lundi 28 octobre 2019

PROGRAMME NOV DEC 2019


Le nouveau programme de Ciné-Rencontres au Ciné Lumière de Vierzon... est arrivé !

























«Papicha» de Mounia Meddour.

     Un premier long qui frappe et touche juste! Le décor est planté dès les premières scènes. Nous sommes à Alger au milieu des années 90, cette décennie qui, de l’autre côté de la Méditerranée, a mérité son qualificatif de noire: 150 000 morts au bas mot! Pourtant loin de plomber le récit et le tirer vers le constat du désespoir, ce cadre historique sera surtout un hors-champ de violence et de menace qui n’affectera le quotidien d’un groupe de 4 étudiantes algéroises que de façon, certes meurtrière, mais avant tout ponctuelle...Rapidement une jeune femme charismatique se détache de ce groupe: magnifique Lyna Khoudri qui incarne Nedjma, une étudiante en littérature rêvant de devenir...couturière et de sortir, par ses créations, la femme algérienne de la soumission vestimentaire en faisant vivre les formes qui cachent et dévoilent!...Le parcours de Nedjma sera ponctué de tragédies, mais de renoncements point, et c’est l’habileté de Mounia Meddour, la réalisatrice-scénariste, que d’avoir conduit son film au large des écueils, multiples, qui se dressaient sur un chemin très balisé. Pas de caricature, ni de recherche du spectaculaire: la mise en scène, parfois fiévreuse, colle aux personnages, oublieuse de l’arrière-plan, centrée qu’elle est sur les visages et les dialogues, souvent savoureux, qui familiarisent le spectateur avec le françarabe, cette langue de la jeunesse algéroise. Le rythme est soutenu tout en ouvrant sur des séquences de quasi poésie, telles celles ciblant le mouvement des étoffes ou la précision de la main maniant les ciseaux, plages de respiration, d’échappées à la spirale dramatique qui menace d’emporter le pays. Un équilibre inconfortable se crée qui pourtant réussit à donner à «Papicha» une assise solide, ancrée dans la vitalité de ses personnages et leur désir de liberté.. Constat apaisant qui contient sa part de fantasme lorsque l’on sait que la jeune Mounia Meddour, devant les menaces de mort, a dû quitter Alger en 1995 avec sa famille et s’installer en France! Cette réalité, vécue(!) elle, donne une dimension particulière à une œuvre, en partie autobiographique, dont une incrustation au tout début précisait le cadre historique: Algérie, milieu des années 90! Certes le spectateur ignore ce fait lorsque le film semble se terminer sur un optimisme de façade(?), mais quelque part, peut être, il sent que derrière le sourire menace le gouffre...Une belle réussite!
Alain le Déan 
Amis du Cinéma
Ciné Palace
Romorantin
http://cinepalace-romorantin.com/FR/15/les-amis-du-cinema-le-palace-a-romorantin.html



«Une Grande Fille» de Kantemir Balagov: un grand film?
(programmé uniquement au Ciné Palace de Romorantin)

1945. La Deuxième Guerre mondiale a ravagé Léningrad. Au sein de ces ruines, deux jeunes femmes, Iya et Masha, tentent de se reconstruire et de donner un sens à leur vie.


Dès les premières images, le film plonge le spectateur (moi en l’occurrence) dans une attente pleine d’interrogations indécises: le personnage d’abord, une «grande fille» (la Girafe!) à la blondeur presque blanche, aux yeux peu expressifs, à la dégaine tout en raideur, parfois maladroite. La première séquence la pose, immobile, droite comme une perche («Beanpole» est le titre anglais!) dans un état d’oubli au monde, au milieu d’un groupe de femmes affairées, habitée par des ébauches de tics qui semblent mécaniser son visage...Étrange séquence qui donne le ton à une plongée déstabilisante dans l’immédiate après-guerre (1945-46?) à Léningrad, ville-martyre du dernier conflit mondial..Les personnages qui vont s’agréger autour d’Ilya (la «violette» en grec, précisera une des figures secondaires de la galerie de portraits puissants dessinés par le récit) seront surtout réduits à une fonction purement dramatique...Ce n’est que lentement que ces personnages-satellites vont s’individualiser par des bribes de dialogue révélatrices de leurs drames personnels, et que Macha, juste libérée de sa fonction militaire, va devenir le centre agissant des dévoilements scénaristiques...Un «couple» de jeunes femmes à l’innocence (?) brisée par la guerre se forme (ou se reforme!). Leur relation, nourrie de violence, de destruction, d’ambiguïté sexuelle, mais aussi d’espoirs et de projets (menacés d’échec car projection de rêves sans doute
irréalistes) devient alors le moteur d’un récit chaotique...et cahotant(!)...Ilya est-elle une sorte d’ange-exterminateur, créature instable engendrée par les horreurs du temps de guerre, capable de tuer avec «douceur»(?) comme d’usurper une identité de mère?.. Ce statut indécis accompagne les avancées d’un récit qui, levant des incertitudes en introduira d’autres...La scène se refermera sur un théâtre de rêves pitoyables, seuls antidotes aux vides intérieurs..
    La forme choisie par le cinéaste est proche de celle de son premier long, «Tesnota, une Vie à l’étroit» qui m’avait stupéfié par ses partis-pris formels: cadrages en gros-plans, peu ou pas de profondeur des espaces, permanence de couleurs à la symbolique instable permettant d’échapper à l’enfermement statique...Ces caractéristiques se retrouvent dans ce film et le structurent: la couleur verte est omniprésente, qu’elle soit homogène ou mélangée au moiré des étoffes, signes reconnaissables dans un environnement dramatique dont la mise en à-plat cache, sans les gommer, les effets destructeurs...Les choix de mise en scène se concentrent autours de moments de vie, intimes ou collectifs, rendus sans habillage psychologisant..L’ellipse est reine dans un récit haché, parfois brutal, qui suggère les gouffres vécus qu’il laisse entrevoir sans jamais laisser l’histoire y plonger!...Seule une longue séquence, aux trois-quarts du film, échappe à ce procédé: une vaste demeure, froide de vie, au milieu d’un espace hivernal blanchi par la neige, qu’on pouvait imaginer sortir du «Docteur Jivago», est le cadre d’un affrontement verbal dont la violence glaciale sert de révélateur des secrets enfouis. Cette superbe parenthèse apporte lumière et visibilité aux destins dramatiques de femmes charriées par le flot de la guerre..Elle amène aussi, de façon paradoxale, un questionnement sur le bien-fondé du titre choisi...Titre curieusement réducteur!
Alain le Déan 
Amis du Cinéma
Ciné Palace








Ciné culte





CONNAISSANCE DU MONDE













Rejoignez «Ciné Rencontres» !
En adhérant à l’association, bénéficiez de tarifs
réduits (5 euros ) sur les films indiqués sur ce programme.

Précision utile: les séances Ciné Rencontres sont ouvertes à tous, et pas seulement aux membres de l'association.

CINE-LUMIERE VIERZON
16 Rue de la Société Française, 18100 Vierzon
02 48 51 36 84






Association Ciné-Rencontres
      au Ciné Lumière de Vierzon






16 Rue de la Société Française, 18100 Vierzon
02 48 51 36 84








"Le cinématographe est une avance prise sur le sommeil et le rêve." (Jean Giraudoux). 
 Médiathèque de Bellac. Photo Soraya Aliche.









LES AMIS DU CINEMA de Romorantin peuvent offrir par leur programmation parallèle à la nôtre (ou la nôtre à la leur...) des séances de rattrapages utiles ou des compléments intéressants. Nous la présentons donc ici avec plaisir.





Rejoignez les «Amis du Cinéma» !
En adhérant aux Amis du Cinéma (12 euros), participez à la vie de
l’association et bénéficiez de tarifs très réduits sur les films
indiqués sur ce programme, sur les séances «Ciné Lundi»
(5,5 euros) et les ciné-conférences «Connaissance du Monde»







http://cinepalace-romorantin.com/FR/15/les-amis-du-cinema-le-palace-a-romorantin.html



Ciné-Lundi du 2 décembre 2019.

                  «Il Traditore»/«Le Traître» de Marco Bellochio.

               Quand la forme rejoint le fond ou le mystère du grand Cinéma.

 Une séquence, à la fin de ce film captivant, semble en résumer l’essence: au soir d’un repas (?) de mariage, Tommaso Buschetta, le mafioso repenti, parvient enfin à abattre un homme-cible qui, depuis des années, lui avait échappé. L’ambiance est nocturne, la tonalité suggère le rêve. Le tueur s’éloigne vers l’obscurité, un chien semble le suivre... S’agit-il d’un fantasme ou bien simplement d’un retour chronologique vers un moment essentiel de la «carrière» mouvementée de celui qui se définira jusqu’à la fin comme un «homme d’honneur»?... Outre le fait que cette scène insère une ponctuation a posteriori dans le fil de la relation d’égalité qu’il semble avoir eue avec le Juge Falcone, elle est surtout emblématique de l’approche aux modulations psychanalytiques choisie par le cinéaste pour aborder les méandres mystérieux d’une histoire sans fin.
        Plusieurs mois après un premier visionnage de «Il Traditore», j’ai retrouvé la forte impression de puissance visuelle et de densité thématique qui m’avait accompagné alors. La matière historique est toujours incandescente. Elle façonne le ressenti du spectateur pour qui ces événements gardent une charge émotionnelle réelle, alimentée par le souvenir encore sensible de la médiatisation de l’actualité dramatique des années 80 et 90 en Italie, liée à la lutte contre Cosa Nostra ainsi qu’aux guerres entre clans mafieux voire à la corruption politique.... De ce fond trouble, aux contours difficiles à embrasser, Marco Bellochio fait surgir une galerie de personnages tous plus ambigus les uns que les autres avec un sens magistral de la caractérisation. Sa mise en scène, dense, sans affèterie, colle aux soubresauts de l’histoire récente et «habille» Tommaso Buschetta, le repenti improbable, d’une persona à la fois dure et subtile (formidable incarnation par Pierfrancesco Favino, un acteur peu connu en France!)...
         Le point d’orgue du film est bien sûr la reconstitution des «Maxi-procès» de Palerme dont le dynamisme de l’écriture comme du montage, malgré un caractère forcément répétitif, créent une fascination inconfortable. Elle participe du sentiment de malaise né de la faiblesse de la réponse de l’«état de droit» à la menace mafieuse. La prison, certes, mais que pèse-t-elle devant l’indécence criminelle des hurlements de joie après l’assassinat du Juge Falcone? La pieuvre est toujours opérante et ses tentacules enserrent jusqu’au sommet du pouvoir...politique?...Une ombre indéterminée recouvre le destin hors norme d’un repenti choisi pour incarner le côté positif (?) de ces années troubles. C’est la puissance de la forme, travaillée par la mise en scène, de parvenir à suggérer ce fond de noirceur sans jamais tomber dans la facilité des effets consensuels du verbe...d’ailleurs «Mourir de sa belle mort.!», ambition de vie revendiquée par Buschetta, sonne bien creux au regard de l’indicible dans lequel il a vécu!
           Film d’inconfort, «Il Traditore» est aussi une œuvre d’alerte...au pire à venir?
                 Alain Le Déan.











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