samedi 14 janvier 2017

PATERSON

14ème séance avec débat






PATERSON 

Comédie américaine de Jim Jarmusch avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Rizwan Manji,.... (2016 - vost - 1h58)





VENDREDI 13 JANVIER 2017 (CINE DEBAT)
20H30

Générosité, humanité, poésie, comédie,… 
Un chauffeur de bus poète au centre d'un film américain exceptionnellement apaisant.


    «  Ceci n'est pas un film » pourrait dire Jim Jarmusch de sa dernière réalisation,  « Ce ne sont que des images » dont je réclame tout de même la paternité. PATERSON fils du père. Ce ne sont que des mots pourrait dire le poète « héros » devant son carnet de poésie déchiqueté par son chien ami/ennemi Marvin. Tout  repose en effet sur la dualité dans ce film, dans la gémellité  peut-on dire au vu du nombre de paires de jumeaux qui y figurent. Tout se décline dans une cinquième dimension hors du temps et irréel. Le temps de l'artiste sans doute, peuplé de rêves et d'images presque aussi magnifiques que les miniatures Perses que l'on entr'aperçoit très brièvement. Notre chauffeur de bus est le cornac « d'un éléphant en argent » rêvé par sa femme et utilisé par les armées Perses, qui traverse sa ville de long en large pour terminer son itinéraire devant les chutes d'eau intemporelles.

    Paterson n'est plus une ville  mais le fantôme de son passé industriel et un simple décor pour les errances des protagonistes, la direction des promenades / errances du héros souvent décidée par le chien .Toutes ces « petites vies », la seule qui nous soit offerte, décrites sobrement dans ce qui pourrait sembler être soit l'ennui le plus total soit le bonheur parfait, du moins pour le couple central. Elle avec sa guitare Harlequin noire et blanche, encore une contradiction, et ses œuvres artistiques et culinaires. Lui avec ses poésies minimalistes et ses lectures qui en quelque sorte le protègent de la vraie vie. Est-ce que Pétrarque, Dante  ou Ginsberg  à qui on fait allusion s'en défendaient de la sorte?

   Jarmusch nous livre sa dernière réalisation, fruit d'une longue gestation et retrouve comme le héros à la fin du film une nouvelle page blanche  de tous les espoirs et toutes les angoisses dans une rencontre des plus improbables avec un poète japonais. Son jumeau, son alter-ego, l'artiste inconnu et l'artiste de renom se rejoignent dans ce qui semble être de l'auto-dérision, chacun se rendant compte de sa valeur personnelle si minuscule face à la valeur de « L'Art »   dans toutes ces formes. Art pour toujours, la vie pour un temps donné.
JOHN








Dans Le Monde, on est partagé : 

Le douzième film de Jim Jarmusch met en scène Adam Driver dans le rôle d’un chauffeur de bus en quête d’inspiration poétique. Le nom même de Paterson, qui est à la fois celui du personnage principal et de la ville dans laquelle il vit, est une référence au texte du poète américain Williams Carlos Williams. Le réalisateur essaie de transposer au cinéma la démarche de ce poète, qui a tenté de mettre en vers le quotidien.
Ce film divise Mathieu Macheret et Jacques Mandelbaum, critiques de cinéma au Monde. Pour le premier, ce long-métrage « touche l’outre-monde de la poésie », tandis que le second le trouve « décevant » et « répétitif ».

La salle avait un peu comme dans la rédaction du Monde des avis partagés. Seulement, avec deux critiques aux avis différents on obtient du cinquante-cinquante, alors que, dans une salle nombreuse, les jarmuschiens se trouvaient largement en surnombre. 
L’un des poèmes du film nous dit que l’enfant apprend très vite l’existence de trois dimensions, celles qui permettent par exemple de construire un volume comme un car non articulé qui n’est autre qu’un parallélépipède sur roues. Puis on ajoute la dimension du temps, et la montre voit ses aiguilles s’accélérer avant de revenir au même point dans l’éternel retour d’une journée identique à la précédente. Et puis on peut imaginer d’autres dimensions, cinq, six, sept, huit… Parmi elles, il doit bien y avoir une dimension poétique, et celle-là n’est pas non plus incompatible avec le jeune âge, comme en témoigne la rencontre avec la petite fille qui attend ses parents et qui, comme par hasard, se trouve être une poétesse en herbe, adepte de petits carnets plus ou moins secrets, comme l’est Jarmusch lui-même. 

Après, on croit ou non aux personnages qui vivent dans une sorte de Twilight zone, la fameuse quatrième dimension à laquelle Richard Matheson ne dédaigna pas d’apporter sa contribution. Les crimes passionnels s’y font avec des balles en mousse, les tournois d’échecs rappellent les parties virtuelles de soi contre soi de la célèbre nouvelle de Stefan Zweig. Quant à la mythologie punitive venue du fond des âges avec les animaux totémiques des premiers peuplements américains, faut-il en voir un avatar aussi moderne que curieux avec ce bouledogue faux-ami et vrai fléau, qui se venge avec mesquinerie sur la boîte aux lettres avant de réaliser son chef d’oeuvre suicidaire en éparpillant façon puzzle le chef d’œuvre de son maître ? Imprudent d’ailleurs ce dernier, « grand nigaud », comme dit tendrement sa femme, qui n’a pas fait l’effort d’une sauvegarde photocopiée, et que le destin vient cruellement frapper au moment même où il s’était décidé à le faire. C’est aussi une histoire d’amour qu’on peut trouver peu réaliste : dans quel couple, même particulièrement uni, résisterait-on à la tentation perverse de rappeler dans ce cas-là : « Je te l’avais bien dit, tu aurais dû m’écouter. » Et c’est le moment de se souvenir du côté artiste également de l’épouse, qui dans les domaines plus modeste de la pâtisserie ou de la décoration d’intérieur, croit en ses talents. Avons-nous été affreusement misogynes comme c’est souvent le cas quand il s’agit de reconnaître le talent féminin en art ? Elle croit surtout que le monde bénéficierait de la connaissance des poèmes de son mari, mais la modestie la quitte un instant quand elle se voit elle aussi en vedette de la country. Alors quel est le message ? Il faut croire en la démocratisation de l’art, et chacun est un Mozart en puissance… Ou bien c’est une douce folie sans conséquence qui aide à vivre avant qu’on ne tombe de haut, et chacun est juste un sympathique Don Quichotte.
Bien sûr, les cinéphiles de Ciné Rencontres pardonneront toujours à Jim Jarmusch de revenir avec nostalgie à ses influences qui remontent à la Nouvelle Vague française que lui offrit en abondance la Cinémathèque française. Et si le texte littéraire envahit l’écran comme chez Godard, si la jeune égérie est amoureusement mise en valeur dans des plans qui s’exhibent dans leur volontaire gratuité, aucun d’eux ne s’offusquera, bien au contraire, de se rajeunir avec le cinéaste à la faveur de leurs communes admirations. 









Johnny Depp (William Blake) dans Dead man (1995)




Rappel.
 Nous avons vu l'actrice Golshifteh Farahani au cours de notre saison 2012-2013:



SYNGUE SABOUR pierre de patience
Film Afghan de Atiq Rahimi avec Golshifteh Farahani. (2011 - vostf - 1h42)
Quelque part en Afghanistan. Une jeune femme veille sur son mari,
combattant paralysé après avoir reçu une balle dans la nuque. Elle ne
sait même pas s’il peut l’entendre, la sentir ou même s’il est conscient.
Dehors les combats continuent. La jeune femme se dévoile peu à peu :
sa langue se délie, libérant son corps… Et ses secrets…
Le cinéaste et poète afghan adapte au cinéma son roman, lauréat du prix
Goncourt 2008. Un film événement à ne pas manquer...
CINÉ-DÉBAT VENDREDI 1er MARS 2013











Et pour ne pas oublier...

N’hésitez pas à visiter la page de l’actualité de décembre,
 qui concerne :

L'Université populaire du Pays de Vierzon
Café repaire
Cinéma et psychanalyse à Châteauroux
Lecture à Châteauneuf


https://cinegraphe.blogspot.fr/2017/01/actu-janvier-2017.html




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