dimanche 22 février 2015

Transition American sniper,...

Bonnes vacances. 

Le prochain débat concernera le Conseil municipal d'enfants le 13 mars
avec Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?

N'oublions pas d'ici là  les films demandés et conseillés (voir le programme).



American sniper (18-24-… fév.)
Une merveilleuse histoire du temps (26-2 mars)
Imitation game (5-9 mars)
Les Merveilles (12-16 mars)





American sniper (18-24-… fév.)




Une contribution de Michel :


    Christopher Lynn Hedges (né le 18 septembre 1956 à Saint-Johnsbury, au Vermont) est un journaliste et auteur américain. Récipiendaire d’un prix Pulitzer, Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Reconnu pour ses articles d’analyse sociale et politique de la situation américaine, ses écrits paraissent maintenant dans la presse indépendante, dont Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation. Il a également enseigné aux universités Columbia et Princeton. Il est éditorialiste du lundi pour le site Truthdig.com.

       


« American Sniper » célèbre le plus répugnant des aspects de la société US – la culture du flingue, l’adoration aveugle de l’armée, la croyance que l’on a un droit inné en tant que nation « chrétienne » à exterminer les « races inférieures » de la Terre, une hypermasculinité grotesque qui bannit toute compassion et pitié, un déni des faits qui dérangent et des vérités historiques, et un dénigrement de la pensée critique et de l’expression artistique. Beaucoup d’Américains, surtout les blancs prisonniers d’une économie au point mort et d’un système politique dysfonctionnel, sont galvanisés par le supposé renouveau moral et le contrôle militarisé rigide que ce film célèbre. Ces passions, si elles se réalisent, feront disparaître le peu qu’il reste de notre société ouverte désormais anémique.
Le film s’ouvre sur un père et son fils chassant le daim. Le garçon tire sur l’animal, lâche son fusil et court vers sa proie.
« Reviens ici », hurle son père. « On ne laisse jamais son fusil par terre ».
« Oui, monsieur », répond le garçon.
« C’était un sacré tir, fils », dit le père. « Tu as un don. Tu feras un excellent chasseur un jour. »
La caméra montre ensuite l’intérieur d’une église où une congrégation de chrétiens blancs — les noirs apparaissent aussi peu dans ce film que dans ceux de Woody Allen — écoute un sermon à propos du plan de Dieu pour les chrétiens d’Amérique. Le personnage correspondant au titre du film, basé sur Chris Kyle, qui deviendra le sniper le plus meurtrier de l’histoire de l’armée US, va, c’est ce que laisse entendre le sermon, être appelé par Dieu à utiliser son « don » afin de tuer les méchants. La scène suivante nous montre la famille Kyle dans la salle à manger alors que le père entonne avec l’accent texan: « Il y a trois types de gens dans ce monde: les moutons, les loups, et les chiens de berger. Certains préfèrent penser que le mal n’existe pas dans le monde. Et si un jour ils étaient directement menacés, ils ne sauraient pas comment se protéger. Ce sont les moutons. Et puis tu as les prédateurs ».
Puis la caméra passe dans une cour d’école où une brute frappe un plus petit garçon.
« Ils utilisent la violence pour intimider les autres », continue le père. « Ce sont les loups. Et puis il y a ceux qui sont bénis par le don de l’agression et un besoin écrasant de protéger le troupeau. Ils sont une race rare qui vit pour se confronter avec les loups. Ce sont les chiens de berger. Et dans cette famille, on n’élève pas de mouton « .
Le père fait claquer sa ceinture contre la table de la salle à manger.
« Je vous ferai la peau si vous devenez des loups », dit-il à ses deux fils. « On protège les nôtres. Si quelqu’un essaie de te frapper, d’emmerder ton petit frère, tu as ma permission pour le terminer ».
Les benêts dont les esprits sont englués dans ce système de croyances ne manquent pas. Nous en avons élu un — George W Bush — président. Ils peuplent les forces armées et la droite chrétienne. Ils regardent Fox News et croient ce qu’ils y voient. Ils ne comprennent ni ne s’intéressent que très peu au monde au-delà de leurs propres communautés. Ils sont fiers de leur ignorance et de leur anti-intellectualisme. Ils préfèrent boire des bières et regarder le foot plutôt que lire un livre. Et quand ils sont au pouvoir — ils contrôlent déjà le Congrès, le monde des entreprises, la plupart des médias et le complexe militaire — leur vision binaire du bien et du mal et leur arrogante myopie causent de graves troubles à leur pays. « American Sniper », à l’instar des films à gros budget qui virent le jour dans l’Allemagne nazie afin d’exalter les valeurs du militarisme, de l’autoglorification raciale et de la violence d’Etat, est un tissu de propagande, une publicité sordide pour les crimes de l’empire. Qu’il ait engrangé des recettes record de 105.3 millions de dollars sur la période du week-end de la journée Martin Luther King Jr. est un symptôme du sombre malaise US.

        La suite : 




J’ai eu le privilège de croiser Edwige et Michel qui venaient de voir ce film. Ils ont adoré et n’ont absolument pas été déçus, bien au contraire, par cet Eastwood qui ne fera jamais son âge réel. Pour ceux qui auraient pu avoir des préventions, il me semble que ce témoignage est la meilleure façon de les lever.




Imitation game (5-9 mars)








Nos cerveaux ne sont pas constitués de la même manière, nous ne sommes pas des robots clonés, si bien qu’en bonne logique rien n’est plus périlleux que de conseiller un film aux autres, même quand on les connaît bien. N’ayant pas nécessairement les mêmes goûts, ni la même histoire, ni les mêmes centres d’intérêt, il serrait hautement improbable que nous nous rencontrions sur une vraie appréciation commune en profondeur d’un film.
Ces leçons de prudence que je viens de m’adresser à moi-même sont certes d’une grande valeur. Et cependant, je les transgresse sans vergogne ici en vous recommandant de courir voir ce film de toute urgence, d’autant plus que je me suis laissé dire qu’il ne reste chez nous à peine une semaine.
Ne louez pas trop vite mon courage, ni ne blâmer hâtivement mon inconscience. En vérité, je peux me tromper, mais je suis persuadé que je ne risque pas grand chose. D’abord, si vous êtes déçu, je compte beaucoup trop sur votre courtoisie pour avoir peur d’essuyer vos reproches. Ensuite, les qualités du film sont telles que la probabilité pour qu’il vous bouleverse est très proche de 1.
Et dire que je voulais au départ faire dans la sobriété et ne m’octroyer qu’un seul mot pour parler du film… Je vous le donne quand même pour finir : époustouflant !









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