dimanche 23 décembre 2018

PAUSE CRITIQUE DECEMBRE 2018

avec Francis de Laveleye
(producteur et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles)












Pupille 





Photo : il est venu à Vierzon, avec son épouse, France Brel :

(Un grand merci pour nous avoir donné l'autorisation de diffuser ses critiques sur notre blog.)



FILMS DECEMBRE




567
Ma Mère est folle de Diane Kurys  2018 - 12

Folle et  très bavarde. Ce récit un peu lourd ne passe que par la parole, le bavardage incessant, parfois amusant, mais très envahissant qui semble dédouaner la cinéaste de tout travail de recherche sur l'image, le montage, et surtout sur le scénario. Quelle déception de la part d'une réalisatrice qui en est à son quatorzième film. Et Fanny Ardan, somptueuse comme à son habitude, finit par agacer tant son texte est médiocre, prévisible et plat ; son jeu maniéré. Patrick Chesnais retient un moment l'attention dans son rôle de vieux beau, et Arielle Dombasle aurait mérité le premier rôle tant elle est folle et amusante. Vianney est la parfaite faute de casting : insignifiant.
Mais le film essaye de retenir l'attention par une invention : un petit gosse muet qui est une sorte d'animal de compagnie lors de cette aventurette qui met en présence un fils et une mère qui ont des difficultés de relations. Bref, la relation mère/fils devrait servir de liant, mais la sauce ne prend pas. 
Ceux qui espèrent s'amuser et se distraire auront l'occasion de voir à quoi sert le Tax Shelter, version NEXUS et Umedia : un hold up de plus pour un film franchouillard qui montre deux scènes belges : un huissier au début et deux flics plus tard. Bien entendu il y a d'excellents collaborateurs belges (Morelle, Renson, ...) et des prestataires techniques. Même des décors (l'un en face de chez moi...). Mais cela reste sans folie. Un road movie qui ne tient pas la route.

568
Les Confins du Monde de Guillaume Nicloux  2018 -12

Allez-y, d'urgence : c'est un film exceptionnel à plus d'un titre. Il est dans la filiation de La 317e section et Diên Biên Phu (Pierre Schoendoerffer ), de Indochine ou Le temps des aveux (Régis Warnier) ou de The Thin Red Line de Terrence Malick, et il nous fait partager, durant quelques mois - ceux de la fin de la seconde guerre mondiale et du début de la guerre d'Indochine - le destin de ces hommes toujours mouillés, par les pluies de mousson, par la sueur moite due au climat tropical dans ces montagnes impénétrables. 
C'est aussi un film qui, subtilement, rappelle qu'aucun pays ne peut être dominé par un autre lorsque le sentiment national anime chacun. La colère que cela soulève entraîne des choses abominables, en particulier le martyre des corps. Ici, sans rechercher l'horreur, nous n'échappons pas à cette réalité, rappelée à propos et de façon très démonstrative.
C'est un film qui médite sur le deuil insurpassable qui vous ronge la conscience et annihile tout esprit critique, rationnel. Gaspard Ulliel (vu dans Saint Laurent de Bertrand Bonello) donne vie à ce soldat perdu, de façon absolument saisissante, sous la direction du réalisateur de, e.a., La Religieuse (017).
Depardieu est une sorte d’évidence minérale, qui fait d'allusives citations métaphysiques à saint Augustin et qui écrit à la fin ce qui est sans doute le fil conducteur de ce qui sous-tend la méditation du film.


569
Pour Vivre Heureux de Salima Sarah Glamine et Dimitri Linder 2018 - 12

Étonnant film " belge " tourné à Bruxelles et qui nous permet d'entrer dans l'intimité de la communauté pakistanaise inconfortable car de deux générations, qui vit ici. Pères et Mères traditionnels, très autoritaires. Et filles et fils "contaminés" par la modernité issue de leurs vies scolaires. 
Tout cela est très fluide, rapide, vif, parfois un soupçon confus et il faut bien suivre les trois "familles" dont les destins s'entremêlent. Ce n'est pas le premier sujet qui traite de cette juxtaposition communautaire radicale (Noce de Stéphane Streker 361 et, 516, La Mauvaise réputation (What will people say) de Iram Haq).
Les jeunes actrices sont excellentes de vérité, leur "langue" est d'une grande modernité et je regrette que le mixage étouffe les voix et en rende la compréhension parfois difficile. Le mélange des langues est vertigineux, le signe tangible de l'intégration en cours.
Ce microcosme vit de façon "banale" et l'essentiel est filmé en intérieur, dans des décors étriqués, modestes, qui ne permettent guère de cadre plus larges que "épaule" ce qui, grâce aussi à la mobilité parfaite de la caméra, crée un sentiment quasi carcéral de la vie de ces familles.
Une petite note "fleur bleue" à la fin donne de façon appuyée un souffle d'optimisme. Et l'on se dit que pour vivre heureux, il ne faut plus accepter de vivre caché. Ce film en est une très fertile illustration.  

570
Utøya 22. juli de Erik Poppe

Film indispensable et terrible. Il montre le massacre perpétré le 22 juillet 2011 sur l'île éponyme dans lequel 70 personnes (différents chiffres circulent) sont tuées, sauvagement, par une brute fasciste, Breivik. On pourrait croire le sujet connu ; il est abordé de façon très originale et en durée "réelle". Le film a cette rare particularité d'avoir été tourné en 5 jours, après bon nombre de répétitions, mais en ne filmant "que" cinq plans-séquences. C'est vertigineux ! Le réalisateur avait déjà ébloui avec Mille fois bonne nuit (059) qui montrait aussi des événements d'une intense violence qu'on ne peut laisser aux seules informations à la télévision le soin de mettre en perspective. Le cinéma a aussi une "mission historique" à assumer dans l'Histoire.
Le génie des auteurs est d'avoir choisi un personnage central, que l'on ne quitte littéralement pas des yeux, et qui donnera à ce drame une intensité émotionnelle immense, sorte de Fabrice del Dongo au féminin. Nous ne voyons rien de gore : pas le tireur, pas les victimes au moment de leur martyre. Nous suivons la panique de ces quelques jeunes qui ne comprennent évidemment pas ce qui se passe mais entendent les coups de feu.
Se mettent en place alors toute une série de comportements inspirés par les circonstances, l'importance des téléphones portables, et bien entendu les tempéraments qui se révèlent dans toutes leurs complexités et leurs différences. Personne ne souhaite "(re)vivre de l'intérieur" les attentats qui ont endeuillé tant de pays ces dernières années. Mais l'on peut légitimement essayer de comprendre l'effet traumatisant, profondément dramatique, que génère sa proximité dans de telles circonstances.
Ce film est une épreuve pour les spectateurs, mais aussi un hommage d'une immense dignité pour celles et ceux, qui, au péril de leurs vies, ont essayé d’opposer leur simple et fraternelle humanité à l'horreur absolue. Respect.


571
Pupille de Jeanne Herry

Dans l’œil, la pupille est le trou au centre de l'iris. Ce mot désigne aussi une personne mineure placée sous l'autorité d'un tuteur. Et l'on sera sensible au fait que des aveugles occupent une certaine place, fût-elle symbolique, dans ce film au titre polysémique.
Eh bien ce titre correspond parfaitement au sujet du film : quel regard porter sur ces (tout jeunes) enfants, nés sous X, abandonnés par leur mère pour le dire plus crûment ? Le film, avec une immense délicatesse, un grand sens des nuances, une pudeur jamais prise en défaut, nous rend témoins des multiples moments, des procédures, des difficultés, des obstacles qui jalonnent le chemin escarpé de celles et ceux qui sont familles d'accueil, qui encadrent les procédures, qui sont demandeurs d'un enfant. Les cas sont multiples dans le film, même si une mère et un bébé focalisent l'essentiel du récit. Ce qui permet de percevoir la multiplicité des situations, des réactions, des critères examinés, opposés au "désir d'enfants". Toutes les actrices et les acteurs sont parfaitement "justes", d'un grand naturel. Et la présence du bébé est très mignonne. Le film flirte avec le documentaire et se fait parfois didactique en néonatalogie... Une légère érotisation de certains moments entre adultes rappelle à propos que l'enfantement est aussi question de désir, de plaisir et de séduction. Tout cela baigne dans un univers harmonieux, filmé de façon on ne peut plus classique, sans surprise, sans effet. La chronologie est très embrouillée et les titres qui en indiquent fugitivement les repères ne suffisent pas à ce que l'on s'y retrouve. Mais qu'importe, car ce qui compte, c'est à chaque scène, l'intensité des enjeux, l'émotion qui s'en dégage.
Et le film n'en est pas avare. Pour accompagner ce sujet hyper émotionnel et qui fera mal à celles et ceux qui connaissent les désarrois évoqués, une musique de bon aloi, au piano, puis qui prend une modeste ampleur orchestrale pour baigner la fin dans une ambiance de happy end.
Dès le début pourtant, la mauvaise humeur s'installe à cause d'un panneau (réservé aux copies belges?) avant même que ne débute le film qui annonce triomphalement que la production est bardée de tous les financements publics belges possibles. Alors que rien, strictement, ne suggère la Belgique, même si les images en intérieur d'hôpitaux semblent avoir été tournées ici, pour dépenser le tax-shelter qui, une nouvelle fois, et de façon ostentatoire, illustre le détournement d'un mécanisme pensé pour soutenir notre cinéma national. Le film est français, la région du tournage, le Finistère, la réalisatrice est la fille de Julien Clerc et de Miou Miou ce qui nous vaut le plaisir de la retrouver dans un rôle qui lui va parfaitement. Un film charmant qui parle des choses de la vie avec doigté.























Fondation Jacques Brel
Place de la Vieille Halle aux Blés 12
1000 Bruxelles - Belgique
+32 2 511 10 20
www.fondationbrel.be









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Rappel du tarif d'adhésion: 10 euros pour un an (de date à date) avec possibilité d'affilier 2 personnes si on le souhaite pour ce montant (chacune aura sa carte, ce qui revient à 5 euros l'adhésion avec cette option couple" au sens très large: amis, relations,...). 5 euros pour étudiant ou chômeur (possibilité également d'adhésion "couple", ce qui revient alors à 2,50 euros).
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu. 












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Facile de nous trouver. Il suffit de taper "cinégraphe" sur Google par exemple...
(capture d'écran du 27 septembre 2017).










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Berry républicain 2 décembre 2017



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