11ème séance avec débat
DE L'AUTRE COTE DU MUR
Film allemand de Christian Schwochow (2014, 1h42)
Fin des années 70,...Nelly décide de fuir la RDA avec son fils...
(VOSTF)
A la fois une coupure et une relation intergénérationnelle.
Un film que le public a trouvé riche, voire complexe, mais qu'il a suivi sans déplaisir, tout en reconnaissant sa valeur, voire sa nécessité. Beaucoup y ont trouvé la révélation d'une réalité qu'ils ignoraient, et même qu'ils étaient très loin de soupçonner, quand d'autres y ont vu l'illustration sans grande surprise d'expériences vécues.
Sous le regard attentif d'Edwige, qui nous surprendra bientôt avec le récit peu ordinaire de son périple à moto, Céline ouvre le débat sur les différentes perceptions selon les générations. |
Ceux qui ont vécu l'époque de la guerre froide et ceux qui ont vécu essentiellement après la chute du mur n'ont pas tout à fait la même vision du monde. Cependant, grâce à des conversation familiales, des témoignages, des lectures, des films, ou des débats comme celui-là, la compréhension était au rendez-vous.
Moyennement surprenant pour un lycéen de terminale germaniste et visiblement déjà bien informé, un peu plus pour des collégiens qui, pourtant, n'en sont pas sortis du tout traumatisés. L'un d'eux a fait remarqué avec pertinence qu'on n'était pas dans la symétrie, puisque les vexations à l'Est étaient le fait d'Allemands, tandis qu'ils étaient le fait d'Américains dans le camp de l'Ouest, ce qui ne constituait pas l'un des moindres paradoxes du film.
Moyennement surprenant pour un lycéen de terminale germaniste et visiblement déjà bien informé, un peu plus pour des collégiens qui, pourtant, n'en sont pas sortis du tout traumatisés. L'un d'eux a fait remarqué avec pertinence qu'on n'était pas dans la symétrie, puisque les vexations à l'Est étaient le fait d'Allemands, tandis qu'ils étaient le fait d'Américains dans le camp de l'Ouest, ce qui ne constituait pas l'un des moindres paradoxes du film.
Des comparaisons avec d'autres films voisins ont été faites (Good bye Lenin, Barbara).
Nous retiendrons que cette séance sur LE MUR a été liée malheureusement à un décès brutal qui vient de frapper non seulement notre association, mais aussi, tant il était engagé dans de nombreux domaines, toute la ville et beaucoup d'entre nous à titre personnel. Professeur de mathématiques, militant associatif dans les domaines où la solidarité est la valeur première, consterné par tous les murs qui séparent les peuples et pas seulement en Palestine, Francis Vite, à de nombreux titres, va beaucoup manquer à beaucoup de personnes. En l'évoquant au début de notre soirée, nous avons bien conscience que nous n'avons pas appris grand chose à ceux qui étaient là. C'était juste l'expression spontanée de la tristesse d'une famille en deuil.
Nous avons par ailleurs décortiqué, avec les souvenirs et les expériences des uns et des autres, les impressions que laissent dans l'esprit du public les voyages dans des pays si proches, mais parfois si difficiles à comprendre en ce qui nous concerne.
Eliminons tout de suite toute ambiguïté : une salle largement Ciné Rencontres, c'est-à-dire largement ouverte à la connaissance des autres peuples, évidemment aussi - sinon a fortiori - des peuples qui sont nos voisins. Globalement donc, les éléments communs l'emportent de très loin, si bien que c'est par un souci pointilleux du détail que nous nous sommes parfois efforcés de cerner les points de "mystère" restants.
Des périples que nous ne connaissions pas jusque là et étonnamment longs de la part de certains de nos adhérents nous ont permis de faire un voyage rapide derrière le rideau de fer, en mesurant au travers d'anecdotes pittoresques les ressemblances et les différences entre les différents pays traversés. La RDA n'est pas la Hongrie, on rencontre facilement quelqu'un qui parle français en Roumanie (Edwige)...
On avait une permanence extraordinaire de la culture, la musique, les opéras, tout le monde avec des livres... Mais par ailleurs on s'ennuyait beaucoup!
Des témoignages précis sur la Pologne se sont ajoutés. Le passage du mur? Plus subtil que je ne le résume ici : du pain sans la liberté, avant, à la liberté sans le pain, après... La carte de l'Allemagne de l'Est toujours visible dans l'Allemagne réunifiée si on regarde la carte des zones de chômage ou des différents niveaux de vie.
A ce sujet, une émission de débat politique de la veille sur une chaîne publique française a trouvé ici son écho. Une députée de la droite allemande ayant profité de son temps de parole pour faire la leçon à la gauche française - dont Mélanchon ! - qui ne faisait pas preuve de discipline pour diminuer son déficit (refrain connu!), cette dernière n'a pas manqué d'apporter une vive contradiction, refusant de se laisser enfermer dans la fable de la cigale et de la fourmi.
Car, en l'occurrence, la fourmi n'est pas en réalité mieux lotie que la cigale. Un Etat providence au départ comparable au nôtre mais vite dégradé en dérivant vers le modèle anglo-saxon inégalitaire. Une espérance de vie inférieure, un taux de pauvreté supérieur, n'inclinent pas si logiquement à l'arrogance. Une économie traditionnellement bien mieux assise sur un tissu d'entreprises moyennes nettement plus efficace que le nôtre, mais une croissance largement effectuée sur le dos de voisins par un dumping social précoce qui ne joue plus actuellement vu que le pouvoir d'achat voisin s'est aussi réduit. Des courbes démographiques qui vont à la rencontre l'une de l'autre et menacent de se croiser, la confiance et les naissances, d'une part, les femmes mal aidées dans le domaine de la petite enfance, de l'autre. Et donc une bombe démographique redoutable à moyen terme, et qui fait qu'un chômage inférieur est surtout dû à un manque de jeunes capables de renouveler efficacement les générations. Une retraite tardive à la fin pour maintenir un pouvoir d'achat affaibli, un salaire minimal d'entrée de carrière très inférieur... Bref, pour parodier le proverbe, Dieu est-il plus heureux en Allemagne qu'en France?... Pas si sûr, et pas autant qu'on le dit trop souvent... surtout en France.
Et puis l'histoire. Les fonds européens, donc beaucoup de fonds contributifs français, ont aidé l'Allemagne dans sa période difficile de la réunification. Qui était la cigale, alors, et qui la fourmi? Pas sûr que la fourmi d'aujourd'hui ne joue pas demain le rôle de la cigale. Ainsi vont les cycles économiques.
Et parmi ces discours, ce sont essentiellement des discours de responsables politiques, majoritairement relayés par les médias, avec les "experts" en vogue de cette science si peu exacte qu'est l'économie (même si c'est un Français qui en est cette année le prix Noble!). Rappelons le point de départ: une députée CDU face à des politiques proches de Die Linke! Imaginons l'inverse: ce seraient d'autres échanges. Ne confondons pas les impressions des peuples avec les propos médiatiques. Il y avait beaucoup de nuances dans la salle. Rien ne vaut des échanges vrais et approfondis entre gens de bonne foi. On peut défendre ses valeurs sans tomber dans un chauvinisme stupide. C'est en visitant l'Allemagne qu'on apprendra à le mieux l'apprécier et à vaincre les préjugés qui restent, sans pour autant tomber dans une tout aussi stupide admiration béate et systématique. Les voyages sont d'abord une leçon de relativité, on peut être Persan comme on peut être Parisien. Vive les vacances, donc! Et regardez Karambolage sur Arte!
Et tout cela n'a pas manqué d'avoir des résonances dans la politique locale. De quelle actualité seraient maintenant les opinions qui avaient cours sur le sujet dans le Vierzonnais et dans les années 1970? La réponse n'est pas simple, car le problème n'est pas si facile que cela à poser dans des termes précis. Essayer d'y voir clair? "Vaste programme!", comme disait un de nos présidents qui signa le plus vite possible, après une guerre difficile à qualifier tellement elle fut riche en horreurs, le traité d'entente de l'Elysée avec un chancelier allemand. Si l'Allemagne est à estimer sans discussion aucune, c'est bien par l'efficacité exemplaire avec laquelle elle a su reconstituer ses valeurs démocratiques perdues pendant trop longtemps.
Eliminons tout de suite toute ambiguïté : une salle largement Ciné Rencontres, c'est-à-dire largement ouverte à la connaissance des autres peuples, évidemment aussi - sinon a fortiori - des peuples qui sont nos voisins. Globalement donc, les éléments communs l'emportent de très loin, si bien que c'est par un souci pointilleux du détail que nous nous sommes parfois efforcés de cerner les points de "mystère" restants.
Les expériences de John : c'est géant! |
Des périples que nous ne connaissions pas jusque là et étonnamment longs de la part de certains de nos adhérents nous ont permis de faire un voyage rapide derrière le rideau de fer, en mesurant au travers d'anecdotes pittoresques les ressemblances et les différences entre les différents pays traversés. La RDA n'est pas la Hongrie, on rencontre facilement quelqu'un qui parle français en Roumanie (Edwige)...
On avait une permanence extraordinaire de la culture, la musique, les opéras, tout le monde avec des livres... Mais par ailleurs on s'ennuyait beaucoup!
Des témoignages précis sur la Pologne se sont ajoutés. Le passage du mur? Plus subtil que je ne le résume ici : du pain sans la liberté, avant, à la liberté sans le pain, après... La carte de l'Allemagne de l'Est toujours visible dans l'Allemagne réunifiée si on regarde la carte des zones de chômage ou des différents niveaux de vie.
Un témoignage intéressant sur la Pologne. |
A ce sujet, une émission de débat politique de la veille sur une chaîne publique française a trouvé ici son écho. Une députée de la droite allemande ayant profité de son temps de parole pour faire la leçon à la gauche française - dont Mélanchon ! - qui ne faisait pas preuve de discipline pour diminuer son déficit (refrain connu!), cette dernière n'a pas manqué d'apporter une vive contradiction, refusant de se laisser enfermer dans la fable de la cigale et de la fourmi.
Car, en l'occurrence, la fourmi n'est pas en réalité mieux lotie que la cigale. Un Etat providence au départ comparable au nôtre mais vite dégradé en dérivant vers le modèle anglo-saxon inégalitaire. Une espérance de vie inférieure, un taux de pauvreté supérieur, n'inclinent pas si logiquement à l'arrogance. Une économie traditionnellement bien mieux assise sur un tissu d'entreprises moyennes nettement plus efficace que le nôtre, mais une croissance largement effectuée sur le dos de voisins par un dumping social précoce qui ne joue plus actuellement vu que le pouvoir d'achat voisin s'est aussi réduit. Des courbes démographiques qui vont à la rencontre l'une de l'autre et menacent de se croiser, la confiance et les naissances, d'une part, les femmes mal aidées dans le domaine de la petite enfance, de l'autre. Et donc une bombe démographique redoutable à moyen terme, et qui fait qu'un chômage inférieur est surtout dû à un manque de jeunes capables de renouveler efficacement les générations. Une retraite tardive à la fin pour maintenir un pouvoir d'achat affaibli, un salaire minimal d'entrée de carrière très inférieur... Bref, pour parodier le proverbe, Dieu est-il plus heureux en Allemagne qu'en France?... Pas si sûr, et pas autant qu'on le dit trop souvent... surtout en France.
Et puis l'histoire. Les fonds européens, donc beaucoup de fonds contributifs français, ont aidé l'Allemagne dans sa période difficile de la réunification. Qui était la cigale, alors, et qui la fourmi? Pas sûr que la fourmi d'aujourd'hui ne joue pas demain le rôle de la cigale. Ainsi vont les cycles économiques.
Et parmi ces discours, ce sont essentiellement des discours de responsables politiques, majoritairement relayés par les médias, avec les "experts" en vogue de cette science si peu exacte qu'est l'économie (même si c'est un Français qui en est cette année le prix Noble!). Rappelons le point de départ: une députée CDU face à des politiques proches de Die Linke! Imaginons l'inverse: ce seraient d'autres échanges. Ne confondons pas les impressions des peuples avec les propos médiatiques. Il y avait beaucoup de nuances dans la salle. Rien ne vaut des échanges vrais et approfondis entre gens de bonne foi. On peut défendre ses valeurs sans tomber dans un chauvinisme stupide. C'est en visitant l'Allemagne qu'on apprendra à le mieux l'apprécier et à vaincre les préjugés qui restent, sans pour autant tomber dans une tout aussi stupide admiration béate et systématique. Les voyages sont d'abord une leçon de relativité, on peut être Persan comme on peut être Parisien. Vive les vacances, donc! Et regardez Karambolage sur Arte!
Jean-Marie B.: le débat a des résonances locales. |
Et tout cela n'a pas manqué d'avoir des résonances dans la politique locale. De quelle actualité seraient maintenant les opinions qui avaient cours sur le sujet dans le Vierzonnais et dans les années 1970? La réponse n'est pas simple, car le problème n'est pas si facile que cela à poser dans des termes précis. Essayer d'y voir clair? "Vaste programme!", comme disait un de nos présidents qui signa le plus vite possible, après une guerre difficile à qualifier tellement elle fut riche en horreurs, le traité d'entente de l'Elysée avec un chancelier allemand. Si l'Allemagne est à estimer sans discussion aucune, c'est bien par l'efficacité exemplaire avec laquelle elle a su reconstituer ses valeurs démocratiques perdues pendant trop longtemps.
A quoi reconnaît-on un collégien qui n'était pas présent à notre débat récent sur les dangers du sucre dans l'alimentation? |
Edwige a voulu minimiser ses exploits à moto, mais tout le monde n'y fut pas insensible. Sauf Michel, peut-être, qui les connaissait déjà... |
Un panoramique audacieux, vu le manque de lumière dans la salle... |
Ce verre qui attend d'être rempli et qui s'apprête, parmi plusieurs de ses semblables, à écouter nos dernières conversation, peut également constater que la distribution des photos-cadeaux de la tombola ne va plus tarder à se mettre en place... Bientôt Noël, et bientôt aussi le dernier programme de l'année civile qui s'achève.
LA SEANCE SCOLAIRE DE LUNDI
C'était une séance scolaire, certes, mais également ouverte au grand public.
Une très bonne séance au final, qui fut unanimement appréciée par les uns comme par les autres.
Le débat, un peu sacrifié manque de temps, aura lieu utilement dans les classes des collèges Fernand Léger et Notre-Dame.
C'était une séance scolaire, certes, mais également ouverte au grand public.
Une très bonne séance au final, qui fut unanimement appréciée par les uns comme par les autres.
Le débat, un peu sacrifié manque de temps, aura lieu utilement dans les classes des collèges Fernand Léger et Notre-Dame.
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