6ème séance avec débat
MOMMY
Film canadien de Xavier Dolan avec Anne Dorval... (2014 - 2h16)
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent difficile. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de la mystérieuse voisine, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.
À tout juste 25 ans, le cinéaste québécois Xavier Dolan entre dans la cour des grands avec Mommy, prix du jury au Festival de Cannes. Une mise en scène virtuose, un casting de feu et une relation mère / fils déchirante...
CINE DEBAT VENDREDI 10 OCTOBRE à 20h
après notre Assemblée générale qui, elle, a commencé à 18h.
A la question : " Quel serait votre plus grand malheur
? ", Marcel Proust avait répondu : " Etre séparé de maman "...
Jeanne Proust, née Weil en 1849 dans une famille juive venue d'Alsace et
d'Allemagne, est la mère du plus célèbre des écrivains. Possessive, aimante,
omniprésente de son vivant mais aussi après sa mort dans l'œuvre de son fils,
elle l'a protégé, éduqué, influencé, bien au-delà de l'image pieuse du baiser
nocturne au narrateur d'A la recherche du temps perdu. Jeanne demeure, à bien
des égards, un mystère. Pourquoi cette héritière d'une bourgeoisie juive
éclairée épouse-t-elle Adrien Proust, fils d'épicier catholique, beauceron et
sans fortune ? Comment cette polyglotte, pianiste, amoureuse des livres,
encourage-t-elle la vocation d'un fils ? Sait-on qu'elle traduit Ruskin pour
lui ? Comment accepte-t-elle les ruses et les foucades d'un enfant malade et
gâté qui dort le jour et travaille la nuit ? Faut-il admettre les amitiés d'un
garçon qu'on devine peu attiré par les femmes ? Cette première biographie de
" la maman du petit Marcel " reconstitue la vie quotidienne d'une
mère muée en vestale, en collaboratrice, en gouvernante, à travers les
centaines de lettres qu'échangent deux êtres que rien ni personne ne sépare.
C'est une histoire d'amour autant qu'une visite intime cher les Proust.
La question
qu’on posa à Proust, Xavier Dolan n’a eu besoin de personne pour se la poser,
et il s’est empressé d’y répondre exactement de la même manière dans son cinéma
avec un talent que plusieurs qualifient d’insolent.
Mais il se
l’est posée en la mettant en scène avec une étrange cruauté envers lui-même
sans qu’on ose trop vite apposer dessus l’étiquette trop réductrice de
masochiste. Etre séparé de maman serait le pire, certes, mais est-ce qu’on ne
pourrait pas en rajouter en raffinant un peu sur les circonstances de la
séparation ? Le pire serait d’être séparé de maman parce que je l’aurais
tuée. C’était le propos du film précédent, et c’est à deux doigts de se
produire dans ce film-ci. Essayons alors autre chose : le pire, ce serait
d’être séparé de maman parce qu’elle m’aurait trahi, abandonné et livré à
une institution qui rappelle les internements d’artistes au dix-neuvième
siècle. Comme Camille Claudel abandonnée par son frère Paul et livrée à ses bourreaux.
La trahison. C’est pire que si elle l’avait tué de ses propres mains en état de
légitime défense, bien sûr. Cris et hurlements. Les femmes qui l’aiment, la
maternelle et la maternante, n’y résistent pas. C’est déchirant et
insupportable. Mais c’est irréversible. Un cauchemar artistique.
A côté de cette relation absolue, le reste bien sûr n’existe
pas. La victime brûlée au dernier degré par l’action incontrôlé de ce bon fils
qui a juste quelques moments d’agressives pertes de contrôle ? Objet de
dérision dérisoire, et on triomphe dans un ricanement de ses mauvaises manières et de ses
mauvaises paroles. Les victimes potentielles qui se trouvent sur sa route,
comme la naïve voisine et sa petite fille ? Pas même la peine de leur
consacrer le commencement d’une pensée. Rien, absolument rien, n’existe en
dehors de cette cellule aimantée dont le pôle positif est l’amour et le pôle
négatif la violence. Une utopie délicieusement cauchemardesque.
C’est sans doute le moment de convoquer sans tarder l’Hymne
à l’amour d’Edith Piaf (1950). Quelqu’un dans le débat a parlé d’hymne à
l’amour maternel. Il suffit d’éclipser quelques vers pour être en plein dans le
sujet. Encore que… Même Mon homme, si on acceptait de régresser de
trente ans en arrière par rapport à la précédente chanson pour rencontrer Mistinguett,
pourrait ne pas être totalement sans rapport.
Hymne à l'amour
Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer
Et la terre peut bien s'écrouler
Peu m'importe si tu m'aimes
Je me fous du monde entier
Tant que l'amour inondera mes matins
Tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m'importent les problèmes
Et la terre peut bien s'écrouler
Peu m'importe si tu m'aimes
Je me fous du monde entier
Tant que l'amour inondera mes matins
Tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m'importent les problèmes
Mon amour puisque tu m'aimes.
J'irais jusqu'au bout du mondeJe me ferais teindre en blonde
Si tu me le demandais
J'irais décrocher la lune
J'irais voler la fortune
Si tu me le demandais.
Je renierais ma patrie
Je renierais mes amis
Si tu me le demandais
On peut bien rire de moi
Je ferais n'importe quoi
Si tu me le demandais.
Si un jour la vie t'arrache à moi
Si tu meurs que tu sois loin de moi
Peu m'importe si tu m'aimes
Car moi je mourrais aussi
Nous aurons pour nous l'éternité
Dans le bleu de toute l'immensité
Dans le ciel plus de problèmes
Mon amour crois-tu qu'on s'aime.
Dieu réunit ceux qui s'aiment.
Mon
homme
Sur cette terr´,
ma seul´ joie, mon seul bonheur
C´est mon homme.
J´ai donné tout c´que j´ai, mon amour et tout mon cœur
À mon homme
Et même la nuit,
Quand je rêve, c´est de lui,
De mon homme.
Ce n´est pas qu´il est beau, qu´il est riche ni costaud
Mais je l´aime, c´est idiot,
I´m´fout des coups
I´m´prend mes sous,
Je suis à bout
Mais malgré tout
Que voulez-vous
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´j´en d´viens marteau,
Dès qu´il s´approch´ c´est fini
Je suis à lui
Quand ses yeux sur moi se posent
Ça me rend tout´ chose
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´au moindre mot
I´m´f´rait faire n´importe quoi
J´tuerais, ma foi
J´sens qu´il me rendrait infâme
Mais je n´suis qu´un´ femme
Et, j´l´ai tell´ment dans la peau...
Pour le quitter c´est fou ce que m´ont offert
D´autres hommes.
Entre nous, voyez-vous ils ne valent pas très cher
Tous les hommes
La femm´ à vrai dir´
N´est faite que pour souffrir
Par les hommes.
Dans les bals, j´ai couru, afin d´l´oublier j´ai bu
Rien à faire, j´ai pas pu
Quand i´m´dit : "Viens"
J´suis comme un chien
Y a pas moyen
C´est comme un lien
Qui me retient.
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´j´en suis dingo.
Que cell´ qui n´a pas aussi
Connu ceci
Ose venir la première
Me j´ter la pierre.
En avoir un dans la peau
C´est l´pir´ des maux
Mais c´est connaître l´amour
Sous son vrai jour
Et j´dis qu´il faut qu´on pardonne
Quand un´ femme se donne
À l´homm´ qu´elle a dans la peau...
C´est mon homme.
J´ai donné tout c´que j´ai, mon amour et tout mon cœur
À mon homme
Et même la nuit,
Quand je rêve, c´est de lui,
De mon homme.
Ce n´est pas qu´il est beau, qu´il est riche ni costaud
Mais je l´aime, c´est idiot,
I´m´fout des coups
I´m´prend mes sous,
Je suis à bout
Mais malgré tout
Que voulez-vous
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´j´en d´viens marteau,
Dès qu´il s´approch´ c´est fini
Je suis à lui
Quand ses yeux sur moi se posent
Ça me rend tout´ chose
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´au moindre mot
I´m´f´rait faire n´importe quoi
J´tuerais, ma foi
J´sens qu´il me rendrait infâme
Mais je n´suis qu´un´ femme
Et, j´l´ai tell´ment dans la peau...
Pour le quitter c´est fou ce que m´ont offert
D´autres hommes.
Entre nous, voyez-vous ils ne valent pas très cher
Tous les hommes
La femm´ à vrai dir´
N´est faite que pour souffrir
Par les hommes.
Dans les bals, j´ai couru, afin d´l´oublier j´ai bu
Rien à faire, j´ai pas pu
Quand i´m´dit : "Viens"
J´suis comme un chien
Y a pas moyen
C´est comme un lien
Qui me retient.
Je l´ai tell´ment dans la peau
Qu´j´en suis dingo.
Que cell´ qui n´a pas aussi
Connu ceci
Ose venir la première
Me j´ter la pierre.
En avoir un dans la peau
C´est l´pir´ des maux
Mais c´est connaître l´amour
Sous son vrai jour
Et j´dis qu´il faut qu´on pardonne
Quand un´ femme se donne
À l´homm´ qu´elle a dans la peau...
Et vous avez vu à quoi elle ressemble la lampe ? Pas besoin de psychanalyse pour savoir à quoi il pense en se rasant. Clair que Cannes ne lui suffit pas…
Ce n'est pas incompatible.
Et je ne dis pas tout au débat. Par ailleurs, même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu ignorer Xavier Dolan, hyper médiatisé. Pour le micro, je ne retiens que la pudeur balmellienne. Le temps ne nous est pas limité au point qu'on ne puisse s'en saisir si on le désire.
A prendre donc comme des strates qui s'additionnent en se superposant...
Voici ainsi introduite la contribution de JMB qui vient utilement s'ajouter à la pile :
Fichtre ! Ta vision du film entre vendredi juste après la
projection et ce que tu mets par écrit marque une sacrée rumination
(projection?).
Personnellement , c'est le côté
esthétique du travail de l'image qui m'a scotché ! Je laisse de
côté le personnage du réalisateur et son côté sulfureux que je ne suis pas
censé connaître lorsque s'éteignent les lumières. Je laisse agir la magie
(possible) du cinéma et je ne me fais pas un film avant le film.
Vendredi, par pudeur, et devant le
monopole du micro (très bienvenu) par une dame qui nous a bien éclairé sur les
us du Québec, je n'ai pas pu faire partager 3 flashes esthético-émotionnels
fortement ressentis:
1 Lors du tailladage des veines dans le
super marché : la marche lente du garçon, taché de sang, soutenu par sa mère et
la voisine m'a fait penser à de forts tableaux de descente de croix, où
"celui qui a souffert" est soutenu par sa mère et par Marie Madeleine. Symbole, quand tu nous tiens!!!
2 Gros plans de visage , magnifiques .
Surtout de 3/4 celui de la voisine qu'on devine les yeux embués de larmes
(comment ne pas rapprocher d'un célèbre tableau flamand?)
3 Et ce visage caoutchouteux, élastique, prêt à imploser, boursouflable à volonté, de la mère lors du départ de la
voisine qui vient lui annoncer son déménagement à Toronto.
Il a été noté
sans originalité mais avec une insistance légitime en ce cas qu’on avait
affaire à un film original à plus d’un titre et qu’on pouvait de ce fait le
considérer comme ayant déjà sa place dans l’histoire du cinéma, et même une
place à part.
L’utilisation des formats de cadrage en particulier a fait
l’objet de plusieurs remarques. Du cadrage vertical pour magnifier un portrait
ou signifier l’emprisonnement, au cadrage horizontal plus classique pour
signifier un surcroît de liberté. Le plan où le personnage avec ses bras
élargit lui-même le cadre est d’anthologie.
Théorie
Théorie
Le format le plus courant est le format horizontal (dit
également « paysage »). C'est le plus naturel car il correspond au
champ de vision humain et est tout à fait adapté à la représentation de scènes
larges, de plusieurs personnages. L'image est stable et équilibrée. Le format
plus grand dans sa dimension horizontale, plus panoramique, est appelé
« marine ».
Cadrage horizontal. |
L'orientation verticale (ou « portrait ») est
moins spontanée. Elle permet de représenter un sujet en hauteur, tel qu'un
personnage ou un immeuble. Ce cadrage donne une sensation d'action et de
proximité.
Cadrage vertical. Vermeer et Scarlett
Johansson (Peter
Webber 2003)
|
On s’est étonné du paradoxe qui fait que la décision
d’internement est prise alors que des progrès sensibles vers un comportement
plus normal paraissaient justifier le contraire.
Notons cependant deux séquences qui peuvent y conduire avec
logique. D’abord le suspens insoutenable pour les protagonistes dans le magasin
qui révèle un suicide et qui aurait
tout aussi bien pu conduire sur un meurtre, ce qui déclenche la prise de
conscience qu’on ne peut vraiment plus continuer ainsi, non seulement pour la
mère, mais aussi pour les autres. Ensuite la séquence onirique, où le succès
est concrètement figuré, ce qui rend le réveil d’autant plus brutal, en ce sens
qu’il fait apparaître le but recherché comme tellement éloigné de la réalité
vécue qu’il brise net tout espoir raisonnable.
Spécificités québécoises, bien exploitées dans le débat
grâce à une intervenante au fait de nos deux civilisations, si proches et si
différentes à la fois. Les panoramiques rapides : étonnants sur des écrans
normaux, mais perçus comme normaux dans les grands drive-in ou les écrans
géants nord américains.
Aussi le langage. Couple binaire franco-anglais, mais les
subdivisions ne s’arrêtent pas là. Le français se subdivise en français
reconnaissable par les Français de France et l’argot, qui n’est perceptible, et
encore, parfois sans doute difficilement ou pas du tout, par les Québécois
eux-mêmes. Mais même ce français reconnaissable se subdivise à son tour, du
fait de l’existence de nombreux faux-amis. On s’est étonné de voir des termes
« normaux » sous-titrés par Xavier Dolan dans un niveau de langue systématiquement
plus familier. Ainsi on entend « c’est sale », et on sous-titre
« c’est crade ». C’est qu’au Québec, nous a-t-on révélé, le terme
« sale » est ainsi connoté, proche sans doute de l’insulte
« salope ». Dans ce cas, la façon neutre de désigner cette idée est
la périphrase « pas propre ». Subtil, isn’t it ?… Autre chose, mais là le contexte doit
être décisif pour la traduction : « Il y a longtemps » rendu par
« Il y a des plombes ».
La dualité Montréal vs Toronto. La prononciation du nom même
du réalisateur : faut-il dire « dolan » ou « dolanne » ?
Les deux apparemment, ça dépend du locuteur et
de l’endroit.
Interprétation de ces provocations constantes aux règles qui
régissent le « bon usage » social : contestation d’une société
trop traditionaliste et à l’atmosphère étouffante comme dans un film de
Dreyer ?
Les effets pervers de la loi protectrice des enfants. Ce qui
nous a rappelé d’une certaine manière la Chine du Promeneur d’oiseau.
Obligation de subir les excès de gamins insupportables sans pouvoir vraiment
réagir, ce qui est aussi préjudiciable quand on ne peut les empêcher
sérieusement de mettre les autres ou eux-mêmes en grand danger. La loi
protectrice débouche alors sur une généralisation de la non protection de
personnes en danger. Sans doute est-ce trop noircir le tableau ?… Le Canada
moderne, cauchemar de WC Fields…
Film nerveux et qui met les nerfs à rude épreuve, ceux des
personnages comme ceux du spectateur, tant les successions d’espoir et de
désespoir sont fréquentes et rapides.
Le couple surprise-attente (ou suspens, pour une allusion
plus directe à la célèbre distinction hitchcockienne). Des scènes coup de poing
nous arrivent sans qu’on les ait vu venir, d’autres en revanche sont en
équilibre instable vers leur résolution pendant un temps relativement long.
C’est souvent le cas des scènes de violence, qu’on sent monter avec
appréhension. Il en est une cependant qu’on nous invite plutôt à attendre avec
plaisir. L’épisode du karaoké, où des brutes primaires cherchent lourdement le « héros ».
Référence de scènes de western où l’on sent que le héros, genre Lucky Luke, va
finir par s’énerver et leur donner une leçon. Ou plutôt si on en croit ce qu’on nous dit habituellement sur les
références du réalisateur, inspiration des séries américaines où le héros, en
apparence très quelconque, voire frêle, se révèle être un super héros dont les
super pouvoirs remettent les bandits à leur place pour la plus grande
satisfaction des spectateurs.
Quelqu’un a remarqué que des effets de mise en scène propres
à Xavier Dolan semblaient se retrouver dans pratiquement tous les films que
nous avons vus depuis le début de notre saison. Xavier Dolan, modèle et
influence majeure de toute une génération de réalisateurs ? Pas impossible.
Œdipe profond, deep Oedipe
Si on considère la voisine attirée comme une mère de
substitution, et si on considère que le cinéma est un prolongement de la vie
réelle, on se dit que de fil en aiguille on a peut-être franchi quelque part la
ligne dangereuse de l’inceste.
Suzanne Clément et Xavier Dolan ont échangé un baiser
passionné lors du photocall de présentation de Laurence Anyways,
troisième long métrage du réalisateur canadien de 23 ans, au Festival de Cannes
le 19 mai 2012, en présence des autres protagonistes, Melvil Poupaud, Nathalie
Baye, et Monia Chokri.
Mommy au prisme de la psychanalyse
On pouvait attendre à ce que la séance du lendemain à
Châteauroux soit dans le style fameux des « Dossiers de l’écran », à
savoir un film introducteur pur prétexte à une production de discours d’experts
d’où le film est presque totalement évacué. Disons-le tout de suite : je
n’ai rien contre, au contraire, je n’en ai manqué presque aucun et y ai
beaucoup appris de la part de spécialistes très pointus dans leurs domaines, et
qui tournaient évidemment en fonction des thèmes annoncés. J’exprime toute ma
gratitude à Armand Jammot qui a créé l'émission en 1967 ! Bien sûr, ils seront, ces spécialistes,
logiquement inadéquats pour un autre type de film. Sur les trains, par exemple,
il faudrait solliciter d’autres spécialistes. Sauf peut-être s’il s’agit de La
Bête humaine de Jean Renoir. Et encore : aux « Dossiers de
l’écran », on aurait beaucoup parlé des projets du directeur de la SNCF,
mais plus du film, de la psychologie des personnages, de la transmission de
Zola à Renoir. A peine une allusion furtive d’un conducteur de locomotive à une
manette que l’on voit dans le film.
Rappel et séquence nostalgie :
Joseph Pasteur, et son successeur Alain Jérôme.
Jacqueline Baudrier et Jean Philippe Lecat, Ministre de
l'Information, invités de l'émission Les dossiers de l'écran consacrée à
l'avenir de l'ORTF et présentée par Alain Jérôme
© INA photo Picard Roger.
Or le compte-rendu très précieux qu’Edwige vient de me faire
parvenir et dont je vous fais aussitôt profiter montre qu’il s’agit d’une
réflexion où le film était véritablement au centre des préoccupations des intervenants de Châteauroux. Il
s’agit donc d’un état intermédiaire entre ces deux extrêmes que sont les
« Dossiers de l’écran » d’une part, où le film est accessoire et prétexte, et notre approche d’autre part,
où le film est constamment au cœur des préoccupations, d’où tout part et où
tout revient. Ici, le discours de spécialistes de la psychanalyse est bien
véritablement au service du film et de son créateur, comme vous pouvez le
constater avec ce qui suit.
Nous sommes donc allés samedi à Châteauroux pour voir le
film Mommy.
première remarque : c'est très bien de revoir le film une
deuxième fois avec l'apport de notre soirée du vendredi soir, notamment
sur la langue.
- J'ai mieux apprécié les images, la couleur et surtout, je
n'ai pas lu les sous-titres, me laissant porter par la musicalité des dialogues
même si je ne comprenais pas tous les mots.
-Certaines scènes ou dialogues du début du film prennent du
sens quand on connaît précisément la fin.
les éléments qui sont venus dans le débat
Steve ne souffre pas de TDAH
Le cinéma de Dolan est rimbaldien :
- jamais tiède
- il n'a pas de temps. il film comme s'il allait mourir
demain - trompe la mort
- une jouissance sans entrave - les désirs et les rêves
- des personnages contrastés qui sont toujours en alternance
entre violence et tendresse
Condamné à inventer. ça n'est pas un hasard si le père de
Steve était "inventeur"
L'homosexualité - encore un rapport avec Rimbaud :
- elle est suggérée dans le film (Steve maquillé dans la
scène de danse dans la cuisine)
- elle est traitée dans les autres films de Dolan
Le film = une tragédie grecque
- les grimaces de Dye dans la dernière scène où elle
apparaît
- le héros n'a pas d'autres choix que de mourir à la fin
la relation mère - fils
- l'inceste est consommé
- pas de tiers
- la mère cède aux désirs du fils après lui avoir dit non
- tout ce qui reste du père est une voix (un CD que l'on se
passait en boucle). et Steve utilise le chant pour parler à sa mère au karaoké
- la mère fait tout trop : fume trop, parle beaucoup,
s'arrange pour avoir toujours une bouteille à porter de main et boit
trop.
Kyla
- c'est le point doux du film
- elle est celle qui dit non à Steve et sait aussi lui dire
oui (notamment pour l'entrée à l'école)
- elle est celle qui parle le plus alors qu'elle ne peut pas
parler ; à la fin du film, elle est la seule à dire que "ça a compté pour
elle ce qui s'est passé dans les dernières semaines"
- elle donne le savoir à Steve - élévation vers la dignité
- mise en tension de ses problèmes avec ceux de Steve
- Steve et elle sont deux perdants qui se mettent en
complémentarité
- elle dit qu'elle ne peut pas abandonner sa famille (donc
qu'elle doit suivre son mari à Toronto) alors qu'elle l'a fait depuis
longtemps. Elle ne s'occupe pas de sa fille, ne peut pas communiquer avec son
mari et ne leur répond pas quand ils l'appellent pour dîner.
les objets importants du film
- les colliers : celui que Steve offre à sa mère - qui donne
lieu à une des scènes les plus violentes du film ; celui que porte Kyla - sa
réaction forte quand Steve lui arrache.
- la pomme que regarde Dye au début du film = le fruit
défendu
l'espoir évoqué par Dye à la fin du film : y
croit-elle vraiment ? l'essentiel n'est il pas d'y croire ?
Premières remarques à partir de là :
Tragédie grecque : Œdipe est donc à une place
privilégiée.
Fin optimiste ou pessimiste ? Plusieurs avis
contradictoires s'étaient légitimement exprimés dans la salle. On a voulu croire que la fuite vers la lumière
du héros à la fin pouvait être une liberté dans le monde des vivants et une
vraie évasion. Je pense comme on le dit ici qu’il n’en est rien. On compense
par un volontarisme de l’espoir dans le discours final des deux femmes.
« L’essentiel n’est-il pas d’y croire ? » me laisse un peu
sceptique, mais avons-nous le choix ? Devant un monde absurde, comme dit l’autre, il faut imaginer Sisyphe
heureux : permanence de la tragédie grecque.
La mère fait trop. Mais elle fait aussi autrement. C’est
même elle qui paradoxalement et à plusieurs reprises rappelle la norme
convenable (sans grand effet par ailleurs), alors que Kyla encourage la
transgression. Quel sort à-t-on fait par exemple, et lui a-t-on fait un sort, à la
scène où il se met en danger devant les voitures, quand la mère fait mine de le
ramener dans le droit chemin, alors que Kyla garde un sourire de
complicité ?
Tout a commencé par des chansons. Il est possible que nous confirmions une fois de plus Beaumarchais en ayant de grandes chances de terminer aussi par des chansons.
Avec les compléments d’Edwige…
Bonjour Jean-Marie,
Le film MOMMY se rappelle sans cesse à nous :
En effet : réveillée ce matin par la chanson "EYE OF
THE TIGER" évoquée dans le film - c'est la chanson que voulait chanter
Paul au karaoké, j'apprends que le groupe qui chantait cette chanson était THE
SURVIVOR - les survivants... encore un symbole.
On peut dire la même chose de la chanson de Céline DION :
"On ne change pas" ...
Cordialement,
Edwige
Eye of the Tiger est une chanson du
groupe de rock américain Survivor.
La chanson est sortie le 1er janvier 1982 à
la demande de Sylvester Stallone pour le film Rocky 3 :
L'Œil du tigre. Elle devint très populaire, surtout dans le
milieu de la boxe.
Rising up, back on the street
Did my time, took my chances
Went the distance, now I'm back on my feet
Just a man and his will to survive
So many times, it's happens too fast
You change your passion for glory
Don't lose your grip on the dreams of the past
You must fight just to keep them alive
[Refrain] :
It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight
Rising up to the challenge of our rival
And the last known survivor starts his pray in the night
And he's watching us all with the eye of the tiger
Face to face, out in the heat
Hanging tough, staying angry
They stack the odds until we take to the street
For we kill with the skill to survive
[Refrain]
Did my time, took my chances
Went the distance, now I'm back on my feet
Just a man and his will to survive
So many times, it's happens too fast
You change your passion for glory
Don't lose your grip on the dreams of the past
You must fight just to keep them alive
[Refrain] :
It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight
Rising up to the challenge of our rival
And the last known survivor starts his pray in the night
And he's watching us all with the eye of the tiger
Face to face, out in the heat
Hanging tough, staying angry
They stack the odds until we take to the street
For we kill with the skill to survive
[Refrain]
Rising up, straight to the top
Have the guts, got the glory
Went the distance, now I'm not gonna stop
Just a man and his will to survive
[Refrain]
The eye of the tiger x4
Have the guts, got the glory
Went the distance, now I'm not gonna stop
Just a man and his will to survive
[Refrain]
The eye of the tiger x4
Cette compilation est sortie en trois version différentes,
sur 1 seul CD, 2 CD ou 3 CD, cette dernière version accompagnée d´un DVD.
La chanson titre est de Jeaan-Jacques Goldmann. On trouve
aussi le Quand on n’a que l’amour de Brel (j’en ai furieusement envie,
mais je ne commenterai pas…) et bizarrement, la chanson se termine sur la
phrase si magnifiquement illustrée par Brel : Ne me quitte pas...
On ne change pas
On met juste les costumes d'autres sur soi
On ne change pas
Une veste ne cache qu'un peu de ce qu'on voit
On ne grandit pas
On pousse un peu, tout juste
Le temps d'un rêve, d'un songe
Et les toucher du doigt
Mais on n'oublie pas
L'enfant qui reste, presque nu
Les instants d'innocence
Quand on ne savait pas
On ne change pas
On attrape des airs et des poses de combat
On ne change pas
On se donne le change, on croit
Que l'on fait des choix
Mais si tu grattes la
Tout près de l'apparence tremble
Un petit qui nous ressemble
On sait bien qu'il est là
On l'entend parfois
Sa rengaine insolente
Qui s’entête et qui répète
Oh ne me quitte pas
On met juste les costumes d'autres sur soi
On ne change pas
Une veste ne cache qu'un peu de ce qu'on voit
On ne grandit pas
On pousse un peu, tout juste
Le temps d'un rêve, d'un songe
Et les toucher du doigt
Mais on n'oublie pas
L'enfant qui reste, presque nu
Les instants d'innocence
Quand on ne savait pas
On ne change pas
On attrape des airs et des poses de combat
On ne change pas
On se donne le change, on croit
Que l'on fait des choix
Mais si tu grattes la
Tout près de l'apparence tremble
Un petit qui nous ressemble
On sait bien qu'il est là
On l'entend parfois
Sa rengaine insolente
Qui s’entête et qui répète
Oh ne me quitte pas
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