1ère séance avec débat
POST-PROJECTION
La première séance de la saison 2013-2014 :
Soirée Cinéma-débat au Ciné-Lumière
vendredi 13 septembre à
20h30
« Grand Central »
Film français de Rebecca Zlotowski avec Léa Seydoux
(Karole), Tahar Rahim (Gary Manda), Denis Ménochet (Toni), ... (1h35)
De
petit boulot en petit boulot, Gary est embauché dans une centrale nucléaire.
Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes,
il trouve enfin ce qu’il cherchait : de l’argent, une équipe, une famille. Mais
l’équipe, c’est aussi la femme de Toni dont il tombe amoureux. L’amour interdit
et les radiations contaminent alors doucement Gary. Chaque jour devient une
menace.
(Pour aller plus vite, je donne d’abord les idées
foisonnantes qui ont circulé dans le débat ou au cours du pot final, quitte à
donner à part, pour plus de précisions, des renseignements glanés ensuite,
essentiellement sur Internet.)
SECRETS DE DISCUSSIONS
Un décodage biblique paraît
fournir une piste d’interprétation possible (la pomme, Adam et Eve, l’eau lustrale,
Isaac,…). Mais la pomme est aussi celle de Blanche-Neige (Walt Disney, les
frères Grimm). En tout cas, l’eau emporte la pomme maléfique. Est-ce suffisant
pour éloigner le malheur ?…
Pourquoi Isaac
disparaît-il ? et pourquoi si discrètement ? Il est culturellement
(Bible) associé au « sacrifice ». Influence plus récente de
l’histoire du XXe siècle ? Ou simplement sacrifié de l’intrigue (devenu
inutile au récit principal) ?
Référence
au Métropolis de Fritz Lang. Deux mondes, l’un souterraine et sacrifié,
l’autre bénéficiaire et privilégié. Les sous-traitants qui vont au charbon, et
les protégés qui ont droit à un environnement protégé dans leur travail. Ces
conditions extrêmement dangereuses et précaires sont-elles possibles en
France ? Peut-on être embauché sur des critères aussi légers, même en
période de « crise » ? Le dernier mot a été pour ceux qui en
étaient convaincus.
Aller au
charbon ? Référence au Germinal de Zola. Y compris pour la
promiscuité. Un témoignage sur les campings aux abords des centrales nucléaires
confirme ce qui est montré dans le film.
L’argent.
La famille Seydoux (Pathé, Schlumberger). La réalisatrice en profite, ou en
dépend, ou les deux ?…
L’impossible accès à une centrale en activité. A une
centrale qui n’a pas servi ? Trouvée en Autriche.
Quelqu’un
se souvient d’un film antérieur tourné dans une centrale, souvenir d’un plan de
femme irradiée qu’on décontamine. (Je n’ai pas retrouvé la référence). Souvenir
d’un film Ciné-Rencontres : La terre outragée (séance du 11 mai
2012). Souvenir d’un film allemand des années 50 sur une mine d’uranium.
Références retrouvées : Chercheurs de soleil (Sonnensucher)
Drame - Allemagne – 1958, réalisé par Konrad Wolf
avec Ulrike Germer (Lotte
Lutz ). Je me souviens aussi d’un film vu au Festival du film écologique de
Bourges : Arlit, deuxième Paris est un film documentaire
franco-béninois réalisé par Idrissou Mora Kpaï sorti
en 2007. On pense aussi au Tête de Turc de
Gunter Walraff. Toujours des héros sacrifiés, des héros victimes.
La dernière
parole de Karole (Léa Seydoux) : « J’ai peur. » Justifie la
fuite, mais peut-on fuir ? Peur de qui ? de la vengeance du
mari ? de la réprobation du milieu ? ou peur pour l’enfant à venir
(le père est irradié).
Présence
d’un témoin privilégié : M. Jean Plat, co-président départemental de
l’AVEN (Association des Vétérans des Essais Nucléaires). Il se trouvait à 45 km
de la déflagration, il ne fut pas le plus touché. Il sera au cœur de notre
débat du 27 septembre pour Aux enfants de la bombe, lors de notre
Assemblée générale. Je viens d’apprendre qu’un habitué de Ciné-Rencontres a
travaillé au début dans une centrale nucléaire. J’espère qu’on pourra bientôt
recueillir son témoignage.
Le
sentiment tragique. Les personnages n’ont plus qu’une illusion de liberté. Tout
se passe comme si le destin s’acharnait contre eux.
Correspondance
entre l’amour et le métier. La dose montrée par le baiser. L’irradiation de
l’amour (métaphore d’abord positives, les sensations extrêmes, puis négatives,
la dégradation, avec des personnages rongés par le mensonge).
L’importance
de respecter la vérité des mots. Vital dans le métier comme dans les
sentiments. Au commencement est le verbe…
Transmission pédagogique et apprentissage. Entre dureté
et tendresse. Extraordinaire Olivier Gourmet dans ce rôle. Plutôt désabusé à la
fin, paraissait croire en sa mission pourtant : « Nous donnons la
lumière. » Mais le film ne reste pas longtemps dans la pub EDF.
La
hiérarchie impitoyable. Violence permanente contre les victimes,
systématiquement utilisées comme boucs-émissaires de tout ce qui arrive de
catastrophique.
Les raccords d’un montage « brut ». L’amour
immédiat (jambes à peine frôlés, puis nus dans un champ), la fuite (Gary, son
départ de dos dans la nuit, puis retrouvé de face sur la route dans la lumière
des phares), les ambiguïtés de la plénitude (les courbes de la centrale, puis
celles de la femme auprès du cheval, de l’étalon), le drame de la femme tondue
(pleurs et effondrement, puis rires et robe de mariée),…
La chanson
maladie d’amour. Remarquable interprétation. Paraît commenter la situation sans
le savoir. Dialectique éros et thanatos arbitrée par la fatalité. Henri
Salvador philosophe. Une chute optimiste. Est-ce le cas du film ?
Quel degré
d’efficacité ont les douches pour lutter contre les radiations ? Déjà
difficile pour les mineurs avec le charbon. Scepticisme généralisé pour les
radiations.
Côté Renoir
et côté Becker. Prénom Toni pour l’un, nom Manda pour l’autre. Jean Renoir
serait nature et amour (Une partie de campagne) tandis que Jacques
Becker serait le documentariste des prolétaires (Antoine et Antoinette).
Si on veut… Côté western : prénom Gary. Gary Cooper cow-boy est bien
connu. Pour le côté sentimental, regardons plutôt le Gary Cooper de Peter
Ibbetson (film américain réalisé par Henry
Hathaway en 1935).
Pendant la
séance, JMB me passe une revue avec la réalisatrice en couverture : Trois
couleurs. J’en retire trois renseignements intéressants : les rôles
précédents des acteurs comptent, les deux formats de filmage sont signifiants,
la séquence de la barque est inspirée de Jacques Tourneur.
Jean Renoir, Toni, 1935.
Immigré italien, Antonio, dit « Toni », a trouvé du travail
à Martigues.
Il y vit d'abord auprès de Marie, mais il tombe amoureux de la belle Josépha,
d’origine espagnole,
dont l’oncle est un petit propriétaire prospère. Josépha se marie avec Albert,
un Parisien qui a surtout des vues sur la fortune de l'oncle…
Jacques Becker, Casque d’or, 1952, avec Simone
Signoret (Marie, dite Casque d’or) et Serge Reggiani (Georges, dit
« Jo » Manda).
Du coup de foudre à l'échafaud, Casque
d'or est une tragédie de la Belle Époque à
la beauté mélancolique. L'histoire d'un amour impossible, marqué par le destin,
que portent Signoret et Reggiani.
Les apaches de
la bande à Leca, des voyous qui hantent le quartier de Belleville, ont investi
avec leurs femmes une guinguettedu bord de Marne,
à Joinville-le-Pont. Marie, une prostituée
surnommée Casque d'Or en raison de son étincelante chevelure, s'est fâchée avec
son amant du moment, le distingué Roland. Surgit alors Raymond, accompagné de
son ami d'enfance, Manda, un ancien apache reconverti
en charpentier sérieux et convaincu. Entre la belle et le charpentier, le coup
de foudre est immédiat. Une passion destructrice, sur fond de rivalité au sein
du gang, unit les deux amants…
Tête de Turc (Ganz unten),
réalisé par Gunter Walraff, Jorg Gforer
avec Gunter Walraff, 1987 d’après
le roman de Gunter Walraff :
Pour gagner sa vie, il est prêt à faire tous les boulots
même les plus durs, les plus insalubres ; il sera successivement
journalier dans une ferme, homme à tout faire chez Mac Donald’s, manœuvre dans
le bâtiment, OS dans les aciéries de Thyssen, cobaye dans l’industrie
pharmaceutique, chauffeur d’un marchand d’esclaves, membre d’n « commando
suicide » chargé d’aller colmater une fuite dans une centrale nucléaire…
Il s’appelle Ali Sinirlioglu, il est turc, travailleur immigré en RFA. Ou du
moins c’est ce qu’indiquent ses papiers d’identité… Car sous les dehors
typiques de l’immigré se dissimule un génial metteur en scène : le
journaliste Günter Wallraff rendu célèbre en Allemagne par ses nombreux reportages
« indésirables ». Pendant deux ans, Wallraff a vécu comme un turc,
trimé comme un turc, subi les brimades et les discriminations qui constituent
le lot de nombre d’immigrés dans cette démocratie de bon renom qu’est la RFA.
« Tout en bas » comme l’indique le titre original de cet ouvrage qui
se lit comme un roman.
Arlit, deuxième Paris est un film documentaire
franco-béninois réalisé par Idrissou Mora Kpaï sorti
en 2007.
Née des mines d'uranium et
de l’immigration, Arlit est une ville du Niger à la frontière
du désert. Ancien Eldorado et plaque tournante de la région dans les années
soixante-dix en raison de l’exploitation de l’uranium par la COGEMA
(actuellementAREVA),
Arlit incarnait l’aventure et la réussite. Mais la chute du prix de l’uranium
et la rébellion touareg au début des années 1980 en
ont fait une ville fantôme. Leur espoir d’une détente économique déçu, les
habitants d’Arlit prennent par ailleurs conscience des dégâts humains,
sanitaires et environnementaux provoqués par l’exploitation du minerai
radioactif.
Henri Salvador, Maladie d’amour (1948) :
Maladie d'amour, maladie de la jeunesse
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi, oh…
Maladie d'amour, maladie de la jeunesse
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi
Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, méfiez-vous mes amis
Caché sous le feuillage, c'est comme un serpent gris
Oh oh,
N'allez pas quand il dort
Surtout le réveiller
N'allez pas car il mord
Si vous le réveillez
Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, c'est plus beau que la vie
J'irai sous le feuillage chercher le serpent gris
Oh oh…
Car l'amour c'est la mort
Mais c'est aussi la vie
Car l'amour c'est la mort
Et c'est le paradis
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi, oh…
Maladie d'amour, maladie de la jeunesse
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi
Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, méfiez-vous mes amis
Caché sous le feuillage, c'est comme un serpent gris
Oh oh,
N'allez pas quand il dort
Surtout le réveiller
N'allez pas car il mord
Si vous le réveillez
Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, c'est plus beau que la vie
J'irai sous le feuillage chercher le serpent gris
Oh oh…
Car l'amour c'est la mort
Mais c'est aussi la vie
Car l'amour c'est la mort
Et c'est le paradis
La terre outragée Date de sortie : 28 mars 2012, (1h
48min)
lien conseillé :
http://www.cinemasducentre.asso.fr/index.php?module=actions-films-tous&annee=2012
Zola, Germinal :
Maintenant,
chaque soir, chez les Maheu, on s'attardait une demi-heure, avant de monter se
coucher. Toujours Etienne reprenait la même causerie. Depuis que sa nature
s'affinait, il se trouvait blessé davantage par les promiscuités du coron.
Est-ce qu'on était des bêtes, pour être ainsi parqués, les uns contre les
autres, au milieu des champs, si entassés, qu'on ne pouvait changer de chemise
sans montrer son derrière aux voisins! Et comme c'était bon pour la santé, et
comme les filles et les garçons s'y pourrissaient forcément ensemble !
— Dame !
répondait Maheu, si l'on avait plus d'argent, on aurait plus d'aise... »
Tout de même, c'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les
uns sur les autres. Ça finit toujours par des hommes soûls et par des filles
pleines.
CENTRALE LIBRE
Le film, tourné pendant l'été 2012 à la centrale nucléaire de Zwentendorf (Autriche) et aux abords de la centrale nucléaire de Cruas1, a
été présenté au festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard en mai 2013. Il
sort en salles le 28 août 2013.
TOUTLECINE.COM
Rebecca Zlotowski
Née le 21 avril 1980 en France.
Normalienne et agrégée de lettres, enseignante à l'Université de
Lyon, Rebecca
Zlotowskientre au début des années 2000 à la Fémis, en section
scénario. Elle y rencontre un autre professeur de lettres, également élève, Teddy
Lussi-Modeste, avec qui elle écrit un court métrage puis le long
métrage Jimmy Rivière,
autour de l'imprégnation de l'évangélisme parmi la communauté des gens du
voyage. Une autre collaboration fructueuse, cette fois avecCyprien Vial,
débouche sur Dans le rang,
court métrage primé à la Quinzaine des réalisateurs. Auprès de Lodge Kerrigan,
son tuteur, elle rend son travail de fin d'étude, un scénario de long métrage : Belle épine.
Elle tourne deux courts métrages et quelques clips, et passe au statut de réalisatrice. En 2010, elle adapte ainsi son travail de fin d'étude, dirigeant pour l'occasion Léa Seydoux (nommé pour le rôle aux Césars) et Anaïs Demoustier. Rebecca Zlotowski continue également sa carrière de scénariste, travaillant notamment avec Jean-Claude Brisseau sur La Légende de la bande à Bonnot.
Elle tourne deux courts métrages et quelques clips, et passe au statut de réalisatrice. En 2010, elle adapte ainsi son travail de fin d'étude, dirigeant pour l'occasion Léa Seydoux (nommé pour le rôle aux Césars) et Anaïs Demoustier. Rebecca Zlotowski continue également sa carrière de scénariste, travaillant notamment avec Jean-Claude Brisseau sur La Légende de la bande à Bonnot.
En 2013, elle revient avec un second long-métrage, Grand Central,
dans lequel elle fait tourner Tahar Rahim.
Belle épine
·
Drame Réalisé par Rebecca
Zlotowski
Synopsis
Prudence
Friedman a 17 ans. Soudain livrée à elle-même dans l’appartement familial, elle
rencontre Marilyne, une frondeuse du lycée qui lui fait découvrir le circuit
sauvage de Rungis, où tournent dangereusement grosses cylindrées et petites
motos trafiquées. Fascinée par la bande du circuit, Reynald, Franck et les
autres, Prudence tente d’y gagner sa place, en essayant de faire passer sa
solitude pour de la liberté.
Le film est centré sur les femmes, plus tard, elle exprimera
le regret de n’avoir pas encore assez exploré le côté masculin, le monde des
motards. Les hommes seront davantage présents dans Grand Central.
lien conseillé :
http://www.cinemasducentre.asso.fr/index.php?module=actions-films-tous&annee=2010
lien conseillé :
http://www.cinemasducentre.asso.fr/index.php?module=actions-films-tous&annee=2010
Tahar Rahim
·
Né le 4 juillet
1981 à Belfort (France).
·
Originaire de Belfort, Tahar Rahim entre dans le monde du septième
art par la voie universitaire via une licence de cinéma à l'Université Paul
Valery de Montpellier. C'est ainsi qu'il se fait remarquer par Cyril Mennegun qui lui propose le premier rôle dans
son moyen métrage en grande partie autobiographique, intitulé tout bonnement Tahar l'étudiant.
Satisfait de cette première expérience devant la caméra, Rahim
tente de percer dans le milieu et monte à Paris une fois sa licence en poche.
Il se fait engager pour un petit rôle dans le sanguinolent A l'intérieur tout en poursuivant ses études au
Laboratoire de l'acteur qui lui fait découvrir les joies de la scène.
Son interprétation de flic torturé (au sens propre) dans le film
de Maury et Bustillo lui ouvre les portes de la télévision
et lui offre l'un des premiers rôles de la courte série « La commune» aux côtés de Tomer Sisley.
Même si le feuilleton ne connaît pas le succès auprès du public, le scénariste Abdel Raouf
Dafri est engagé par Jacques Audiard,
impressionné pour son travail sur la série mais surtout sur le diptyque Mesrine.
Dafri emmène avec lui Rahim qui obtient alors son premier grand rôle au cinéma
pour le très remarqué Un Prophète applaudi et récompensé à
Cannes en 2009 du Grand Prix du Jury.
Biographie
Tahar Rahim a grandi dans le quartier des
Résidences à Belfort au sein d'une famille modeste
algérienne originaire d'Oran1,2,3. Durant son adolescence,
il passe son temps dans les salles de cinéma. À ce propos, dans Libération Next, il déclare
qu'il était« dans une semi-hypnose »4. Il fait ses études au
lycée Condorcet de Belfort, puis, après avoir « [perdu] deux ans en fac de
sport puis de maths-informatique », il fait des études cinématographiques
à l'Université Paul-Valéry de Montpellier.
Pendant qu'il poursuit ses études à la faculté,
il joue dans le docu-fiction de Cyril Mennegun, Tahar l'étudiant qui s’inspire4largement de la vie du
futur comédien. Après ses études de cinéma, il participe à la série évènement
de Canal+, la Commune, puis fait une brève
apparition dans le film À l'intérieur d'Alexandre Bustillo et Julien Maury,
la même année. En 2006, il apparaît dans le clip Fallait que Je te dise du groupe Sniper.
Son premier grand rôle lui est donné par Jacques Audiard en 2009 dans Un prophète qui reçoit un accueil critique très
favorable de la presse lors de sa présentation au Festival de Cannes, notamment quant à sa
performance d'acteur6,7,8. Il y joue le rôle de
Malik, un jeune de 19 ans sans repères, condamné à une peine de 6 ans. Ce rôle
lui vaut le Prix du meilleur comédien européen 2009 et le Prix Lumière du meilleur acteur en 2010.
Il remporte surtout le César du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur lors de la 35e cérémonie
des César le 27 février 2010,
doublé qui constitue une première pour cette institution.
En 2011,
il débute une carrière internationale avec L'Aigle de la Neuvième Légion de Kevin Macdonald,
puis après deux films d'auteur, joue avec Antonio Banderas dans Or noir deJean-Jacques Annaud9.
En 2012, il fait partie du jury des longs
métrages du Festival du film asiatique de
Deauville présidé par Elia Suleiman.
Vie privée
Depuis 2010, il est marié avec l'actrice Leïla Bekhti,
qu'il a rencontrée sur le tournage du film Un prophète10.
·
2010 : César du meilleur acteur pour Un prophète
En Allemagne, la Léa Seydoux de
l’époque (sans doute avec moins de background familial) s’appelait
Ulrike Germer.
Chercheurs de soleil
(Sonnensucher)
Drame - Allemagne - 1958 - 116mn
Réalisé par Konrad Wolf
Avec : Ulrike Germer (Lotte Lutz ), Günther Simon(Franz Beier), Erwin Geschonneck (Jupp König ),Manja Behrens (Emmi Jahnke )
Condamnées pour prostitution à Berlin,
Lotte et Emmi sont envoyées trimer dans une mine d’uranium où Allemands et
Russes cohabitent plutôt mal que bien. Le contremaître Beier s’intéresse à
Lotte, dont le cœur balance entre un jeune mineur, Günter, et l’ingénieur
soviétique Sergueï Melnikov. Emmi, elle, a retrouvé Jupp König, à qui elle a
sauvé la vie pendant la guerre...
Tourné dans des mines d'uranium
exploitées par les Soviétiques, un mélo plus réaliste que socialiste interdit
par Moscou pendant treize ans.
Dès la fin de la Seconde
Guerre mondiale et après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima, l'Union
soviétique se lance dans la course aux armements nucléaires. Elle crée dès 1947
l'entreprise Wismut pour se procurer du minerai d'uranium et produire le
précieux combustible. À l'époque, la Bohème et la Saxe disposent des plus
importants gisements uranifères en Europe. Diverses mines sont exploitées
directement par les Soviétiques en Allemagne de l'Est. Le tournage de
Chercheurs de soleil aura lieu principalement sur le site de Johanngeorgenstadt
(abandonné depuis 1956 mais partiellement rouvert pour les prises de vue). Les
conditions de travail des mineurs au fond et en surface sont terribles.
D'origines diverses (communistes ardents, anciens condamnés aux travaux forcés,
souvent pour des délits mineurs, ouvriers appâtés par les primes...), beaucoup
mourront prématurément des radiations dégagées par l'uranium tout au long des
différentes phases d'extraction.
Une fois le film terminé, les autorités
soviétiques en interdisent la sortie au prétexte que l'extraction de l'uranium
relève du secret défense. En outre, le réalisme de l'oeuvre n'est peut-être pas
aussi "socialiste" que d'aucuns l'auraient souhaité.... Il faudra
attendre 1972 pour que le film de Konrad Wolf soit montré en RDA. Diffusé à la
télévision est-allemande pour "fêter" le 25e anniversaire de la
création de la Wismut, il attire l'attention sur les conséquences désastreuses
de l'exploitation de l'uranium pour la santé humaine et l'environnement. En
1988, un rapport accablant sur la mortalité des mineurs sort clandestinement et
est diffusé à l'Ouest. La dernière mine d'uranium sera fermée fin décembre
1990, trois mois après la réunification.
Le Figaro (qui n’est pas un journal gauchiste…).
Grand Central, l'amour irradié
Dans son deuxième film sélectionné à Cannes dans la
section «Un certain regard», Rebecca Zlotowski met en scène le couple le plus
radioactif du cinéma français.
Si l'amour était nucléaire, tous les
compteurs Geiger du monde ne cesseraient de crépiter. Pour son deuxième film,
la jeune et prometteuse cinéaste Rebecca Zlotowski (qui avait signé il y a
trois ans , un premier film ardent) a fait le pari d'ancrer une romance
interdite dans une centrale atomique.
Tout commence comme dans un film de Jacques Audiard. Le jeune Gary (excellent Tahar Rahim, qui
retrouve un rôle digne de lui) se fait voler son portefeuille dans un train. Il
rattrape son pickpocket et sympathise avec lui. Très vite, ces deux gentils
zonards, électrons libres dans une société en crise, se laissent dériver vers
Tricastin, où ils sont engagés comme décontaminateurs saisonniers à la centrale
nucléaire. L'embauche est facile. Trop, sans doute. Mais il faut bien survivre.
La contrepartie? Un danger certain mais imperceptible. Ses nouveaux amis
connaissent le refrain. Chaque jour, Gary doit faire attention à ne pas prendre
trop de radiations.
Rugueux mais foncièrement
bienveillant, Olivier Gourmet joue un chef d'équipe vétéran qui les prévient
comme le ferait un sous-off avant l'assaut: «C'est un combat contre la dose.
Elle est partout, invisible, inodore, incolore, partout autour de toi. Tu
respires mal, ton cœur s'emballe à cent à l'heure.»
Comme un poisson dans l'eau, Tahar
Rahim rendosse la défroque du novice qui apprend vite. Un soir, attablé avec
les membres de sa nouvelle tribu, il se fait sermonner par Gourmet: «Tu sais ce
que ça fait, la dose? Tiens, Tony, explique au gamin…» Denis Ménochet s'étrangle,
crache, s'effondre sur la table et relève la tête hilare: «Ça fait ça, la dose.»
Mais quelques secondes après, une
apparition va bouleverser la donne. Karole (troublante et sexy Léa Seydoux), future
femme de Tony, chaloupe vers lui engoncée dans un short trop serré pour elle.
Tout est court chez cette belle plante irradiant de sensualité. Coupe à la garçonne,
souffle rauque… Gary n'aura pas le temps de réagir qu'elle l'embrasse déjà à
pleine bouche. «Tu vois, tu as tout eu, là! La peur, la tête qui tourne, les
jambes qui tremblent. C'est ça, la dose. Et ce n'est qu'une petite dose!»
L'assemblée s'esclaffe. Gary en prend pour son grade. Succombera-t-il à la
contamination?
Niveau d'alerte maximal
Le parallèle est transparent. Dis-moi
combien tu m'aimes, je te dirai à quel degré tu es irradié… Le plus étonnant
c'est que Rebecca Zlotowski a décidé de situer cette superbe romance-compteur
Geiger au cœur d'une centrale à l'atmosphère clairement carcérale. Dans leurs
combinaisons blanches, leurs masques immaculés et leurs chaussons ridicules,
ses sous-traitants sans qualifications ressemblent à d'improbables cosmonautes
de l'atome, prisonniers d'une station spatiale échappées d'un film de
science-fiction des années 1970. À leur façon, ils passent leur temps à casser
des cailloux en attendant la levée d'écrou. En guise de chaînes, ils portent
des dosimètres qui calculent leur degré d'irradiation. Si la dose dépasse la
limite de dangerosité fixée, ils sont renvoyés, expulsés comme des déchets
infectés.
Voilà d'ailleurs le cœur du réacteur
de Grand Central : le
film mesure la passion amoureuse à l'aune du péril encouru. En cela, la réalisatrice
a réussi un coup de maître: réunir à l'écran le couple le plus radioactif du
cinéma français: Tahar Rahim et Léa Seydoux. Que faire lorsque l'amour interdit
naît en zone irradiée? Finalement, le niveau d'alerte sera maximal. Poussée
comme un chiendent sur l'impeccable parterre d'un jardin à la française, l'irrésistible
passion amoureuse entre Gary et Karole va les forcer à improviser. Ce sont bien
sûr les plus belles scènes du film. Les corps incandescents qui fusionnent dans
les herbes folles, les regards qui se frôlent et se détachent abruptement avant
d'atteindre la fission. Et cette sirène retentissante, menaçante, qui déchire
l'air pour avertir d'une fuite radioactive.
L'entendre une fois n'est pas trop
grave. Deux fois, cela devient inquiétant. Mais quand l'alarme rugit cinq fois,
il faut prendre ses jambes à son cou, s'évader de la centrale. À moins qu'il ne
soit trop tard…
La bourde de Léa Seydoux sur les lesbiennes fait
polémique
Dans une
interview à Grazia,
l'actrice de La Vie d'Adèle a laissé entendre qu'elle trouvait
les homosexuelles moins féminines que les hétérosexuelles.
«Par moments, je me suis trouvée
jolie, sexy mais il y a des plans où je me trouve nettement moins belle! On
dirait un peu une lesbienne. (Rires.)» Léa Seydoux aurait
dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de prononcer cette phrase.
Elle a essayé de se rattraper, sans succès, dans la suite de l'entretien donné à Grazia, à l'occasion de la sortie de son film Grand Central, le 28 août.
«Attention, je ne dis pas que les
lesbiennes ne sont pas jolies, surtout que j'ai fait un film où j'incarne une
lesbienne. Je crois justement que c'est parce que je venais de jouer une fille
masculine dans La Vie d'Adèle que ça me plaisait vachement de jouer
une fille très féminine (dans Grand
Central de Rebecca
Zlotowski). Je l'ai peut-être accentué inconsciemment, et c'était très plaisant
d'être dans les bras d'un garçon (deTahar Rahim, son
partenaire dans Grand Central),
de jouer une histoire d'amour avec un mec…» a poursuivi l'actrice.
À Cannes, elle affirmait pourtant préférer
les scènes de sexe avec les femmes... Dans La Vie d'Adèle ,
palme d'or 2013, Léa Seydoux incarne Emma, une jeune femme bohème qui vit une
folle histoire d'amour avec une fille de 15 ans.
La Vie d'Adèle, la polémique relancée par des techniciens
En plus d'être la Palme d'or 2013, La Vie d'Adèle est
devenu le symbole de la colère des intermittents du spectacle contre leurs
difficiles conditions de travail. Tout a commencé en mai dernier. En plein Festival de Cannes,
les techniciens employés sur le film d'Abdellatif
Kechiche avaient
regrettéles multiples entorses au
Code du travail pratiquées lors des prises de vues de mars à août 2012.
L'origine de la protestation: des salaires anormalement bas, un planning à géométrie
variable, des journées à rallonge et des heures supplémentaires non payées.
Plus d'un mois après la polémique,
douze associations se réveillent et apportent leur soutien aux techniciens de La Vie d'Adèle, rapporte Le Film Français. Monteurs (LMA), cadreurs (AFCF),
régisseurs (AFR), directeurs de casting (Arda, directeurs de post-production
(ADPP), scriptes (Lasa), costumiers (Afcca), métiers du décor (MAD), repéreurs
(ARC, chargés de trouver des lieux de tournage), chargés de figuration (ACFDA),
truquistes (Tippi, réalise des trucages sonores ou visuels une fois le film
tourné), photographes (PFA), ont tenu à s'exprimer sur la précarité de leur métier.
«Il ne s'agit pas ici d'attaquer ad
hominem tel ou tel réalisateur mais de dénoncer un système de production qui
considère les équipes de tournage comme une main-d'œuvre corvéable à merci, qui
fait de l'exploitation systématique des stagiaires une situation financière
structurelle, qui fait de la duperie, qui consiste à leur faire miroiter un
avenir professionnel en échange de l'abandon de leurs droits, une manière de
contrat tacite, et qui considère le Code du travail comme une insulte à la créativité
des metteurs en scène», déclarent les associations.
Crainte d'être blacklistés
Ces dernières affirment recueillir de
plus en plus de plaintes des techniciens «soumis à des conditions d'exercice de
leur profession devenues insupportables». Mais ces récriminations sont souvent étouffées.
La faute à la précarité du métier. «La crainte d'être blacklistés, de ne pas
retrouver de travail, de pâtir à titre personnel d'une exposition dommageable
en dénonçant des errances et des dérives collectives, réduisent ces témoignages
au silence», déplorent les associations.
Voilà pourquoi les douze organismes de
professionnels du septième art tiennent à signifier, «avec la plus grande clarté
et la plus grande vigueur», leur soutien et leur «solidarité» aux techniciens
de La Vie d'Adèle. «Et
au-delà à tous ceux qui, malgré la pression des circonstances se battent pour
la reconnaissance de leurs droits et rompent le silence sur des pratiques, au cœur
de nos métiers, devenues intolérables. Pratiques dont l'existence «est trop méconnue
du grand public.»
Figaro Madame
27 août 2013
Rebecca Zlotowski : fille centrale
Après
"Belle Épine", elle réalise ''Grand Central", avec Léa Seydoux
et Tahar Rahim. Portrait
Inconnue du grand public, cette jeune réalisatrice, normalienne agrégée, incarne avec force la relève du cinéma français. Son deuxième film, Grand Central, sur les écrans mercredi (1), met en scène la passion interdite de Léa Seydoux et Tahar Rahim dans l’univers du nucléaire. Itinéraire d’une surdouée.
Qu’est-ce que
l’intelligence ? Impossible à définir. On sait juste que c’est là, bien posé
en évidence. Il faut à peu près cinquante secondes pour détecter chez la
réalisatrice Rebecca Zlotowski, 33
ans, ravissante normalienne agrégée de lettres modernes, cette formidable
agilité de l’esprit. En deux films, Belle
Épine et Grand Central,
elle s’est imposée comme une pièce maîtresse du jeune cinéma français. Belle Épine (2010) dressait le portrait d’une
adolescente (Léa Seydoux) que la mort de sa mère semble anesthésier, autrement
dit contaminer. Grand Central décline l’histoire d’une femme (Léa
Seydoux, encore) partagée entre deux hommes (Tahar Rahim et Denis Ménochet)
dans l’univers des travailleurs du nucléaire. Le film, qui puise chez Renoir et
chez Tourneur, chez Cimino ou chez Pasolini, traite donc, lui aussi, de
contamination amoureuse et radioactive.
« Délibérément asocial, Belle
Épine s’inscrivait dans le
monde du pur sentiment, analyse Rebecca Zlotowski.Grand Central est né d’un choc émotionnel devant la
condition de ces sacrifiés contraints de mesurer leur degré d’irradiation après
être descendus dans la centrale.
Je voulais leur prêter un grand destin puisqu’on ne leur prête
pas grand-chose. Mais il n’entrait dans mon projet aucune volonté de dénonciation,
juste de l’admiration. » Si Grand
Central, concentré de virilité, a d’abord jailli du désir de collaborer
avec Tahar Rahim, Rebecca
Zlotowski a vite distribué Léa Seydoux dans le rôle de Karole, prolétaire aux
cheveux courts, en chemise et short, qui, même si elle éprouve une passion
subite pour Gary Manda (Tahar Rahim) – le nom de Serge Reggiani dansCasque
d’or –, aime toujours Toni (Denis Ménochet), son mari.
(1) En salles
le 28 août.
« La
centrale est
un
territoire de fiction »
Rebecca Zlotowski
Comment est née l’idée de
ce film ?
C’est ma coscénariste Gaëlle Macé qui en a eu l’idée, après avoir lu le roman d’Elisabeth Filhol, "La Centrale". J’ai été séduite par ce roman, quoique ne connaissant rien à ce monde du nucléaire, et il nous a semblé à toutes les deux qu’il y avait une évidence à ancrer dans ce décor une histoire d’amour, qui apporterait ce que Pasolini avait fait dans “Accatone”, en ajoutant Bach et la spiritualité aux quartiers pauvres de la périphérie romaine : ce qu’il définissait comme la poésie.
Ce milieu des centrales nucléaires, en quoi vous paraissait-il intéressant ?
C’est, me semble-t-il, un territoire de fiction absolu. On n’en connaît que peu de choses, il dégage une sorte de mystère et de menace. Et les hommes qui y travaillent ont quelque chose d’héroïque. C’est un lieu qui dégage des sentiments forts, de courage, de solidarité, de sacrifice, et ces hommes et ces femmes qui y vivent (car il y a des femmes) méritent d’être les héros d’une fiction qui rétablissent les valeurs dont ils sont porteurs, eux gens modestes à qui on ne s’intéresse guère.
C’est ma coscénariste Gaëlle Macé qui en a eu l’idée, après avoir lu le roman d’Elisabeth Filhol, "La Centrale". J’ai été séduite par ce roman, quoique ne connaissant rien à ce monde du nucléaire, et il nous a semblé à toutes les deux qu’il y avait une évidence à ancrer dans ce décor une histoire d’amour, qui apporterait ce que Pasolini avait fait dans “Accatone”, en ajoutant Bach et la spiritualité aux quartiers pauvres de la périphérie romaine : ce qu’il définissait comme la poésie.
Ce milieu des centrales nucléaires, en quoi vous paraissait-il intéressant ?
C’est, me semble-t-il, un territoire de fiction absolu. On n’en connaît que peu de choses, il dégage une sorte de mystère et de menace. Et les hommes qui y travaillent ont quelque chose d’héroïque. C’est un lieu qui dégage des sentiments forts, de courage, de solidarité, de sacrifice, et ces hommes et ces femmes qui y vivent (car il y a des femmes) méritent d’être les héros d’une fiction qui rétablissent les valeurs dont ils sont porteurs, eux gens modestes à qui on ne s’intéresse guère.
Propos
recueillis par Jean Serroy
LE ROMAN
Le métier d'Elisabeth Filhol, c'est la gestion d'entreprise. Mais ce n'est pas grâce à lui qu'elle a été amenée à s'intéresser à l'industrie nucléaire, ni à s'en approcher (elle n'est d'ailleurs jamais entrée dans une centrale, n'a jamais rencontré ceux qui y travaillent). L'origine de cette attention est plus aléatoire, plus intime : « J'avais commencé un roman, il y a une dizaine d'années, dans lequel il était question de Tchernobyl. Le point de départ de ma réflexion était le fait que, le 1er mai 1986, jour de mon anniversaire, j'étais à Paris, je me souvenais qu'il faisait très beau. La catastrophe avait eu lieu cinq jours plus tôt, à quelques milliers de kilomètres à peine, mais comme peu d'informations nous parvenaient, personne n'avait vraiment l'air inquiet. Il m'a semblé que c'était comme si nous étions assis sur une bombe, dans une sorte d'insouciance, d'indifférence générale. » Le roman en question n'a pas vu le jour, mais l'interrogation sur le nucléaire, ses dangers, les conditions de sécurité précaires dont bénéficient les quelque vingt mille hommes qui y travaillent, le manque d'information, voire la désinformation qui entourent ce sujet... lui sont demeurés en mémoire. Et ont été relancés, il y a trois ans, lorsqu'on a appris le suicide de trois employés de la centrale de Chinon.
Aux membres du jury du Prix Télérama-France
Culture, qui ont choisi cette année de lui décerner leur prix... (2010)
AlloCiné
L’une des premières difficultés de la réalisation
du film a donc consisté à trouver un lieu de tournage… Construire un décor
aurait été trop cher mais tourner dans une véritable centrale était impossible
au vu des dangers de la radioactivité. La réalisatrice et son équipe sont donc
parties à la recherche d’une centrale désaffectée et ont trouvé "un lieu
unique" dans la banlieue de Vienne en Autriche : une centrale jamais mise
en activité et servant à des formateurs de l’industrie nucléaire et à des ONG
écolos !
Grand Central est le premier
long-métrage à y être tourné : "Quelques jours avant sa
mise en service, il avait dû y avoir un incident minime aux États-Unis qui
avait fait parler des dangers du nucléaire et l’État autrichien, devant
l’inquiétude populaire, avait fait voter par référendum le refus ou non du
nucléaire dans le pays. Ça a été « non », et cette centrale, où tout était prêt
à l’usage, s’est retrouvée inutile et trop chère à démonter. Elle est toujours
là, un peu maudite, déserte, veillée par un gardien qui ne parle pas un mot
d’anglais et qui vit là en ermite, et sert autant à des formateurs de
l’industrie nucléaire qu’à des ressortissants des ONG écolos qui viennent s’y
informer pour mieux lutter contre", explique Rebecca
Zlotowski.
Ces sous-traitants sont
chargés de décontaminer les centrales afin de permettre à d’autres corps de métier
d’intervenir sans danger. Au moment d’écrire le scénario de Grand Central, Rebecca Zlotowski et Gaëlle Macé ont
fait appel à Claude Dubout, un ouvrier ayant publié une autobiographie à compte
d'auteur. Il est devenu conseiller technique et a suivi toutes les étapes du
film."J’ai particulièrement apprécié la vraisemblance des aspects
techniques liés au secteur nucléaire, tant dans les costumes, les décors, que
les prises de vues… J’ai retrouvé l’ambiance de ce que je vis depuis tant d’années",
a-t-il confié après avoir vu Grand Central.
Grand Central a été tourné en deux
formats : en 35 mm et en numérique. Une décision prise par Rebecca Zlotowskiet son directeur de la
photographie George Lechaptois pour "faire
épouser le sujet et la forme" du long-métrage. A
l'heure où la plupart des films sont tournés intégralement en numérique, la
réalisatrice explique qu'elle l'a choisi pour"la netteté, la précision en
lumière artificielle, et le 35 [mm] pour rendre compte des peaux, du soleil, de
la chaleur et du climat."
Rebecca Zlotowski écrivait
déjà le scénario de Grand Central quand
la catastrophe de Fukushima a eu lieu. "J’étais sur la
Côte Ouest des États-Unis, au-dessus de laquelle le nuage radioactif devait
passer, annoncé par des bulletins d’informations alarmistes. Des amis
quittaient la ville, c’était surréaliste et inquiétant. Soudain j’étais au
coeur du sujet, des dizaines d’articles affluaient dans la presse,
documentaient le quotidien de travailleurs du nucléaire sacrifiés, là-bas comme
en France, et cette tragique coïncidence nous a donné la certitude que nous
avions raison d’écrire le film", confie la réalisatrice.
Pour Rebecca Zlotowski, qui pense que Denis Ménochet a quelque chose de Robert Mitchum, son second long-métrage peut
sur certains points être vu comme un western. Selon elle, "Grand Central porte
l’influence de grands films d’équipe américains" et "des
films qui s’inscrivent dans un univers fort, du danger et du spectacle, et
mettent en place des rapports amoureux sophistiqués, où une femme, ni une
sainte, ni une traînée, doit choisir entre deux hommes".Elle cite Les Indomptables (1952) de Nicholas Ray et Robert Parrish, Manpower, L'Entraineuse fatale (1941)
de Raoul Walsh ainsi que Les Parachutistes arrivent (1969) de John Frankenheimer.
Le grand-père
Jérôme Seydoux 39e fortune de France co-président
de Pathé cinéma. Descendant des Schlumberger (fortune dans le pétrole) par les
femmes, et même de François Guizot le ministre de Louis-Philippe
(« Enrichissez-vous… »).
N’allons pas plus loin.
D’affreux gauchistes pourraient en profiter pour insinuer que cela aide à
attirer les capitaux pour tourner des films et les bonnes critiques pour les
promouvoir.
Marianne y voit un «très beau» film,
selon A voir à lire, il s'agit d'un film «rugueux» et Le
Journal du Dimanche trouve la réalisation «puissante». Et aussi :
« Un film incandescent » (Trois couleurs), « Le charme sauvage
de Léa Seydoux explose » (Positif), « Une formidable histoire d’amour »
(Le Nouvel Obs), « Le portrait inspiré d’une certaine classe ouvrière »
(rue89), « Impressionnant, percutant et puissamment interprété » (La
Croix).
Quelqu’un a
reconnu avoir vers la fin décroché du film et avoir eu conscience de se
retrouver dans une salle de cinéma. Peut-être cette (rare) critique négative
aidera-t-elle à rendre compte de cette relative faiblesse du film.
On reste sur sa faim. Le plaisir vient plutôt des
acteurs, à commencer par Olivier Gourmet, dont on savoure le rôle de prolo
velléitaire, offensif, et protecteur en même temps. C’est lui et Denis Ménochet
(le gros bras cocu) qui crèvent l’écran plus que les jeunes Léa Seydoux et
Tahar Rahim, aux prestations toujours un peu fades et similaires. Cette
prédominance des seconds rôles sur les premiers est le symbole d’un film aux
qualités inégales.
Les suites de Cannes : Les cheveux
courts pour La vie d’Adèle, l’actrice ne veut pas de perruque :
d’où la tenue sexy pour éviter l’aspect trop masculin.
Le monde du travail et celui de l'intime ont chacun un lieu
distinct dans le film : à la centrale répond une nature verdoyante, qui accueille
les amours de Karole et Gary.
Formellement, il y a eu un grand
choix, on a décidé de tourner dans deux formats différents, avec l'idée qu'à
l'asphyxie de l'intérieur répondait un monde
de pulsions étrange. À l'intérieur de la centrale,
on a tourné en numérique. À l'extérieur, dès qu'il y avait de la lumière naturelle et qu'on pouvait rendre la qualité de la chaleur, des
peaux, de la nature, on a tourné en 35 mm. J'ai une fascination pour le cinéma
du sud des États-Unis, pour les
films de Terrence Malick ou de Jeff Nichols et leur utilisation du paysage. On a fait un repérage dans un camping qui était au bord d'un lac, dans la Drôme, vraiment à côté des centrales. Les
eaux qu'elles recrachent sont très chaudes, du
coup la nature est particulièrement luxuriante. Cette juxtaposition très étrange, je voulais vraiment l'exploiter.
Le troisième lieu du film est le
camping où vivent les personnages, c'est un lieu exigu, les mobile homes
sont très proches les uns des autres, on se voit d'une fenêtre à l'autre.
Ce qui me plaisait, c'est que ce soit comme une prison à ciel ouvert. J'avais été très
impressionnée par la
première heure du Salaire de la peur, ils sont au Mexique, il fait chaud, ils sont
dans de grands espaces,
mais en même temps, ils ne peuvent pas en partir. Dans Grand Central, quand les deux mecs se branlent dans le lit superposé
au-dessus de Gary, il y
a l'idée d'une promiscuité inquiétante, qui ne laisse pas de place à
l'intimité. C'est pour ça aussi, peut être, que Tahar est arrivé dans le film
si facilement, parce qu'il traînait un univers carcéral derrière lui qui
l'avait fait émerger au cinéma (dans Un prophète, ndlr).
Ce qui vous intéresse chez un acteur,
c'est donc aussi les rôles qu'il a joués avant?
Oui, c'est vraiment la phrase d'Alain Bergala
: «Les acteurs sont des corps conducteurs.-» On emploie un
acteur avec la mémoire de tous les rôles qu'il a joués avant, qui sont comme des pellicules dont il faut le faire un peu desquamer. Je n'ai
pas de désir de pygmalion, j'ai une
grande passion pour les acteurs qui ont déjà joué et dont j'espère
qu'ils joueront d'autres rôles. Quand
j'avais de grands moments de doute,
car Belle Epine avait été si peu vu, je me disais : «Le film restera, parce qu'il est dans
la filmographie de Léa Seydoux. »
Avez-vous écrit Grand Centra/ pour Léa
Seydoux et Tahar Rahim?
Non, on n'écrit pas du tout en pensant
à des acteurs. Mais ce qui est certain, c'est que je n'ai proposé les rôles à
personne d'autre. Tahar a accepté le film sans lire le scénario, Léa aussi. Ils sont complètement
inconscients tous les deux. Il y a eu un engouement
entre nous trois, et l'idée du couple s'est
imposée à moi. Tahar et Léa, ça fonctionnait extrêmement bien. Je l'ai
envisagé comme un couple mythique, quasiment
hollywoodien.
Au cours du film, les deux amants se
retrouvent en pleine nuit et s'isolent sur une barque. Comment
avez-vous pensé cette séquence?
Peut-être le film préféré de Jacques Tourneur (1943) |
Les Balmellimélos dits
La
deuxième saison de ce blog qui commence ! Offrons nous , pour avoir une rentrée
"douce" (mot fourre tout), un petit Quizz sur le dernier film (La
Centrale) :
La pomme à l'aspect attirant ,mais avec
un point noir véreux , qui roule "dans l'opprobre" du ruisseau (cf
Bobby Lapointe) , c'est :
A L'héroïne appétissante avec
l'enfant en devenir qui est à l'intérieur
B L'héroïne elle même , aux pouvoirs de
sorcière disnéenne
C La Centrale à l'aspect extérieur
consommable , avec son danger interne autodestructeur
Bien
sûr , toutes les réponses sont bonnes , même celles qui ne sont pas proposées!
Cette
onde peu claire(brune = peste brune?) qui entraîne /lave/fait luire ce fruit
n'est elle pas à comparer avec ces douches à répétition pour "se
laver" de ce mal invisible ?
Bref
un film à plusieurs lectures , même les plus divagantes . Le témoignage sur les
conditions de travail des ouvriers est l'ouverture intéressante . Une
interrogation : les conditions de travail avant ou après un
"incident" (Three Miles Island , Tchernobyl, Fukushima...) dépendent
elles vraiment du choix de société? Le choix technologique n'induit-il pas
forcément cela? (cf thèses de Jacques Ellul , d'Yvan Illich).
Respirons
quand même : le Japon ,pays de la technologie s'il en est , aurait pu obtenir
les JO plus tôt ! Un beau film sur la panique ...
L'histoire
amoureuse de ce film est simplette , et l'actrice bien trop surmédiatisée pour
nous surprendre .
Un
petit dessin de Reiser pour résumer.
Merci à Marie-Claude pour la contribution suivante :
Je voulais
rajouter 2 ou 3 choses qui me sont venues après le débat à propos de ce film.
J'ai trouvé 2
liens sur Internet (2 parmi d'autres) sur le recrutement des travailleurs pour la maintenance
des centrales. Vendredi je me souvenais, mais trop vaguement, de reportages sur
les travailleurs précaires du nucléaire (d'ailleurs dans le film ces ouvriers ne travaillent
pas pour une centrale mais pour un sous-traitant quelconque qui intervient sur des
centrales). Il y a eu Arte Théma qu'on peut trouver sur Youtube, il y a eu
aussi un article du JDD
du 28 août 2011 sur les précaires du nucléaire.
Une suggestion
pour la disparition du copain Isaac: ils arrivent à 3, ils sont copains, joyeux avec leur
voiture (ce sont de bons copains qui aident beaucoup Gary au début).
L'irradiation de
l'amour désagrège ce petit noyau comme peut le faire la radioactivité.
Les conditions de
travail plus l'amour = solitude, fin de l'amitié, disparition des amis du champ visuel au
moins, ils ne comptent plus.
Et puis, sinon,
je me souviens d'avoir vu dans les années 70 un film (italien peut-être mais
pas sûr) qui parlait
d'une histoire d'amour en milieu ouvrier, à l'usine (chimique) où la fille devenait
leucémique malgré le lait qu'on proposait aux ouvriers pour les protéger des substances
toxiques (ça se faisait beaucoup à une époque). J'ai pensé un moment que ça pouvait être
Elise ou la vraie vie mais non je ne crois pas. Est-ce que ça te dit quelque
chose? Bon, voilà, je
t'envoie ces remarques pour une lecture honnête. En tout cas, je trouve que la saison a bien
commencé avec ce film.
(Plus tard :)
J'ai retrouvé les
références du film auquel Grand central m'a fait penser bien que presque à l'opposé:
à savoir Un vrai crime d'amour de Comencini (1974).
(Résumé partiel
:) Carmela refuse de revoir Nullo, puis disparaît
de l’usine.
Lorsque Nullo, qui l’a cherchée en vain, la retrouve,
elle est
mourante, intoxiquée par les émanations chimiques de
l’usine. Enfin,
admis par la famille, il transporte Carmela chez lui,
elle consent au
mariage, le maire et ses adjoints viennent à son
chevet. Elle
meurt. C’est la grève à l’usine, Nullo fend la foule,
s’approche du
patron et tire...
Prochains rendez-vous de Ciné-Rencontres :
Sur
l’agenda : Fête des Association (samedi 21-dimanche 22 septembre),
Assemblée générale (vendredi 27 septembre à 18h30).
Soirée Cinéma-débat au Ciné-Lumière
vendredi 20 septembre à
20h30 « Ma vie avec Liberace »
Biopic de Steven
Soderbergh avec Michael Douglas, Matt Damon, Rob
Lowe... Présenté au
Festival de Cannes. (2013 1h58)
Avant Elvis, Elton John
et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de
scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et
cultivait l'excès, sous les spots comme en privé. Un jour d'été 1977, le jeune
et séduisant Scott Thorston pénètre dans sa loge... Malgré la différence d'âge
et de milieu social, les deux hommes entament une liaison secrète qui va durer
cinq ans...
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