dimanche 22 avril 2018

PAUSE CRITIQUE AVRIL 18

avec Francis de Laveleye
(producteur et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles)
















Photo : il est venu à Vierzon, avec sa femme France Brel :

(Un grand merci pour nous avoir donné l'autorisation de diffuser ses critiques sur notre blog.)



FILMS AVRIL


477

The Rider de Chloé Zhao

Le cheval revient au grand galop ! (475) Hostiles de Scott Cooper (473) Lean on Pete de Andrew Haigh

(442) L’Échange des princesses de Marc Dugain et il y a plus longtemps, (16) Jappeloup.

Dans ce film, ce ne sont pas tant les chevaux qui sont le sujet, que ceux qui s'en occupent ; de mille manières. Mais en rodéo particulièrement. Pour bien " distancier " cette activité, elle n'est montrée qu'au travers d'images filmées en amateur lors de ces étranges divertissements où les cavaliers risquent leur vie pour quelques secondes en selle. Le film leur est dédié. C'est un film à double lecture : celle de la convalescence du personnage central, blessé lors d'une chute de cheval, celle plus diffuse mais non moins essentielle, de la problématique du risque assumé, au prix de sa santé, dans toute activité humaine.
Le film commence de façon un peu lente, les découvertes des ressors dramatiques, des antagonismes, se font très progressivement ce qui laisse à la réalisatrice le temps d'entrer dans la complexité du destin de chacun. Dans la famille que nous suivons, les 3 enfants du veuf ont en effet, des destins très forts. Les paysages dans des lumières superbes, des moments de vies frustes et des sentiments singuliers qui animent les personnages font de cette balade équestre un rare moment d'approche de réalités qui nous sont totalement étrangères. En selle.

478

Ready Player One de Steven Spielberg

Crétinissime et flamboyant. Lorsque, comme moi, l'on n'a que des préjugés sur les jeux vidéo sans jamais en avoir pratiqué, l'idée d'y être initié par l'un des maîtres absolus du cinématographe, c'est tentant. Et l'on n'est pas déçu. Tout est somptueux, et la séquence de début, en 2045, est en soi, un morceau de bravoure. Ensuite s'installe un peu laborieusement les (en)jeux de l'intrigue : une recherche au trésor. Les bons, les mauvais, les savants fous, la jolie héroïne, une multiculturalité de bon aloi blancs, noirs, jaunes, rouges... Et de nombreux aller-retour entre un monde " réel " et un monde de synthèse.

Ce qui amuse c'est le nombre considérable de citations cinématographiques qui parcourent le récit. King Kong lui-même revient, les portes sanglantes de l'ascenseur rappellent de bons souvenirs, Alien rejaillit avec ferveur, et je laisse aux cinéphiles le soin de compléter la liste longues de ces clins d'yeux amusants. Le rythme de l'action et du montage, la luxuriance des effets spéciaux, la musique tonitruante, font de ce spectacle un sommet qui restera sans doute longtemps insurpassable. Il faut admettre qu'après la vision d'un tel film on est, comme une éponge, gorgé d'images qui vous sortent des yeux. Les techniques mises en œuvre, le talent de la direction artistique, la vigueur du récit imposent le respect. Même si l'on n'est pas prêt à jouer ce type de jeux.


479

Der Hauptmann de Robert Schwentke

Les Bienveillantes, en version film. Terrible. Ce genre de film n'est pas pour toutes les sensibilités mais devrait être montré à tous les nostalgiques du IIIe Reich, aux révisionnistes, à tous les soutiens de Assad, des Serbes, des Tutsis, et génocidaires de tous poils.

Le film semble être le récit d'une histoire vraie, celle qui prend naissance en avril 1945, dans la boue d'une Allemagne qui sort de son dernier hiver de guerre, exténuée, en proie aux désertions, aux pires exactions et à l'arbitraire de soldats formés par le régime abject qui s'effondre. Point n'est besoin d'évoquer ici les scènes terribles qui nous sont montrées, longuement, lourdement, mais utilement pour prendre la juste mesure de la barbarie. Le noir et blanc accentuent encore le côté " vrai " du récit.

Le film est excellemment interprété, mis en scène avec un recours systématique aux focales courtes qui nous mettent " sous le nez " la face immonde des bourreaux sanguinaires. Le récit titube de mini événements, en scène de décadence et d'horreur, sans jamais s'embourber. Mais il révèle des situations et des comportements que l'on croyait à jamais impossible et dont, hélas l'histoire la plus contemporaine montre que nous n'en sommes pas débarrassés, tels Orban, Bastion social, Ligues, CasaPound, Groupe Union Défense, et autres activistes de l'ultra droite, comme si l'histoire n'apprenait rien. Donc à voir, pour savoir. Et prévoir.


480

Lady Bird de Greta Gerwig

Une très jolie réussite, sans prétention, qui plaira à un large public que l'adolescence un peu hystérique n'agace pas trop. La famille à 4, mais pas banale. Les tempéraments de la mère et de la fille sont la source de mille petites aventures qui font la trame du film. Je n'ose écrire " l'histoire " parce que nous sommes en plein clichés, les situations qui se succèdent sont peu originales, prévisibles. Mais c'est très amusant, admirablement interprété et même si c'est un peu " bavard " le spectateur ne s'ennuie jamais, tantôt touché par le désarrois de la mère, tantôt en sympathie avec la fille souvent hilarante, parfois ému par le père ou amusé par le fils et sa copine.

Bref une excellente soirée de cinoche pour tous âges et tous tempéraments. La grande maîtrise des nombreuses scènes de groupe est particulièrement remarquable, et la description des milieux catholiques américains, digne d'un reportage, même s'il est outrancier pour faire rire. Et ne ratez pas la fin, elle sent la guimauve.



481

Bitter Flower de Olivier Meys

Film profondément touchant, mené avec un immense tact malgré le sujet difficile. De Chine viennent à Paris de jeunes épouses espérant y faire fortune en peu de temps comme le prétendent de véritables marchands d'esclaves.
Pour survivre, ces jeunes chinoises endettées par le voyage, s’initient mutuellement à la prostitution.

Nous découvrons donc, en début puis en fin de film le quotidien de la vie provinciale de la petite bourgeoisie chinoise. Déjà le film mérite pour cela le plus grand intérêt. Puis la description terrible de l'esclavage en plein Paris est une immense question qui ne peut laisser indifférent.
Qu'est-ce que le tax shelter belge vient faire là dedans me demanderez-vous... Sans doute ce film n'aurait-il pu exister sans cela, soit. Et beaucoup de " belges " y ont collaboré. Le réalisateur, comme la production, sont belges et Meys a donné à voir des films sur la Chine qu'il semble bien connaître.
Le talent d'Olivier Meys s'exprime, entre autre, par le choix très déterminé des cadrages serrés. Rarement plus que des plans " buste " certes parce que les lieux sont confinés, mais surtout pour mettre en quelque sorte, les protagonistes " en cage ". C'est fait avec finesse et même pour les plans extérieurs, le choix des focales longues contribue à isoler les comédiennes.

Car c'est un film montrant la condition féminine la plus sordide qui puisse être. Le retour en Chine réserve son lot d'épreuves mais laisse espérer aussi que la vie gagnera sur le plus sordide destin qui puisse se concevoir.

Le film est " porté " par l'actrice Lizhe Fan, absolument parfaite, elle est de tous les plans et ne perd jamais cette intériorité qui la rend fascinante. La comparaison vient à l'esprit avec Charlotte Rampling, vue il y a peu dans Hannah.
De sacrées comédiennes sur qui l'on peut bâtir des œuvres difficiles et intéressantes.

482

La Ch'tite Famille de Dany Boon

Un pensum alimentaire. Les Chtis ont été une surprise, un triomphe d'humour populaire et bon enfant, et un succès record au box office. Ici, l'on réchauffe les restes. Et il en est d'excellents. L'idée d'abord, le concept : la juxtaposition de deux styles diamétralement opposés de vie. Avec Dany Boon comme seul lien entre elles. Mais le traitement scénaristique est bricolé, très inégal. Il y a des scènes réussies, des longueurs, des dialogues percutants, d'autres verbeux, répétitifs. Bref, " peut mieux faire " même si, par exemple, la description du snobisme artistique parisien est un pur régal.

Dans le casting, Laurence Arné surpasse tout le monde par son charme et sa grâce, son talent. Les autres se donnent beaucoup de mal et Pierre Richard s'amuse manifestement. Regardez le film, générique de fin compris : consciente qu'il faut consoler un peu son public, la production n'a pas attendu de mettre les prises " ratés " mais très drôles, à la disposition d'un public qui s'en était régalé sur internet pour le premier Chti.

Lorsqu'il pleuvra dehors, que les enfants seront sur leurs tablettes et jeux vidéo, que vous aurez de la couture à faire et des courriels en retard, ne coupez pas la télé, ce film vous sera une très sympathique compagnie pour votre p'tite famille.



483

Carnivores de Jérémie et Yannick Renier

Mérite d'être dévoré à pleines dents. Voilà un film sans effet, sans tape à l’œil qui nous fait suivre les destins parallèles de deux sœurs. Dans le milieu du cinéma. Elles sont belles et talentueuses, mais Samia, la cadette, " marche " mieux. Mariée, mère, il semble que tout lui réussisse. Et bien entendu c'est le renversement progressif des choses qui est montré de très subtile façon, avec un nombre d'histoires " fausses pistes " qui pimentent de manière amusante, originale, intrigante le " destin " qui va jouer un rôle donnant à ce film léger en apparence, l'étoffe discrète d'une tragédie antique. La maitrise de l'image, tant photographique avec ces contre-jours et ses claire-obscures très marqués que par les cadres allongés, marquant nettement les territoires, les espaces, les enfermements, tout cela concoure à " cadrer " le récit. Les mouvements d'appareil sont à eux seuls, des montées d'angoisse. La musique subtilement utilisée accompagne les tensions et les émotions du scénario.

Les comédiens sont tous intéressants, (peut-être pas le mari...) une particulière attention à l'acteur qui est metteur en scène et qui va exprimer quelque chose de grave : il revendique le mépris des gens dont il s'empare de l'histoire au motif qu'un créateur " à le droit " de se nourrir de la douleur des autres, pour l'interroger, la sublimer et je ne sais quoi encore. Nous voilà exactement face à Lafosse, le carnivore de A perdre la raison. 

Je ne peux profiter de ce billet d'humeur sans exprimer mon agacement exaspéré à l'écoute de Monsieur Hugues Dayer qui pérore avec fatuité sur la 1ère, dédaigneux et méprisant comme trop souvent à son habitue. On se fiche complètement de son avis personnel, ce qui peut intéresser c'est le film, pas ses états d'âme. Lisez ce qu'il disait de Carnivore. Après avoir fait étalage de sa culture, il décrète : " un film ambitieux mais les deux frères n'ont pas les moyens de leur ambition car le film hélas enchaîne pas mal de poncifs dramatiques. Tirer son épingle du jeu ça ne signifie pas rendre le film prioritaire et très recommandable. Je pense que Yannick et Jérémie vont retourner devant la caméra où ils expriment tout leur talent. "

Comment être plus méprisant, condescendant et parfaitement injuste. Ce critique devrait être définitivement réduit au silence. Non pas qu'il ne puisse pas dire ce qu'il pense, mais le faire de là où il peut tellement nuire de façon si subjective au travail des autres, c'en est insupportable.

Passez à table, allez voir Carnivore avant que de telles critiques ne le dévorent et le rejette hors des écrans.



































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Berry républicain 2 décembre 2017



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