LES SORCIÈRES D'AKELARRE
Quand on veut noyer son chien, on dit qu'il a la rage
Ayant déjà vu le film j'ai cité ce proverbe français avant la projection tant il décrit parfaitement le propos du réalisateur.
Pays Basque 1609. Au nom de dieu, au nom de sa majesté le roi, ces faits historiques réels, aussi grotesques soient-ils, nous plongent dans la chasse aux sorcières afin de mieux asseoir le pouvoir des hommes. On reproche aux jeunes filles d'avoir pactisé avec le diable, Lucifer en personne, lors de sabbats sataniques.
Un juge, son greffier et un chirurgien adepte de tortures, débarquent dans le village et vont s'efforcer d'établir des preuves de ces actes supposés. Malheureusement ils tombent sur des filles coriaces dont la meneuse, Ana aux yeux de braise, va effectivement ensorceler le juge en la séduisant de par sa beauté et en révélant le diable en lui. Lucifer n'est pas là où on le cherchait au grand dam de l'entourage du l'homme de loi qui le voit se perdre dans son désir sexuel de posséder cette sorcière en chef.
De magnifiques images et des scènes de danse qui mènent vers la transe, le piège se referme sur les victimes qui auront le dernier mot en choisissant de se jeter de la falaise plutôt que de finir sur le bûcher.. Ce n'est certes pas un « happy end » mais la dignité de leur geste est admirable.
Des dialogues ciselés entre Ana et son juge, une interaction des plus intéressantes entre le juge, le greffier et le moine du village, chaque mot est pesé et on sent que le réalisateur souhaitait un travail minimaliste mais ô combien efficace .
J'avais aussi dit avant la projection que ce film avait des répercussions dans notre actualité et notre public a bien sûr relevé les ressemblances avec le pouvoir des Talibans. Je suis même allé jusqu'à citer cette honteuse déclaration du Prélat français déclarant que la loi de l'église est au dessus de la loi de l'Etat et que de ce fait aucun prêtre n'avait le devoir de dénoncer des faits de pédophilie entendus lors des confessions de ses fidèles.
Notre public a évoqué l'image des nouvelles sorcières gentilles de la littérature enfantine contemporaine et nos sorcières en Berry. Un petit bémol d'une spectatrice qui trouvait peu vraisemblable la réaction des victimes dans le climat de terreur de l'époque . Une dernière remarque concernait les Wiccans dont j'ignorais totalement l'existence.
Je suis une sorcière wiccane — Témoignage
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Alison est une sorcière wiccane… presque comme les soeurs Halliwell ! Elle nous explique que cette religion et ses valeurs vont bien au-delà des pratiques sectaires ou « magiques » pratiquées par certains.
Je m’appelle Alison, j’ai 19 ans et je suis wiccane depuis un peu plus d’un an.
Je n’ai entendu parler de cette religion que très tard, mais elle m’a immédiatement touchée.
Pourquoi devenir une sorcière wiccane ?
Je suis née dans une famille catholique, et après ma profession de foi, il m’a été demandé de faire ma confirmation. J’ai refusé car je pensais que je ne m’y connaissais pas assez ; je ne voulais pas être un mouton. C’est là que ma quête de religion a commencé…
Je savais que j’avais la foi, il me suffisait donc juste de rentrer dans une case, mais laquelle ? Étant de base chrétienne, j’ai d’abord lu la Bible. Quelques points m’ont dérangée, mais globalement ça allait. Je me pensais donc chrétienne, mais refusant de croire en l’autorité du Pape, je ne pouvais pas être catholique.
Ne croyant pas à l’existence des saints, je ne pouvais pas non plus être orthodoxe — je me suis donc crue protestante pendant pas mal de temps. Puis j’ai relu la Bible, et en réalité, je n’arrivais pas à croire en l’existence de prophètes, ni en un Dieu capable de tuer des populations entières.
Je voulais un Dieu neutre, je voulais croire que nous n’étions pas là sans but, mais pas non plus que notre destin était écrit. Bref, j’ai inventé ma religion !
Je suis donc remontée dans le temps, en passant par la religion bouddhiste et beaucoup d’autres, pour arriver à une religion aux racines ancestrales : la religion wiccane. Elle m’a séduite par sa simplicité, sa personnalisation et sa beauté.
Comment j’en ai entendu parler
J’ai appris l’existence de la wicca grâce à la série Charmed… Oui je sais, ça surprend ! En fait, la série est basée sur cette religion : le livre des ombres est bien notre « Bible ». À chaque rituel on écrit dans un livre qu’on appelle livre des ombres. Et le symbole des sœurs Halliwell est une rune de protection qu’on utilise pour certains rituels.
La série Buffy contre les vampires en parle aussi, puisque Willow devient une sorcière adepte de Gaïa — l’un des nombreux noms de notre déesse.
Un peu d’histoire
A l’heure actuelle, un certain nombre d’historiens s’accorderaient à dire que la wicca est la religion la plus ancienne, de par ses racines. Elle vient notamment de la Scandinavie. Mais c’est Gerald B. Gardner qui l’a vraiment élaborée au milieu du vingtième siècle.
Les wiccans sont aussi appelés sorciers wiccans, car à une certaine époque (loin, très loin de Dr House) les sorciers, les druides et autres guérisseurs se servaient des plantes, des pierres et des incantations magiques afin de soigner les malades. Petit à petit, la magie blanche entra en ligne de compte…
Cependant tous les wiccans n’étaient et ne sont pas des sorciers pratiquant la magie ! Naturellement, quand les religions monothéistes arrivèrent, notamment le catholicisme, magie blanche, magie noire, sorciers et wiccans furent tous mis dans un même sac, et considérés comme des incantatrices (parce que nous les filles étions plus nombreuses que les hommes) du Diable, ce qui nous poursuit encore aujourd’hui.
Nous n’avons rien à voir avec cette personne.
La wicca prône le culte de la nature, et donc des animaux, des autres êtres humains… On célèbre nos Dieux, qui sont la lune et le soleil, et tout ce qui en découle, notamment la Terre. On célèbre également nos réussites et celles de nos proches. En fait, la wicca prône la tolérance absolue.
En quoi ça consiste exactement, la wicca ?
Il s’agit d’une religion à créer soi-même. Il y a un fil conducteur mais tu l’interprètes comme tu veux : tu écris ta propre Bible avec tes propres mots. C’est ça qui est génial !
Le fil conducteur, c’est qu’on a une déesse et un dieu. Ce sont la lune, qui ne peut pas mourir (au dernières nouvelles, si la Terre n’a plus de lune, bah on est mal barrés), et le soleil, qui vit et meurt selon les saisons.
La mort du Dieu correspond aux équinoxes et aux solstices, les « principaux » sabbats . On en compte quatre :
• Yule, le solstice d’hiver – vers le 21/12 (d’où Noël le 25 décembre, alors que les historiens estiment que Jésus est né en octobre).
• Litha, le solstice d’été – vers le 21/06.
• Ostara, l’équinoxe de printemps – vers le 21/03.
• Mabon, l’équinoxe d’automne – vers le 21/09.
Il existe d’autres sabbats « mineurs ». Ensuite, selon nos besoins et nos envies, on peut faire des sortes de prières qu’on appelle esbats ; ils correspondent aux phases de la lune. Chaque lune a un ou des rituels qui lui sont propres.
Les rituels des sorcières
Qu’il s’agisse d’esbats ou de sabbats, on appelle toujours ça des rituels. Pour moi, chaque rituel se fait sur un autel (qui peut être n’importe où, il n’y a pas de contraintes), et comporte des bougies, de l’encens, des runes, des pierres et des plantes.
Quand on parle de runes, ce sont des symboles : ils évoquent l’utilité de la cloche, la baguette, l’eau, le sel, le couteau… et tous les articles de magie. On choisit les runes qui correspondent au rituel exercé, mais plus pour la représentation que pour l’utilisation : il faut avoir un symbole de la Déesse et un du Dieu. C’est la dualité du féminin et du masculin qui rend les dieux neutres !
L’inconvénient, c’est que tout cela coûte un peu cher au total, car chaque rituel a sa propre bougie, sa pierre, sa plante et son encens.
Et si on est un peu fou (comme moi), on peut adapter ses rituels selon les jours, puisque chaque jour correspond à une planète. Il faut alors penser à s’habiller dans une couleur qui correspond aux couleurs des bougies (quand on n’a pas investi dans les tenues officielles de cérémonie), et il faut une carte de tarot, ce qui ne revient pas trop cher.
Pour les adeptes de magie
Bon, autant vous le dire, la magie, qu’elle soit blanche ou noire, je n’y crois pas. Mais beaucoup de wiccans, si, alors je vais vous expliquer brièvement en quoi ça consiste.
La magie, ou charme, consiste à faire appel aux Dieux pour influer de façon non naturelle sur notre vie ou sur celle de quelqu’un. Il y a des charmes d’amour, de malédiction…
Ça se présente sous la forme d’un rituel, sauf qu’on utilise des ingrédients afin de créer une potion que l’on consommera ou que l’on fera consommer.
Attention aux sectes !
Comme partout, il y a des fanatiques, et comme dans chaque religion, il existe des rassemblements.
Dans la wicca on les appelle covents. Ils sont très anciens, et il y a un prêtre qui gère le groupe. Il en existe très peu dans le monde, certains permettent juste de faire les célébrations en commun afin d’améliorer l’énergie mystique (c’est très important pour les sorciers wiccans adeptes de la magie).
Malheureusement, certains covents utilisent la magie noire ; d’autres sont très sectaires et imposent des actions (trop) particulières qui n’ont rien à voir avec la wicca ou en sont une interprétation franchement biscornue. Il y a ainsi des dérives satanistes, ou encore des dérives aux pratiques sexuelles douteuses.
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires a notamment évoqué dans son rapport de 2003 les dérives potentielles concernant « la mouvance satanique » dérivée de la wicca :
John
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