séance avec débat |
Bonjour à toutes et tous,
Au cinéma jeudi 16 JANVIER à 20h30 le film "L'ATTACHEMENT" de Andrea Arnold.
Pour toute information, voir le blog
Edwige
Synopsis
Tout public
Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.
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Je ne me permets presqu’aucun commentaire sur le scénario au risque de vous priver du plaisir de la découverte. Simplement il faut savoir que l’on assiste à des montagnes russes de l’émotion pendant 1h45. Après le traumatisme vécu au début du film nous nous trouvons face à des naufragés, qui s’accrochent à ce qu’ils trouvent pour survivre. Si le chagrin ne semble pas avoir de date de péremption le droit au bonheur des enfants non plus. Pourtant les puzzles de leur vie ont basculé, la table est renversée, tout est devenue flou. C’est cette logique floue qui intéresse Carine Tardieu , ces frontières et contours mal dessinés dans les relations entre les personnages. Paternité et maternité traditionnelles sont mises en question, nécessité faisant loi, on est dans l’obligation de casser les codes des relations dans une délicieuse instabilité. On ouvre de nouvelles voies, du moins on montre leur existence, des voies contraignantes ainsi que le titre du film l’indique .
Le film est inspiré d’un roman qui a pour titre « L’intimité » d’Alice Ferney. Cependant la réalisatrice préfère la notion de l’attachement avec tout ce que ce terme comporte de positif et de négatif. Car l’attachement suggère les contraintes, les obligations d’un père qui se trouve en porte à faux dans sa mission d’être heureux pour et avec les enfants qui l’entourent. L’attachement dans son acception plus positive, une occasion pour une femme de donner de l’épaisseur à sa vie, une vie ou auparavant l’amour se limitait à un exercice sexuel hebdomadaire le jeudi de 5 à 7. Femme qui connaîtra un épanouissement exponentiel au fur et à mesure de l’intrigue, la « sorcière hostile » du début deviendra fée Mélusine . La baguette magique de Carine Tardieu fonctionne.
Belle découverte et magnifique casting avec des enfants remarquables.
John
Malgré l’image de la transmission vidéo fortement pixellisée, j’ai bien suivi le débat, qui n’était pas sans mérite loin de là : la réalisatrice et les acteurs excellaient dans le difficile dosage entre l’humour et la gravité des propos. Je voudrais juste ajouter en guise de grain de sel un premier complément en forme de paradoxe, et un second pour combler ce qui me semble être une lacune, toutes les deux invitant à une réflexion douce-amère sur la notion de solitude.
Je comprends bien qu’on met en avant, et c’est évidemment justifié, le miracle de la résilience et des liens reconstitués. Le film invite à un débat sur cette question philosophique : « Quelle différence y a-t-il entre l’attachement et l’amour ? », que le débat Télérama en vidéo n’a pas permis d’approfondir, la réalisatrice bottant en touche en excipant de ses quelques études de psychologie sans philosophie approfondie. Elle a rappelé qu’on pouvait mettre un troisième terme dans le débat, celui d’ « intimité », qui est le titre du livre adapté. Pour cet aspect du film, spontanément venu à mon esprit lors de la projection - et la réalisatrice a confirmé dans le débat en disant qu’elle était fan et qu’elle s’en était passée à haute dose -, la référence essentielle est la filmographie de Claude Sautet.
Je voudrais juste dire qu’en creux, et c’est à cet aspect du film que pour ma part j’ai été particulièrement sensible, il existe un film latent derrière ce film manifeste, un film de l’exil pas toujours assumé malgré les déclarations des personnages, un film de l’exclusion douloureuse, spécifiquement quand un groupe se réjouit du fait d’être heureux ensemble, et qu’un tiers exclu souffre à l’écart et en silence. On pourrait faire un montage de toutes ces scènes et les proposer à une analyse filmique, qui ne manquerait pas d’être fructueuse à mon avis. Et là, c’est Pascal qui m’est venu spontanément à l’esprit, un Pascal dépourvu de sa dimension transcendante, limité à ces deux fragments complémentaires :
« Nous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables, misérables comme nous, impuissants comme nous ; ils ne nous aideront pas : on mourra seul. »
« Le dernier acte est sanglant quelque belle que soit la comédie en tout le reste. On jette enfin de la terre sur la tête et en voilà pour jamais. »
Quant à la lacune, elle part aussi d’un débat dans le film, au début de la relation entre la femme et l’enfant, lequel remarque d’une manière très appuyée qu’elle vit seule, s’attirant comme réponse qu’elle n’est pas seule, qu’elle est avec ses livres. Objection alors : ce ne sont pas des gens. Pas de réponse immédiate, sauf à convoquer mentalement Montaigne, Borges ou Eco. Mais ce n’est pas un hasard si elle est bibliothécaire (pas écrivaine, précise-t-elle), si elle a tant de livres autour d’elle, et si elle offre des livres en cadeaux personnels. On aura compris que n’avoir jamais parlé du rôle des livres et un de mes petits regrets. D’autant que les dialogues, eux, sont très finement écrits. La réalisatrice a rendu hommage aux scénaristes, elle a bien fait.
Jean-Marie
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Nous y sommes régulièrement invités pour présenter le jour-même de sa projection le film du vendredi soir.
Le film de la semaine est chroniqué (annoncé) par John et/ou Edwige et/ou moi (selon disponibilités) cinq fois dans la journée du vendredi où le film passe.
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