séance avec débat
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cinématographiques vierzonnaises :
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Bonne écoute.
Jean-Luc
N'hésitez pas à laisser vos commentaires.
Si vous n'y parvenez pas, essayez de débloquer la situation en vous rendant sur cette page:
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Je vais me livrer à un exercice inédit ce matin. Habituellement il m'est facile d'écrire une courte note sur un film vu la veille, or cette fois je n'ai pas assisté à la projection. Il est vrai cependant que je l'ai vu deux fois auparavant il y a un an et il y a six mois ; je vais donc faire appel à ma mémoire qui habituellement associe images et sons (musiques et /ou paroles). Si les images restent je serai bien-sûr privé de la bande-son.
Premièrement, je vais saluer les performances de deux femmes, la réalisatrice Maryam Touzani et l'actrice principale Lubna Azabal. La réalisatrice se positionne clairement dans la transgression en évoquant le sujet de l'homosexualité au Maroc, j'en veux pour preuve que le film n'est pas dans la liste des films diffusés actuellement dans ce pays. Il suffit de retenir la procession funéraire et le corps de la femme en caftan bleu, image totalement blasphématoire dans un pays où le suaire est obligatoirement blanc. Quant à Lubna Azabal, elle illumine l'écran, dans un jeu d'une finesse absolue, tout en retenue pour un rôle complexe qui heurte forcément la domination masculine.
Il faut se laisser enrouler dans ce magnifique tissu bleu dès les premières images, se prêter à la sensualité omniprésente du film, jeu facilité par les images magnifiquement filmées qui tissent leur toile ; on se love dans son fauteuil et on se délecte. Ce n'est cependant pas un conte de fées, une tension palpable est constamment sous-jacente à deux égards, la mort imminente de l'héroïne et l'éclosion de l'amour entre les deux hommes, le tailleur et son disciple.
Une des principales forces du film qui conforte le spectateur est son registre presque exclusivement positif, on étale les qualités humaines face aux dilemmes de la vie. Ainsi la sincérité, l'intégrité, le ténacité , la tolérance et l'honnêteté sont largement mises en lumière. Les personnages sont des rocs sur lesquels on peut compter, leurs faiblesses se transformant en forces. Le tout servi par une réalisatrice capable de lire dans le cœurs des hommes et des femmes avec une lucidité déroutante .
Notre public totalement enchanté par le film était rejoint par des personnes de passage à Vierzon qui sont venues nous remercier de leur excellente soirée passée auprès de l'association.
John
J’aime entre autres, dans ce film, sa permanence dans les défis tranquilles, les transgressions calmes, les résistances paisibles. Et derrière cette constance, bien sûr, une constance du courage. Voici un couple où l’absence de désir mutuel est sûrement la cause d’une profonde tendresse et d’un immense respect mutuels. Et probablement, en outre, la raison qui fait de cette femme, en position atypique dans cette société, un être aussi libre et à l’esprit toujours spontanément frondeur.
La résistance est aussi dans le métier, le tisseur à l’ancienne, qui crée des habits de grande qualité qui peuvent se transmettre de génération en génération, refuse la modernité mécanique, moins belle et moins durable. Et cela prend du temps, un temps long nécessaire à la création, un temps qui entre tragiquement en opposition avec le peu de temps que la maladie va laisser à l’épouse. Le ton était donné au début : "Oui, je travaille vite (fissa !)", avait déclaré le nouvel assistant. Personne bien sûr, ni dans la salle ni dans le film, ne savait alors l’importance de cette remarque a priori banale.
Le regard de la réalisatrice, regard de femme donc, sur des corps d’hommes sensuellement filmés, entre en parfaite résonance pertinente avec le regard interne à l’intrigue, où le point de vue est celui d’un homme sur un autre.
Chaque plan est chargé d’une "sainteté laïque" que n’aurait pas renié un Albert Camus, en contraste avec la fausse religiosité plus dogmatique, plus conformiste mais moins sincère, de l’environnement proche, auquel on ne peut échapper, tant les voisins, les commerces et leurs bruits, leurs regards et leurs remarques, sont proches. Les spectateurs ne boudent pas leur plaisir quand cette contrainte est récupérée positivement: sur la musique envahissante du coiffeur, le trio danse, les deux hommes restent les plus visibles, joie devant l’écœurement manifesté par la voisine devant ce qu’elle perçoit comme une décadence insupportable.
Problématique, l’homosexualité ? Mais : « Je ne connais pas d’homme aussi pur et aussi noble que toi. Je suis fière d’avoir été ta femme. » La leçon définitive viendra un peu plus tard : « N’aie pas peur d’aimer. » Le mari le dit explicitement: après son enfance sans amour, l’amour de sa femme l’a fait naître réellement à la vie. On pense à Aragon et Elsa (notre future sortie associative !) : « Ma vie en vérité commence / Le jour où je t'ai rencontrée (…) /Je suis né vraiment de ta lèvre / Ma vie est à partir de toi. » (« Elsa », Le roman inachevé).
La scène la plus émouvante suivra l'expression du remords de l’héroïne devant le seul élément d’impureté qu’elle pourrait avoir à se reprocher au moment de mourir : le « satin rose » (en français) qui était perdu, qui fut retrouvé après qu’elle l’eut cru volé. Remarquable jeu d’acteur de l'homme qui fut faussement mis en cause, à ce moment comme partout dans le film, admirable de discrétion digne et empathique.
Les séquences de défis assumés sont parmi les plus belles et les plus mémorables. Au café, avec l’hérésie de la célébration du but adverse dans un milieu machiste, et dans la rue, lors du portage du corps. Un court instant, j’ai cru à un effet collectif à la Sierra de Terruel malrucienne, mais non, c’eût été se compromettre avec une happy end artificielle. La foule n’est pas prise de remords, elle n’est pas touchée par la grâce de la solidarité, et les deux hommes restent seuls. Et seule cette petite société, ce ménage à trois à la Jules et Jim (avec une variante homosexuelle), reste ouverte à ceux qui ne sont pas comme eux. Une remarque de détail, entre bien d’autres comportements, le montre, quand on rappelle que celui qui était le meilleur dans ce domaine, c’était le vieux tailleur juif maintenant décédé.
Même la tension sociale est montrée sans qu’il se produise autre chose qu’un léger défoulement interne sous forme de plaisanteries échangées, quand, par exemple, les clientes insupportables d’exigences, qui se considèrent comme l’élite locale, font assaut de remarques odieuses au comptoir. Plus dangereuse encore, la présence policière qui procède à un contrôle lourd de menaces latentes. Mais là encore, la réalisatrice veille sur son héroïne et choisit de la sauver, parce qu’elle le vaut bien.
Jean-Marie
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