Film isrélien de Shlomi Elkabetz, Ronit Elkabetz avec Ronit Elkabetz, Menashe Noy, Simon Abkarian... (2013 - vostf - 1h55)
Viviane demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse. Sa froide obstination, sa détermination de lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge de tout, sauf de la requête initiale.
Ce film, au rythme qui ne lâche jamais, vous met sous tension. Impossible de décrocher. il en dit long sur la "moderne" société israélienne, sur la liberté des femmes dans un monde régi par les hommes. Fascinant.
CINE DEBAT VENDREDI 3 OCTOBRE à 20h En partenariat avec l'Association des Jeunes Créateurs Vierzonnais, une association qui se consacre, entre autres, à la réinsertion des femmes.
Une séance tout à fait dans l’esprit de Ciné-Rencontres,
avec la rencontre d'une association de la même ville, en l'occurrence l’Association des Jeunes Créateurs Vierzonnais. Les femmes qui sont venues
sur l’initiative de Mine n’ont pas manqué d’être interpellées par la thématique
forte du film. Nul doute que des prolongements dans l’association viendront
enrichir encore le débat qui eut lieu dans la salle.
On aimerait tout connaître de ce qu’on a pu appréhender à
cette occasion. L’histoire du divorce, par exemple, des origines à nos jours, dans notre pays mais aussi dans
beaucoup d’autres. Des rapprochements ont pu être faits avec des situations
explorées dans d’autres films de Ciné-Rencontres dont l’action se déroulait au
Pakistan, en Iran, ou en Arabie Saoudite. On a beaucoup pensé en particulier à Singue
Sabour, Pierre de Patience.
Dernière référence du progrès du divorce en France :
les années Giscard.
Comique et tragique.
Le tragique est dans l’absurdité d’un temps qui ne sert
jamais à rien, et d’un dernier plan où l’on sent bien que quelque chose de
dramatique se joue, sans que les clés de cette scène muette nous soient
entièrement données. Cette frustration du spectateur, contribuant à la force du
film ou relevant d’un procédé trop facile voire franchement agaçant selon les
interprétations, ne réussit jamais à diminuer si peu que ce soit l’intérêt de
propos.
Devant la force des personnalités féminines, vivantes,
révoltées, parfois inarrêtables, les représentants du pouvoir masculin seraient
franchement drôles, voire grotesques, si les enjeux n’étaient aussi graves.
Le jeu des acteurs a été jugé exceptionnel, et bien en
accord avec le comportement des personnages. On se prend à penser à
l’étymologie du mot hypocrite (du grec hupokritês « acteur,
mime »), tant les acteurs doivent entrer, comme s’il s’agissait d’un
documentaire et non d’une fiction, dans la peau beaucoup de personnages
fondamentalement hypocrites. Le sont-ils par nature, sont-ils le fruit d’une
société qui ne leur laisse pas d’autre choix de survie ? Quoi qu’il en
soit, le film est une charge énorme et terriblement efficace contre l’univers
masculin ainsi représenté.
C’est une œuvre de fiction, c’est une certitude. Parmi les
deux réalisateurs, le frère et la sœur, cette dernière est aussi l’actrice
principale. Mais la question a été posée de savoir s’il s’agit d’une histoire
inventée, d’une fable disant quelque chose de fort sur cette société, ou si le
scénario a été rédigé à partir d’une histoire réelle. Nous chercherons
évidemment à le savoir.
Petite histoire du divorce
Sachant qu'il y a parfois loin de la théorie à la pratique (des interdictions absolues qui dans les faits se contournent aisément, ou au contraire des législations libérales qui dans les faits se révèlent être de vraies impossibilités).
Sachant qu'il y a parfois loin de la théorie à la pratique (des interdictions absolues qui dans les faits se contournent aisément, ou au contraire des législations libérales qui dans les faits se révèlent être de vraies impossibilités).
Beaucoup plus complet à:
En Grèce antique,
le divorce existe sous des formes diverses suivant les cités.
À Athènes1, il peut être
obtenu par consentement mutuel ou sur l'initiative de l'un des conjoints.
Chez les Romains,
le divorce a été pratiqué. Au début, le droit de divorcer était réservé aux
hommes, mais très rapidement les femmes obtiennent ce droit. Le mariage qui
était dans un premier temps un rituel religieux
et social se désacralise comme le reste de la société romaine. Il était codifié
dans le droit.
Au début du Moyen Âge,
le mariage n'est pas consacré et les contrats écrits tombent en désuétude. Le
mariage ne permet que de sceller des alliances. Il est donc considéré comme
normal de pouvoir rompre le mariage.
L'Église catholique romaine n'est guère
favorable au divorce et, considère le mariage comme indissoluble.
Pendant longtemps, deux doctrines s'opposent.
L'une tend à considérer que le mariage ne peut être rompu
dans aucun cas, position s'appuyant en particulier sur saint Augustin.
L'autre réserve le divorce au cas d'adultère de la part de
l'épouse. Elle se fonde sur deux phrases de l'Évangile selon Matthieu, notamment
celle-ci : « Tout homme qui répudie sa femme, hormis le cas de
prostitution, l'expose à l'adultère » (Mt, V, 32).
En 1563, l'Église catholique confirme le statut de sacrement du
mariage, pour contrer les Églises protestantes qui elles autorisent le divorce.
En France, le pouvoir royal et les tribunaux confirment cette position.
Néanmoins, sous l'Ancien Régime, la justice prononçait très
régulièrement des séparations de corps et de biens, sans pour autant que le
divorce soit autorisé. Les « Séparations » étaient prononcées aux
causes de « négligence, inconduite, débauche, mauvais traitements ».
À la fin de l'Ancien Régime, des philosophes comme Voltaire,
notamment dans son Dictionnaire philosophique, ou encoreMontesquieu,
sont favorables au divorce.
La Révolution
Le 20 septembre 1792, une loi, permettant
aux deux conjoints de rompre leur mariage, est adoptée. Le divorce peut être
prononcé par consentement mutuel, pour « incompatibilité d'humeur ou de
caractère » ou encore pour des causes imputables à un des époux
(préfigurant le « divorce pour faute »).
Le divorce devient alors une procédure simple, sans juge,
qui n'oblige pas les époux à motiver leur demande. Le divorce peut être
proclamé sans aucun motif11.
Cependant, une demande de divorce par consentement mutuel
n'était admise qu'au bout d'un minimum de deux ans de vie commune ; sans
doute le temps de faire la part des choses.
L'Empire
En 1804, le Code civil français revient sur la réforme
précédente : le divorce est judiciaire, prononcé par un tribunal. Le
divorce par consentement mutuel est conservé (clause aménagée par Napoléon qui
souhaite se séparer à l'amiable de Joséphine), mais à des conditions tellement
restrictives qu'il tombe en désuétude (autorisation des parents, cinq
comparutions devant le président du tribunal, interdiction de remariage dans
les trois ans suivant le divorce...). Seul le divorce pour faute reste
appliqué.
La Restauration
Le 8 mai 1816, le divorce est de nouveau supprimé par la loi Bonald.
Il est considéré comme un « poison révolutionnaire ». La royauté veut
« rendre au mariage toute sa dignité dans l'intérêt de la religion, des
mœurs, de la monarchie et de la famille ».
La IIIe République
Le 27 juillet 1884, Alfred Naquet réussit
à faire accepter une loi (qui porte son nom) sur le divorce. Le divorce est de
nouveau autorisé mais seulement en cas de fautes précises graves (adultère,
condamnation à une peine afflictive et infamante, excès, sévices et injures graves).
L'époque contemporaine
Le consentement mutuel n'étant pas admis, deux époux qui ne
demanderaient qu'à se séparer à l'amiable sont obligés de s'écrire l'un à
l'autre, le plus souvent sous la dictée de leurs avocats, des lettres
d'insultes que l'on pourra ensuite produire devant les tribunaux ! Cette
situation absurde entraine de vives tensions au sein des couples, et vaudra
quelques happenings de justice étonnants (les divorces pour
faute de Sacha Guitry, comportant des lettres d'insultes mutuelles où
on reconnaît aisément l'esprit du dramaturge d'un côté comme de l'autre).
Divorce par consentement mutuel.
Le 11 juillet 1975, Valéry Giscard d'Estaing promulgue la loi no 75-617. C'est une réforme profonde du
divorce.
Religion et divorce
Le judaïsme admet
la séparation à condition que les deux époux y aient consenti. Le principe est
donc le divorce par consentement mutuel. Cette séparation prend la forme d'une procédure
de "libération" émanant du mari, souvent perçue à tort comme une
répudiation par la remise du guete.
L'Église catholique considère le mariage religieux comme un sacrement que les époux se confèrent mutuellement (et
non le prêtre). Il repose sur quatre piliers : les époux s'engagent
librement dans le mariage ; ils s'engagent à la fidélité, et à la fécondité ; et ils s'engagent ainsi pour toute leur vie25. Le sacrement de mariage est donc indissoluble.
Les hommes comme les femmes ont la possibilité de divorcer
dans l'islam. L'islam connaît la répudiation des femmes par les hommes mais
aussi, si les conditions requises sont remplies, le divorce demandé par la
femme.
Le mariage dans la tradition musulmane n'est pas plus que le divorce vu comme la rupture d'un sacrement, mais le mariage y est vu comme un contrat conclu entre deux personnes consentantes. Pour les sunnites contrairement aux chiites qui eux pratiquent la mut`a, ce contrat doit nécessairement avoir comme objectif, au moment de sa conclusion, de durer de façon indéfinie. Le divorce, s'il est une chose possible, ne doit se produire qu'en dernier recours. Pour qu'un divorce soit permanent il suffit de répudier sa femme (publiquement pour les chiites, et traditionnellement au maximum de trois fois pour les sunnites — la jurisprudence musulmane a toutefois entériné la répudiation en une seule fois dans quasiment tous les pays musulmans, bien que cette pratique coutumière soit, à la lettre, contraire à la charia). Le code de la famille : variable en fonction des pays et des époques.
Le mariage dans la tradition musulmane n'est pas plus que le divorce vu comme la rupture d'un sacrement, mais le mariage y est vu comme un contrat conclu entre deux personnes consentantes. Pour les sunnites contrairement aux chiites qui eux pratiquent la mut`a, ce contrat doit nécessairement avoir comme objectif, au moment de sa conclusion, de durer de façon indéfinie. Le divorce, s'il est une chose possible, ne doit se produire qu'en dernier recours. Pour qu'un divorce soit permanent il suffit de répudier sa femme (publiquement pour les chiites, et traditionnellement au maximum de trois fois pour les sunnites — la jurisprudence musulmane a toutefois entériné la répudiation en une seule fois dans quasiment tous les pays musulmans, bien que cette pratique coutumière soit, à la lettre, contraire à la charia). Le code de la famille : variable en fonction des pays et des époques.
De la tête aux pieds
Bien entendu on a eu confirmation de l’importance du plan
des cheveux coiffés ce qui vaut un rappel à l’ordre. On a remarqué aussi les
plans sur les pieds, d’abord objets comme les cheveux de réprobation ou
d’attirance de la part des regards masculins, les deux n’étant nullement
incompatibles, puis rentrés dans le rang. D’abord triomphants de féminité avec
les ongles peints en rouge, puis cachés dans de ternes espadrilles grisâtres.
Le politiquement correct ainsi signifié, c’est la féminité refoulée, cachée,
prisonnière. Pour ne pas dire condamnée (il paraît que ce sont les espadrilles
des condamnés à mort américains).
Tyran domestique
Tyran et victime à la fois. D’une éducation où la mère a
paradoxalement un rôle de transmission de l’oppression ? Le voisin tyran
visiblement presque aussi mal dans sa peau que sa femme brimée. Le reproche de
Viviane à son mari : Je cuisine depuis la veille, et toi tu ajoutes une
petite chose, tu te vantes, tu améliores. Incapacité à faire un compliment
à sa propre femme. Encore moins de dire ou de montrer son amour.
Dans le western : C’est la loi de l’Ouest. Ici :
C’est la loi de l’Homme.
Violence psychologique
Ce que Party Girl suggère (ou plus) de la part de la
femme. C'est la violence interne au couple. La violence externe est surtout le fait des successions d'espoir et de désillusions : harcèlement moral. Bizarrement, on s'attendrait aussi à davantage de violence physique en cas de révolte. Or les gros bras sont plutôt empruntés, comme s'ils étaient gênés d'intervenir par la force contre une femme.
Hypocrisie raffinée
Chez les membres (masculins) de la famille qui témoignent,
chez les voisins. Amorce (ou plus) d’une solkidarité féminine possible.
Cinéphile macho
Retient du cinéma américain qu’il aime tout sauf la
modernité. Grégory Peck, Garry
Cooper. La glorification du héros forcément masculin. Mais aussi acteurs
de la subtilité des interprétations et des personnages touchants par les
failles qu’ils révèlent. Il n’aurait plus manqué qu’il cite aussi James
Stewart…
Le rire arme de destruction massive
Face à ces grotesques qui réclament en vain de la
respectabilité - oubliant que, pas plus que la croissance, elle ne saurait se
décréter -, le rire, et singulièrement le rire féminin, est une arme de
destruction massive. Le Nom de la Rose. Tous ces Jorge qui invoquent les références
qui les arrangent ne résistent pas à ces Guillaume de Baskerville en jupons.
Le titre
Bien que l’hébreu soit pour nous de l’hébreu, il nous a paru
que le titre, avec son premier mot court commençant par un G (guet), était
plutôt Le divorce de Viviane Amsalem.
Ne cherchez pas l’erreur : c’est la féminité. |
Curieux comme la majesté de la justice flirte souvent avec un
léger ridicule.
Le Procès Paradine (The
Paradine Case) est un film américain réalisé parAlfred Hitchcock, sorti en 1947.
L'avocat Anthony Keane est chargé de la défense de
Mrs. Paradine, qui est accusée d'avoir assassiné son riche mari aveugle.
Fasciné par la beauté de sa cliente, il se laisse aisément persuader de son
innocence, d'autant plus qu'il ne tarde pas à s'amouracher d'elle, bien que
marié lui-même avec une femme présentant toutes les qualités.
Le juge (Charles Laughton) devant lequel se
tiendront les audiences ne cache pas une certaine hostilité personnelle envers
l'avocat, et la conduite du procès s'annonce rude, d'autant plus que Keane
découvre à la « dernière minute » que la façade de respectabilité
irréprochable de la belle Mrs. Paradine est quelque peu lézardée...
2011
Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aide-soignante
pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est
enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme
psychologiquement instable…
Divorce à l’italienne
Pietro Germi (1962)
Comment détourner la loi qui interdit le divorce quand on
est amoureux d'une attrayante personne ? Apres avoir poussé l'encombrante
épouse à l'adultère, il ne reste plus qu'à venger son honneur.
"le Procès de Viviane Amsalem", divorce
à l’israélienne
Par Sophie Grassin 25 juin 2014
(Nouvel Obs)
Ronit Elkabetz, actrice réalisatrice, et son frère Shlomi,
co-réalisateur
"Issus d’une famille juive marocaine, nous avons
choisi, en travaillant ensemble, de naître une seconde fois comme frère et
sœur, explique celle que l’on définit en général comme la Magnani, la
Falconetti ou la Callas israélienne. Shlomi m’a un jour appelée pour me faire
part d’une idée de scénario. Je vivais en Israël, lui à New York. Depuis,
il apporte la terre, moi le ciel. Sur un plateau, nous avons à peine
besoin de commencer une phrase, il nous suffit d’un regard pour qu’une décharge
d’adrénaline circule dans nos veines."
Ce tandem fusionnel bouscule les lignes d’une société
archaïque et sexiste, phagocytée par les interdits religieux. "Prendre femme",
leur premier long-métrage (2004), retraçait l’usure conjugale vécue par leurs
parents et opposait, dans un appartement de Tel-Aviv, l’emphatique Viviane (Ronit
Elkabetz), désireuse de quitter son mari Eliahou (Simon
Abkarian), à un patriarcat qui l’exhortait à rentrer dans
le rang. "Les Sept
Jours" (2007), second huis clos tout aussi viscéral sur fond de
guerre du Golfe, confrontait la même Viviane à sa famille, cadenassée dans
un salon pendant une période de deuil propice à une batterie de règlements
de comptes. "Le Procès de
Viviane Amsalem", dernier chapitre de la trilogie, la soumet
à la guerre de tranchées qu’elle va livrer à Elisha pendant trois
ans, entre les quatre murs d’un tribunal rabbinique orthodoxe : en Israël,
seule cette institution est habilitée à autoriser les divorces. "Viviane
face à elle-même, Viviane face à son clan, Viviane face à la
loi, décrypteShlomi Elkabetz. Nous envisagions, dès le départ, de passer de
l’intime à l’extime. Autrement dit, de la sphère privée
à l’Etat."
"Nous avons voulu en ouvrir les portes et l’exposer
aux yeux du monde, souligne Shlomi Elkabetz. Depuis des millénaires, des milliers de
femmes attendent une heure, un jour, un mois, dix ans, vingt ans, qu’on les libère
enfin des liens du mariage. Les rabbins, eux, gagnent du temps pour éviter la
catastrophe nuisible que représente l’éclatement d’un foyer dans cette société
sclérosée. Le pays soi-disant le plus démocratique du Moyen-Orient se révèle
donc en réalité parfaitement identique aux autres. Personne n’ose évoquer le
sujet et le système a intérêt à maintenir ce fonctionnement caché.
Pourquoi, dans cet Etat, n’existe-t-il pas de séparation entre les lois civiles
et religieuses ? Parce qu’en Israël, la définition du citoyen s’opère
d’abord sur des critères religieux et nationaux. Vous êtes Israélien et juif,
parfait. Vos parents ou vos grands-parents ont subi l’Holocauste, encore mieux.
Juif arabe, j’ai souvent constaté qu’on considérait mon statut comme inférieur.
Quant aux Palestiniens ou aux femmes…"
Dans "le Procès de
Viviane Amsalem", les Elkabetz ne jugent aucun des
protagonistes tout droit sortis d’une comédie italienne – voisines
compréhensives mais soumises aux stéréotypes, compagnons de synagogue d’Elisha
asservis à des modes de pensée hypocrites. Ils se contentent de cibler
l’absurdité d’une loi kafkaïenne qui contraint Viviane, d’ordinaire plutôt braillarde,
à se surveiller. Ici, sa voix ne pèse pas lourd. Elle le sait.
"Entre Viviane et Elisha, reprend Ronit
Elkabetz, il n’y a plus rien à dire. Mon
personnage devra conclure un marché avec son époux pour obtenir son
émancipation. Ce marché, certains spectateurs peinent à comprendre
pourquoi elle l’accepte. Comme moi, Viviane croit à la vie. Elle avance,
quitte à acheter une liberté tronquée. Elle a trop longtemps vécu coincée
dans la prison de son mariage. Ce choix, son choix, me semble magnifique.
Elisha lui accorde ce qu’il peut lui accorder. Il est incapable de lui donner
davantage."
Le film mettait les réalisateurs, cernés par leur dispositif
(des tables d’écoliers derrière lesquelles s’asseyent les deux parties
flanquées de leur avocat), au défi de trouver un point de vue. "Nous
avons décidé d’adopter en permanence celui des personnages, et “Rashômon”, d’Akira Kurosawa, est sans doute le film qui, sur le plateau,
nous a le plus influencés", souligne Shlomi. Dreyer aussi, leur
référence absolue depuis "Prendre femme".
Dans les premières séquences, les Elkabetz dissimulent Viviane, qui vient
d’être déboutée. Puis elle décide de lutter. "Le Procès de
Viviane Amsalem" vire alors au western de visages et de
regards. "C’est tout à fait ça, approuvent-ils d’une
même voix, nous pensions sans cesse à faire du Sam Peckinpah dans une pièce." Ces
rebelles par nature, qui se tiennent volontiers la main, appellent de leurs
vœux le débat. "En Israël, tant d’hommes et de femmes espèrent
cette ouverture, concluent-ils. Nous ne sommes pas naïfs, nous
savons bien que nous n’allons pas changer les choses du jour au lendemain mais,
depuis le tournage, nous recevons quelques lettres de femmes, elles aussi
victimes de cette loi pervertie." Les langues, enfin, se délient.
"le Procès de Viviane Amsalem", divorce
à l’israélienne
Par Sophie Grassin 25 juin 2014
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