séance avec débat
est également présenté sur RADIO TINTOUIN
cinématographiques vierzonnaises :
https://l.facebook.com/l.php?u=https%3A%2F%2Fwww.radiotintouin.org%2F2021%2F06%2Finterview-de-paula-cristina-carmo-da-silva%2F%3Ffbclid%3DIwAR3vLSxa18bDMblcIltvAzZwjzxQDkx0hgEYwEjuxjz965SqEj2L2i2b8OA&h=AT0evR4m7AXwJDbT9lsLlwTlfUb0R8NU_A-GW3q4VPIJCU8xd4ZVYqJpzWtvHhHEwzo5Ja01eTQTVL3te6VNGMccGkDmiWUBNm-Nfu5W9pH_W-VGEWB08eGnPEXVttoHOqibyMtJy9U9H7v_d_N9&__tn__=-UK-R&c[0]=AT0JDiidqP6bBegHCITSWnxR4u8ifQPRPAQjzhqSftkb5GQpOgZ815aQqP62cxv1vb3wEsWlEtbYBxDULkr9w2SxGS-BPTKgxV39oTdGBDhXnEvdliYmiehTwYXXbUhhjGqjukv8I2ckUswEEdsCXoCyYnr7gE8wRF5jYgdFsa3tVjsVwamMRrZnaDf768zl2h5UyKXn
Bonne écoute.
Jean-Luc
N'hésitez pas à laisser vos commentaires.
Si vous n'y parvenez pas, essayez de débloquer la situation en vous rendant sur cette page:
https://cinegraphe.blogspot.com/2015/03/commentaire-mode-demploi.html#more
Que Sally Hawkins joue le rôle de Philippa Langley, historienne amateur
à la recherche de la tombe de Richard III , dans une comédie anglaise, n'a rien de surprenant . C'est un registre qu'elle connaît bien. Que Stephen Frears, réalisateur, se contente de ce seul registre paraissait a priori plus surprenant. Cependant il n'y a nul besoin de creuser aussi profondément que les archéologues, Frears déterre rapidement des pistes d'exploration qui collent au personnage. Ainsi, il va questionner la propagande, l'écriture de l'histoire et sa ré-écriture possible, le mandarinat des historiens de l' « establishment », ( certes caricatural) le financement de la recherche et le sort de l'université « business » et enfin la place des femmes dans le monde du travail. Certes la propagande est celle des Tudors et la pièce de Shakespeare « Richard III » écrite plus de cent ans après la mort du roi sur le champ de bataille de Bosworth. Que dire du délit de faciès ou plutôt du faciès du délit ? Un portrait de Richard III peint entre 1504 et 1520 a été retouché afin de lui donner des traits plus sévères, traits de criminel peut-être. Cela rend plus plausible encore son supposé crime avec le meurtre de ses deux neveux, prétendants au trône ? Crime dont il n'existe aucune preuve.
Qui oserait suggérer que la propagande existe encore de nos jours ? Stephen Frears assurément.
Les britanniques adorent « l' underdog » celui contre lequel les dés sont pipés, celui qui doit perdre ses batailles mais qui finira par vaincre envers et malgré tout. Deux combats distincts se jouent dans le film, l'un contemporain, l'autre historique. Philippa n'aura pas la promotion qui lui semble promise, remplacée par une rivale plus jeune, plus sexy, plus blonde. Elle vaincra dans
une autre sphère, celle de sa quête de vérité historique . Quant à Richard III,
loin d'être l'usurpateur du trône, il se verra ré-enterré avec les armoiries royales et enfin reconnu roi légitime suite à l'acharnement de Philippa Langley pour retrouver son corps.
Le film expose de manière intéressante le travail des historiens et des archéologues ; j'ai notamment apprécié la superposition des cartes anciennes et modernes et l'explication sur la sanctuarisation à travers les âges de certains espaces urbains qui mène notre chercheuse vers son but. Pour ma part, un petit bémol en ce qui concerne les apparitions du Roi devant Philippa et leurs conversations. Ceci m'a paru un peu lourd et je m'en serais passé, bon nombre de nos spectateurs n'étaient pas d'accord avec moi.
John
Avec humour, Jean-Luc s’est déclaré déçu de n’avoir pas eu la réponse à l’énigme qui le préoccupait : Richard a-t-il oui ou non tué les enfants d’Edouard, les enfants de son frère ? Il s’agit bien sûr des enfants d’Edouard IV, le premier à mettre sur le trône d’Angleterre la rose blanche des York, comme Richard III en sera le dernier. On comptera pour négligeable les deux courts mois de règne d’Edouard V mort à 13 ans à la tour de Londres en compagnie de son frère Richard, âgé lui de 10 ans seulement.
Or aucune promesse de ce genre ne lui avait été faite lors de notre passage à Radio Tintouin, puisque nous savions bien comme tout le monde qu’aucune source fiable ne permettait aux historiens de trancher cette question, et que les bénéficiaires du crime sont aussi bien dans un camp que dans l’autre, aussi bien du côté de Richard que de Richmond (l’imminent Henry VII, Lancastre qui mettra en avant sa filiation Tudor, ayant réconcilié les deux maisons grâce à son mariage avec la fille d’Edouard IV, Elisabeth). D’où la rose Tudor, au motif rouge et blanc, symbole consensuel de la fin de la guerre des deux roses.
La seule réponse que j’attendais du film portait sur ce qu’on entendait exactement par ce terme curieux de réhabilitation appliqué à Richard III. Il y a en effet bien longtemps que les données à son sujet sur les défauts et les qualités de son règne ne font plus débat comme ce put être le cas à l’époque où Shakespeare flattait le grand-père de sa reine aux dépens de « l’usurpateur ». Or le combat moderne, sans être totalement négligeable, reste grandement limité : sans trop divulgâcher, disons qu’un site va être corrigé sur ce point, rien de moins, mais rien de plus non plus.
C’est que le vrai propos est ailleurs.
Corruption par l’argent dans la société britannique.
Comme dans Le Nom de la Rose où le rapport à la vérité est faussé parce que l’abbaye est au moins autant un lieu de pouvoir qu’un lieu de savoir, ici le rapport à la vérité est faussé parce que l’université est devenue un lieu de business au moins autant qu’un lieu de savoir.
Récupération du travail de quelqu’un d’autre en corolaire, puisque ce quelqu’un n’est pas du sérail et en plus est une femme.
Petit bémol cependant : il ne s’agit pas du combat d’une femme seule face à l’institution, puisque l’institution est divisée, et qu’un de ses membres, le plus compétent si ce n’est le plus en vue, sera pour elle un allié décisif. En réalité la gamme entre le tout corrompu et le tout sympathique est pratiquement complète, beaucoup de nuances de corruption ou d’honnêteté, dans des proportions variables, nous étant proposées. Il y a les requins de tempérament et de conviction (le couple odieux et satisfait de l'être). Il y a celles et ceux qui n’agissent qu’avec réticence, contraints et forcés par des nécessités qui les dépassent, ou qui se rachètent a posteriori, en corrigeant autant que possible les torts causés par des actions claires où se révèle leur appartenance au camp du bien. Une fois encore, ce sont les qualités ou les défauts humains que Stephen Frears va s’efforcer de mettre en valeur, en bon moraliste moderne qu’il est.
A propos des humains lestés de qualités humaines, on ne manquera pas d’apprécier, discret mais indispensable, le rôle du mari, toujours prévenant, toujours attentif, toujours solidaire. C’est dans leurs échanges qu’on se trouve d’emblée plongés dans cette atmosphère si cosy des films britanniques, où l’humour plein d’understatements se déploie en toute liberté dans les répliques si fines que les époux échangent, justifiant ainsi l’appartenance du film au genre de la comédie, ce qui ne serait pas si évident quand on aura vécu au final pendant près de deux heures dans l’atmosphère de satire douce-amère qui baigne l’ensemble.
C’est sur un autre point que celui soulevé par Jean-Luc que personnellement je pouvais attendre un débat et une réhabilitation : celui de savoir si Richard à Bosworth voulait un cheval pour se sauver lâchement, pour s’enfuir stratégiquement afin de revenir dans un meilleur rapport de forces, ou pour mieux combattre vaillamment et immédiatement. Après tout, ceux qui ne connaissent rien de ce roi connaissent au moins cette réplique, et son interprétation varie allègrement de la lâcheté la plus lamentable au courage le plus héroïque.
Or la fameuse réplique qui divise ne fut pas l’objet de réflexion, mais simplement d’illustration, avec un Richard III en costume d’apparat monté sur un cheval blanc, plus Henri IV que nature et un peu lourd. L’ellipse de Shakespeare ne permet pas de trancher, aucune place pour le commentaire n’étant faite dans sa pièce entre la réplique et la mort. Ses sources tudoriennes, dénigrant le roi mais respectant la fonction royale, et la connaissance de la vérité historique, au moins sur ce point, d’un roi mort en combattant, ne lui ont pas permis d’aller plus loin que le silence.
Jean-Marie
Sur la question des différentes interprétations de la réplique "Mon royaume pour un cheval" dans la société, on peut se faire une idée en suivant les liens suivants:
https://www.letemps.ch/opinions/chroniques/richard-iii-cherchait-bien-un-cheval
https://www.lematindz.net/news/13473-mon-royaume-pour-un-cheval-de-richard-iii-a-bouteflika.html
https://www.parismatch.com/Actu/International/La-veritable-fin-de-Richard-III-594978
http://vdaucourt.free.fr/Mothisto/Richard3/Richard3.htm
Cliquez sur le lien ou sur l'image.
http://cinelumiere-vierzon.info/
CINE RENCONTRES.
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu.
Auberge de jeunesse
1 place F. Mitterrand
18100 Vierzon
02.48.75.30.62
www.radiotintouin.org
Nous y sommes régulièrement invités pour présenter le jour-même de sa projection le film du vendredi soir.
Le film de la semaine est chroniqué (annoncé) par John et/ou Edwige et/ou moi (selon disponibilités) cinq fois dans la journée du vendredi où le film passe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire