lundi 19 septembre 2016

TONI ERDMANN

Deuxième séance avec débat









TONI ERDMANN

Film allemand de Maren Ade avec Peter Simonischek. (2015 - vost - 2h40)




VENDREDI 16 SEPTEMBRE (CINE DEBAT)
20H00

comique, émouvant, relation père-fille, déclassement social, la vie et le travail, ...
Un possible renouveau de la comédie allemande, peut-être aussi un film qui fait du bien.


      J'écris plus facilement quand j'ai des choses positives à dire et je serai en mesure de produire un vrai livret sur ce film qui m'a t
otalement séduit. C'est une symphonie polyphonique qui explore une vaste gamme d'émotions humaines allant de la joie frivole et conviviale à une profonde tristesse existentielle et solitaire. Le film se pose solidement sur deux personnages, le premier Toni « seulement le père » et sa fille Inès « étymologie  AGNEAU/PURETE/CHASTETE ». Le père ERD MANN « homme de terre » solidement ancré dans le sol et la réalité de la vie et de la mort qui est confrontée à plusieurs reprises dans le film (la mort de Willy le chien et de la mère de Toni) la fille vivant dans un monde « délocalisé » monde de la finance, de l'apparence et du vide affectif (scène affligeante de relation sexuelle qui ne peut aucunement aboutir à une nouvelle vie). C'est le combat du père pour sauver sa fille « aux pieds d'argile » qui nous est dévoilé. Père, coach de vie, faussement naïf, vraiment aimant qui largue tout pour secourir Inès. Que de scènes inoubliables, tantôt drôles, tantôt pathétiques ou dérangeants.
   Toni, sauvera-t-il sa fille habillé de sa tenue bulgare de chasseurs de démons ? On voudrait le croire.
La terre « ERD » terre où Inès contribue à l'extraction de ses viscères pétrolifères et mortifères, survivra-t-elle ? On doit le croire. La fille  peut tuer le père ?

 Finalement c'est peut-être cela qui m'enchante, il s'agit simplement d'un conte sur la vie et la mort et finalement le message se résume à « CARPE MOMENTUM » c'est là un vrai défi.

John







L’entrée dans le film par le titre est en effet particulièrement pertinente, et l’expertise d’Hugues Dallois à la Fête des Associations nous a sur ce point été d’un grand secours. Même si le père passe (volontairement) pour un plouc aux yeux du « beau monde » qu’il méprise, ce n’est pas le paysan que dépeint le mot inventé par la réalisatrice (le mot Erdmann n’existe pas en allemand où paysan se dit Bauer), il est le père – monde, le père qui a les pieds sur terre quand sa fille évolue dans un virtuel délétère.

Particulièrement pertinente aussi est l’analogie avec le conte. Comme chez Andersen, le roi est nu, et la nudité ainsi révélée n’est pas seulement celle d’individus qui se paraient indûment des plumes du paon, mais aussi celle d’une époque.  Les réalisateurs les plus intéressants, ceux qui ont vocation à fournir des films à Ciné Rencontres, sont souvent ceux qui traquent les raisons de mauvaise conscience de leur société. Ainsi de Michael Moore à venir, ou de David Lynch pour ce même pays. Nous avons rencontré à la Fête des Associations un Iranien appartenant à une famille de cinéastes contestataires. Et aussi un acteur qui a tourné avec Mocky, une référence pour ce qui concerne la France, comme l’ont été Chabrol ou Godard en leur temps. En littérature, Hugo Claus a réveillé son pays avec Le chagrin des Belges.

La mauvaise conscience de l’Allemagne, ici, c’est d’avoir un revers que la publicité politico-médiatique qui s’en tient obstinément à l’avers ne révèle pratiquement jamais. Une économie qui prospère au moins provisoirement sur l’exploitation des anciens pays du bloc soviétique et de l’immigration. Une extrême droite interdite et éradiquée officiellement mais qui revient en force sous le masque du populisme. Une écologie en pointe avec l’énergie renouvelable mais aussi avec les centrales au charbon les plus polluantes qui soient. Une fiabilité dans la rigueur et le respect des règles que les affaires de tricheries (de Volkswagen au système bancaire) ont mise à mal. Un pays qui fait du pacifisme un credo absolu tout en passant devant la France en ce qui concerne les ventes d’armes dans le monde… Faut-il que la réalisatrice aime son pays et ses contemporains pour leur tendre ce miroir si utile pour progresser dans le bon sens.

En ce sens on répond oui à la question que nous nous posions avant de voir le film : s’agit-il bien d’un élément majeur du renouveau de la comédie allemande ? Car le talent est là, et l’objectif est parfaitement atteint. Le film n’est pas indigne de la devise traditionnelle de la comédie : Castigat ridendo mores, Elle corrige les mœurs en riant. Retrouvons aussi le rôle traditionnel du bouffon à la cour du roi : révéler ce que personne d’autre ne pourrait se permettre de révéler. Pour devenir ce bouffon, un simple accessoire suffit quand on a du talent : une marotte, un nez rouge, de fausses dents,… Dans la chanson de Brel, « Tu ne m’as laissé que mes dents » dit négativement qu’on a pris l’essentiel et qu'on n'a rien laissé. Ici, comme dans la fable de La Fontaine où le trésor laissé aux enfants n’est pas ce qu’on croit, l’expression dit au contraire que le père a laissé là l’essentiel à sa fille, c’est-à-dire la capacité et le courage de rire de tout ce qui est à vocation totalitaire où on perd son âme pour retrouver sa liberté originelle, celle qui fait réussir sa vie.

 Conte ou fable, le film est un apologue qui a une morale plus nette que sa fin en suspens pourrait laisser croire, à savoir que la vie vaut la peine qu’on ne la sacrifie pas à de vaines chimères, aussi séduisantes soient-elles.


Compléments et contre-points

Relations parent-enfant :
Effroyables jardins (le fils qui a honte de son père qui fait le clown, mais…).



Le procédé dans son efficace simplicité :
Un clown dans la rue mime les passants, la gravité cesse immédiatement :
https://www.youtube.com/watch?v=8FchExBRIso



Sur la tradition carnavalesque et la satire de la société :
Le rire subversif chez Rabelais et dans Le nom de la Rose.


Le Rire, huile sur bois du XVe siècle, anonyme.





Mon oncle Benjamin de Claude Tillier (envers le marquis de Cambyse).



http://www.contrepoints.org/2013/05/14/124566-hollande-le-roi-est-nu






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