mardi 24 septembre 2013

GRAND CENTRAL


1ère séance avec débat









POST-PROJECTION


La première séance de la saison 2013-2014 :






Soirée Cinéma-débat au Ciné-Lumière
vendredi 13 septembre à 20h30
« Grand Central »

Film français de Rebecca Zlotowski avec Léa Seydoux (Karole), Tahar Rahim (Gary Manda), Denis Ménochet (Toni), ... (1h35)

De petit boulot en petit boulot, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait : de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi la femme de Toni dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent alors doucement Gary. Chaque jour devient une menace.





(Pour aller plus vite, je donne d’abord les idées foisonnantes qui ont circulé dans le débat ou au cours du pot final, quitte à donner à part, pour plus de précisions, des renseignements glanés ensuite, essentiellement sur Internet.)

SECRETS DE DISCUSSIONS



Un décodage biblique paraît fournir une piste d’interprétation possible (la pomme, Adam et Eve, l’eau lustrale, Isaac,…). Mais la pomme est aussi celle de Blanche-Neige (Walt Disney, les frères Grimm). En tout cas, l’eau emporte la pomme maléfique. Est-ce suffisant pour éloigner le malheur ?…
Pourquoi Isaac disparaît-il ? et pourquoi si discrètement ? Il est culturellement (Bible) associé au « sacrifice ». Influence plus récente de l’histoire du XXe siècle ? Ou simplement sacrifié de l’intrigue (devenu inutile au récit principal) ?
            Référence au Métropolis de Fritz Lang. Deux mondes, l’un souterraine et sacrifié, l’autre bénéficiaire et privilégié. Les sous-traitants qui vont au charbon, et les protégés qui ont droit à un environnement protégé dans leur travail. Ces conditions extrêmement dangereuses et précaires sont-elles possibles en France ? Peut-on être embauché sur des critères aussi légers, même en période de « crise » ? Le dernier mot a été pour ceux qui en étaient convaincus.
            Aller au charbon ? Référence au Germinal de Zola. Y compris pour la promiscuité. Un témoignage sur les campings aux abords des centrales nucléaires confirme ce qui est montré dans le film.
            L’argent. La famille Seydoux (Pathé, Schlumberger). La réalisatrice en profite, ou en dépend, ou les deux ?…
            L’impossible accès à une centrale en activité. A une centrale qui n’a pas servi ? Trouvée en Autriche.




            Quelqu’un se souvient d’un film antérieur tourné dans une centrale, souvenir d’un plan de femme irradiée qu’on décontamine. (Je n’ai pas retrouvé la référence). Souvenir d’un film Ciné-Rencontres : La terre outragée (séance du 11 mai 2012). Souvenir d’un film allemand des années 50 sur une mine d’uranium. Références retrouvées : Chercheurs de soleil (Sonnensucher) Drame - Allemagne  1958, réalisé par Konrad Wolf  avec Ulrike Germer (Lotte Lutz ). Je me souviens aussi d’un film vu au Festival du film écologique de Bourges : Arlit, deuxième Paris est un film documentaire franco-béninois réalisé par Idrissou Mora Kpaï sorti en 2007. On pense aussi au Tête de Turc de Gunter Walraff. Toujours des héros sacrifiés, des héros victimes.
            La dernière parole de Karole (Léa Seydoux) : « J’ai peur. » Justifie la fuite, mais peut-on fuir ? Peur de qui ? de la vengeance du mari ? de la réprobation du milieu ? ou peur pour l’enfant à venir (le père est irradié).
            Présence d’un témoin privilégié : M. Jean Plat, co-président départemental de l’AVEN (Association des Vétérans des Essais Nucléaires). Il se trouvait à 45 km de la déflagration, il ne fut pas le plus touché. Il sera au cœur de notre débat du 27 septembre pour Aux enfants de la bombe, lors de notre Assemblée générale. Je viens d’apprendre qu’un habitué de Ciné-Rencontres a travaillé au début dans une centrale nucléaire. J’espère qu’on pourra bientôt recueillir son témoignage.
            Le sentiment tragique. Les personnages n’ont plus qu’une illusion de liberté. Tout se passe comme si le destin s’acharnait contre eux.
            Correspondance entre l’amour et le métier. La dose montrée par le baiser. L’irradiation de l’amour (métaphore d’abord positives, les sensations extrêmes, puis négatives, la dégradation, avec des personnages rongés par le mensonge).
            L’importance de respecter la vérité des mots. Vital dans le métier comme dans les sentiments. Au commencement est le verbe…
            Transmission pédagogique et apprentissage. Entre dureté et tendresse. Extraordinaire Olivier Gourmet dans ce rôle. Plutôt désabusé à la fin, paraissait croire en sa mission pourtant : « Nous donnons la lumière. » Mais le film ne reste pas longtemps dans la pub EDF.
            La hiérarchie impitoyable. Violence permanente contre les victimes, systématiquement utilisées comme boucs-émissaires de tout ce qui arrive de catastrophique.
            Les raccords d’un montage « brut ». L’amour immédiat (jambes à peine frôlés, puis nus dans un champ), la fuite (Gary, son départ de dos dans la nuit, puis retrouvé de face sur la route dans la lumière des phares), les ambiguïtés de la plénitude (les courbes de la centrale, puis celles de la femme auprès du cheval, de l’étalon), le drame de la femme tondue (pleurs et effondrement, puis rires et robe de mariée),…
            La chanson maladie d’amour. Remarquable interprétation. Paraît commenter la situation sans le savoir. Dialectique éros et thanatos arbitrée par la fatalité. Henri Salvador philosophe. Une chute optimiste. Est-ce le cas du film ?
            Quel degré d’efficacité ont les douches pour lutter contre les radiations ? Déjà difficile pour les mineurs avec le charbon. Scepticisme généralisé pour les radiations.
            Côté Renoir et côté Becker. Prénom Toni pour l’un, nom Manda pour l’autre. Jean Renoir serait nature et amour (Une partie de campagne) tandis que Jacques Becker serait le documentariste des prolétaires (Antoine et Antoinette). Si on veut… Côté western : prénom Gary. Gary Cooper cow-boy est bien connu. Pour le côté sentimental, regardons plutôt le Gary Cooper de Peter Ibbetson (film américain réalisé par Henry Hathaway en 1935).
            Pendant la séance, JMB me passe une revue avec la réalisatrice en couverture : Trois couleurs. J’en retire trois renseignements intéressants : les rôles précédents des acteurs comptent, les deux formats de filmage sont signifiants, la séquence de la barque est inspirée de Jacques Tourneur.









REFERENCES PUBLIQUES





Jean Renoir, Toni, 1935.
Immigré italien, Antonio, dit « Toni », a trouvé du travail à Martigues. Il y vit d'abord auprès de Marie, mais il tombe amoureux de la belle Josépha, d’origine espagnole, dont l’oncle est un petit propriétaire prospère. Josépha se marie avec Albert, un Parisien qui a surtout des vues sur la fortune de l'oncle…





Jacques Becker, Casque d’or, 1952, avec Simone Signoret (Marie, dite Casque d’or) et Serge Reggiani (Georges, dit « Jo » Manda).

Du coup de foudre à l'échafaud, Casque d'or est une tragédie de la Belle Époque à la beauté mélancolique. L'histoire d'un amour impossible, marqué par le destin, que portent Signoret et Reggiani.
Les apaches de la bande à Leca, des voyous qui hantent le quartier de Belleville, ont investi avec leurs femmes une guinguettedu bord de Marne, à Joinville-le-Pont. Marie, une prostituée surnommée Casque d'Or en raison de son étincelante chevelure, s'est fâchée avec son amant du moment, le distingué Roland. Surgit alors Raymond, accompagné de son ami d'enfance, Manda, un ancien apache reconverti en charpentier sérieux et convaincu. Entre la belle et le charpentier, le coup de foudre est immédiat. Une passion destructrice, sur fond de rivalité au sein du gang, unit les deux amants…

Tête de Turc (Ganz unten), réalisé par Gunter Walraff, Jorg Gforer
avec Gunter Walraff, 1987 d’après le roman de Gunter Walraff :



Pour gagner sa vie, il est prêt à faire tous les boulots même les plus durs, les plus insalubres ; il sera successivement journalier dans une ferme, homme à tout faire chez Mac Donald’s, manœuvre dans le bâtiment, OS dans les aciéries de Thyssen, cobaye dans l’industrie pharmaceutique, chauffeur d’un marchand d’esclaves, membre d’n « commando suicide » chargé d’aller colmater une fuite dans une centrale nucléaire… Il s’appelle Ali Sinirlioglu, il est turc, travailleur immigré en RFA. Ou du moins c’est ce qu’indiquent ses papiers d’identité… Car sous les dehors typiques de l’immigré se dissimule un génial metteur en scène : le journaliste Günter Wallraff rendu célèbre en Allemagne par ses nombreux reportages « indésirables ». Pendant deux ans, Wallraff a vécu comme un turc, trimé comme un turc, subi les brimades et les discriminations qui constituent le lot de nombre d’immigrés dans cette démocratie de bon renom qu’est la RFA. « Tout en bas » comme l’indique le titre original de cet ouvrage qui se lit comme un roman.


Arlit, deuxième Paris est un film documentaire franco-béninois réalisé par Idrissou Mora Kpaï sorti en 2007.

Née des mines d'uranium et de l’immigration, Arlit est une ville du Niger à la frontière du désert. Ancien Eldorado et plaque tournante de la région dans les années soixante-dix en raison de l’exploitation de l’uranium par la COGEMA (actuellementAREVA), Arlit incarnait l’aventure et la réussite. Mais la chute du prix de l’uranium et la rébellion touareg au début des années 1980 en ont fait une ville fantôme. Leur espoir d’une détente économique déçu, les habitants d’Arlit prennent par ailleurs conscience des dégâts humains, sanitaires et environnementaux provoqués par l’exploitation du minerai radioactif.


Henri Salvador, Maladie d’amour (1948) :

Maladie d'amour, maladie de la jeunesse
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi, oh…
Maladie d'amour, maladie de la jeunesse
Si tu n'aimes que moi
Reste tout près de moi

Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, méfiez-vous mes amis
Caché sous le feuillage, c'est comme un serpent gris

Oh oh,
N'allez pas quand il dort
Surtout le réveiller
N'allez pas car il mord
Si vous le réveillez

Quand l'amour est petit, c'est joli si joli
Mais quand il devient fort, c'est plus beau que la vie
J'irai sous le feuillage chercher le serpent gris

Oh oh…
Car l'amour c'est la mort
Mais c'est aussi la vie
Car l'amour c'est la mort
Et c'est le paradis 


La terre outragée Date de sortie : 28 mars 2012, (1h 48min) 

Genre Drame Nationalité français , polonais , ukrainien , allemand





lien conseillé :
http://www.cinemasducentre.asso.fr/index.php?module=actions-films-tous&annee=2012



Zola, Germinal :
Maintenant, chaque soir, chez les Maheu, on s'attardait une demi-heure, avant de monter se coucher. Toujours Etienne reprenait la même causerie. Depuis que sa nature s'affinait, il se trouvait blessé davantage par les promiscuités du coron. Est-ce qu'on était des bêtes, pour être ainsi parqués, les uns contre les autres, au milieu des champs, si entassés, qu'on ne pouvait changer de chemise sans montrer son derrière aux voisins! Et comme c'était bon pour la santé, et comme les filles et les garçons s'y pourrissaient forcément ensemble !
— Dame ! répondait Maheu, si l'on avait plus d'argent, on aurait plus d'aise... » Tout de même, c'est bien vrai que ça ne vaut rien pour personne, de vivre les uns sur les autres. Ça finit toujours par des hommes soûls et par des filles pleines.

CENTRALE LIBRE
Le film, tourné pendant l'été 2012 à la centrale nucléaire de Zwentendorf (Autriche) et aux abords de la centrale nucléaire de Cruas1, a été présenté au festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard en mai 2013. Il sort en salles le 28 août 2013.



TOUTLECINE.COM
Rebecca Zlotowski
Née le 21 avril 1980 en France. 

·                                 Réalisatrice, Scénariste
Normalienne et agrégée de lettres, enseignante à l'Université de Lyon, Rebecca Zlotowskientre au début des années 2000 à la Fémis, en section scénario. Elle y rencontre un autre professeur de lettres, également élève, Teddy Lussi-Modeste, avec qui elle écrit un court métrage puis le long métrage Jimmy Rivière, autour de l'imprégnation de l'évangélisme parmi la communauté des gens du voyage. Une autre collaboration fructueuse, cette fois avecCyprien Vial, débouche sur Dans le rang, court métrage primé à la Quinzaine des réalisateurs. Auprès de Lodge Kerrigan, son tuteur, elle rend son travail de fin d'étude, un scénario de long métrage : Belle épine




Elle tourne deux courts métrages et quelques clips, et passe au statut de réalisatrice. En 2010, elle adapte ainsi son travail de fin d'étude, dirigeant pour l'occasion Léa Seydoux (nommé pour le rôle aux Césars) et Anaïs Demoustier. Rebecca Zlotowski continue également sa carrière de scénariste, travaillant notamment avec Jean-Claude Brisseau sur La Légende de la bande à Bonnot.

En 2013, elle revient avec un second long-métrage, Grand Central, dans lequel elle fait tourner Tahar Rahim.

Belle épine
·                                 Drame Réalisé par Rebecca Zlotowski
·                                 Avec Léa Seydoux, Anaïs Demoustier,Agathe Schlencker..
·                                 Sortie : 10 novembre 2010 Durée : 1h20 Pays : France

 

Synopsis

Prudence Friedman a 17 ans. Soudain livrée à elle-même dans l’appartement familial, elle rencontre Marilyne, une frondeuse du lycée qui lui fait découvrir le circuit sauvage de Rungis, où tournent dangereusement grosses cylindrées et petites motos trafiquées. Fascinée par la bande du circuit, Reynald, Franck et les autres, Prudence tente d’y gagner sa place, en essayant de faire passer sa solitude pour de la liberté.
Le film est centré sur les femmes, plus tard, elle exprimera le regret de n’avoir pas encore assez exploré le côté masculin, le monde des motards. Les hommes seront davantage présents dans Grand Central.

lien conseillé :
http://www.cinemasducentre.asso.fr/index.php?module=actions-films-tous&annee=2010



Tahar Rahim
·                                 Né le 4 juillet 1981 à Belfort (France). 
·                                  
·                                 
Originaire de Belfort, Tahar Rahim entre dans le monde du septième art par la voie universitaire via une licence de cinéma à l'Université Paul Valery de Montpellier. C'est ainsi qu'il se fait remarquer par Cyril Mennegun qui lui propose le premier rôle dans son moyen métrage en grande partie autobiographique, intitulé tout bonnement Tahar l'étudiant.
Satisfait de cette première expérience devant la caméra, Rahim tente de percer dans le milieu et monte à Paris une fois sa licence en poche. Il se fait engager pour un petit rôle dans le sanguinolent A l'intérieur tout en poursuivant ses études au Laboratoire de l'acteur qui lui fait découvrir les joies de la scène.
Son interprétation de flic torturé (au sens propre) dans le film de Maury et Bustillo lui ouvre les portes de la télévision et lui offre l'un des premiers rôles de la courte série « La commune» aux côtés de Tomer Sisley. Même si le feuilleton ne connaît pas le succès auprès du public, le scénariste Abdel Raouf Dafri est engagé par Jacques Audiard, impressionné pour son travail sur la série mais surtout sur le diptyque Mesrine. Dafri emmène avec lui Rahim qui obtient alors son premier grand rôle au cinéma pour le très remarqué Un Prophète applaudi et récompensé à Cannes en 2009 du Grand Prix du Jury.

Biographie

Tahar Rahim a grandi dans le quartier des Résidences à Belfort au sein d'une famille modeste algérienne originaire d'Oran1,2,3. Durant son adolescence, il passe son temps dans les salles de cinéma. À ce propos, dans Libération Next, il déclare qu'il était« dans une semi-hypnose »4. Il fait ses études au lycée Condorcet de Belfort, puis, après avoir « [perdu] deux ans en fac de sport puis de maths-informatique », il fait des études cinématographiques à l'Université Paul-Valéry de Montpellier.






Carrière cinématographique

Pendant qu'il poursuit ses études à la faculté, il joue dans le docu-fiction de Cyril Mennegun, Tahar l'étudiant qui s’inspire4largement de la vie du futur comédien. Après ses études de cinéma, il participe à la série évènement de Canal+, la Commune, puis fait une brève apparition dans le film À l'intérieur d'Alexandre Bustillo et Julien Maury, la même année. En 2006, il apparaît dans le clip Fallait que Je te dise du groupe Sniper.
Son premier grand rôle lui est donné par Jacques Audiard en 2009 dans Un prophète qui reçoit un accueil critique très favorable de la presse lors de sa présentation au Festival de Cannes, notamment quant à sa performance d'acteur6,7,8. Il y joue le rôle de Malik, un jeune de 19 ans sans repères, condamné à une peine de 6 ans. Ce rôle lui vaut le Prix du meilleur comédien européen 2009 et le Prix Lumière du meilleur acteur en 2010. Il remporte surtout le César du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur lors de la 35e cérémonie des César le 27 février 2010, doublé qui constitue une première pour cette institution.
En 2011, il débute une carrière internationale avec L'Aigle de la Neuvième Légion de Kevin Macdonald, puis après deux films d'auteur, joue avec Antonio Banderas dans Or noir deJean-Jacques Annaud9.
En 2012, il fait partie du jury des longs métrages du Festival du film asiatique de Deauville présidé par Elia Suleiman.

Vie privée

Depuis 2010, il est marié avec l'actrice Leïla Bekhti, qu'il a rencontrée sur le tournage du film Un prophète10.
·                    2010 : César du meilleur acteur pour Un prophète




En Allemagne, la Léa Seydoux de l’époque (sans doute avec moins de background familial) s’appelait Ulrike Germer.






Chercheurs de soleil  
(Sonnensucher)

Drame - Allemagne - 1958 - 116mn

Réalisé par Konrad Wolf

Avec : Ulrike Germer (Lotte Lutz ), Günther Simon(Franz Beier), Erwin Geschonneck (Jupp König ),Manja Behrens (Emmi Jahnke )





 

Condamnées pour prostitution à Berlin, Lotte et Emmi sont envoyées trimer dans une mine d’uranium où Allemands et Russes cohabitent plutôt mal que bien. Le contremaître Beier s’intéresse à Lotte, dont le cœur balance entre un jeune mineur, Günter, et l’ingénieur soviétique Sergueï Melnikov. Emmi, elle, a retrouvé Jupp König, à qui elle a sauvé la vie pendant la guerre...
Tourné dans des mines d'uranium exploitées par les Soviétiques, un mélo plus réaliste que socialiste interdit par Moscou pendant treize ans.





Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima, l'Union soviétique se lance dans la course aux armements nucléaires. Elle crée dès 1947 l'entreprise Wismut pour se procurer du minerai d'uranium et produire le précieux combustible. À l'époque, la Bohème et la Saxe disposent des plus importants gisements uranifères en Europe. Diverses mines sont exploitées directement par les Soviétiques en Allemagne de l'Est. Le tournage de Chercheurs de soleil aura lieu principalement sur le site de Johanngeorgenstadt (abandonné depuis 1956 mais partiellement rouvert pour les prises de vue). Les conditions de travail des mineurs au fond et en surface sont terribles. D'origines diverses (communistes ardents, anciens condamnés aux travaux forcés, souvent pour des délits mineurs, ouvriers appâtés par les primes...), beaucoup mourront prématurément des radiations dégagées par l'uranium tout au long des différentes phases d'extraction.





Une fois le film terminé, les autorités soviétiques en interdisent la sortie au prétexte que l'extraction de l'uranium relève du secret défense. En outre, le réalisme de l'oeuvre n'est peut-être pas aussi "socialiste" que d'aucuns l'auraient souhaité.... Il faudra attendre 1972 pour que le film de Konrad Wolf soit montré en RDA. Diffusé à la télévision est-allemande pour "fêter" le 25e anniversaire de la création de la Wismut, il attire l'attention sur les conséquences désastreuses de l'exploitation de l'uranium pour la santé humaine et l'environnement. En 1988, un rapport accablant sur la mortalité des mineurs sort clandestinement et est diffusé à l'Ouest. La dernière mine d'uranium sera fermée fin décembre 1990, trois mois après la réunification.  







Le Figaro (qui n’est pas un journal gauchiste…).

Grand Central, l'amour irradié

Dans son deuxième film sélectionné à Cannes dans la section «Un certain regard», Rebecca Zlotowski met en scène le couple le plus radioactif du cinéma français.

Si l'amour était nucléaire, tous les compteurs Geiger du monde ne cesseraient de crépiter. Pour son deuxième film, la jeune et prometteuse cinéaste Rebecca Zlotowski (qui avait signé il y a trois ans , un premier film ardent) a fait le pari d'ancrer une romance interdite dans une centrale atomique.
Tout commence comme dans un film de Jacques Audiard. Le jeune Gary (excellent Tahar Rahim, qui retrouve un rôle digne de lui) se fait voler son portefeuille dans un train. Il rattrape son pickpocket et sympathise avec lui. Très vite, ces deux gentils zonards, électrons libres dans une société en crise, se laissent dériver vers Tricastin, où ils sont engagés comme décontaminateurs saisonniers à la centrale nucléaire. L'embauche est facile. Trop, sans doute. Mais il faut bien survivre. La contrepartie? Un danger certain mais imperceptible. Ses nouveaux amis connaissent le refrain. Chaque jour, Gary doit faire attention à ne pas prendre trop de radiations.
Rugueux mais foncièrement bienveillant, Olivier Gourmet joue un chef d'équipe vétéran qui les prévient comme le ferait un sous-off avant l'assaut: «C'est un combat contre la dose. Elle est partout, invisible, inodore, incolore, partout autour de toi. Tu respires mal, ton cœur s'emballe à cent à l'heure.»
Comme un poisson dans l'eau, Tahar Rahim rendosse la défroque du novice qui apprend vite. Un soir, attablé avec les membres de sa nouvelle tribu, il se fait sermonner par Gourmet: «Tu sais ce que ça fait, la dose? Tiens, Tony, explique au gamin…» Denis Ménochet s'étrangle, crache, s'effondre sur la table et relève la tête hilare: «Ça fait ça, la dose.»
Mais quelques secondes après, une apparition va bouleverser la donne. Karole (troublante et sexy Léa Seydoux), future femme de Tony, chaloupe vers lui engoncée dans un short trop serré pour elle. Tout est court chez cette belle plante irradiant de sensualité. Coupe à la garçonne, souffle rauque… Gary n'aura pas le temps de réagir qu'elle l'embrasse déjà à pleine bouche. «Tu vois, tu as tout eu, là! La peur, la tête qui tourne, les jambes qui tremblent. C'est ça, la dose. Et ce n'est qu'une petite dose!» L'assemblée s'esclaffe. Gary en prend pour son grade. Succombera-t-il à la contamination?

Niveau d'alerte maximal

Le parallèle est transparent. Dis-moi combien tu m'aimes, je te dirai à quel degré tu es irradié… Le plus étonnant c'est que Rebecca Zlotowski a décidé de situer cette superbe romance-compteur Geiger au cœur d'une centrale à l'atmosphère clairement carcérale. Dans leurs combinaisons blanches, leurs masques immaculés et leurs chaussons ridicules, ses sous-traitants sans qualifications ressemblent à d'improbables cosmonautes de l'atome, prisonniers d'une station spatiale échappées d'un film de science-fiction des années 1970. À leur façon, ils passent leur temps à casser des cailloux en attendant la levée d'écrou. En guise de chaînes, ils portent des dosimètres qui calculent leur degré d'irradiation. Si la dose dépasse la limite de dangerosité fixée, ils sont renvoyés, expulsés comme des déchets infectés.

Voilà d'ailleurs le cœur du réacteur de Grand Central : le film mesure la passion amoureuse à l'aune du péril encouru. En cela, la réalisatrice a réussi un coup de maître: réunir à l'écran le couple le plus radioactif du cinéma français: Tahar Rahim et Léa Seydoux. Que faire lorsque l'amour interdit naît en zone irradiée? Finalement, le niveau d'alerte sera maximal. Poussée comme un chiendent sur l'impeccable parterre d'un jardin à la française, l'irrésistible passion amoureuse entre Gary et Karole va les forcer à improviser. Ce sont bien sûr les plus belles scènes du film. Les corps incandescents qui fusionnent dans les herbes folles, les regards qui se frôlent et se détachent abruptement avant d'atteindre la fission. Et cette sirène retentissante, menaçante, qui déchire l'air pour avertir d'une fuite radioactive.
L'entendre une fois n'est pas trop grave. Deux fois, cela devient inquiétant. Mais quand l'alarme rugit cinq fois, il faut prendre ses jambes à son cou, s'évader de la centrale. À moins qu'il ne soit trop tard…


La bourde de Léa Seydoux sur les lesbiennes fait polémique
Dans une interview à Grazia, l'actrice de La Vie d'Adèle a laissé entendre qu'elle trouvait les homosexuelles moins féminines que les hétérosexuelles.

«Par moments, je me suis trouvée jolie, sexy mais il y a des plans où je me trouve nettement moins belle! On dirait un peu une lesbienne. (Rires.)» Léa Seydoux aurait dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de prononcer cette phrase. Elle a essayé de se rattraper, sans succès, dans la suite de l'entretien donné à Grazia, à l'occasion de la sortie de son film Grand Central, le 28 août.
«Attention, je ne dis pas que les lesbiennes ne sont pas jolies, surtout que j'ai fait un film où j'incarne une lesbienne. Je crois justement que c'est parce que je venais de jouer une fille masculine dans La Vie d'Adèle que ça me plaisait vachement de jouer une fille très féminine (dans Grand Central de Rebecca Zlotowski). Je l'ai peut-être accentué inconsciemment, et c'était très plaisant d'être dans les bras d'un garçon (deTahar Rahim, son partenaire dans Grand Central), de jouer une histoire d'amour avec un mec…» a poursuivi l'actrice.
À Cannes, elle affirmait pourtant préférer les scènes de sexe avec les femmes... Dans La Vie d'Adèle , palme d'or 2013, Léa Seydoux incarne Emma, une jeune femme bohème qui vit une folle histoire d'amour avec une fille de 15 ans.



La Vie d'Adèle, la polémique relancée par des techniciens

En plus d'être la Palme d'or 2013, La Vie d'Adèle est devenu le symbole de la colère des intermittents du spectacle contre leurs difficiles conditions de travail. Tout a commencé en mai dernier. En plein Festival de Cannes, les techniciens employés sur le film d'Abdellatif Kechiche avaient regrettéles multiples entorses au Code du travail pratiquées lors des prises de vues de mars à août 2012. L'origine de la protestation: des salaires anormalement bas, un planning à géométrie variable, des journées à rallonge et des heures supplémentaires non payées.
Plus d'un mois après la polémique, douze associations se réveillent et apportent leur soutien aux techniciens de La Vie d'Adèle, rapporte Le Film Français. Monteurs (LMA), cadreurs (AFCF), régisseurs (AFR), directeurs de casting (Arda, directeurs de post-production (ADPP), scriptes (Lasa), costumiers (Afcca), métiers du décor (MAD), repéreurs (ARC, chargés de trouver des lieux de tournage), chargés de figuration (ACFDA), truquistes (Tippi, réalise des trucages sonores ou visuels une fois le film tourné), photographes (PFA), ont tenu à s'exprimer sur la précarité de leur métier.
«Il ne s'agit pas ici d'attaquer ad hominem tel ou tel réalisateur mais de dénoncer un système de production qui considère les équipes de tournage comme une main-d'œuvre corvéable à merci, qui fait de l'exploitation systématique des stagiaires une situation financière structurelle, qui fait de la duperie, qui consiste à leur faire miroiter un avenir professionnel en échange de l'abandon de leurs droits, une manière de contrat tacite, et qui considère le Code du travail comme une insulte à la créativité des metteurs en scène», déclarent les associations.

Crainte d'être blacklistés

Ces dernières affirment recueillir de plus en plus de plaintes des techniciens «soumis à des conditions d'exercice de leur profession devenues insupportables». Mais ces récriminations sont souvent étouffées. La faute à la précarité du métier. «La crainte d'être blacklistés, de ne pas retrouver de travail, de pâtir à titre personnel d'une exposition dommageable en dénonçant des errances et des dérives collectives, réduisent ces témoignages au silence», déplorent les associations.
Voilà pourquoi les douze organismes de professionnels du septième art tiennent à signifier, «avec la plus grande clarté et la plus grande vigueur», leur soutien et leur «solidarité» aux techniciens de La Vie d'Adèle. «Et au-delà à tous ceux qui, malgré la pression des circonstances se battent pour la reconnaissance de leurs droits et rompent le silence sur des pratiques, au cœur de nos métiers, devenues intolérables. Pratiques dont l'existence «est trop méconnue du grand public.»


Figaro Madame 27 août 2013

Rebecca Zlotowski : fille centrale

Après "Belle Épine", elle réalise ''Grand Central", avec Léa Seydoux et Tahar Rahim. Portrait



Inconnue du grand public, cette jeune réalisatrice, normalienne agrégée, incarne avec force la relève du cinéma français. Son deuxième film, Grand Central, sur les écrans mercredi (1), met en scène la passion interdite de Léa Seydoux et Tahar Rahim dans l’univers du nucléaire. Itinéraire d’une surdouée.
Qu’est-ce que l’intelligence  ? Impossible à définir. On sait juste que c’est là, bien posé en évidence. Il faut à peu près cinquante secondes pour détecter chez la réalisatrice Rebecca Zlotowski, 33 ans, ravissante normalienne agrégée de lettres modernes, cette formidable agilité de l’esprit. En deux films, Belle Épine et Grand Central, elle s’est imposée comme une pièce maîtresse du jeune cinéma français. Belle Épine (2010) dressait le portrait d’une adolescente (Léa Seydoux) que la mort de sa mère semble anesthésier, autrement dit contaminer. Grand Central décline l’histoire d’une femme (Léa Seydoux, encore) partagée entre deux hommes (Tahar Rahim et Denis Ménochet) dans l’univers des travailleurs du nucléaire. Le film, qui puise chez Renoir et chez Tourneur, chez Cimino ou chez Pasolini, traite donc, lui aussi, de contamination amoureuse et radioactive. 


« Délibérément asocial, Belle Épine s’inscrivait dans le monde du pur sentiment, analyse Rebecca Zlotowski.Grand Central est né d’un choc émotionnel devant la condition de ces sacrifiés contraints de mesurer leur degré d’irradiation après être descendus dans la centrale.

Je voulais leur prêter un grand destin puisqu’on ne leur prête pas grand-chose. Mais il n’entrait dans mon projet aucune volonté de dénonciation, juste de l’admiration. » Si Grand Central, concentré de virilité, a d’abord jailli du désir de collaborer avec Tahar Rahim, Rebecca Zlotowski a vite distribué Léa Seydoux dans le rôle de Karole, prolétaire aux cheveux courts, en chemise et short, qui, même si elle éprouve une passion subite pour Gary Manda (Tahar Rahim) – le nom de Serge Reggiani dansCasque d’or –, aime toujours Toni (Denis Ménochet), son mari.
(1) En salles le 28 août.
« La centrale est
un territoire de fiction »

Rebecca Zlotowski
      Comment est née l’idée de ce film ?

C’est ma coscénariste Gaëlle Macé qui en a eu l’idée, après avoir lu le roman d’Elisabeth Filhol, "La Centrale". J’ai été séduite par ce roman, quoique ne connaissant rien à ce monde du nucléaire, et il nous a semblé à toutes les deux qu’il y avait une évidence à ancrer dans ce décor une histoire d’amour, qui apporterait ce que Pasolini avait fait dans “Accatone”, en ajoutant Bach et la spiritualité aux quartiers pauvres de la périphérie romaine : ce qu’il définissait comme la poésie. 

Ce milieu des centrales nucléaires, en quoi vous paraissait-il intéressant ? 

C’est, me semble-t-il, un territoire de fiction absolu. On n’en connaît que peu de choses, il dégage une sorte de mystère et de menace. Et les hommes qui y travaillent ont quelque chose d’héroïque. C’est un lieu qui dégage des sentiments forts, de courage, de solidarité, de sacrifice, et ces hommes et ces femmes qui y vivent (car il y a des femmes) méritent d’être les héros d’une fiction qui rétablissent les valeurs dont ils sont porteurs, eux gens modestes à qui on ne s’intéresse guère.
Propos recueillis par Jean Serroy

LE ROMAN

Le métier d'Elisabeth Filhol, c'est la gestion d'entreprise. Mais ce n'est pas grâce à lui qu'elle a été amenée à s'intéresser à l'industrie nucléaire, ni à s'en approcher (elle n'est d'ailleurs jamais entrée dans une centrale, n'a jamais rencontré ceux qui y travaillent). L'origine de cette attention est plus aléatoire, plus intime : « J'avais commencé un roman, il y a une dizaine d'années, dans lequel il était question de Tchernobyl. Le point de départ de ma réflexion était le fait que, le 1er mai 1986, jour de mon anniversaire, j'étais à Paris, je me souvenais qu'il faisait très beau. La catastrophe avait eu lieu cinq jours plus tôt, à quelques milliers de kilomètres à peine, mais comme peu d'informations nous parvenaient, personne n'avait vraiment l'air inquiet. Il m'a semblé que c'était comme si nous étions assis sur une bombe, dans une sorte d'insouciance, d'indifférence générale. » Le roman en question n'a pas vu le jour, mais l'interrogation sur le nucléaire, ses dangers, les conditions de sécurité précaires dont bénéficient les quelque vingt mille hommes qui y travaillent, le manque d'information, voire la désinformation qui entourent ce sujet... lui sont demeurés en mémoire. Et ont été relancés, il y a trois ans, lorsqu'on a appris le suicide de trois employés de la centrale de Chinon.

 Aux membres du jury du Prix Télérama-France Culture, qui ont choisi cette année de lui décerner leur prix... (2010)


AlloCiné
L’une des premières difficultés de la réalisation du film a donc consisté à trouver un lieu de tournage… Construire un décor aurait été trop cher mais tourner dans une véritable centrale était impossible au vu des dangers de la radioactivité. La réalisatrice et son équipe sont donc parties à la recherche d’une centrale désaffectée et ont trouvé "un lieu unique" dans la banlieue de Vienne en Autriche : une centrale jamais mise en activité et servant à des formateurs de l’industrie nucléaire et à des ONG écolos !






Grand Central est le premier long-métrage à y être tourné : "Quelques jours avant sa mise en service, il avait dû y avoir un incident minime aux États-Unis qui avait fait parler des dangers du nucléaire et l’État autrichien, devant l’inquiétude populaire, avait fait voter par référendum le refus ou non du nucléaire dans le pays. Ça a été « non », et cette centrale, où tout était prêt à l’usage, s’est retrouvée inutile et trop chère à démonter. Elle est toujours là, un peu maudite, déserte, veillée par un gardien qui ne parle pas un mot d’anglais et qui vit là en ermite, et sert autant à des formateurs de l’industrie nucléaire qu’à des ressortissants des ONG écolos qui viennent s’y informer pour mieux lutter contre", explique Rebecca Zlotowski.

Ces sous-traitants sont chargés de décontaminer les centrales afin de permettre à d’autres corps de métier d’intervenir sans danger. Au moment d’écrire le scénario de Grand Central, Rebecca Zlotowski et Gaëlle Macé ont fait appel à Claude Dubout, un ouvrier ayant publié une autobiographie à compte d'auteur. Il est devenu conseiller technique et a suivi toutes les étapes du film."J’ai particulièrement apprécié la vraisemblance des aspects techniques liés au secteur nucléaire, tant dans les costumes, les décors, que les prises de vues… J’ai retrouvé l’ambiance de ce que je vis depuis tant d’années", a-t-il confié après avoir vu Grand Central.

Grand Central a été tourné en deux formats : en 35 mm et en numérique. Une décision prise par Rebecca Zlotowskiet son directeur de la photographie George Lechaptois pour "faire épouser le sujet et la forme" du long-métrage. A l'heure où la plupart des films sont tournés intégralement en numérique, la réalisatrice explique qu'elle l'a choisi pour"la netteté, la précision en lumière artificielle, et le 35 [mm] pour rendre compte des peaux, du soleil, de la chaleur et du climat."

Rebecca Zlotowski écrivait déjà le scénario de Grand Central quand la catastrophe de Fukushima a eu lieu. "J’étais sur la Côte Ouest des États-Unis, au-dessus de laquelle le nuage radioactif devait passer, annoncé par des bulletins d’informations alarmistes. Des amis quittaient la ville, c’était surréaliste et inquiétant. Soudain j’étais au coeur du sujet, des dizaines d’articles affluaient dans la presse, documentaient le quotidien de travailleurs du nucléaire sacrifiés, là-bas comme en France, et cette tragique coïncidence nous a donné la certitude que nous avions raison d’écrire le film", confie la réalisatrice.

Pour Rebecca Zlotowski, qui pense que Denis Ménochet a quelque chose de Robert Mitchum, son second long-métrage peut sur certains points être vu comme un western. Selon elle, "Grand Central porte l’influence de grands films d’équipe américains" et "des films qui s’inscrivent dans un univers fort, du danger et du spectacle, et mettent en place des rapports amoureux sophistiqués, où une femme, ni une sainte, ni une traînée, doit choisir entre deux hommes".Elle cite Les Indomptables (1952) de Nicholas Ray et Robert ParrishManpower, L'Entraineuse fatale (1941) de Raoul Walsh ainsi que Les Parachutistes arrivent (1969) de John Frankenheimer.

Le grand-père
Jérôme Seydoux 39e fortune de France co-président de Pathé cinéma. Descendant des Schlumberger (fortune dans le pétrole) par les femmes, et même de François Guizot le ministre de Louis-Philippe (« Enrichissez-vous… »).

N’allons pas plus loin. D’affreux gauchistes pourraient en profiter pour insinuer que cela aide à attirer les capitaux pour tourner des films et les bonnes critiques pour les promouvoir.

Marianne y voit un «très beau» film, selon A voir à lire, il s'agit d'un film «rugueux» et Le Journal du Dimanche trouve la réalisation «puissante». Et aussi : « Un film incandescent » (Trois couleurs), « Le charme sauvage de Léa Seydoux explose » (Positif), « Une formidable histoire d’amour » (Le Nouvel Obs), « Le portrait inspiré d’une certaine classe ouvrière » (rue89), « Impressionnant, percutant et puissamment interprété » (La Croix).

            Quelqu’un a reconnu avoir vers la fin décroché du film et avoir eu conscience de se retrouver dans une salle de cinéma. Peut-être cette (rare) critique négative aidera-t-elle à  rendre compte de cette relative faiblesse du film.

On reste sur sa faim. Le plaisir vient plutôt des acteurs, à commencer par Olivier Gourmet, dont on savoure le rôle de prolo velléitaire, offensif, et protecteur en même temps. C’est lui et Denis Ménochet (le gros bras cocu) qui crèvent l’écran plus que les jeunes Léa Seydoux et Tahar Rahim, aux prestations toujours un peu fades et similaires. Cette prédominance des seconds rôles sur les premiers est le symbole d’un film aux qualités inégales.

Les suites de Cannes : Les cheveux courts pour La vie d’Adèle, l’actrice ne veut pas de perruque : d’où la tenue sexy pour éviter l’aspect trop masculin.





TROIS COULEURS
Le monde du travail et celui de l'intime ont chacun un lieu distinct dans le film : à la centrale répond une nature verdoyante, qui accueille les amours de Karole et Gary.

Formellement, il y a eu un grand choix, on a décidé de tourner dans deux formats différents, avec l'idée qu'à l'asphyxie de l'intérieur répondait un monde de pulsions étrange. À l'intérieur de la centrale, on a tourné en numérique. À l'extérieur, dès qu'il y avait de la lumière naturelle et qu'on pouvait rendre la qualité de la chaleur, des peaux, de la nature, on a tourné en 35 mm. J'ai une fascination pour le cinéma du sud des États-Unis, pour les films de Terrence Malick ou de Jeff Nichols et leur utilisation du paysage. On a fait un repérage dans un camping qui était au bord d'un lac, dans la Drôme, vraiment à côté des centrales. Les eaux qu'elles recrachent sont très chaudes, du coup la nature est particulièrement luxuriante. Cette juxtaposition très étrange, je voulais vraiment l'exploiter.
Le troisième lieu du film est le camping où vivent les personnages, c'est un lieu exigu, les mobile homes sont très proches les uns des autres, on se voit d'une fenêtre à l'autre.

Ce qui me plaisait, c'est que ce soit comme une prison à ciel ouvert. J'avais été très impressionnée par la première heure du Salaire de la peur, ils sont au Mexique, il fait chaud, ils sont dans de grands espaces, mais en même temps, ils ne peuvent pas en partir. Dans Grand Central, quand les deux mecs se branlent dans le lit superposé au-dessus de Gary, il y a l'idée d'une promiscuité inquiétante, qui ne laisse pas de place à l'intimité. C'est pour ça aussi, peut être, que Tahar est arrivé dans le film si facilement, parce qu'il traînait un univers carcéral derrière lui qui l'avait fait émerger au cinéma (dans Un prophète, ndlr).
Ce qui vous intéresse chez un acteur, c'est donc aussi les rôles qu'il a joués avant?

Oui, c'est vraiment la phrase d'Alain Bergala : «Les acteurs sont des corps conducteurs.-» On emploie un acteur avec la mémoire de tous les rôles qu'il a joués avant, qui sont comme des pellicules dont il faut le faire un peu desquamer. Je n'ai pas de désir de pygmalion, j'ai une grande passion pour les acteurs qui ont déjà joué et dont j'espère qu'ils joueront d'autres rôles. Quand j'avais de grands moments de doute, car Belle Epine avait été si peu vu, je me disais : «Le film restera, parce qu'il est dans la filmographie de Léa Seydoux. »
Avez-vous écrit Grand Centra/ pour Léa Seydoux et Tahar Rahim?

Non, on n'écrit pas du tout en pensant à des acteurs. Mais ce qui est certain, c'est que je n'ai proposé les rôles à personne d'autre. Tahar a accepté le film sans lire le scénario, Léa aussi. Ils sont complètement inconscients tous les deux. Il y a eu un engouement entre nous trois, et l'idée du couple s'est imposée à moi. Tahar et Léa, ça fonctionnait extrêmement bien. Je l'ai envisagé comme un couple mythique, quasiment hollywoodien.
Au cours du film, les deux amants se retrouvent en pleine nuit et s'isolent sur une barque. Comment avez-vous pensé cette séquence?

Peut-être le film préféré de Jacques Tourneur (1943)
J'ai beaucoup pensé au film de Jacques Tourneur, Vaudou. J'envisageais vraiment cette scène comme une scène d'envoûtement liée à la dimension maudite de l'amour qu'ils se portent. C'est une dimension très romantique, pathétiquement romantique peut être, mais tout le film s'est construit sur l'idée que l'amour est une malédiction, une maladie qui nous contamine de manière inodore, incolore, invisible. J'avais la nécessité, à un moment du film, que sans paroles on passe entre eux d'une relation érotique à une relation amoureuse.









Les Balmellimélos dits

La deuxième saison de ce blog qui commence ! Offrons nous , pour avoir une rentrée "douce" (mot fourre tout), un petit Quizz sur le dernier film (La Centrale) :

La pomme à l'aspect attirant ,mais avec un point noir véreux , qui roule "dans l'opprobre" du ruisseau (cf Bobby Lapointe) , c'est :

A  L'héroïne appétissante avec l'enfant en devenir qui est à l'intérieur

B L'héroïne elle même , aux pouvoirs de sorcière disnéenne

C La Centrale à l'aspect extérieur consommable , avec son danger interne autodestructeur


Bien sûr , toutes les réponses sont bonnes , même celles qui ne sont pas proposées!

Cette onde peu claire(brune = peste brune?) qui entraîne /lave/fait luire ce fruit n'est elle pas à comparer avec ces douches à répétition pour "se laver" de ce mal invisible ?

Bref un film à plusieurs lectures , même les plus divagantes . Le témoignage sur les conditions de travail des ouvriers est l'ouverture intéressante . Une interrogation : les conditions de travail avant ou après un "incident" (Three Miles Island , Tchernobyl, Fukushima...) dépendent elles vraiment du choix de société? Le choix technologique n'induit-il pas forcément cela? (cf thèses de Jacques Ellul , d'Yvan Illich).

Respirons quand même : le Japon ,pays de la technologie s'il en est , aurait pu obtenir les JO plus tôt ! Un beau film sur la panique ...

L'histoire amoureuse de ce film est simplette , et l'actrice bien trop surmédiatisée pour nous surprendre .

Un petit dessin de Reiser pour résumer.







Merci à Marie-Claude pour la contribution suivante :


Je voulais rajouter 2 ou 3 choses qui me sont venues après le débat à propos de ce film.
J'ai trouvé 2 liens sur Internet (2 parmi d'autres) sur le recrutement des travailleurs pour la maintenance des centrales. Vendredi je me souvenais, mais trop vaguement, de reportages sur les travailleurs précaires du nucléaire (d'ailleurs dans le film ces ouvriers ne travaillent pas pour une centrale mais pour un sous-traitant quelconque qui intervient sur des centrales). Il y a eu Arte Théma qu'on peut trouver sur Youtube, il y a eu aussi un article du JDD du 28 août 2011 sur les précaires du nucléaire.
Une suggestion pour la disparition du copain Isaac: ils arrivent à 3, ils sont copains, joyeux avec leur voiture (ce sont de bons copains qui aident beaucoup Gary au début).
L'irradiation de l'amour désagrège ce petit noyau comme peut le faire la radioactivité.
Les conditions de travail plus l'amour = solitude, fin de l'amitié, disparition des amis du champ visuel au moins, ils ne comptent plus.
Et puis, sinon, je me souviens d'avoir vu dans les années 70 un film (italien peut-être mais pas sûr) qui parlait d'une histoire d'amour en milieu ouvrier, à l'usine (chimique) où la fille devenait leucémique malgré le lait qu'on proposait aux ouvriers pour les protéger des substances toxiques (ça se faisait beaucoup à une époque). J'ai pensé un moment que ça pouvait être Elise ou la vraie vie mais non je ne crois pas. Est-ce que ça te dit quelque chose? Bon, voilà, je t'envoie ces remarques pour une lecture honnête. En tout cas, je trouve que la saison a bien commencé avec ce film.
(Plus tard :)
J'ai retrouvé les références du film auquel Grand central m'a fait penser bien que presque à l'opposé: à savoir Un vrai crime d'amour de Comencini (1974).



(Résumé partiel :) Carmela refuse de revoir Nullo, puis disparaît
de l’usine. Lorsque Nullo, qui l’a cherchée en vain, la retrouve,
elle est mourante, intoxiquée par les émanations chimiques de
l’usine. Enfin, admis par la famille, il transporte Carmela chez lui,
elle consent au mariage, le maire et ses adjoints viennent à son
chevet. Elle meurt. C’est la grève à l’usine, Nullo fend la foule,
s’approche du patron et tire...










Prochains rendez-vous de Ciné-Rencontres :

            Sur l’agenda : Fête des Association (samedi 21-dimanche 22 septembre), Assemblée générale (vendredi 27 septembre à 18h30).

Soirée Cinéma-débat au Ciné-Lumière
vendredi 20 septembre à 20h30 « Ma vie avec Liberace »
Biopic de Steven Soderbergh avec Michael Douglas, Matt Damon, Rob
Lowe... Présenté au Festival de Cannes. (2013 1h58)
Avant Elvis, Elton John et Madonna, il y a eu Liberace : pianiste virtuose, artiste exubérant, bête de scène et des plateaux télévisés. Liberace affectionnait la démesure et cultivait l'excès, sous les spots comme en privé. Un jour d'été 1977, le jeune et séduisant Scott Thorston pénètre dans sa loge... Malgré la différence d'âge et de milieu social, les deux hommes entament une liaison secrète qui va durer cinq ans...










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