2ème séance avec débat
PETIT PAYSAN
Film français de Hubert Charuel avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau,
Bouli Lanners . (1h30)
Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes.
Bouli Lanners . (1h30)
Présenté à la Semaine de la Critique à Cannes.
Agriculteurs, élevage, vaches, épidémies,...
IRMA LA DOUCE , LA VACHE FOLLE ET LES GRILLONS fabliau de notre temps
Sommes-nous responsables ?
Le débat après la projection était grandement facilité par la présence dans la salle de deux paysans « au sens noble ». Un ancien éleveur de vaches laitières et un exploitant en polyculture et élevage converti en « bio ». Nos deux experts ont largement contribué à créer un échange riche et parfaitement documenté corrigeant au passage un certain nombre d'incohérences dans le film.
Comme c'est souvent le cas tout semble relever du bon sens. Non un animal n'est pas un minerai, matière première à exploiter /transformer dans un processus industriel avec pour seul but une productivité maximale au moindre coût. Oui le paysan connaît et aime ses bêtes comme le héros du film. Oui dans le mot paysan on trouve le mot pays et on évoque cette proximité entre un producteur, une terre et un consommateur, c'est une affaire d'échelle. Non une vache n'est pas carnivore et la vache folle est la victime de l'appât du gain de l'homme.
Oui et non, autant nous pouvons prendre clairement position sur certaines questions, autant on quitte la salle avec une foule d'interrogations en tête. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour des produits de qualité ? Quels circuits de production et de distrIbution favorisons-nous ? Quels aliments pour quelle santé et à quel coût pour la terre nourricière ?
En élargissant le débat il est légitime de constater que les « herd-books » français se portent bien et que la filière bovine a de beaux jours devant elle. Cependant 10 milliards d'individus ne peuvent pas tous manger comme des Américains. Alors les grillons ?
JOHN
En complément du billet de John, en clin d’œil au film de Carol Reed, je mentionnerai aussi le troisième homme. C’est quelqu’un qui a déjà participé à nos débats et qui a apporté comme auparavant des expertises précises et scientifiques, sur lesquelles nos professionnels de l’agriculture ont eu tout loisir de rebondir.
Et même il faudrait mentionner un noyau dur de cinq personnes, puisque les paysans mentionnés étaient venus en couple, de Poulaine dans l'Indre pour les uns et de Massay dans le Cher pour les autres, et que les femmes ont eu des choses à dire, et les ont très clairement exprimées.
Décidément on n’arrête pas de découvrir des aspects encore inconnus des personnes que l’on côtoie depuis longtemps. Je pense particulièrement à Jean-Luc, lequel, avant de piloter d’une main de maître le matériel de Radio Tintouin, a donc été agriculteur, et en effet il en connaissait un rayon sur le sujet. Et puis on a découvert un John évoluant comme un poisson dans l’eau au milieu des statistiques agricoles, tant de consommation que de production.
Observant la plupart du temps nos intervenants aussi informés que passionnés, tous les deux nous n’avions que peu de chose à faire, sinon de boire du petit lait dans ce qui restera comme une soirée mémorable, la deuxième finalement en deux séances. Et s’il est bien vrai que nous passions d’un univers à l’autre, car a priori peu de chose en commun à attendre entre les manifs d’Act Up et le monde agricole, il n’en reste pas moins que la maladie restait, dans les deux cas, le moteur essentiel de la tragédie.
L’un des plus beaux éloges des paysans que je connaisse, on le trouve à la Renaissance dans Les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné.
Ce ne sont pas les grands, mais les simples paysans,
Que la terre connaît pour enfants complaisants
La terre n’aime pas le sang ni les ordures :
Il ne sort des tyrans et de leurs mains impures
Qu’ordures ni que sang : les aimés laboureurs
Ouvragent son beau sein de si belles couleurs,
Font courir les ruisseaux dedans les vertes prées
Par les sauvages fleurs en émail diaprées :
Ou par ordre et compas les jardins azurés
Montrent au ciel riant leurs carreaux mesurés :
Les parterres tondus et les droites allées :
Des droiturières mains au cordeau sont réglées :
Ils sont peintres brodeurs et puis leurs grands tapis
Noircissent de raisins et jaunissent d’épis.
Et pour ceux qui seraient soucieux de justifier une éventuelle faute d'orthographe, rappelons qu'à cette époque on rencontrait couramment la forme "paysant", et même le féminin "paysante". "Simple paysante" se rencontre dans les poème d'Antoine de Baïf, et le mot se lit aussi dans l'Heptaméron de Marguerite de Navarre. Evidemment, maintenant, il vaut mieux utiliser "paysanne"...
A l'opposé, et à l'époque antérieure de Jean de Berry, on pensera à la vision grossière et méprisante du duc dans ses Très riches heures, dans lesquelles on trouve de magnifiques gravures, bizarrement souvent utilisées pour magnifier les travaux des champs. Et qu'on reconnaisse notre château de Mehun-sur-Yèvre dans La Tentation du Christ ou la façade de la cathédrale de Bourges dans La Présentation de la Vierge au Temple ne change rien à l'affaire.
LES PAYSANS
Corvée
de bois en février
Labours
et travaux de la vigne en mars devant le château de Lusignan en Poitou
Fenaisons
en juin devant le palais de la Cité et la Sainte Chapelle
Moisson
et tonte des moutons en juillet devant le château de Poitiers
Vendanges
en septembre devant le château de Saumur
Scène
de semailles en octobre devant le Louvre
Glandée
des porcs en novembre
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