilemme. On veut qu’on soit formé et non formaté. Pas facile dans le circuit actuel.

Le début avec le chef de rédaction scandaleux. Impose le fait du prince, ne s’arrête pas au fait que sa position soit ultra minoritaire. Il dit : J’écoute, mais je tranche. Ce n’est pas le kolkhoze. Inserts et gros plans édifiants. Sous couvert de populisme mal défini, on renvoie dos à dos Mélenchon et Le Pen. Revendique la primeur du commercial. On soupçonne une arrière idéologie personnelle qui cherche à s’exprimer ( ?).
Chanson d’Yves Montand au générique. On attendrait plutôt Ferrat : Faut-il pleurer, faut-il en rire / [Font-ils] envie ou bien pitié ?…



Alors est-ce qu’on se remet en cause, est-ce qu’on attend la fin inéluctable avec fatalité, ou est-ce qu’on sombre dans l’aigreur en chantant avec Aznavour Ce n’est pas ma faute mais celle du public qui n’a rien compris ? Ce qui d’ailleurs n’est pas forcément faux. Les lecteurs ont aussi la presse qu’ils méritent. Mais le goût du lecteur est aussi perverti par la presse qui flatte ses bas instincts parce que ça se vend. On tourne en rond. Ou on va tout droit vers 50 nuances de Grey.

Je croyais que j’avais là mon ultime transition. Mais il m’est revenu que dans les comparaisons presse anglaise – presse française, là où on a dit que l’équivalent du Monde seraient plutôt des journaux comme The Guardian ou The Independant, on s’est aussi démarqué de cette autre presse qu’est par exemple The Sun. Evidemment, la suppression de l’illustration populaire en page 3 a été évoquée dans la continuité. Mais, vérification faite – comme doit le faire tout bon journaliste scrupuleux -, cette page est revenue, prenant à contre-pied ceux qui s’en réjouissaient, réjouissant ceux qui s’en sentaient frustrés. Et c’est la seconde transition. Rideau. 






Hasard et coïncidences

 Ces révélations sont le fruit d’une entreprise journalistique d’une envergure exceptionnelle, dont « Le Monde » a été à l’initiative depuis ces cinq derniers mois.
LE MONDE ET LA PRESSE INTERNATIONALE DENONCENT UN SCANDALE FINANCIER


Aussitôt après notre séance de vendredi, voilà que Le Monde provoque un séisme médiatique en révélant que la Grande Bretagne pratique l’évasion fiscale et la blanchiment d’argent à une échelle gigantesque, que la Suisse est un territoire qui se prête admirablement bien à ce genre de chose, que la France est bien plus riche qu’on le dit puisque dans le peloton de tête des planqueurs de milliards, en seconde position, on trouve le groupe des exilés fiscaux Français.





C’est à une plongée saisissante dans un univers opaque que vous convie Le Monde aujourd’hui. Données cryptées, secret bancaire, rendez-vous discrets, sociétés offshore : de ce système mis en place par la filiale suisse de la banque britannique HSBC, rien n’aurait dû sortir au grand jour si un informaticien n’avait mis la main sur des listings qui ont accouché d’une liste de 100 000 détenteurs de comptes. Bienvenue au royaume de l’évasion fiscale !













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