séance avec débat
est également présenté sur RADIO TINTOUIN
cinématographiques vierzonnaises :
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Bonne écoute.
Jean-Luc
Le cinéphile qui aime le surnaturel, la magie et un cinéma qui permet l’évasion totale a passé un excellent moment devant ce premier film ambitieux de Nathalie Alvarez Mesén présenté à Cannes en 2021. Film dans lequel un mélange de christianisme omniprésent et l’animisme habitent et écrasent Clara. Clara née infirme, don de Dieu, venue au monde comme elle le quittera en portant son fardeau tout comme sa mère, chacune sa croix. L’héroïne qui sera rejetée par sa communauté et restera seule « sola » communiquant davantage avec la nature luxuriante qui l’entoure, qui l’enveloppe, qu’avec les hommes. Développant un sixième sens qui lui permet de « parler » à sa magnifique jument blanche, de s’incruster littéralement dans la terre, d’entendre le bruissement des insectes et les grondements telluriques de sa terre natale.
Clara est avant tout une femme et c’est la découverte des plaisirs sexuels de sa nièce, Maria, observés par Clara, qui viendra exacerber son propre besoin de vie charnelle. Adepte de masturbation, fortement fustigée par sa mère qui menace de la priver de télé, elle est attirée par Santiago, le copain de Maria. Santiago, pour une fois un homme gentil dans un film ouvertement féministe.
On assistera aux baptêmes multiples de Clara. Baptême dans l’eau et la naissance du rire , baptême du feu et sa renaissance dans une vie nouvelle qui conduira inéluctablement vers la mort. On assiste dans le dernière scène du film à sa descente vers la rivière et sa noyade probable et pourtant on entend le bruit des vagues de la mer. Toute rivière mène à l’océan, toute vie mène à la mort, mais l’apparition du cheval blanc qui avait disparu supposé mort laisse l’espoir de résurrection chère aux chrétiens. Résurrection, mortification de la chair, sublimation du corps et contes pour enfants, d’intéressants ingrédients pour un film poétique que j’ai aimé.
John
bonsoir à tous (même à ceux qui ont raté quelque chose ce soir : les absents !)
Ce qui suit est mon humble avis et n'engage que moi, vous l'avez bien sûr compris.Merci pour votre indulgence.
C'est un film magnifique et remarquable en celà qu'il rassemble les deux caractéristiques majeures d'un bon film :
un scénario original
une réalisation dont la qualité première est de permettre au spectateur de "lire" aisément l'histoire;;;
Pour cela le plan rapproché fut un bon choix, car il permet de comprendre parfaitement les sentiments exprimés
sans paroles par les expressions corporelles des personnages( surtout l'actrice principale)...
Une expression du visage ,un geste des mains,des doigts pour caresser une bestiole,ou petrire une motte de terre,
un brin d'herbe !...tout est d'une justesse chirurgicale (cliché, je sais !)
Après cet intermède ô combien ennuyeux (je lis dans vos pensées) mais nécessaire, il faut dire que le film
traite d'un sujet vieux comme l'histoire de la société humaine et qui se retrouve dans toutes les civilisations :
Le marginal (l'a -normal ), celui qui" n'est pas comme les autres "
Il n'existe pas de sociètés sans "marginaux" , c'est à dire qui vivent hors "normes". Sous cette étiquette, il y'a
ceux qui comme Clara ,à cause certainement de son handicape est perçue comme différente par sa communauté.
Suivant les civilisations, les cultures, on traite différemment les "a-normaux"...On les isole et ils meurent, on les enferme ou
on les tue...Mais dans d'autres, on leur donne un statut et à la charge de leur famille car l'idéologie religieuse l'exige...
Ce qui est certainement le cas de Clara dont la mère exploite cet handicape car ,de tout temps on a considéré qu'un individu
"hors-norme" ( le fou, l'insensé......le poête, l'enfant...) dois posséder des pouvoirs que le commun mortel n'a pas...
Hors Clara n'a jamais prétendu avoir ces pouvoirs.Elle est le sujet objet que la mère manipule à guise.Clara ne fait que répéter
ce que sa mère lui dit et joue le rôle qu'on lui donne dans une mise en scène toujours identique....
Hors Clara n'est pas dénuée de raison.Elle est intelligente et son extrême sensibilité qui lui fait aimer la nature ,toute faune et flore.
Cet amour c'est sa raison de vivre...
Elle a un don d'observation si fort qu'elle perçoit l'évènement avant qu'il se produise :
"Pourquoi as tu mis te bottes?
-Il va pleuvoir !...
Mais elle est humaine.C'est une femme.Elle a des envies des besoins .Une sexualité qu'on lui refuse de vivre.
Même le besoin naturel de la masturbation lui est refusé .
Et le paradoxe de cette communauté vient de ce que tous ses membres ont , vis à vis d'elle,un comportement
humain, chaleureux...Jamais aucune violence physique à son encontre....On s'adresse à elle sur le ton qu'on
prend quand on s'adresse à un enfant .
Mais on lui refuse d'être comme les autres : la robe qu'elle voudrait (pour être comme ses soeurs) le maquillage
dont se moque gentillement,danser...Et être embrassée !...Le "gentil" Santiago, dans sa stupide normalité lui a refusé
l'aumône d'un baiser après son premier coup de folie : voler la robe à sa soeur, parcourir des kilomètres pour espérer
être serrée par les bras de cet homme...Il a semblé être sensible à cet amour en vain...
Le deuxième coup de folie fut l'annonce de la mort de la jument...
Il y'eut cette fête dont la vanité frise le ridicule (mais qui permet au spectateur attentif de remarquer les ravages de la
télévision et des series américaines chez les sociétés les plus isolées).Le plan rapproché nous permet de vivre,a travers
les expressions du visage,ses regards ,tous ses sentiments :ennui, désespoir de ne pas être physiquement comme les autres,
et révolte après l'annonce ( volontaire ?) de la mort de la jument !...Tout casser : n'importe quel individu "normal" dans cette
situation aurait commis le même acte : on dit communément avec indulgence :"il a pété un plomb !...
Mais pour Clara, " elle est folle !..." dit un personnage...
La rivière est tout naturellement sa destination :elle se purifia, réussi le miracle qu'on lui refusa "pour vivre normalement"
à redresser son dos et revit une dernière fois sa jument sur l'autre berge....Le plan final de ses vêtements restés sur la
berge me rassura : elle est bien mieux dans cette eau limpide.
That's all folks !!!!
Loucif
Possiblement écartelé entre ma rationalité des Lumières et ma rêverie volontiers embarquée vers le fantastique et le surréalisme d'un Bunuel, je m'inquiétais a priori de cette proposition orientée vers la bondieuserie superstitieuse du film, même agrémentée des merveilleux paysages de la Côte Riche (Costa Rica).
Puis le film rassure, et même enchante, quand on constate que ce n'est pas la soumission qui est célébrée, mais au contraire la liberté. Je me suis même surpris à défendre la mère cupide, aliénante, et je dirais même castratrice s'il ne s'agissait de brimer sa fille, cette Clara sola vouée à la spécificité d'être seule, la malédiction du Moïse de Vigny ("puissant et solitaire") étant difficilement compensée par la pratique obsessionnelle des plaisirs solitaires. L'excuse (qui n'est évidemment en rien une approbation): cette aliénante est elle-même une aliénée, cette nuisible est persuadée de bien faire, de faire le bien de tous en faisant le sien comme celui de sa fille. Il faut croire en la sincérité de cette malfaisante religieuse.
Je vais tout de suite aux deux séquences qui m'auraient à coup sûr sorti de ma torpeur si d'aventure je m'étais laissé aller à somnoler devant les passages à la lenteur la plus appuyée, sous prétexte de nous inviter à meubler, par notre imagination, le vide du regard de l'héroïne. D'abord le tremblement de terre salvateur, qui secoue très bien en effet, et surtout le feu purificateur, qui fait fondre littéralement la statue de Vierge: la tension entre les regards qui se manifeste à ce moment-là (un défi digne du Don Juan de Molière!) est probablement ce que je retiendrai de ce film dans dix ans. Pas seulement: la jument blanche est une des actrices les plus fascinantes du film. Elle m'a fait voyager dans une correspondance qui n'est pas sans motivation du Costa Rica à la Polynésie. J'étais littéralement avec Gauguin, et subséquemment aussi avec Brel.
[Je mets ci-dessous en complément un extrait de ma thèse sur Brel].
J'avais terminé ma note sur le film précédent (Frère et soeur) en le qualifiant de pathétique au sens péjoratif. Ici, on est passé du pathétique des bobo au pathétique des pauvres, et bien sûr ça change tout.
Le cheval, on l’a dit,
fait la fierté du militaire; il mène tout droit au far west; il est de tous les
voyages vers la liberté; il n’est pas étonnant qu’on le retrouve, plus pur et
plus idéal que jamais, dans le tableau impressionniste des Marquises (9, 1977):
La pluie est traversière elle bat de grain en grain
Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin
On aura
la curiosité de se reporter aux toiles du deuxième séjour tahitien du peintre,
celui du Cheval blanc, justement, et
aussi de D’où venons-nous?..., de Nevermore.
La majesté
de ce nu, l’ampleur de ses grandes compositions, la splendeur étouffante des
paysages peints à cette époque, comme Le
Cheval blanc, répondent en peinture à ce qu’il exprimait en même temps dans ses lettres avec un
véritable talent littéraire marqué par ses contemporains symbolistes:
“ Ici, près de ma case, en plein silence, je rêve à des harmonies
violentes dont les parfums naturels me grisent. Délice relevé de je ne sais
quelle horreur sacrée que je devine dans le présent. Figures animales d’une
rigidité statuaire: je ne sais quoi d’ancien, d’auguste, de religieux dans le
rythme de leur geste, dans leur immobilité rare. ” Et encore: “ J’ai
la sensation de la marche dolente de mes espérances... ” (à Fontainas,
mars 1899).[1]
Est-ce la verdeur cadavérique de ce prétendu “ cheval blanc ” qui a fait reculer d’horreur le commanditaire du tableau, et l’a poussé, méprisant, à le refuser? Cet acte de bêtise est le fait, parfaitement attesté, d’un pharmacien de Papeete; nous n’inventons nullement ce détail pour faire “ plus brélien ”, Brel lui-même s’alignant sans doute, en utilisant cette profession dans Rosa (5, 1962), sur le type littéraire flaubertien d’Homais. Quoi qu’il en soit, indifférents à ces médiocrités humaines, vieux sages métaphysiciens, entre vie et mort, entre nature solaire d’ici-bas et paysage ombreux de l’au-delà, ces chevaux mystérieux qui arpentent les rivages marins pouvaient fasciner le chanteur cancéreux, comme ils ont hanté le peintre cardiaque et syphilitique. On les retrouve, blancs ou noirs, dans Les cavaliers sur la plage, ou dans Les cavaliers (Le Gué), qui reprend sans doute un thème emprunté à une gravure de Dürer, le Chevalier, la Mort et le Diable, dont Gauguin avait collé une reproduction au dos de son manuscrit Avant et Après.[2]
Le cheval
emblématique, qui participe à la fois de l’esprit - de l’ange - et de l’animalité - de
la bête -, dont l’image évoque, avec une facilité égale, l’orgueil ou
l’humilité, est véritablement un frère en condition de l’être humain. Il est le
Pégase d’où naît toute poésie:
C’était le grand cheval de gloire,
Né de la mer comme Astarté,
A qui l’aurore donne à boire
Dans les urnes de la clarté;
[...]
Tout génie, élevant sa coupe,
Dressant sa torche, au fond des cieux,
Superbe, a passé sur la croupe
De ce monstre mystérieux.
Les poètes et les prophètes,
Ô terre, tu les reconnais
Aux brûlures que leur ont faites
Les étoiles de son harnais.[3]
[1].
Françoise Cachin, Gauguin “ Ce
malgré moi de sauvage ”, Découvertes Gallimard,1993, p. 116.
[2].
Ibid., p. 121. Le commentaire se poursuit ainsi: “ Faut-il identifier le
premier cavalier encapuchonné de rose comme un tupapau? En tout cas, la scène est mystérieuse et superbe, avec le
sombre paysage de gué devant un rideau de branches qui laisse apparaître une
mer et une plage éclatantes. ”
[3].
Victor Hugo, Les Chansons des rues et des
bois, “ Le cheval ”, op. cit., p. 3.
http://tahitienfrance.free.fr/tradition/tupapau.htm
Tupapa’u – Revenant
Les tupapa’u, (fantômes,) sont des personnages haut en couleur de la mythologie polynésienne. De nombreuses histoires d’apparitions de tupapa’u, d’esprits de personnes décédées se rencontrent dans toutes les îles :
A Huahine, il y a des hommes oiseaux, à Hao un bateau fantôme qui annonce la mort d’un habitant de l’île… A Arue il se raconte qu'un demi-dieu protecteur, Tuatahi, se manifeste aux yeux des mortels sous la forme d'un animal ou d'une lueur bleutée.
Jean-Marie
+ FILMS DEMANDES
(Jean-Marie)
Les filles du soleil
« Bonjour, du 22 au 30/10 j'ai appris qu'il y avait le festival de la Palette du Monde à Vierzon (je connais un peu le président !) , on pourrait cumuler expo d'un artiste kurde et ciné débat ???? Laurent Ziegelmeyer »
(pour après les vacances)
(Edwige)
Un film soutenu par France Culture
MIZRAHIM, LES OUBLIÉS DE LA TERRE PROMISE
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=294914.html
et un film dont j'ai lu un petit article sur l'humanité.
LE PRINCE, de Lisa Bierwirth, un film allemand.
(John)
Suite à THE DUKE le 23 juin je rajoute quelques possibilités. On a le choix. Je vais passer une bonne partie des mois de juillet et août à Vierzon et je veux bien continuer les séances du jeudi soir si possible.
L’ECOLE DU BOUT DU MONDE
LES PASSAGERS DE LA NUIT. ( s’il n‘est pas encore passé à Vierzon)
FUIS MOI JE TE SUIS
LIMBO
SAIS-TU POURQUOI JE SAUTE ?
L’HYPOTHESE DEMOCRATIQUE
Cliquez sur le lien ou sur l'image.
http://cinelumiere-vierzon.info/
CINE RENCONTRES.
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu.
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